28 mai 2020

Guy Bedos, mort aujourd'hui, était passé par la Normandie, à la fête des Sablons du PCF de l'Eure


Guy Bedos sur scène. ©Jean-Charles Houel

Le métier de journaliste localier nous conduit souvent sur des chemins inattendus. Bien sûr, c’est un métier fait de contacts, de rencontres, de découvertes, qu’il s’agisse d’un ouvrier en grève, d’un lycéen en colère, d’un gilet jaune revendicatif. Il arrive, et c’est heureux, qu’une rencontre soit plus forte, plus prégnante, plus exceptionnelle qu’une autre. C’est évidemment le cas avec Guy Bedos mort aujourd'hui à l'âge de 85 ans.
Aux Sablons avec un jeune fan. ©JCH
Je l’ai rencontré à deux reprises. Au Vaudreuil, lors de la fameuse fête des Sablons qu’organisait la fédération du Parti communiste français et sur une scène régionale où il déploya son immense talent. Il avait accepté le principe de l’interview car il n’avait aucun mépris, aucune distance à l’égard un représentant d’une presse pas toujours tendre à l’égard des amuseurs publics. Dans le cas de Guy Bedos, on touchait évidemment un autre registre. Bedos, anar de gauche, révolté depuis sa jeunesse de pied noir toujours engagé du bon côté de la barricade, soutien de tous les mouvements de jeunes, fervent partisan de la révolte, était un monstre sur scène. Là, il y déployait un verbe, une causticité, un humour de très hauts niveaux. Même ses amis de gauche lui servaient de têtes de Turc alors que jamais il ne divergea de la route tracée : droit devant et toujours à gauche.
Je me souviens qu’il m’avait accordé un temps long lors de nos rencontres. Patient, attentif aux questions, loquaces dans les réponses, intelligent dans l’anticipation. Car Bedos voyait loin. Nicolas, son fils, a associé à l’hommage de son père, Pierre Desproges et Jean-Loup Dabadie. A eux trois ils composaient un visage de la France qui va sacrément nous manquer.

27 mai 2020

Le vote par correspondance est une porte grande ouverte aux fraudeurs


Claude Dumer, barbu, scrutateur en 1977 à la salle des fêtes. ©Jean-Charles Houel
Le ministre de l’Intérieur n’exclut pas de recourir au vote par correspondance à l’occasion du second tour des élections municipales prévu le 28 juin prochain. De nombreux candidats, des responsables de partis politiques, craignant une abstention encore plus massive que lors du premier tour, abondent dans ce sens : vive le vote par correspondance !
Ce vote existait dans l’arsenal mis à la disposition des électeurs(trices) dans les années soixante-dix et avant. Il était destiné à permettre, notamment, aux personnes malades, très âgées, en voyage, de voter en conscience et de glisser leur bulletin dans l’enveloppe électorale elle-même mise dans une autre enveloppe postale adressée en mairie.
Le problème — et nous avons connu cette situation à Louviers — est qu’il est tentant de fortement «suggérer» à des citoyens de voter pour tel ou tel ou encore plus simplement de placer les « bons » bulletins dans les enveloppes à leur place. Le vote par correspondance facilite la fraude électorale et c’est bien pourquoi le législateur a décidé de le supprimer et de préférer le vote par procuration qui nécessite des garde-fous juridiques plus contraints.
J’ai souvenir d’avoir participé avec Claude Dumer, ancien adjoint du Dr Martin, ancien maire de Louviers, à une plainte visant à annuler certains votes par correspondance qui avaient manifestement été manipulés par des candidats au conseil municipal particulièrement introduits auprès de résidences pour personnes âgées. Les envois groupés étaient légion, preuve qu’une même main avait agi. La justice nous donna raison, annula les votes litigieux ce qui obligea le préfet de l’Eure de l’époque à organiser un nouveau scrutin eu égard à l’écart infime qui séparait les listes en présence.
Franchement, le vote par correspondance est une fausse bonne idée. S’il favorise la fraude, écartons-le ! Pourquoi ne pas favoriser un vote électronique ? Chaque électeur et chaque électrice recevraient un code secret personnel lui permettant de s’exprimer en toute liberté et en toute indépendance. Evidemment, ce vote obligerait à être connecté à Internet et donc à posséder un ordinateur. Ce serait une possibilité parmi d’autres, le vote manuel et personnel en mairie continuant évidemment d’exister.

26 mai 2020

Louviers : un amendement de l'opposition de gauche donne une idée de sa manière de faire de la politique


Lors de la séance d’installation des élus, ce lundi, une délibération a été présentée par le maire visant à permettre aux maire et adjoints dont le mandat a été prolongé pour raison sanitaire de récupérer leurs indemnités. L’opposition représentée par MM. Brun, Ortega, Fraisse, Mmes Levavasseur, Collard, si elle juge nécessaire de rétribuer le maire et la première adjointe dont le travail pendant cette période est incontestable, sont plus regardants sur celui de quelques élus qui soit, ne se représentaient pas, soit ne sont intervenus à aucun moment pendant la crise sanitaire. Ainsi un amendement a été déposé demandant aux élus concernés de verser au CCAS le montant d’indemnités jugées illégitimes. Cet amendement a, évidemment, été rejeté mais il n’est pas sans intérêt d’en connaître le contenu. D’autant qu’il symbolise le type d’opposition qu’incarneront les élus de gauche. Pas d’agressivité, pas d’acrimonie, des propositions…à prendre ou à laisser.
Le texte de l’amendement : « A la suite de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, la loi du 23 mars 2020 a prolongé le mandat des conseillers municipaux sortants, ainsi que leurs délégations. Il en résulte que leurs indemnités ont été également prolongées du 15 mars au 18 mai, date d’entrée en fonction du nouveau conseil municipal.
Vingt-quatre élus du conseil municipal sortant, dont certains ne se représentaient pas ou n’ont pas été réélus, ont ainsi été rémunérés par le budget communal pour une activité très réduite. Il ne s’agit pas de pointer un quelconque manque d’engagement de leur part, les conditions du confinement leur ont pour la plupart empêché d’exercer la plénitude de leur fonction.
Par exemplarité, et sans esprit de polémique envers ces élus auxquels la ville est reconnaissante du travail accompli, il nous semble que la décence impose à demander la récupération de ces indemnités. L’heure est à la mobilisation des ressources publiques pour se relever de la crise, aider ceux qui ont été les plus exposés, protéger les lovériens. Nous avons la conviction que les élus doivent consentir à des efforts en ce sens.
Nous excluons de notre proposition l’indemnité du maire et de la première adjointe dont la réalité du travail pendant la période n’est pas à démontrer.
Il s’agit d’un amendement d’appel que les cosignataires sont prêts à retirer contre engagement des élus intéressés à reverser leur indemnité perçue au budget communal. »

