9 janvier 2010

Olivier Aubert n'est pas candidat aux élections régionales de mars prochain

Ce n'est pas parce que Guy Auzoux et Franck Martin sont sur la même photo (lors de l'inau-guration du collège F. Buisson) qu'ils seront candidats sur la même liste!

Sur son blog de «potins et de cancans» (pléonasme) Franck Martin laisse entendre que Guy Auzoux, conseiller général et conseiller régional sortant, mécontent d'avoir été évincé de la liste UMP-NC que conduira Bruno Le Maire dans notre région, animera une liste de droite dissidente le 14 mars prochain. Que la droite soit divisée ne doit pas nous chagriner. Que Guy Auzoux tente de faire valoir sa notoriété dans l'Eure, pourquoi pas ? Ses cars ont sillonné le département pendant tant d'années que le nom d'Auzoux n'est pas seulement connu par ceux qui aiment le chocolat. Il est aussi apprécié par ceux qui se souviennent de sa candidature aux législatives et de son soutien à la réélection de Franck Martin à la tête de l'agglomération Seine-Eure qu'il avait rendu public lors des vœux du maire de la Haye-Malherbe quelques mois avant les municipales et les cantonales de 2008.

Si je publie cette information c'est parce qu'Olivier Aubert, conseiller municipal UMP à Louviers, figure sur la photo utilisée par Franck Martin pour illustrer la candidature (?) de Guy Auzoux. Olivier Aubert tient à informer tous les habitants de la Région qu'il n'est pas candidat aux futures régionales et que l'utilisation implicite de cette photo n'a d'autre but que de tromper les électeurs et de laisser penser que Guy Auzoux et Olivier Aubert seraient d'accord pour faire liste commune.

Ce procédé est franchement lamentable. Il aurait été plus simple et plus honnête aussi de préciser dans une légende que la photo prise datait de la campagne de l'hiver 2008 et que les deux hommes se soutenaient alors mutuellement dans leur campagne respective. Heureusement, nous prenons le propos de ce blog pour ce qu'il est : un propos de commère.

8 janvier 2010

« Philippe Séguin était un homme de courage, de colère et de conviction »

Marc Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, vice-président du conseil régional de Haute-Normandie, conseiller référendaire à la Cour des comptes, me prie de bien vouloir publier ce texte après le décès de Philippe Séguin.

« Je n’étais pas proche ou ami de Philippe Séguin. Pourtant certains de mes amis comme Nicolas Baverez l’adulaient et j’ai eu la chance de le croiser à plusieurs reprises au cours des vingt-cinq dernières années. Jeune fonctionnaire à Lille, j’avais organisé, en 1986, un de ses premiers déplacements en province comme Ministre des Affaires Sociales. A la demande d'Henri Emmanuelli, dont j’étais le Directeur de cabinet, j’avais veillé à la transmission des responsabilités, d’une équipe à l’autre, lorsque, succédant au Député des Landes, il était devenu Président de l’Assemblée Nationale. Laurent Fabius, fidèle à son élégance, m’avait demandé, entre 1997 et 2001, que l’on respecte le grand parlementaire qu’il était. Enfin, à la Cour des comptes, il avait été mon collègue, puis mon chef de juridiction.

Chacun l’a dit. C’était un Républicain. Mais plus que de l’égalité, de la liberté et de la fraternité, il était amoureux de l’État, de la Patrie, et de la Nation. C’est en cela qu’il rejoignait De Gaulle et Napoléon, qu’il respectait Mitterrand et Gambetta, vénérait Pompidou et Clémenceau. Il croyait aux valeurs de la France. Elles dépassaient, pour lui, la nécessité de l’Europe et faisaient l’originalité de notre pays dans le monde. Il savait la relation profonde, lui l’enfant de la Méditerranée, qui existe entre l’identité et l’intégration. Je l’avais rencontré à Mégara, dans les faubourgs de Carthage, voici peu de temps. Le Tipaza de ce Camus tunisien s’appelait Sidi-Bou-Saïd. Pour avoir vu comment il portait le message international de la France, celui des Droits de l’Homme et des Lumières en Afrique, au Maghreb, je ne crois pas qu’il aurait prisé un débat qui, pour définir ce qu’est un français, s’acharnait à exclure, s’interdisait de comprendre, oubliait le simple bon sens et la tolérance pour recourir à l’anathème et aux charters.

