23 février 2013

Municipales 2014 à Louviers, l'union demeure un combat


L'école Jean Prévost aurait besoin d'un entretien suivi. (photo JCH)
Contrairement à ce qu’a affirmé le maire de Louviers à plusieurs reprises, je ne suis en aucun cas le porte-parole de la section de Louviers du Parti socialiste et encore moins celui de la fédération de l’Eure. Ces organes ont leur bureau, leurs responsables, tous élus, et je me garderais bien de m’arroger des fonctions que je ne possède pas. Je sais bien qu’il est facile de caricaturer et de coller des étiquettes pour étayer des démonstrations mais la réalité est que ce blog est tenu par un militant socialiste dont les avis et les remarques lui appartiennent en propre.

Si je prends cette précaution en introduction de mon propos c’est pour contrecarrer en amont les éventuelles critiques que certains pourraient faire collectivement au PS à la suite des observations que m’inspire la rencontre entre Franck Martin, maire de Louviers, accompagné de Jacky Bidault et Denis Laheye, adjoints, Diego Ortega, directeur du cabinet du maire et Olivier Taconet, président du Parti radical de Gauche (1) et des membres de la section PS de Louviers dans le cadre des futures élections municipales de 2014.

Franck Martin avait sollicité cette rencontre avec le PS local depuis plusieurs semaines, elle a eu lieu, samedi matin, dans la salle de l’Hôtel de ville. Christian Renoncourt, secrétaire de la section, avait à ses côtés, François Loncle, député et Leslie Cléret, vice-présidente du conseil général, ainsi que plusieurs membres de la section issus des cantons nord et sud de Louviers. Le ton fut policé, le climat serein et les débordements inexistants. Au nom de la transparence bien utile en ces temps, je me propose de rendre compte, à ma façon, de cette rencontre, la première depuis les élections de 2008.

Ce que je retiens de ce face à face : Franck Martin se présente comme le leader de l’équipe sortante, fort de son bilan qu’il trouve bon. le contraire eût été surprenant. Il se déclare prêt à poursuivre la tâche sur un programme connu, selon lui, et lancé depuis longtemps. Comme un renouvellement de sa liste semble nécessaire, il se déclare prêt à accueillir des «citoyens »engagés, constructifs, dotés d’idées nouvelles, sans qu’ils soient nécessairement engagés dans un parti. S’ils sont de gauche, c’est bien, s’ils ne le sont pas, c’est bien aussi. Au nom de l’ouverture. Il ne s’engagera pas dans des discussions de parti à parti, tout cela c’est dépassé. Il ne l’a pas dit expressément mais il le pensait, c’est ringard.

Des discussions avec les candidats…à la candidature sur sa liste vont s’ouvrir, il suffira aux membres du PS intéressés de s’inscrire, de prendre un ticket et d’attendre leur tour pour faire leurs propositions. Le leader jugera de la qualité des propositions à la majorité. Christian Renoncourt et François Charmot, pour le PS, ont bien tenté d’interroger Franck Martin sur l’avenir des régies et les délégations de services publics, ainsi que sur la politique financière de la ville. Questions stupides, évidemment (2). Les régies, c’est la CASE, pas la ville de Louviers. Les finances c’est : stabilisation des taux. Point barre. J’ai demandé au maire pourquoi sa plaquette IFOP distribuée dans tous les foyers était incomplète et ne comportait ni la question ni la réponse concernant le niveau des impôts à Louviers jugés majoritairement plus élevés qu’ailleurs. Réponse : parce que tous les citoyens, partout, considèrent qu’ils paient trop d’impôts. C’est donc une question banale. La preuve ? Les journaux locaux avaient à leur disposition l’ensemble des questions et des réponses.

La séance épaissit son mystère quand Nathalie Bellevin fait un peu de comptabilité. Combien de candidats PS ? Pour faire quoi ? Répondre maintenant a semblé prématuré au maire sortant. D’ailleurs, si d’aventure une liste d’union point un jour prochain il s’attardera sur le profil des éventuels postulants socialistes. Ils devront être martino-compatibles et d’une loyauté sans faille. Pas question qu’ils se fassent dicter leur vote ou leurs propositions par le premier secrétaire fédéral du PS (NDLR : Marc-Antoine Jamet). Je rappelle au passage que les négociations de 2008 avaient achoppé sur cette question de la CASE et du nombre de délégués PS et de la crainte par le maire sortant de voir se constituer un axe socialiste au sein de l’agglomération. De mon point de vue, ce procès d’intention est inadmissible. Il l’est d’autant plus que l’ancien président de l’agglomération Seine-Eure clame partout qu’à la CASE on défend des projets collectifs et pas des intérêts communaux. Pourquoi diantre, les éventuels délégués PS de Louviers seraient-ils soupçonnés de ne pas jouer collectif ? A moins qu’il ne s’agisse de faire allégeance au maire sortant et d’accepter sans broncher toutes ses propositions ? C’est faire peu de cas de l’opinion des uns et des autres et du débat contradictoire le cas échéant. A ce sujet, j’aimerais connaître le point de vue de Patrice Yung le nouveau président de la CASE absent ce matin et réputé pour un grand sens du dialogue.

