20 février 2013

François Loncle lamine la politique étrangère de Nicolas Sarkozy

François Loncle à l'Assemblée nationale. (photo JCH)
« L’association des amis de M. Sarkozy – est-ce bien raisonnable ? - organise un colloque sur le bilan international de l’ex-président. Abusant d’une tactique typiquement sarkozienne, ils espèrent que les Français ont la mémoire courte et ne se souviennent déjà plus d’un quinquennat calamiteux. En cinq ans, M. Sarkozy a réussi l’exploit de réduire l’influence de notre pays dans le monde, d’abîmer l’image de la France auprès de nos partenaires. Comme le Président Giscard d’Estaing autrefois, M. Sarkozy est, en l’occurrence, l’homme du passif. La liste est longue de ses revirements, de ses contradictions, de ses irrévérences.
Obsédé par les médias et affligé d’un vibrionnisme pathologique, M. Sarkozy n’a cessé d’adopter une attitude velléitaire, incohérente, narcissique. Convaincu qu’un évènement chasse l’autre, il était balloté par l’actualité. Il ne suivait pas de ligne politique, mais obéissait à des impulsions ; il ne se référait pas à des principes, mais préparait des coups ; il n’avait pas de vision, mais des visées. Il confondait action et agitation, position et posture, audace et impétuosité. Il ne se fixait qu’une seule stratégie : l’opportunisme. Il ne définissait qu’une seule doctrine : l’aventurisme. Son excitation permanente visait à dissimuler le vide de sa diplomatie. Grand ou petit, il n’avait pas de dessein. Tout au plus un brouillon. Au final, sa politique étrangère apparaissait versatile, inconstante et confuse.
Pas plus les Français que les étrangers n’ont oublié ses impolitesses, ses grossièretés, ses vexations. Il a manifesté une désinvolture et une arrogance qui a choqué ici et ailleurs. Il annulait des visites au dernier moment. Il ne manifestait pas la plus élémentaire courtoisie à l’égard de certains hôtes étrangers. Il arrivait souvent en retard aux réunions internationales et en partait prématurément. Il dédaignait les traditions culinaires des autres pays. Il témoignait ouvertement de son ennui lors des cérémonies officielles. Il avait même des altercations publiques ou des gestes inappropriés à l’égard de ses homologues, auprès desquels il passait, comme l’a révélé WikiLeaks, pour « impulsif », « susceptible », « autoritaire ».
Mais encore plus que ce comportement irrespectueux, les Français et les étrangers ont gardé à l’esprit les multiples caprices d’un dirigeant immature. Dès son arrivée, disposant d’un ministre d’opérette, le non moins vibrionnant Bernard Kouchner, il a opéré un virage atlantiste et s’est aligné sur la politique de Bush junior, notamment en Afghanistan. Mais il s’est ensuite vexé que Barack Obama lui vole la vedette. Il avait initialement occulté la relation avec l’Allemagne, puis s’est soumis aux injonctions d’Angela Merkel. Il a adopté une position unilatérale sur le problème du Proche-Orient où il est passé en coup de vent. Il a aussi méprisé l’Inde où il n’a séjourné que quatre heures. Il a ignoré le Japon, l’Indonésie et l’Amérique latine. Sans barguigner, il a envisagé « le bombardement de l’Iran ». Son projet d’Union pour la Méditerranée a tourné au fiasco. Son arrogance n’a fait que retarder la libération de Florence Cassez. Dans l’autre affaire Betancourt, celle d’Ingrid, il s’est trompé d’interlocuteur, en méprisant les autorités colombiennes, ce qui a eu pour effet de prolonger la captivité de la Franco-Colombienne, finalement libérée par les militaires colombiens.
Il n’a pas plus fait avancer la régulation des marchés que mis un terme aux dérives du système bancaire international ou favorisé la lutte contre le changement climatique. Sur l’Afrique, sa politique s’est révélée catastrophique. Son discours de Dakar, aux relents racialistes et paternalistes, nous a durablement aliéné les sympathies africaines, d’autant plus qu’il ravivait, en même temps, les réseaux affairistes et qu’il soutenait le putschiste sanguinaire de Guinée, Dadis Camara.
Ses amis se gargarisent des prétendus succès de M. Sarkozy. La Géorgie ? Il a cautionné les ambitions hégémoniques de la Russie de Poutine. L’Europe ? Il a tardé à appréhender le problème grec et la crise de l’euro. Un comble pour cet hyper-réactif ! Kadhafi ? Un jour, il l’accueille en grande pompe ; un autre, il le bombarde. D’ailleurs, il n’a jamais réfléchi aux conséquences de l’opération hasardeuse en Libye qui a aggravé le chaos dans le Sahel. Comment ose-t-il maintenant critiqué en privé « l’impréparation de l’intervention au Mali », alors qu’il porte une lourde responsabilité dans cette situation ?
Finalement, que reste-t-il de la diplomatie de M. Sarkozy ? Pas grand-chose. Comment en aurait-il pu être autrement, puisque toute politique extérieure repose sur les capacités intérieures d’un pays ? Or, le quinquennat de Sarkozy a plombé la France : une dette publique augmentée de 612 milliards d’euros ; un déficit du commerce extérieur de 70 milliards d’euros ; un million de chômeurs en plus, 350 000 emplois industriels en moins. Voilà le bilan de M. Sarkozy.
Depuis mai 2012, la diplomatie française a retrouvé, grâce à François Hollande et Laurent Fabius, de la dignité, de la clairvoyance et de l’influence. »

François Loncle
Député de l’Eure

Aucun commentaire: