18 février 2022

Devant l'Académie des Sciences morales et politiques : Le regard d'André Azoulay, conseiller du roi Mohamed VI, et juif en pays arabo-musulman

 

André Azoulay (au centre) avec Eric Roussel (à gauche) et le rabbin Haïm Korsia

A l’invitation d’Eric Roussel, membre de l’Académie des Sciences morales et Politiques, et biographe renommé, les honorables membres de cette institution prestigieuse, étaient conviés ce lundi, à cheminer aux côtés d’André Azoulay, ancien président de l’Institut Mendès France mais aussi et surtout conseiller du roi du Maroc Mohamed VI.

Le rabbin Haïm Korsia avait d’ailleurs tenu à saluer l’orateur dont toute la vie a été placée sous le signe de l’engagement. A l’écouter, on découvre que l’histoire avec un grand H rend indissociable au Maroc la présence commune des trois grandes civilisations du Livre : le judaïsme, l’Islam et la chrétienté plus tard, le judaïsme étant présent six siècles avant l’ère chrétienne. C’est dire combien cette religion demeure liée à tous les événements passés, présents du royaume chérifien. Le roi marocain descendant du prophète n’est-il pas le commandeur des croyants ? Et ne cite-t-on pas l’exemple du Maroc pour la promotion d’un Islam modéré dans le dialogue interreligieux exalté notamment lors du voyage du pape François en terre marocaine ?

Le thème de la causerie de M. Azoulay ? « Etre juif dans un pays musulman ». Il était donc juste qu’André Azoulay exprime sa gratitude aux membres de l’Académie  pour avoir rendu possible « ce rendez-vous improbable et inédit autour d’une autre histoire du judaïsme en terre d’islam, en contrepoint, s’agissant du Maroc, de l’impressionnante refondation de la place, du rôle et de l’héritage du judaïsme dans l’histoire longue du Maroc. »

Sans notes, avec une passion retenue, André Azoulay évoqua tour à tour sa proximité avec Hassan II, le père de Mohamed VI et l’influence qu’il exerce encore auprès de la monarchie marocaine. Une monarchie ouverte au monde, une exception sensible dans la civilisation arabo-musulmane. Et André Azoulay de rappeler les accords d’Oslo très malmenés par les décennies récentes mais porteurs d’espérance pour les hommes et les femmes de bonne volonté. L’optimisme qu’il affiche n’est pas de circonstance. La géopolitique nous enseigne qu’il en effet faudra bien, un jour, que les Palestiniens et les Israéliens vivent dans deux états distincts et dans des conditions de vie et de sécurité auxquelles chaque peuple aspire légitimement.

Domicilié à Essaouira, très jolie ville de la côte Atlantique, André Azoulay a souligné les initiatives culturelles qu’il y a promues notamment dans le domaine musical: « hier place forte d’une proximité et d’une capillarité judéo-musulmane qui n’a pas fini de nourrir notre imaginaire collectif, Essaouira aujourd’hui navire amiral engagé, jamais en retard d’une initiative ou d’une proposition pour porter encore plus loin dans la planète-monde ce message marocain, en terre d’Islam, qui a su résister à l’amnésie et à toutes les conjectures et envoyer depuis le Maroc et vers les horizons les plus lointains le message et les enseignements d’une autre histoire, d’une autre destinée pour un autre futur entre Juifs et Musulmans. »Tout cela est fort bien dit.

Quelques questions furent posées par l’auditoire dont Xavier Darcos, chancelier de l’Académie des Sciences morales et politiques, l’une des cinq académies constituant l’Institut de France. Parmi les académiciens présents, nous avons revu avec plaisir Bernard Stirn dont la cérémonie officielle d’intronisation aura lieu le 4 avril prochain et François Loncle, l’actuel président de l’Institut Mendès France.

 

16 février 2022

Ciotti est-il la taupe de Zemmour chez Pécresse ?

Eric Ciotti est sur la sellette. A la sortie du meeting raté de Valérie Pécresse et sentant la candidate LR en perdition, le député de la vallée de la Roya aurait déclaré : « préparons nous à soutenir Zemmour au second tour. » Bien sûr l’entourage de Ciotti dément que leur mentor ait tenu ces propos mais ceux qui ont l’expérience des campagnes savent bien que la formule de Ciotti est crédible et vraie. Ils savent que Ciotti soutient Pécresse comme la corde soutient le pendu. C’est par sa faute que la présidente de la région île-de-France tient des discours que des candidats de la droite extrême ne renieraient pas. Les formules maladroites empruntées par Valérie Pécresse aux discours de l’extrême droite (à la demande de Ciotti) ont même conduit Jean-Pierre Raffarin à affirmer que « jamais en campagne électorale on ne doit utiliser le vocabulaire des adversaires. » Et Zemmour comme Marine Le Pen sont des adversaires de Valérie Pécresse. Ciotti pourrait bien être un sous-marin ou une taupe si vous préférez, du sieur Zemmour.