Dans la discussion, quelques membres du PS ont voulu en savoir un peu plus sur l’engagement politique de la future liste du maire. «Les gens nous connaissent» affirme-t-il. Raison suffisante pour ne pas sortir les drapeaux des uns et des autres. Il compte sur le talent, la compétence, l’engagement. Du concret et du pragmatisme. A l’exemple de sa municipalité dont le bilan doit être accepté avec le projet-programme 2014-2020 qui selon Franck Martin, n’aurait pas beaucoup changé depuis 2008. Toujours l’école Jules Ferry et toujours l’éco quartier.

Comme il a sur sa liste actuelle, assure-t-il, des Verts, des membres du Front de gauche, des radicaux et des sans partis…et même des gens de droite, il n’a qu’une exclusive : pas de NPA ! Ce n’est pas surprenant. Imagine-t-on un NPA volontaire pour gérer avec Martin ? François Loncle éclaire le débat : les socialistes ne seront jamais présents aux côtés de membres de l’UDI et de l’UMP. Le député propose une union calquée sur ce qui se fait au plan national dans le cadre de la majorité (PS-EELV-PRG-PC) puisque l’élection de 2014 s’inscrira dans un contexte politique particulier. Après ces échanges polis, les représentants de la municipalité ont quitté la salle. Christian Renoncourt a auparavant promis que la section PS ferait connaître sa position dans un mois. D’ici là, tout le monde prendra le temps de la réflexion.

(1) Olivier Taconet, salarié de la CASE et président du PRG départemental, s’est invité à la réunion, ce que Franck Martin avait tu.

(2) Pour Franck Martin, la rupture de 2007 est due au PS. François Loncle a rappelé, opportunément les événements de l’année 2007 et la candidature du maire de Louviers aux législatives, un geste particulièrement peu amical voire hostile.

22 février 2013

Les taupes de Sarkozy sévissent à l'Elysée…et ailleurs


La droite UMP instruit le procès des ministres socialistes. Ces derniers auraient la fâcheuse tendance de nommer aux postes importants des amis à eux, des gens dans lesquels ils ont confiance. A-t-on jamais vu des responsables dignes de ce nom désigner des adversaires pour remplir des politiques manifestement contraires aux idées qu’ils défendent ? Certes, tous les postes ne sont pas politiques. Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, ne vient-il pas de désigner une ancienne magistrate à la cour des comptes peu suspecte de sympathie pour la gauche pour siéger au Conseil constitutionnel ?
C’est d’autant plus hypocrite de la part des responsables UMP qu’un grand magazine généraliste vient de publier un long article sur les «taupes» de Sarkozy. le grand public ne le sait pas mais l’ancien président de la République a laissé, à l’Elysée et dans la police, nombre d’amis à lui chargés de l’informer en temps réel, sur l’agenda de François Hollande, sur les personnalités qu’il reçoit et sur les projets qu’il prépare. L’article en question évoque même des renouvellements de contrats signés par Nicolas Sarkozy entre les deux tour des l’élection présidentielle au bénéfice de ses copains.
François Hollande, Jean-Marc Ayrault, les ministres, dont celui de l’Intérieur, sont donc entourés d’oreilles indiscrètes dont la loyauté à l’égard du pouvoir est plus que discutable. Et ce sont les mêmes à droite qui s’indignent de ce que la majorité actuelle aurait tendance à privilégier des hommes et des femmes fiables !
La France ne connaît pas le spoil system américain. Ce système des dépouilles autorise en effet le président des Etats-Unis à se séparer du jour au lendemain d’une administration complète pour y installer la sienne. En France, les hauts fonctionnaires sont généralement titulaires de la fonction publique, ont passé avec succès des concours difficiles, s’inscrivent dans un plan de carrière précis. Les cabinets des ministres et du président comprennent, heureusement, des conseillers et des administrateurs proches politiquement et donc sûrs. Mais peut-on demander aux huissiers, aux secrétaires, aux chauffeurs, aux membres des catégories B et C d’aimer le pouvoir en place ? Sans doute pas. Le pouvoir doit tout de même attendre d’eux une droiture qui ne confine en rien à la fidélité. Leur probité suffira.

