28 janvier 2023

Le problème du Parti socialiste est simple : est-il plus vivant que mort ?

Olivier Faure a soutenu Philippe Brun. ©JCH
L’élection du Premier secrétaire du Parti socialiste, si la logique l’avait emporté, aurait du voir Olivier Faure être réinstallé confortablement dans son siège. Si c’était le plus probable ce n’est plus une certitude car bien des socialistes ne supportent pas qu’un parti humaniste, européen, doté d’une charpente sociale et démocrate solide soit peu ou prou sous la coupe d’un Jean-Luc Mélenchon dominateur et sur de lui. En lisant les réactions des socialistes qui ont pris part au vote interne, nombreuses sont celles reprochant à Olivier Faure d’être dans les mains de LFI ou plutôt dans cette de Jean-Luc Mélenchon, un ancien membre du PS qui y a toujours milité à l’aile gauche, même quand François Mitterrand en était le leader.

 

Des hommes et les femmes de gauche dont l’engagement durable ne peut être mis en cause, des admirateurs de Pierre Mendès France qui privilégiait l’information des citoyens et la nécessité d’un débat permanent mais ouvert sur la société, ne peuvent pas se reconnaître dans la verticalité brutale des animateurs de la France insoumise dont les contradictions internes apparaissent au grand jour. Qu’il s’agisse de l’affaire Quattenens ou de la désignation de Manuel Bompard comme coordinateur du mouvement à forte connotation trotskiste avec la mise à l’écart de compagnons historiques comme Alexis Corbière, Raquel Garrido ou Clémentine Autain sans oublier François Ruffin, les faits sont là : LFI est  devenu une forme de secte toujours plus pure, toujours plus dure animée d’une volonté hégémonique à gauche. Le PS se devrait d’y résister sans nier l’intérêt de certains votes « unis » lors de l’examen des lois devant le parlement. Et parfois pour affronter le suffrage universel en cas de scrutin majoritaire lequel ne supporte pas l’émiettement.

 

La France insoumise des législatives a ainsi bénéficié de l’élan du premier tour de la présidentielle. Dominatrice, elle est apparue comme la plus susceptible de sauver les meubles d’une gauche décontenancée par la déroute d’Anne Hidalgo dont la candidature n’a jamais accroché pas plus que celle de Fabien Roussel d’ailleurs. JLM est donc apparu comme la personnalité ayant le plus de chances de faire vaincre la gauche. Mais à quel prix ! Mélenchon a toujours joué sa propre partition : « La République c’est moi ! » Sa formation d’origine lambertiste lui avait enseigné l’art de l’entrisme et il ne se privait pas pour tenir des discours et proposer des motions iconoclastes n’ayant que peu à voir avec la sociale démocratie. L’homme n’a pas changé. Il a réussi à fédérer autour de lui, des hommes et des femmes que sa radicalité séduit. Il est devenu une sorte de gourou que l’on aime écouter pour ses qualités tribuniciennes et ses bons mots. Mais sa troisième défaite à l’élection présidentielle a été le révélateur d’un plafond de verre qui ne va pas s’arranger avec l’âge. Sera-t-il candidat en 2027 ? Si c’est le cas la messe serait d’ores et déjà dite et la victoire de Le Pen deviendrait possible sinon probable.

 

MA. Jamet a soutenu NMR.©JCH

Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, conteste les résultats du vote interne au PS et la désignation d’Olivier Faure comme premier secrétaire. Agé de 45 ans, le maire de Rouen a connu la haute fonction publique, des responsabilités dans le privé, des échecs électoraux qui tannent le cuir. Il n’est pas un perdreau de l’année. Sa motion a recueilli 30 % au premier tour atteignant 50 % avec celle d’Hélène Geoffroy. Il met en avant des tricheries et des tripatouillages qui, comme souvent hélas, donnent l’avantage à la direction sortante. Le fait est que la victoire d’Olivier Faure — si victoire il y a — sera étriquée autant que contestée. Le PS sortira de cet épisode durablement affaibli, lui qui ne compte plus que 40 000 adhérents dont un peu plus de 20 000 votants lors du dernier scrutin sur les textes dit d’orientation. Le congrès de Marseille qui s’ouvre aujourd’hui, ne sera pas une promenade de santé. On aurait tort de se moquer du psychodrame en cours. Il en dit beaucoup sur les personnalités s’estimant légitimes à incarner l’histoire d’un grand parti de la gauche. Faure s’accroche (il a les députés derrière lui) et Mayer-Rossignol ne lâche rien.

 

NMR reproche à la direction sortante de ne pas avoir travaillé à la reconstitution d’un axe théorique susceptible de susciter l’adhésion. Cela veut-il dire que le PS n’a plus d’idées ? Le député de Louviers, Philippe Brun (PS-NUPES) sort du lot. A l’assemblée et dans la circonscription, le successeur de François Loncle fait preuve d’initiative et n’hésite pas à proposer. Avec des membres de la Fondation Jean Jaurès, par exemple, il vient d’avancer une proposition permettant aux ouvriers et employés (les premiers de corvée) de partir en retraite à 55 ans tandis que les cadres travailleraient jusqu’à 65 ans. Pourquoi pas ? Même si cette proposition vient un peu tard, elle pourrait être discutée durant le débat qui va s’ouvrir la semaine prochaine à L’assemblée nationale. On suivra avec intérêt les interventions du député de Louviers.