Plus grand monde donc pense que Mme Pécresse sera présente au second tour. Alors Ciotti a dit tout haut ce qu’il avait déclaré il y a quelques semaines : « Entre Macron et Zemmour, je choisis Zemmour. » Il entérine de fait la défaite de Mme Pécresse. J’invite cette dernière à faire avec Ciotti ce que Marine Le Pen a fait avec Nicolas Bay : Dehors les traitres ! Un détail tout de même à l’adresse de M. Ciotti : le général de Gaulle est celui qui sauva l’honneur de la France et la dignité d’une partie de l’armée française dont certains — plus nombreux qu’on croit — avaient préféré la collaboration avec l’Allemagne nazie. Quand Zemmour veut réhabiliter Pétain (sous une forme ou une autre) il insulte la mémoire des courageux résistants à une dictature raciste et antisémite

Présidentielle 2022 : Quelques réflexions au débotté…Je ne veux pas vivre en Zemmouristan !

Je ne veux pas vivre en zemmouristan

Lors d’un débat plus pugilistique que politique (il y a plusieurs jours) opposant Eric Zemmour à Jean-Luc Mélenchon, ce dernier a fustigé le candidat d’extrême-droite et inventé une formule appelée à faire florès. Le « zemmmouristan » serait, en effet, si par malheur Zemmour devenait le prochain président de la République, notre beau pays de France transformé en ring permanent où la violence aurait droit de cité opposant les uns contre les autres…des Français contre des Français. Triste futur.

Non content d’avoir tenté de réhabiliter « le Maréchal nous voilà » de sinistre mémoire, d’affirmer — contre toute vérité historique — que Pétain a sauvé les juifs français, l’ancien journaliste du Figaro devenu une figure de la droite raciste xénophobe et condamné comme tel à plusieurs reprises, rassemble les nostalgiques de la Révolution nationale, les adeptes du retour de la monarchie, ainsi que les obsédés du soi-disant grand remplacement faisant des cinq millions de musulmans pacifiques français les ennemis de l’intérieur.

Zemmour joue sur la peur. Peur de l’autre, peur du COVID, peur du déclassement. Zemmour est le candidat de Vincent Bolloré, ce papivore à la tête d’un empire de l’édition, de la presse et de l’information. Autrement dit il est en service commandé. Pour ne pas dire commando…même si M. Zemmour n’a jamais fait son service militaire. Et voilà que Zemmour a besoin du soutien de Donald Trump détesté dans notre pays. Sans compter que le cabinet d’expertise comptable de la « Trump fundation vient de le lâcher, ne croyant pas à la sincérité et donc à la régularité des opérations financières du grand menteur-tricheur-comploteur. Quelle référence !

 

 

Valérie Pécresse est embourbée.

Mme Pécresse perd des points dans les différents sondages, signe que la prisonnière de M. Ciotti, se montre incapable d’incarner une fonction trop ambitieuse pour elle. Son directeur de campagne, M. Stefanini, est traité de Loser par Mme Rachida Dati qui, il est vrai, a toujours eu la dent dure contre la présidente du  conseil régional d’Ile-de-France.

M. Eric Woerth, président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, proche de Nicolas Sarkozy, membre de LR depuis toujours sous des formes variées (RPR-UMP) a            décidé de soutenir Emmanuel Macron dont la candidature ne fait plus aucun doute. C’est un croche-pied dont Mme Pécresse se serait bien passée. Et ce n’est pas le meeting de Bercy qui peut lui remettre du baume au cœur. Un vrai naufrage en direct devant des millions de téléspectateurs. Elle accuse aujourd’hui les médias de machisme plutôt que de reconnaître son incompétence. Elle a d’ailleurs décidé de changer la formule de ses prochaines interventions. Un vrai aveu de faiblesse.

 

Christiane Taubira aura-t-elle suffisamment de parrainages ?

Christiane Taubira est lâchée par le Parti radical de gauche dont les représentants locaux n’ont pas ménagé leurs efforts pour faire que l’ancienne ministre de la Justice apporte sa culture, son lyrisme et son courage au combat de la gauche dans cette présidentielle. Mais cette candidature survient trop tard. Mme Taubira risque bien de ne pas disposer des 500 parrainages indispensables pour concourir. Quel maire, quel élu régional ou départemental, osera se lancer dans une aventure qui ne peut que nuire à la belle personnalité qu’est Christiane Taubira ? Même non candidate elle restera quand même une figure marquante de la gauche humaniste et sociale.

 

 

« On ne tire pas sur une ambulance »

Quant à Anne Hidalgo, j’ai envie de reprendre la célèbre formule de Françoise Giroud appliquée à Jacques Chaban-Delmas : « on ne tire pas sur une ambulance. » Avec 2,5% des suffrages dans les sondages, et si  son score ne s’améliore pas, le parti socialiste risque de connaître le pire résultat de toute son histoire. Il n’y a pas de quoi se réjouir. La sociale-démocratie est au pouvoir dans de nombreux pays de l’Union européenne et la France apparaît comme une exception dommageable pour des idées favorables au progrès social, économique, scientifique, écologique. Les idées risque de mourir faute de personnalités talentueuses pour les incarner. Très décriée à Paris, Anne Hidalgo ne parvient pas à se créer un espace au sein d’une gauche républicaine mieux représentée dans les sondages par Jean-Luc Mélenchon (LFI) et (un comble !) par Fabien Roussel qui est doté de 5% des voix dans les derniers sondages. Les communistes ont trouvé en Fabien Roussel un candidat qui visiblement gagne à être connu. Quant à Yannick Jadot (EELV) il est aussi autour de 5 % des suffrages…grimpera-t-il au fil de la campagne ? Ce ne serait que bénéfice pour ceux et celles qui croient en la science et sont prêts à accepter des mesures drastiques contre le réchauffement climatique.