21 février 2013

Les conférences de la Société d'études diverses : « Napoléon en caricatures : une vision européenne »


« La prochaine conférence de la Société d'Études Diverses aura lieu le samedi 16 mars, à 16 heures, dans la salle Pierre Mendès France, à l'Hôtel de Ville de Louviers. L’invité sera Pascal Dupuy, historien et maître de conférences à l'Université de Rouen. Spécialiste de l'iconographie révolutionnaire, il abordera un sujet tout à fait original, sur lequel il a beaucoup travaillé : « Napoléon en caricatures : une vision européenne »
Napoléon Bonaparte a su créer, comme certains grands monarques avant lui, une propagande par l'image à la fois efficace et de grande ampleur. Les images qu'il élaborait ou dont il se plaisait à favoriser la diffusion soulignent en général ses qualités d'homme d'État, sa renommée et sa magnificence. Dans le cadre de cette conférence, nous serons amenés à la fois à nous intéresser aux contre-images que Napoléon a pu susciter, celles qu'il ne contrôle pas, le plus souvent à son plus grand désarroi, et à nous interroger sur les  effets de sa propre propagande qui donnent aux satiristes des images à détourner ou des symboles à altérer. La conférence, grâce à l'illustration, s'attachera à mettre en évidence, au travers de nombreux exemples, une production satirique réellement européenne dont l'ampleur et la verve restent encore à étudier de manière exhaustive.
Le mois suivant, la SED proposera une visite commentée de la prochaine exposition que le musée de Giverny consacrera au peintre néo-impressionniste Paul Signac. Elle aura lieu le jeudi 11 avril à 18 heures. Le prix sera de 14 euros par personne. Nous vous invitons, si vous êtes intéressés, à vous inscrire dès maintenant. »
Le secrétaire : Patrick Masson
Le responsable des conférences : Claude Cornu

Maurice Taylor est trop riche, il en oublie l'élémentaire politesse


Arnaud Montebourg chez M-Real lors de la reprise par Double A. (photo Jean-Charles Houel)
Un certain Mister Maurice Taylor, industriel américain recalé lors d’une présidentielle américaine ancienne (républicain et ultralibéral) s’est distingué, récemment, en adressant une lettre à Arnaud Montebourg, notre ministre du redressement productif. Le Monsieur Taylor en question, connu pour ses déclarations crues et son caractère bourru, agresse la France, son gouvernement, ses syndicats et ses salariés. candidat éphémère à la reprise de l’usine Goodyear à Amiens, l’Américain écrit au ministre pour lui indiquer qu’il renonce à son projet et en énumère les causes. Cette lettre (des extraits) la voici :
"Monsieur, votre lettre fait état du fait que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan a l'argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu'a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français", écrit-il sans ironie.
"J'ai visité cette usine plusieurs fois. Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l'ai dit aux syndicalistes français. Ils m'ont répondu que c'était comme ça en France".
"Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d'un euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Vous pouvez garder vos soi-disant ouvriers. Titan n'est pas intéressé par l'usine d'Amiens nord."
On pouvait compter sur Arnaud Montebourg pour tenir la dragée haute à cet industriel américain surnommé le Grizzly, un ours particulièrement mal méché, réputé pour son ses manières grossières et son manque de courtoisie. «Business is business», n’est-ce pas ? Ce qui, selon Taylor, autoriserait cette absence de délicatesse.
Dans sa réponse, Arnaud Montebourg contredit point par point les allégations de M. Taylor. Les entreprises américaines s’implantent en France de manière régulière, les salariés y travaillent plus de trois heures par jour, et Arnaud Montebourg prévient M. Taylor que ces produits, s’il les vend en France, feront l’objet d’un examen attentif concernant sécurité et fiabilité…au-delà du fait que des salariés payés moins d'un euro de l’heure peuvent être consciencieux.
Cet incident illustre bien la goujaterie de certains dont le comportement ne peut s’expliquer que d’une seule façon : l’argent peut tout, l’argent autorise tout. On comprend mieux le sens de la déclaration de François Hollande quand il affirmait au Bourget que « notre adversaire, c’est la finance. » Sans en donner le nom ni en préciser le visage, François Hollande visait ces magnats tout puissants, ces banquiers véreux, des exilés fiscaux, ces fraudeurs patentés, qui font tant de mal à l’économie et aux salariés.

