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Au Bourget Hollande aurait dû nous dire qu'il était l'adversaire de lui-même. |
François Hollande et sa tentative d’autolyse
KO. François Hollande va
mettre du temps à se relever, s’il se relève jamais, avant le 15 décembre
prochain, date limite des dépôts de candidatures pour participer à la primaire
de la Gauche. Dans leur livre, les journalistes du Monde, Fabrice Lhomme et Gérard
Davet, rapportent les propos d’un homme visiblement « sûr de lui et dominateur
» mais un homme victime de son surmoi et de ce qu’il considère comme une
intelligence supérieure. Un président de la République doit-il être en même
temps dans l’action et dans le commentaire de cette action, sans recul, sans
prise de distance et surtout sans savoir quel sera le contexte global lors de
la parution du livre en chantier sur plusieurs années ?
La réponse est évidemment
non. Car nul, même le plus aguerri des hommes politiques, ne devrait accepter
de se livrer sans tabou et sans précautions à deux journalistes d’investigation
trop heureux d’enregistrer la formule qui fait mouche, qui déplaira aux
magistrats accusés de lâcheté, remettra les footeux à leur place, les
écologistes dans la marge, les frondeurs chez les idiots utiles. Que reste-t-il
à Hollande ? Ce que Corneille faisait dire à Médée : « moi, moi,
dis-je et c’est assez. »
Hollande est donc un homme
seul victime de lui-même et de son apparent orgueil. Comment, dans ces
conditions, pourrait-il concourir avec la moindre de chance de gagner la
primaire de la gauche d’abord et la présidentielle ensuite ? Faut-il être
surpris de la débandade de la gauche après ce quinquennat Hollande ? La
gauche a tout perdu : municipales, cantonales, régionales (encore que…)
européennes, comment pourrait-elle gagner l’élection qui détermine tout ou
presque ? Il faut être sacrément inconscient ou tout simplement optimiste
de nature pour croire que l’opinion publique changera d’avis en
quelques semaines.
Le pire est que Hollande se
livre maintenant à un rétropédalage à la Trump du genre « ce n’est pas moi, ces
propos ne reflètent pas ma pensée…» Quelle tristesse. De même qu’on ne peut pas
imaginer un général de Gaulle mis en examen, imagine-t-on un Mitterrand
s’excusant d’avoir été imprudent ou maladroit ? Décidément, les
supporteurs de Martine Aubry doivent se ronger les sangs en déplorant le plus
formidable échec de ce président qui a même l’impudence d’assurer être «
personnellement » contre la déchéance de nationalité quand il proposait de la
constitutionnaliser pour complaire à Sarkozy. Quel gâchis ! Le coup de
grâce vient d'ailleurs d’être donné par Ségolène Royal qui affirme maintenant que
l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’est pas nécessaire. « Le projet n’ira pas
au bout » a déclaré Hollande aux journalistes…Vive le référendum dont j’ai déjà
souligné tous les inconvénients et les limites. J’aouterai : quel gâchis
et quel bazar !
François-Xavier Priollaud mise sur un cheval d’avenir
François-Xavier Priollaud
ira loin car il est malin. En soutenant Bruno Le Maire pour la primaire de la
droite et du centre, il sait très bien que le député d’Evreux n’a aucune chance
de la gagner. Mais il sait aussi qu’il faudra compter avec « Bruno » lors du
prochain gouvernement (éventuel) de la droite. Car la primaire est aussi un
examen de passage pour ceux et celles qui aspirent à gouverner la France et
qui, en fonction de leurs idées et de leurs calculs, savent se placer à la
corde. Ou au bon endroit.
Non seulement M. Priollaud
aura de fortes chances de gagner la législative si le président de la
République élu est de droite mais en plus il sera à même de jouer un rôle
(lequel ?) auprès de son mentor eurois. S’il devient député, la loi sur le
cumul — que défend âprement Bruno Le Maire — obligera FXP à abandonner son
siège de maire de Louviers (il demeurera sans doute adjoint) et lui permettra
de mettre en selle l’un de ses adjoints actuels. Le choix est large :
Terlez, Jubert, Bidault…On n’a donc pas fini d’entendre parler de ce cadet de
la droite dont je ne doute pas qu’il se ralliera à Juppé au second tour de
novembre.
Au fait, j’invite les
électeurs(trices) de gauche a regarder de près le programme économique de
l’ancien Premier ministre. Ça décoiffe ! Fin des 35 heures, baisse
progressive des indemnités de chômage, diminution du nombre de fonctionnaires,
baisse de la dépense publique, suppression de l’ISF…on ne pourra pas dire qu’on
ne savait pas lorsque l’éventuel futur président de la République demandera à
sa majorité (éventuelle) de légiférer et d’imposer des mesures antisociales. Il
sera toujours temps de descendre dans la rue et de battre le pavé mais il sera
trop tard pour pleurer. Alors qui pour présider à gauche ? Pour l’instant,
c’est la bouteille à l’encre.
Quand Johnson vantait le maintien de la
Grande-Bretagne dans l’Union européenne
Dans un article écrit (mais
non publié) à l’occasion du référendum sur le Brexit, Boris Johnson, actuel
ministre des affaires étrangères britanniques, a écrit que le maintien de la
Grande-Bretagne dans l’Europe « serait un bienfait pour l’Europe et le monde ».
Et puis quelques jours après, changement de pied : L’ancien maire de
Londres devenait l’un des principaux pourfendeurs du « remain ».
La seule explication tient
en un mot : « la carrière ». Boris Johnson, faisant fi de ses convictions
les plus profondes, a opté pour la sortie de l’UE en pensant que le maintien
dans l’union serait majoritaire et qu’il se construirait une image solide à peu
de frais. Mais l’arroseur arrosé est aujourd’hui bien marri. Tout simplement
parce que le gouvernement britannique actuel a récupéré la patate chaude et
qu’il est bien ennuyé pour faire face à la situation créée par la victoire du
non.
En lisant le Gardian de ce
matin, on découvre par ailleurs que le principal financier de la campagne de
l’UKIP (avec Farage !) avait des comptes offshore à Gibraltar et dans les
îles vierges. Révélé par les Panama Papers, ce fait démontre combien ces hommes
politiques sont des affairistes beaucoup plus intéressés par l’argent que par
des convictions idéologiques. Pour eux le Brexit est vécu comme un simple moyen
de s’enrichir avec d’hypothétiques ouvertures au monde sans les règles de l’UE.
Il n’empêche que ces nouveaux prophètes pourraient bien être des prophètes de
malheur.