7 avril 2022

Bernard Stirn : une vie au service du droit public et de la défense des libertés

Derrière Hélène Carrère d'Encausse, on reconnait Bernard Stirn et Pierre Delvové

Mon récent reportage photo sur l’intronisation de Bernard Stirn, comme nouveau membre de l'Académie des Sciences morales et politiques, ne rend évidemment pas compte de la carrière brillante d’un homme connu pour ses talents juridiques bien au-delà des frontières hexagonales. D’ailleurs, de nombreux délégués étrangers, européens notamment, avaient tenu à venir à Paris pour assister à une forme de consécration laquelle sied mal à un homme dont la tempérance et la modestie sont notoires. Je me devais donc, même brièvement, de revenir sur une cérémonie républicaine suivie par une assistance nombreuse.

Ceux et celles qui ont rencontré Bernard Stirn ailleurs qu’au Palais royal où siège le Conseil d’Etat, savent combien il est ouvert et généreux. Il est de ces intelligences discrètes qui ne veulent que le bien et le bon. Toute sa carrière, de la faculté de droit de Caen jusqu’aux plus grandes écoles de la République (Sciences Po Paris et l’ENA) et ensuite partout où il a enseigné ou pratiqué le droit, témoigne d’un respect scrupuleux des règles et d’une rigueur que seuls les esprits pétris d’humanisme parviennent à déployer dans la durée, quelles que soient les trépidations du monde politique. Je n’aurais garde d’oublier qu’il présida, pendant de longues années et avec quelle assiduité, le conseil d’administration de l’Opéra de Paris épris qu’il est de danse et d’art lyrique.

Dans le portrait de Bernard Stirn que Pierre Delvolvé a brossé lors du discours d’accueil (un discours très attendu…depuis trois années perturbées par la pandémie de la Covid) sans notes, d’une grande élévation et non sans humour (Jean Castex a dû avoir parfois les oreilles sifflantes) on a redécouvert les qualités de celui qui a formé 48 générations d’étudiants, créé une jurisprudence souvent originale, défendu les droits fondamentaux dans le corpus d’une Charte européenne adjointe au traité de Lisbonne et rédigée avec Guy Braibant et quelques spécialistes d’une matière aussi pointue qu’exigeante. De même, l’apport créatif de Bernard Stirn se retrouve-t-il dans les différentes éditions des livres qu’il a consacrés au droit public ou « aux libertés en questions ». Président de la section du contentieux du Conseil d’Etat pendant plusieurs années, Bernard Stirn a eu maintes occasions lors de référés, par exemple, de manifester l’attachement de la haute juridiction administrative à l’égard des droits et des libertés, le pouvoir des gouvernants ayant parfois besoin d’être recadré sinon freiné.

L’épée remise par Jean-Marc Sauvé (avec les roulements de tambour des gardes républicains) a toute une histoire. Elle a appartenu à son grand-père puis son père, tous deux préfets de la République, que le hasard des nominations a conduit en Normandie où Bernard Stirn est né et a choisi de résider. Au Vaudreuil très exactement. Il y passe une retraite fort active, puisque le club de golf de cette commune le compte parmi ses membres où il jouit d’une estime générale. D’ailleurs il avait eu la bonne idée d’inviter quelques amis golfeurs, pratiquants d’un sport où l’étiquette et l’éthique sont des valeurs essentielles. Des valeurs que le juge Stirn a défendues toute sa vie.

5 avril 2022

Bernard Stirn a reçu son épée d'académicien en présence de Jean Castex et de Laurent Fabius

Bernard Stirn, ancien président de la section du contentieux du conseil d'état, a reçu son épée de membre de l'Académie des sciences morales et politiques, des mains de Jean-Marc Sauvé, vice-président honoraire
du conseil d'état, ce lundi à Paris.
 

Jean Castex, Premier ministre et Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, avaient tenu à être présents pour saluer la belle carrière du nouvel académicien.

Bernard Stirn, en compagnie de Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil.

De nombreux invités étaient présents sous la coupole. Bernard Stirn « accueilli »par Pierre Delvové, a rappelé l'essentiel de la carrière de son prédécesseur, Prosper Weil, dont la vie et les travaux ont constamment été placés sous le signe de la défense du service public et de la défense de la liberté. 
 


Pascal Ory et Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie Française.



4 avril 2022

Les griffes de Marine Le Pen prêtes à servir

A une semaine du premier tour de la présidentielle, il est grand temps de placer certains hommes et certaines femmes politiques de notre pays devant leurs responsabilités. Alors qu’on découvre les charniers et les exécutions sommaires de l’armée russe près de Kiev, les crimes de guerre commis par les soldats de Poutine, il faudra bien que les Zemmour, les Le Pen et les Mélenchon nous disent pourquoi ils sont si arrangeants avec le tyran et il faudra aussi qu’ils cessent de se dissimuler derrières des prétextes inadmissibles du genre « ils ont été provoqués par l’OTAN. »

Que je sache, aucun avion, aucune armée occidentale n’a attaqué le territoire russe. Aucun avion, aucune armée n’a tenté de gagner des territoires appartenant à un pays libre reconnu par l’ONU. Les poutiniens nous font le coup de la protection nécessaire des frontières du plus grand pays du monde. Et la Géorgie, et Le Donbass, et la Crimée. Y parler la langue Russe n’implique pas qu’on ait le droit d’occuper ces territoires. Cela voudrait dire que partout où l’on parle le Français, la France serait chez elle ! Au Canada, en Afrique…que sais-je ?

L’impérialisme russe doit donc être combattu. Les auteurs de crimes de guerre poursuivis par la justice internationale. Les Sanctions financières, économiques, accrues. L’aide militaire aux Ukrainiens augmentée. Parmi les candidats(dates) à la présidentielle il en est une qui tente de passer entre les gouttes. Marine Le Pen, qui adule Poutine et ses méthodes, n’exclut pas de retisser des liens avec lui, dès la guerre finie. En attendant, elle se cache, se protège, cherche à éviter les situations embarrassantes et n’a pas l’aveu facile.

Lors du débat de second tour, on peut imaginer que le président de la République actuel, s’il est qualifié, lui demandera des comptes détaillés. Qu’il appuiera là où cela fait mal. Les Français et les Françaises doivent savoir qui est Mme Le Pen. L’adoratrice des chats et des chatons a, comme eux, les griffes rétractiles. Pour l’instant, elle les cache. Mais on sait qu’elles sont prêtes à servir.