20 février 2013

Au Cinéma Omnia de Rouen « Des hommes et des abeilles »


Comment ne pas vous signaler la diffusion du film "Des hommes et des abeilles" à Rouen au cinéma Omnia, du 20 au 26 février. (voir les séances) Réalisé par : Markus Imhoof. Narré par Charles Berling.

Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis quinze ans. Cette épidémie, d’une violence et d’une ampleur phénoménale, est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible. Arrivée sur Terre 60 millions d’années avant l’homme, l’Apis mellifera (l’abeille mellifère) est aussi indispensable à notre économie qu’à notre survie. Aujourd’hui, nous avons tous de quoi être préoccupés : 80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, pas de pollinisation, donc pratiquement plus de fruits, ni de légumes.
Il y a soixante ans, Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l’homme : « Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. » Sauf qu’Einstein n’a jamais prononcé cette phrase. Elle fait partie des légendes dont les hommes raffolent. Si les apiculteurs savent qu’elle est apocryphe et que ceux qui la prononcent sont de bonne foi tellement on aimerait que ce fût vrai, on n’a pas besoin de la référence du grand physicien pour tirer la sonnette d’alarme et surtout alerter le ministre de l’Agriculture sur les dangers de certaines semences polluées par les produits chimiques. On est sûr, aujourd’hui, que certaines molécules sont responsables de la perte d’orientation des abeilles. Incapables de retrouver leur ruche et donc leur colonie elles sont vouées à une mort certaine et rapide.

Les industriels de la chimie affirment que des causes multifactorielles sont responsables de la disparition des abeilles. Maladies spécifiques, acariens, bactéries, mycoses, frelon asiatique et autres prédateurs naturels. Mais ces causes sont répertoriées depuis longtemps et jamais on n’a connu un tel effondrement des colonies. Il y a donc d’autres causes, plus récentes et nombre de chercheurs indépendants ont identifié les néonicotinoïdes par exemple, utilisés dans les semences de maïs, de colza ou de tournesol. Un moratoire de deux ans a été édicté par M. Le Foll, notre ministre et l’Agence européenne de l’alimentation souhaite qu’on interdise ces produits manifestement toxiques pour les abeilles. En attendant, les apiculteurs se préparent à une nouvelle saison qu’ils espèrent fleurie et florissante.