Moins connu, sans doute, était son attachement profond au cérémonial, aux usages, au protocole de la République. Non pas qu’il fut compliqué ou pompeux. Voir un match de football à côté de lui, pas rasé et fasciné, disait sa simplicité. Mais il était clair qu’à l’Elysée, à Matignon, au Palais-Bourbon, «on» représentait par sa fonction le peuple, le drapeau, la constitution. Pas question de s’y comporter en boutiquier ou en palefrenier. Il fallait tenir son rang. On devait à la collectivité des citoyens dignité, intelligence et désintéressement. Il incarnait cette triple dimension à la perfection.


Pour la même raison, l’ancien premier magistrat d’Epinal ne souffrait pas qu’on ne donne pas à un Maire la place que le suffrage universel lui accordait. Au nom de ces principes, au delà du jeu, de la tactique, de la comédie dont, en acteur consommé, il abusait, son visage plissé ne laissait plus apparaître qu’un œil noir face aux dérives d’une présidence à l’américaine, d’une classe politique menée par la communication plus que par la réflexion, de collectivités locales désormais calquées sur le système allemand et laissées sans moyens par une réforme fiscale qu’il qualifiait volontiers
d’« usine à gaz ».

Singulier par les gestes, exceptionnel par les mots, c’était un homme de courage, de colère et de convictions. Il n’était pas exempt de mauvaise foi et, de temps à autre, les parapheurs vers ses collaborateurs volaient bas. C’est paradoxalement ce qui le rendait attachant.

C’était un homme de droite, viscéralement anti-communiste, dont le Gaullisme était tantôt social, tantôt – hélas – libéral et qui, les socialistes en ligne de mire, pouvait être cruel avec ses adversaires. C’est ce qui le rendait agaçant.
C’était un homme gouverné par l’enfance, l’instinct et la mélancolie. C’est ce qui le rendait déroutant.
C’était un homme authentique, puissant, fait de chair et de sang. C’est ce qui le rendait humain tout simplement.

Vivant, il s’était enfermé, par orgueil ou par résignation, par choix ou par obligation dans un splendide isolement qui ne le caractérisait pas seulement politiquement. Ces ailes de géant l’empêchaient de marcher. Il impressionnait. Il en jouissait et il en souffrait. Sa mort provoque la tristesse et l’émotion d’un nombre considérable de gens. Il faut lui rendre hommage, saluer son œuvre et méditer, à son exemple, cet art de pratiquer la différence qui était une éthique ou une philosophie bien davantage qu’un comportement chez Philippe Séguin.»

GDF-Suez et Albert Frère, la recette de la bonne galette !

Albert Frère ou le frère Albert…

1 - L’État se lance dans la restauration rapide

C’est une bien curieuse information qu’a mise en ligne il y a quelques jours le site Rue89. Alors même que l’obsession était de privatiser tout ce qui de près ou de loin pouvait ressembler à du service public, l’État, par l’entremise de la CDCCI (Caisse des dépôts et consignations capital investissement), filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), s’est porté acquéreur en 2006 de la chaîne des restaurants Quick. Que venait faire l’État dans la restauration rapide ? Était-ce un secteur éminemment stratégique au point que seul l’État pouvait et devait s’en occuper ?