FX Priollaud réélu maire de Louviers. Les adjoints ont également été désignés. Une nouvelle opposition voit le jour


FX Priollaud réélu maire de Louviers
Lors de la réunion du conseil municipal de Louviers de ce lundi soir, au Moulin, François-Xavier Priollaud, par 26 voix sur 33 votants (il y eut 6 bulletins blancs et un bulletin Houssin (RN)) a été réélu maire sans grande surprise. S’appuyant sur une majorité nette, dès le premier tour des élections municipales de mars dernier, le candidat à sa succession a eu beau jeu de railler ses oppositions nouvelles dont celle de Philippe Brun. Alors que ce dernier a déposé un recours contre l’élection des conseillers municipaux majoritaires, le maire a cru devoir donner une leçon de morale à son jeune opposant qui aime à rappeler la mémoire de Pierre Mendès France, l’un de ses inspirateurs. Pourquoi associer défaite, recours judiciaire et déshonneur alors que ce que la loi permet doit justement demeurer dans le cadre de la loi. « Vous aurez la défaite et le déshonneur » a affirmé le maire.

Philippe Brun pense aux victimes de la crise.
Le juge administratif de l’élection de Louviers dira, dans quelques semaines, si le maire de Louviers a dépassé le cadre ordinaire de la propagande électorale ou si au contraire, il est demeuré dans des clous admissibles. De mon point de vue, un jugement moral ne s’imposait pas dès la séance inaugurale, d’autant que Philippe Brun avait tenu à préciser qu’il ne s’étendrait pas sur une polémique que la crise sanitaire ferait passer pour du pipi de chat. Depuis ce premier tour de l’élection municipale, un méchant virus est venu troubler l’ordre des choses et chacun, porteur d’un masque ce lundi, mesurait bien que le monde à venir serait différent du monde d’avant.
Dans son discours inaugural, François-Xavier Priollaud s’est évidemment félicité de la confiance témoignée par les Lovériens à l’égard de son action. Il a réaffirmé sa stratégie (avec la CASE) et sa volonté d’investissements (école Jules Ferry, gymnase Maxime Marchand par exemple) en plaçant son action sous le signe de la sobriété. Il a invité ses oppositions à dépasser les postures.
Philippe Brun, dont c’était le baptême du feu souligne que 23 % des Lovériens vivent sous le seuil de pauvreté et que la crise à venir avec suppressions d’emplois et chômage va toucher de nombreuses familles. A cet effet, il propose que la ville de Louviers invente des outils nouveaux car « nos programmes électoraux volent en éclat. Ils sont obsolètes. » Il propose la création d’un fonds de soutien, d’éviter le décrochage scolaire, de privilégier les producteurs locaux et de mettre en place un plan de relance sans oublier la culture, la malmenée de la crise. Il déplore la forte abstention, plus forte à Louviers que dans des villes comparables. Il persévèrera pour ramener aux urnes ceux qui s’en sont durablement éloignés, notamment dans certains quartiers. Enfin, il propose que la ville aide les familles en difficulté à différer le paiement des loyers dans l’habitat social, ce que Mme Terlez refuse pour ne pas mettre en difficulté les bailleurs sociaux eux-mêmes.
Diego Ortega
Diego Ortega remercie tous ceux et toutes celles qui se sont mobilisés pendant la crise. Il interpelle le maire sur le soutien aux associations et le programme de « Louviers plage » si nécessaire pour tous ceux qui ne partent pas de Louviers pendant les vacances. Il pense aux personnes isolées et aux enfants en situation de décrochage en appuyant sa démonstration sur le nécessaire lien social mis à mal par la crise sanitaire. Après une intervention de Mme Dugord et de M. Houssin, le maire propose que le conseil crée neuf postes d’adjoints élus dans la foulée : il s’agit d’Anne Terlez (affaires générales, social, logement) Jacky Bidault (services techniques, voirie etc.) Marie Dominique Perché (petite enfance, éducation, José Pirès (jeunesse et sports) Caroline Rouzé (urbanisme) Jean-Pierre Duvéré (sécurité, anciens combattants, mémoire et paix) Sylvie Lengeard (culture) Jean-Louis Beauchard (vie associative) et Afida Ouadah (prévention et participation citoyenne).
M. Fraisse (liste Brun) regrette l’absence de renouveau : « il n’y a pas de nouvelles têtes ni de nouvelles idées. »
Le conseil a ensuite désigné ses représentants dans différents organismes.

NB : Tous les élus portaient un masque et la distanciation physique était respectée. 
Légende de la photo : Mmes Dugord et Levavasseur et M. Savi, scrutateurs d'un soir.