François Loncle lamine la politique étrangère de Nicolas Sarkozy

François Loncle à l'Assemblée nationale. (photo JCH)
« L’association des amis de M. Sarkozy – est-ce bien raisonnable ? - organise un colloque sur le bilan international de l’ex-président. Abusant d’une tactique typiquement sarkozienne, ils espèrent que les Français ont la mémoire courte et ne se souviennent déjà plus d’un quinquennat calamiteux. En cinq ans, M. Sarkozy a réussi l’exploit de réduire l’influence de notre pays dans le monde, d’abîmer l’image de la France auprès de nos partenaires. Comme le Président Giscard d’Estaing autrefois, M. Sarkozy est, en l’occurrence, l’homme du passif. La liste est longue de ses revirements, de ses contradictions, de ses irrévérences.
Obsédé par les médias et affligé d’un vibrionnisme pathologique, M. Sarkozy n’a cessé d’adopter une attitude velléitaire, incohérente, narcissique. Convaincu qu’un évènement chasse l’autre, il était balloté par l’actualité. Il ne suivait pas de ligne politique, mais obéissait à des impulsions ; il ne se référait pas à des principes, mais préparait des coups ; il n’avait pas de vision, mais des visées. Il confondait action et agitation, position et posture, audace et impétuosité. Il ne se fixait qu’une seule stratégie : l’opportunisme. Il ne définissait qu’une seule doctrine : l’aventurisme. Son excitation permanente visait à dissimuler le vide de sa diplomatie. Grand ou petit, il n’avait pas de dessein. Tout au plus un brouillon. Au final, sa politique étrangère apparaissait versatile, inconstante et confuse.
Pas plus les Français que les étrangers n’ont oublié ses impolitesses, ses grossièretés, ses vexations. Il a manifesté une désinvolture et une arrogance qui a choqué ici et ailleurs. Il annulait des visites au dernier moment. Il ne manifestait pas la plus élémentaire courtoisie à l’égard de certains hôtes étrangers. Il arrivait souvent en retard aux réunions internationales et en partait prématurément. Il dédaignait les traditions culinaires des autres pays. Il témoignait ouvertement de son ennui lors des cérémonies officielles. Il avait même des altercations publiques ou des gestes inappropriés à l’égard de ses homologues, auprès desquels il passait, comme l’a révélé WikiLeaks, pour « impulsif », « susceptible », « autoritaire ».
Mais encore plus que ce comportement irrespectueux, les Français et les étrangers ont gardé à l’esprit les multiples caprices d’un dirigeant immature. Dès son arrivée, disposant d’un ministre d’opérette, le non moins vibrionnant Bernard Kouchner, il a opéré un virage atlantiste et s’est aligné sur la politique de Bush junior, notamment en Afghanistan. Mais il s’est ensuite vexé que Barack Obama lui vole la vedette. Il avait initialement occulté la relation avec l’Allemagne, puis s’est soumis aux injonctions d’Angela Merkel. Il a adopté une position unilatérale sur le problème du Proche-Orient où il est passé en coup de vent. Il a aussi méprisé l’Inde où il n’a séjourné que quatre heures. Il a ignoré le Japon, l’Indonésie et l’Amérique latine. Sans barguigner, il a envisagé « le bombardement de l’Iran ». Son projet d’Union pour la Méditerranée a tourné au fiasco. Son arrogance n’a fait que retarder la libération de Florence Cassez. Dans l’autre affaire Betancourt, celle d’Ingrid, il s’est trompé d’interlocuteur, en méprisant les autorités colombiennes, ce qui a eu pour effet de prolonger la captivité de la Franco-Colombienne, finalement libérée par les militaires colombiens.
Il n’a pas plus fait avancer la régulation des marchés que mis un terme aux dérives du système bancaire international ou favorisé la lutte contre le changement climatique. Sur l’Afrique, sa politique s’est révélée catastrophique. Son discours de Dakar, aux relents racialistes et paternalistes, nous a durablement aliéné les sympathies africaines, d’autant plus qu’il ravivait, en même temps, les réseaux affairistes et qu’il soutenait le putschiste sanguinaire de Guinée, Dadis Camara.
Ses amis se gargarisent des prétendus succès de M. Sarkozy. La Géorgie ? Il a cautionné les ambitions hégémoniques de la Russie de Poutine. L’Europe ? Il a tardé à appréhender le problème grec et la crise de l’euro. Un comble pour cet hyper-réactif ! Kadhafi ? Un jour, il l’accueille en grande pompe ; un autre, il le bombarde. D’ailleurs, il n’a jamais réfléchi aux conséquences de l’opération hasardeuse en Libye qui a aggravé le chaos dans le Sahel. Comment ose-t-il maintenant critiqué en privé « l’impréparation de l’intervention au Mali », alors qu’il porte une lourde responsabilité dans cette situation ?
Finalement, que reste-t-il de la diplomatie de M. Sarkozy ? Pas grand-chose. Comment en aurait-il pu être autrement, puisque toute politique extérieure repose sur les capacités intérieures d’un pays ? Or, le quinquennat de Sarkozy a plombé la France : une dette publique augmentée de 612 milliards d’euros ; un déficit du commerce extérieur de 70 milliards d’euros ; un million de chômeurs en plus, 350 000 emplois industriels en moins. Voilà le bilan de M. Sarkozy.
Depuis mai 2012, la diplomatie française a retrouvé, grâce à François Hollande et Laurent Fabius, de la dignité, de la clairvoyance et de l’influence. »