À Louviers, on connaît déjà la cuisine électorale – la dernière recette est régionale et en train de mijoter – et on a une petite idée de ce que peut être la cuisine politique. Mais là, on serait tenté de croire que Quick devait être en possession de la potion magique pour que l’État s’y intéresse à ce point. Curieux, nous y sommes allés voir, et, comme c’est le moment de tirer les Rois, pour vous remercier, fidèles lecteurs, nous avons le plaisir de vous en offrir la recette. Enquête faite, il ne s’agit pas d’une potion mais d’une sorte de galette. Suivez bien et prenez des notes !

2 - La recette de la bonne galette fourrée

Les bons ingrédients pour que ça réussisse :
— Une chaîne de restaurants Quick, dont le propriétaire est un groupe belge : GIB (Grand Bazar, Inno(vation), Bon Marché), géant de la distribution, lui-même propriété d’un groupe encore beaucoup plus grand, le groupe Albert Frère. On dirait, pour faire simple, que ça ressemble à un oignon tant il y a de peaux.
— Une participation dans le groupe BTP-Eiffage appartenant à la CNP (Compagnie nationale à portefeuille), propriété du même groupe Albert Frère, de haute volée.
— Une société, GBL (Groupe Bruxelles Lambert), encore propriété du groupe Albert Frère, un must de la finance internationale.
— Un groupe français, le groupe Suez, dont il se dit dans les milieux autorisés que l’actuel chef de l’État préparait dès 2004 la fusion avec le Groupe gazier (GDF pour simplifier).
— 500 g de plâtre Lafarge pour remplacer la farine et les rouler.
— Une cuiller à soupe de pétrole Total pour faire flamber.
— Un sachet de chocolat en poudre de chez Bolloré pour saupoudrer.

Le grain de sel qui peut faire tout rater (à éviter absolument) :
— Un homme d’affaires lorrain, actionnaire dans plusieurs sociétés du groupe Albert Frère, échaudé et semble t-il plumé à vif par l’Albert Frère* lors du rachat par lui d’une société textile propriété de GIB. En résumé, une bagarre entre requins qui tourne mal et vire au règlement de comptes.

La préparation :
— Dans un grand saladier, versez la chaîne de restaurants Quick et battez là vivement au fouet pour faire monter la sauce. De 300 millions d’euros qu’elle valait en 2004, vous la faites ainsi monter jusqu’à 800 millions d’euros. Alléchant n’est-ce pas ? Bien sûr, il faut avoir un bon coup de poignet, mais avec de l’entrainement…
— Avec cet entrainement, vous faites subir la même chose à la participation dans le groupe BTP-Eiffage que vous faites ainsi croître de 30%.
— Et puis, sur votre lancée, vous continuez avec GBL. Vous le faites ainsi monter dans le capital de Suez, que vous faisiez réchauffer à feu doux depuis 2004.
— Ajoutez lentement le plâtre Lafarge pour la consistance et la prise.

Là, vous admirez votre œuvre, vous la mettez à four bien chaud pour la cuisson et avant qu’elle n’ait refroidi, vous la fourguez comme pièce montée à la CDCCI (qui a nécessairement reçu du Gouvernement l’ordre d’acheter…) donc à nous contribuables français, après l’avoir fait flamber au pétrole Total puis nappée de chocolat Bolloré pour en faire oublier l’odeur. Ça, c’est pour les pigeons que nous sommes, car la galette, la vraie, c’est pour l’Albert et ses copains.

3 – Le service

Avec le produit de cette vente miraculeuse, que fait ensuite l’Albert ? Eh bien, l’Albert Frère, l’ami-patron, il « monte » comme ils disent, au capital de Suez, pour peser sur la fusion avec GDF voulue par notre président. Lequel pour finir le récompense comme il se doit, lui et son associé (notamment au capital de Suez), le milliardaire canadien Paul Desmarais, par la remise de la grand-croix de la Légion d’honneur. Ça c’est pour la galerie ! Pour le reste, on ne sait pas, enfin, pas encore. Mais ne soyons pas naïfs. On n’est pas entre philanthropes.