 

Au fond l’accord de la NUPES (LFI,PS,PC,EELV) n’a été qu’un accord de transition dont le but principal a consisté à inscrire durablement LFI dans le paysage et surtout à en faire le pivot central d’une gauche passablement abimée lors de sa confrontation au réel et de ses années récentes au pouvoir. Sur l’OTAN, l’Ukraine et la Russie, l’Union européenne, l’avenir du nucléaire, les institutions, il existe bien des différences entre les quatre membres de la NUPES. En fait le problème du parti socialiste est simple : est-il plus vivant que mort ? Le congrès de Marseille devrait apporter une première réponse en cette fin de semaine.


26 janvier 2023

Philippe Brun, député de Louviers, vent debout contre la réforme des retraites « injuste, brutale et inefficace »

Philippe Brun au micro. © Jean-Charles Houel

 

Philippe Brun, le député NUPES-PS de la circonscription des Louviers a présenté ses vœux, ce mercredi soir dans la salle des fêtes d’Incarville, à tous les militants, élus, associatifs, qui avaient répondu en nombre à son invitation. Dans une intervention d’une trentaine de minutes durant lesquelles il est apparu très à l’aise, Philippe Brun a jeté un regard rétrospectif sur le 19 juin 2022, jour qui a empêché le RN de réaliser le grand chelem dans l’Eure. En gagnant avec 350 voix d’avance sur la candidate de Marine Le Pen dans la circonscription de Louviers, le natif de la vallée de la Seine, a su rassembler sur son nom les voix de tous les citoyens et citoyennes attaché(e)s à la République et à la démocratie que l’extrême droite pervertit partout où elle sévit

Cette courte victoire dont il est un dépositaire lucide, oblige Philippe Brun à se démener à la fois au Palais Bourbon où sa présence dans l’hémicycle est remarquée autant que remarquable et dans l’Eure où il rend des visites fréquentes qu’il s’agisse des villages ou des agglomérations . Rien ne lui fait défaut.

 

Il est présent dans l’animation de la Commission des finances de l’Assemblée nationale et assure une présence assidue lors des foires à tout, par exemple, où son équipe tient un stand au plus près des habitants. Car Philippe Brun aime le contact et l’écoute. Il se fait le porte parole de tous ceux et celles qui souffrent : familles monoparentales, déserts médicaux, sans oublier les dossiers chauds tels que le tracé de la déviation Est de Rouen laquelle ajoutera des péages autoroutiers et des tonnes de CO2 dans des sites magnifiques qu’ils soient fluviaux ou forestiers.

 

Avant de présenter ses vœux à la foule incarvillaise d’un soir, il a cité les grands sujets nationaux et locaux qui composent le contexte politique actuel. Evidemment, il s’oppose farouchement au projet de réforme de la retraite (75% des Français y sont hostiles) qu’il combat dans la rue aussi. Pour lui, il s’agit d’une loi « injuste, brutale, inefficace ». Il insiste sur les principales victimes du projet gouvernementale : la pénalisation des femmes aux carrières hachées ou interrompues ou encore les jeunes qui devront attendre 64 ans pour faire valoir leurs droits à la retraite : « les jeunes peu ou pas formés, les premiers de corvée en fait, assure le député de Louviers, paieront la retraite des cadres qui vivent plus longtemps. » Il indique être à l’origine d’une proposition de loi référendaire qui permettrait de donner la parole au peuple. Chiche ?

 

Profitant de l’absence de majorité absolue du camp macroniste, Philippe Brun a conscience d’être un député qui compte et qui peut aider à trouver des majorités conjoncturelles. Ce pourrait être le cas pour obtenir la nationalisation d’EDF, dossier sur lequel il est investi à 100 % comme il l’a été pour faire voter « le chèque Brun » en faveur des ménages qui se chauffent au bois. S’il regrette que les événements récents surgis au sein du PS ne donne pas une bonne image d’un parti auquel il a adhéré avant les législatives, il efface d’un trait rapide l’épisode d’un feuilleton dont on ne voit pas la fin mais qui, selon moi, met au jour les faiblesses d’une direction visiblement dépassée par la force d’une opposition devenue crédible sous la houlette de Nicolas Mayer-Rossignol.

 

Autre temps fort de la soirée : les relations du député Brun avec les élus de l’ensemble des communes de la circonscription. Philippe a la volonté d’associer les maires, Marc-Antoine Jamet (à Val-de-Reuil) étant un conseiller avisé et François-Xavier Priollaud (à Louviers) malgré des différences, pour défendre les intérêts collectifs. Il dit écouter avec attention les doléances de ceux et celles dont la voix n’a pas toujours été prise en compte. Citant les pratiques et les actions de Pierre Mendès France, Philippe Brun se dit inspiré par cette grande figure de la gauche, dans une région où ce nom est un symbole de fidélité, de fierté et d’action.

 

Si j’osais, je dirais que toutes les mesures et tous les programmes qu’il défend se situent bien à gauche. A l’heure même où l’enquête de Victor Castanet consacrée aux EHPAD est à nouveau publiée et renforcée et dénonce de nouveaux scandales, le député de Louviers se grandirait en plaçant le gouvernement actuel et le Président de la République devant leur passivité et leur inaction face au grand âge. Tous et toutes, nous serons vieux un jour. Si beaucoup souhaitent rester à leur domicile le plus longtemps possible, pensons à ces handicapés, victimes de parkinson ou d’Alzheimer ou d’autres démences séniles dont les familles ont mesuré leur taux d’impuissance ou d’incapacité financière à agir. Une loi grand âge est urgente. Philippe pourrait devenir le croisé d’une guerre qui, pour l’instant, fait de nombreuses victimes dans le silence et l’oubli.