François Loncle
Député de l’Eure

19 février 2013

NKM ? Une bonne bourge bien-pensante


(DR)
Le choix de Nathalie Kosciusko-Morizet comme porte-parole du candidat Sarkozy avait fait grincer des dents à la droite et à la gauche de l’UMP lors de la campagne présidentielle. Les Lionel Lucca et autres Jérôme Chartier la trouvaient trop «bobo» pour incarner correctement la ligne politique de Patrick Buisson, celle retenue par Sarkozy sous le signe de « à droite toute ». Malgré bien des préventions, NKM — puisque c’est comme cela qu’on l’appelle — s’est bouchée le nez à plusieurs reprises en entendant Sarkozy, Guéant ou les représentants de la droite forte, développer des arguments fleurant bon l’identité nationale, la viande cascher ou l’anti-islamisme primaire.
Députée de l’Essonne et maire de Longjumeau, NKM a retrouvé son siège de parlementaire d’un cheveu et a failli mordre la poussière. Il est vrai que le Front national avait juré sa perte. Lors de l’épique bagarre opposant Fillon à Copé, NKM s’est bien gardée de s’engager. Hors du ring, elle a compté les points sans servir d’arbitre tout comme son compère Bruno Le Maire très affairé à ne pas apparaître sur la scène publique. Depuis il s’est bien rattrapé. Très courageusement, ces deux personnalités prometteuses (de quoi ?) se sont tu pendant les semaines sanglantes avant de faire part de leur haute opinion sur ce qu’il faudrait faire pour rénover le parti UMP, adopter un nouveau programme politique et, évidemment, changer les principaux protagonistes grillés par tant d’insultes et de coups bas.
A Longjumeau, NKM est en danger. La gauche y est plus que menaçante ? Alors, pourquoi pas un bon petit parachutage à Paris ? Longjumeau-Paris c’est 18 km à vol d’oiseau et 23 par la route. Et Paris, Ah, Paris ça a de la gueule, non ? Alors prenant son courage à deux mains, NKM se lance dans la folle course des municipales à Paris, une décision capitale pour elle plus que pour la France. Mais avant d’affronter Anne Hidalgo, la dauphine de Bertrand Delanoë, elle va devoir franchir quelques obstacles : les haines recuites des UMP parisiens, l’hostilité de Rachida Dati, dont la détestation de Fillon n’a d’égale que l’exécration qu’elle éprouve envers NKM, et une primaire à droite qu’elle semble devoir gagner haut la main.
Après, les affaires se corseront. Après, il faudra venir à bout des élus sortants, socialistes, Verts, communistes, dont le bilan est plus que flatteur. Certes, NKM jouera le mécontentement à l’égard du gouvernement — elle ne sera pas la seule en France — et des socialistes. Mais sera-ce suffisant pour emporter les arrondissements décisifs. NKM présente bien, elle a une fibre (pas deux) écologiste, mais elle demeure une personnalité très à droite. Elle a beau se cacher derrière un modernisme de façade, elle demeure conservatrice, un peu ringarde, souvent réac. Son abstention sur le mariage pour tous est la preuve de la timidité de ses convictions. NKM ? Une bonne bourge bien-pensante. Pas de quoi émoustiller les parigot(e)s…

18 février 2013

Peut-on attendre des élus qu'ils se fassent hara-kiri ?


François Rebsamen, maire de Dijon et sénateur (PS) est hostile au projet de loi sur l'interdiction du cumul des mandats. (photo JCH)
D’après le journal Le Monde de ce soir, Jean-Marc Ayrault va informer François Hollande de l’impossibilité de rassembler les 3/5e des suffrages des députés et sénateurs réunis en congrès pour modifier la Constitution. On se souvient que François Hollande, lors d’une cérémonie de vœux le 14 janvier dernier, a promis une révision constitutionnelle à l’été 2013 pour supprimer le caractère original du statut pénal du chef de l’Etat, modifier le conseil supérieur de la magistrature, supprimer la nomination comme membre de droit du Conseil constitutionnel des anciens présidents de la République, autoriser le vote des étrangers extra-européens aux élections locales, interdire le cumul entre la fonction de ministre et un mandat de responsable d’un exécutif local…
Le président du groupe UMP, Christian Jacob, a dit Niet à tout. L’UDI de Borloo plus hésitante a dit Niet a presque tout, si bien qu’il manquerait une trentaine de voix pour obtenir la révision. Il ne fallait tout de même pas s’attendre à ce que l’UMP offre au président sa révision sur un plateau d’argent. L’opposition a ses règles que François Hollande devrait connaître.
Que va faire ce dernier ? Proposer la révision constitutionnelle à l’Assemblée nationale et au Sénat, la faire adopter à la majorité, et prendre le pays à témoin de la mauvaise volonté de la droite ? Aller jusqu’au bout pour débuter une campagne démontrant le caractère systématique et obtus de l’opposition ? Je ne vois pas très bien ce que François Hollande aurait à gagner dans l’opération sinon du temps perdu et de l’énergie dépensée bien inutilement.
Alors un référendum ? Je déteste le procédé. Mais il n’en existe pas d’autres, en cas de refus du Congrès, pour modifier la constitution. Le président de la République peut-il prendre le risque de consulter le peuple (tous les sondages sont favorables au oui sur la plupart des sujets) et d’affronter une campagne hostile avant les prochaines élections municipales de 2014 ? Et si les Français, au lieu de répondre aux questions posées, décidaient de se positionner par rapport à leur angoisse sociale, leur détresse économique, leur peur de l’avenir ? Le remède serait pire que le mal.
C’est d’autant plus risqué pour le Président que sa volonté de faire voter une loi sur le cumul des mandats semble mise à mal par ses propres troupes. Bien des élus socialistes (sénateurs surtout) le PRG, la droite, le centre, sont clairement hostiles à un vote rapide pour une application en 2014. Ils sont à peu près tous d’accord pour reporter leur décision à 2016…2017 ou jamais ! Le cumul des mandats est une exception française détestable. On en connaît les limites : non renouvellement du personnel politique, non accès des femmes aux fonctions électives, retard dans l’avènement d’une vraie diversité. Et les particularités : cumul des fonctions, des indemnités, mandats mal remplis, disponibilité nulle, retard dans les décisions et l’étude des dossiers…Seule la loi pourrait changer cette situation. Mais peut-on attendre des élus qu’ils se fassent hara-kiri ?