Et le grain de sel dans tout ça ? C’est du fiel de requin lorrain qui, pas content du tout de s’être fait rouler dans de la farine Lafarge, a mis au jour toutes ces combines et les a portées devant un tribunal belge. Car devant le tribunal français, le procureur aux ordres lui a dit : « circulez, y a rien à voir ».

Si le cœur vous en dit, vous pouvez encore essayer la même recette avec Véolia. La fusion avec EDF voulue sur le même modèle que GDF-Suez par Sarkozy est déjà bien dans les tuyaux. Mais eux, pour les attraper c’est une autre paire de manches car le grain de sel, c’est comme avec les oiseaux, faut leur mettre sous la queue ! Et ils savent voler !

4 - Conclusion

La restauration rapide, comme son nom l’indique, c’est de la galette rapide à préparer, encore plus rapide à croquer, et, à la réflexion, on se dit que vite fait, vite pris, ça ressemble bien à du Sarkozy. Mais ce n’est pas qu’une histoire belge de plus. Et ne riez pas, comme disait le regretté Coluche en d’autres termes, c’est avec votre argent !

RH

*L’Albert Frère est de toutes les saisons et circonstances. L’été, sur la terrasse en ciment Lafarge, avec des glaçons et cinq volumes d’eau, puisqu’il a des actions chez Pernod-Ricard, l’hiver devant son poêle à fioul puisqu’il a des actions chez Total, et bien sûr devant sa gazinière alimentée par GDF-Suez.

7 janvier 2010

Sorti par la porte, Bolkestein revient par la fenêtre

« La directive sur les services, dite « Bolkestein », de 2006 a été sérieusement amendée par le Parlement européen sous la pression des mobilisations de rue, amenant entre autres la disparition dans le texte du principe du pays d’origine. Ce principe, rappelons-le, aurait ouvert la porte à la possibilité de rémunérer des travailleurs pour une prestation de service dans un pays aux conditions du pays d’origine de leur entreprise.

À l’occasion de la transposition de la directive en droit français, qui est en cours, réapparaissent des dispositions destructrices de droit social et menaçant les services publics existants.

1. Le gouvernement français a décidé de ne pas faire une transposition globale pour ne pas relancer le débat sur la libéralisation des services dans leur ensemble. Aucune loi cadre n’est définie. C’est dans l’opacité que se poursuit la révision des textes nationaux, comme le dit le rapport Bizet au Sénat : « Les modalités de transposition des directives posent un problème de contrôle parlementaire et donc de démocratie. »

2. Cette transposition aura des conséquences sur le démantèlement des services publics.
L’incertitude sur le sort de certains services sociaux d’intérêt général (SSIG) est soigneusement entretenue par les déclarations ambiguës de Bercy sur des « secteurs sociaux qui seraient concurrentiels ». Les élu-es de la gauche du Parlement européen avaient fait reconnaître, dans un protocole interprétatif du traité de Lisbonne, la diversité des modèles nationaux, régionaux et locaux d’organisation des services d’intérêt économique général et leur possible protection face à la construction de ce grand marché des services. Cet effort louable risque de ne pas peser lourd face à un jugement de la Cour de justice (C-180-184/98) qui indique que "constitue une activité économique toute activité consistant à offrir des biens et des services sur un marché donné". Avec une telle définition, la plupart des services publics pourraient être soumis aux règles du marché intérieur contenues dans les traités, et donc soumis à la directive services. L’exigence d’une directive-cadre protégeant réellement les services publics, exigence portée notamment par les syndicats en Europe, est plus que jamais d’actualité.

Le haut-commissaire à la jeunesse a rappelé dans une note que la mise en application de la directive participerait à la redéfinition des aides d’État aux associations, aides « incompatibles avec les traités de l’UE sauf si elles sont considérées comme n’affectant pas la concurrence dans les échanges intra-communautaires ».

