François Loncle à l'Assemblée nationale. (photo JCH) |
« L’association des amis de M. Sarkozy – est-ce bien
raisonnable ? - organise un colloque sur le bilan international de
l’ex-président. Abusant d’une tactique typiquement sarkozienne, ils espèrent
que les Français ont la mémoire courte et ne se souviennent déjà plus d’un
quinquennat calamiteux. En cinq ans, M. Sarkozy a réussi l’exploit de réduire
l’influence de notre pays dans le monde, d’abîmer l’image de la France auprès
de nos partenaires. Comme le Président Giscard d’Estaing autrefois, M. Sarkozy
est, en l’occurrence, l’homme du passif. La liste est longue de ses
revirements, de ses contradictions, de ses irrévérences.
Obsédé par les médias et affligé d’un vibrionnisme
pathologique, M. Sarkozy n’a cessé d’adopter une attitude velléitaire,
incohérente, narcissique. Convaincu qu’un évènement chasse l’autre, il était
balloté par l’actualité. Il ne suivait pas de ligne politique, mais obéissait à
des impulsions ; il ne se référait pas à des principes, mais préparait des
coups ; il n’avait pas de vision, mais des visées. Il confondait action et
agitation, position et posture, audace et impétuosité. Il ne se fixait qu’une
seule stratégie : l’opportunisme. Il ne définissait qu’une seule doctrine :
l’aventurisme. Son excitation permanente visait à dissimuler le vide de sa
diplomatie. Grand ou petit, il n’avait pas de dessein. Tout au plus un
brouillon. Au final, sa politique étrangère apparaissait versatile, inconstante
et confuse.
Pas plus les Français que les étrangers n’ont oublié
ses impolitesses, ses grossièretés, ses vexations. Il a manifesté une
désinvolture et une arrogance qui a choqué ici et ailleurs. Il annulait des
visites au dernier moment. Il ne manifestait pas la plus élémentaire courtoisie
à l’égard de certains hôtes étrangers. Il arrivait souvent en retard aux
réunions internationales et en partait prématurément. Il dédaignait les
traditions culinaires des autres pays. Il témoignait ouvertement de son ennui
lors des cérémonies officielles. Il avait même des altercations publiques ou
des gestes inappropriés à l’égard de ses homologues, auprès desquels il
passait, comme l’a révélé WikiLeaks, pour « impulsif »,
« susceptible », « autoritaire ».
Mais encore plus que ce comportement irrespectueux,
les Français et les étrangers ont gardé à l’esprit les multiples caprices d’un
dirigeant immature. Dès son arrivée, disposant d’un ministre d’opérette, le non
moins vibrionnant Bernard Kouchner, il a opéré un virage atlantiste et s’est
aligné sur la politique de Bush junior, notamment en Afghanistan. Mais il s’est
ensuite vexé que Barack Obama lui vole la vedette. Il avait initialement
occulté la relation avec l’Allemagne, puis s’est soumis aux injonctions
d’Angela Merkel. Il a adopté une position unilatérale sur le problème du
Proche-Orient où il est passé en coup de vent. Il a aussi méprisé l’Inde où il
n’a séjourné que quatre heures. Il a ignoré le Japon, l’Indonésie et l’Amérique
latine. Sans barguigner, il a envisagé « le bombardement de l’Iran ».
Son projet d’Union pour la Méditerranée a tourné au fiasco. Son arrogance n’a
fait que retarder la libération de Florence Cassez. Dans l’autre affaire
Betancourt, celle d’Ingrid, il s’est trompé d’interlocuteur, en méprisant les
autorités colombiennes, ce qui a eu pour effet de prolonger la captivité de la
Franco-Colombienne, finalement libérée par les militaires colombiens.
Il n’a pas plus fait avancer la régulation des
marchés que mis un terme aux dérives du système bancaire international ou favorisé
la lutte contre le changement climatique. Sur l’Afrique, sa politique s’est
révélée catastrophique. Son discours de Dakar, aux relents racialistes et
paternalistes, nous a durablement aliéné les sympathies africaines, d’autant
plus qu’il ravivait, en même temps, les réseaux affairistes et qu’il soutenait
le putschiste sanguinaire de Guinée, Dadis Camara.
Ses amis se gargarisent des prétendus succès de M.
Sarkozy. La Géorgie ? Il a cautionné les ambitions hégémoniques de la
Russie de Poutine. L’Europe ? Il a tardé à appréhender le problème grec et
la crise de l’euro. Un comble pour cet hyper-réactif ! Kadhafi ? Un
jour, il l’accueille en grande pompe ; un autre, il le bombarde.
D’ailleurs, il n’a jamais réfléchi aux conséquences de l’opération hasardeuse
en Libye qui a aggravé le chaos dans le Sahel. Comment ose-t-il maintenant
critiqué en privé « l’impréparation de l’intervention au Mali »,
alors qu’il porte une lourde responsabilité dans cette situation ?
Finalement, que reste-t-il de la diplomatie de M.
Sarkozy ? Pas grand-chose. Comment en aurait-il pu être autrement, puisque
toute politique extérieure repose sur les capacités intérieures d’un
pays ? Or, le quinquennat de Sarkozy a plombé la France : une dette
publique augmentée de 612 milliards d’euros ; un déficit du commerce
extérieur de 70 milliards d’euros ; un million de chômeurs en plus,
350 000 emplois industriels en moins. Voilà le bilan de M. Sarkozy.
Depuis mai 2012, la diplomatie française a retrouvé,
grâce à François Hollande et Laurent Fabius, de la dignité, de la clairvoyance
et de l’influence. »
François Loncle
Député de l’Eure
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