On a raison d'être à cheval sur l'origine des viandes

Rien ne vaut une belle vache élevée en Normandie. (photo JCH)
Il va nous falloir encore faire preuve d’une grande vigilance. C’était déjà le cas depuis l’épidémie d’encéphalopathie spongiforme bovine qui ravagea tant d’élevages en France et ailleurs au grand dam d’agriculteurs indemnisés, certes, mais affectés par la disparition de troupeaux entiers. Cette maladie de la vache folle nous rendit malades à la fois physiquement (avec des morts) et aussi moralement. Comment avait-on pu nourrir des animaux destinés à la consommation humaine avec des déchets, des résidus, des farines animales de porcs, de poissons, de volailles, un fatras explosif…qui explosa.
Ces derniers jours, l’affaire de la viande de cheval transformée en bœuf par le jeu des étiquetages et mise au jour grâce aux tests ADN nous fait revivre un de ces scandales que l’alimentation, par ses aspects symboliques essentiels à la vie et au plaisir de la vie, a le don de faire renaître. Au moment même où les gouvernements de plusieurs pays européens font appel à Europol pour démonter la chaîne des responsabilités et engager des procédures judiciaires contre les fautifs, on apprend que la Commission européenne autorise à nouveau le nourrissage des poissons avec des farines animales.
De nombreuses voix, dont celle de Delphine Batho, ministre de l’Environnement française, s’élèvent contre cette mesure aussi incompréhensible qu’inadmissible. C’est comme si on n’avait retenu aucune leçon des épisodes dramatiques passés. C’est comme si l’argent et le profit pouvaient tout dominer, nous faire tout avaler. Car la vraie raison de tous ces scandales alimentaires, c’est le profit.
La viande de cheval coûte, dit-on, trois fois moins cher que la viande de bœuf. La tentation est donc grande d’abuser les consommateurs en leur faisant prendre des vessies pour des lanternes. De faire passer les bons vieux canassons pour de gentils bovins. Et comme en plus, cette viande est destinée aux plats cuisinés, préparés et congelés, qui va s’amuser à y regarder de plus près et surtout à déceler la fraude ou l’escroquerie.
Il n’y a qu’une solution. Et encore n’est-elle pas toujours fiable. C’est la traçabilité et l’étiquetage. Obligeons les industriels à systématiquement indiquer la composition exacte des mets que nous consommons. Obligeons les entreprises à préciser l’origine des viandes, non avec des codes incompréhensibles mais avec des étiquettes rédigées dans les langues nationales où les produits finis sont mis en vente et consommés.
Faisons en sorte que les services sanitaires et de contrôle des fraudes aient les moyens en personnels et en laboratoires pour exercer pleinement leurs investigations. L’alimentation humaine, comme bien d’autres domaines, est basée sur la confiance entre les professionnels et les consommateurs. Cette confiance est acquise dans la durée alors qu’il suffit d’un triste événement pour susciter l’interrogation et une méfiance souvent durable. Les faits prouvent qu’on n’est jamais trop prudent.

17 février 2013

« Il est né roux, il vivra roux. » Jean Cocteau

Cryos International, la plus importante banque de sperme au monde, vient de fermer ses portes aux donneurs roux, nous apprend le site d’information  le Telegraph. Pourquoi? Parce que, selon cette entreprise, nous serions nombreux à préférer donner à notre enfant les gènes d’un grand et beau brun plutôt que ceux d’un roux.
« Si vous n'êtes pas roux, que vous n'avez jamais eu de roux dans votre entourage, et que vous êtes naïf, vous pensez sans doute que la rousseur est un non-problème, voire une inanité. Vous avez tort.» (1) Le suicide d’un enfant de 13 ans, cette semaine, harcelé par ses petits camarades parce qu’il était roux devrait nous interpeller. Nul n’ignore ou ne devrait ignorer la littérature abondante relative à l’histoire de la roussitude, des roux et des rousses. Des mythes tenaces, des légendes aussi diaboliques les unes que les autres concernent la couleur des cheveux de ces jeunes filles et garçons à la peau blanche, aux taches de rousseur et aux cheveux tirant sur le rouge. La couleur du sang et du diable.

