Rien ne vaut une belle vache élevée en Normandie. (photo JCH) |
Il va nous falloir encore
faire preuve d’une grande vigilance. C’était déjà le cas depuis l’épidémie
d’encéphalopathie spongiforme bovine qui ravagea tant d’élevages en France et
ailleurs au grand dam d’agriculteurs indemnisés, certes, mais affectés par la
disparition de troupeaux entiers. Cette maladie de la vache folle nous rendit
malades à la fois physiquement (avec des morts) et aussi moralement. Comment avait-on pu nourrir
des animaux destinés à la consommation humaine avec des déchets, des résidus,
des farines animales de porcs, de poissons, de volailles, un fatras explosif…qui
explosa.
Ces derniers jours, l’affaire
de la viande de cheval transformée en bœuf par le jeu des étiquetages et mise
au jour grâce aux tests ADN nous fait revivre un de ces scandales que l’alimentation, par ses aspects
symboliques essentiels à la vie et au plaisir de la vie, a le don de faire renaître. Au
moment même où les gouvernements de plusieurs pays européens font appel à Europol
pour démonter la chaîne des responsabilités et engager des procédures
judiciaires contre les fautifs, on apprend que la Commission européenne
autorise à nouveau le nourrissage des poissons avec des farines animales.
De nombreuses voix, dont
celle de Delphine Batho, ministre de l’Environnement française, s’élèvent
contre cette mesure aussi incompréhensible qu’inadmissible. C’est comme si on n’avait
retenu aucune leçon des épisodes dramatiques passés. C’est comme si l’argent et
le profit pouvaient tout dominer, nous faire tout avaler. Car la vraie raison
de tous ces scandales alimentaires, c’est le profit.
La viande de cheval coûte,
dit-on, trois fois moins cher que la viande de bœuf. La tentation est donc
grande d’abuser les consommateurs en leur faisant prendre des vessies pour des
lanternes. De faire passer les bons vieux canassons pour de gentils bovins. Et
comme en plus, cette viande est destinée aux plats cuisinés, préparés et congelés,
qui va s’amuser à y regarder de plus près et surtout à déceler la fraude ou l’escroquerie.
Il n’y a qu’une solution. Et
encore n’est-elle pas toujours fiable. C’est la traçabilité et l’étiquetage.
Obligeons les industriels à systématiquement indiquer la composition exacte des
mets que nous consommons. Obligeons les entreprises à préciser l’origine des viandes,
non avec des codes incompréhensibles mais avec des étiquettes rédigées dans les
langues nationales où les produits finis sont mis en vente et consommés.
Faisons en sorte que les
services sanitaires et de contrôle des fraudes aient les moyens en personnels
et en laboratoires pour exercer pleinement leurs investigations. L’alimentation
humaine, comme bien d’autres domaines, est basée sur la confiance entre les
professionnels et les consommateurs. Cette confiance est acquise dans la durée
alors qu’il suffit d’un triste événement pour susciter l’interrogation et une méfiance
souvent durable. Les faits prouvent qu’on n’est jamais trop prudent.
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