Que de surnoms, que de sobriquets, que de chansons malveillantes atour des roux et des rousses que de clichés éculés. « Tu es resté trop longtemps au four » « tu as regardé le soleil à travers une passoire » « t’as été conçu pendant les règles »…j’en passe et des meilleures.

Longtemps les roux ont été des victimes expiatoires ou sacrificielles. Le roux évoque la couleur du feu, donc des flammes de l'enfer et on en arrive rapidement aux comparaisons satanistes. Faut-il rappeler les sobriquets et les surnoms (pas aimables) attachés aux roux et aux rousses ? Ces dernières étaient des « putes » puisqu’ayant pactisé avec le diable, les hommes roux étant rangés dans les catégories dangereuses, les esprits malsains.

Il ne faudrait pas pour autant croire qu’en 2013 les préjugés anti-roux ont disparu. Le politiquement correct n’est pas encore venu à bout de ces attitudes négatives, profondément ancrées dans la mémoire collective. Cet hiver, Tesco, le premier groupe de distribution britannique, a été pris en flagrant délit d'anti-roussisme. Les cartes de vœux du groupe montraient le père Noël avec un petit garçon roux sur les genoux et un slogan: «Le père Noël aime tous les petits enfants, même les roux.» Tesco a dû retirer ses publicités et présenter ses excuses.

Le parolier Jacques Lanzman raconte dans ses mémoires que, petit garçon pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'était senti roux avant de se sentir juif. «Moi, je m'étais toujours senti plus français que juif, mais aussi bien plus rouquin que français et juif», écrit-il. Et un peu plus loin: «J'avais souffert de mes cheveux rouges j'étais un dépigmenté, un poil de brique, un maudit petit rouquin qui avait pris le soleil à travers une passoire. A Melun, j'eus à faire face à ceux qui me reprochaient — et c'était généralement les mêmes, ma rouquinerie et ma juiverie. Chez les Bongrand, le poil avait de nouveau primé; eux, ils ne savaient pas que j'étais juif, mais ils me voyaient rouge. Et quand le Marcel ou l'Albert rentrant des champs s'attablaient en disant : "Dis donc, la mère, on se taperait bien un coup de rouquin", je me sentais visé et je l'étais.»

Bizarrement, les femmes rousses s’en sortent mieux, socialement, que les roux. Elles profitent des effets de mode. Parfums, vêtements, objets socio-culturels aident les femmes rousses dans leur originalité et leur sensualité. Il n’en va pas de même avec les hommes roux. L’illustration de cet article et relative au don de sperme en dit long sur les attentes de la société ou plutôt sur leur refus d’attente.

Revenons au suicide de ce petit garçon roux que je ne connais pas mais dont j’imagine les sentiments et l’immense solitude. Jean Cocteau disait : « il est né roux, il vivra roux. » Tout est là. Accepter sa différence, s’accepter et se revendiquer tel qu’on est. Et ce n’est pas propre aux roux.


(1) Plusieurs citations ont été extraites d’un article de Charlotte Pudlowski paru sur le site slate.fr aidée par Valérie André, auteure de la « Réflexion sur la Question rousse », maître de recherches du FNRS et à Jean-Maurice Simoneau, spécialiste de la couleur. 
Quelques roux célèbres : Bill Gates, Chuck Norris, Daniel Cohn-Bendit, Mylène Farmer, Kirsten Dunst, Ron Howard, Winston Churchill…
« La science est venue expliquer d'où vient le roux. La couleur des cheveux et poils est déterminée par la mélanine, dont la synthèse peut se faire de plusieurs façons. La rousseur provient d'une synthèse appelée phaeomélanine. C'est à cause de cette différence que les roux sont plus sensibles que les autres au soleil. C'est aussi à cause d'elle que perdure le préjugé selon lequel les roux sentent mauvais. En réalité, la phaeomélanine contient près de 10% de soufre. La transpiration sur une peau contenant du soufre donne une odeur différente. Scientifiquement, la rousseur est une «anomalie»: sans parents roux, la probabilité pour qu'un enfant soit roux n'est que de 3%. L'Ecosse est le pays qui détient le plus fort taux de rousseur au monde: 13% de la population. Vient ensuite l'Irlande, qui compte 10% de roux au sein de sa population. En France, le taux de personnes aux cheveux roux est d'environ 5%.