3. De plus, le principe du pays d’origine, sorti par la grande porte, revient par la fenêtre. Déjà, dans plusieurs décisions, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) s’était prononcée en défaveur des droits sociaux nationaux. Maintenant, en marge de la transposition de la directive services, le principe du pays d’origine revient dans le droit européen sous la forme d’un règlement intra-communautaire (CE 593/2008) concernant les contrats transfrontaliers, notamment dans les contrats de prestations et d’emplois de services. Par ce texte, en vigueur depuis le 17 décembre dernier, les entreprises contractantes ont toute liberté pour choisir quelle loi nationale s’appliquera au contrat conclu et notamment celle « de la résidence principale » de l’entreprise prestataire, autrement dit du pays d’origine comme dans la première version de la directive Bolkestein. Il est à craindre que cette disposition, qui vise en premier lieu les contrats commerciaux, puisse s’appliquer au droit du travail, considéré dans ce règlement comme un banal contrat commercial.

Par ailleurs, la transposition devrait affecter aussi de nombreuses professions comme les avocats, les architectes, les géomètres..., dans leur autonomie comme dans leur fonctionnement interne.

Le dumping social, les menaces contre les droits sociaux sont donc au menu des députés. De plus, le 28 décembre 2010, la Commission européenne présentera un rapport pouvant proposer une extension du champ d’application de la directive. Pour Attac, l’exigence d’une directive-cadre pour les services publics est toujours d’actualité. En l’absence d’une telle initiative, le Parlement français devrait décider de sortir explicitement du champ d’application de la directive services tous les services publics existants, y compris les services sociaux locaux, en s’appuyant d’ailleurs pour ce faire sur les amendements à cette directive introduits par le Parlement européen.
Les droits sociaux nationaux, droit du travail, protection sociale, conventions collectives, doivent être protégés, ce qui implique le refus, quelle que soit la méthode adoptée, de l’application du principe du pays d’origine.
Tout cela ne pourra évoluer que si la discussion s’ouvre en Europe sur une convergence par le haut des droits sociaux, l’application pour tous et toutes des normes sociales les plus élevées.

Cette lutte s’inscrit dans le cadre plus général du combat contre la « stratégie de Lisbonne » que le Conseil de l’UE veut relancer jusqu’en 2020 : Attac France entend y être présente, avec les Attac d’Europe.

Attac France,
Montreuil, le 6 janvier 2010

http://www.france.attac.org/spip.php?article10628

Pas de Pax Normandia pour les régionales !

Je suis allé faire un tour sur le site de José Alcala et j'ai lu avec avidité les commentaires relatifs à l'accord passé samedi dernier entre les radicaux de Gauche et les socialistes de Haute-Normandie . Ainsi, les radicaux ont décroché des places éligibles sur la future liste et c'est un secret de polichinelle que d'annoncer (encore officieusement) la présence du maire de Louviers ou plutôt du président de la fédération de l'Eure du PRG (combien de divisions ?) sur cette liste commune PS-PRG dans notre département. Il occuperait la 5e place tandis que Mme Fillatre, conseillère régionale sortante (PRG) qui n'a pas démérité, se situerait à la 12e place…non éligible. Tantôt les femmes sont bien utiles, tantôt on leur demande de retourner à leurs chères études ou devant leurs élèves puisque Mme Fillatre est institutrice.

Que retenir de ces commentaires ? Leurs auteurs s'intéressent énormément à la forme. Et aussi au contexte politique local. Les autres remarques portent sur les places éligibles. Pas un des commentateurs n'abordent le fond de la campagne, le projet : quelle région ? Pour faire quoi et avec quels moyens ? On prend acte du fait que la Gauche sera unie (Verts, Front de Gauche, PS, PRG) au second tour et que finalement, le premier tour sera un acte de pure forme.

Je dis attention, casse-cou ! Cela me rappelle du Jospin dans le texte : « j'ai sous-estimé…j'ai surestimé… et je me suis planté !» Les socialistes feraient bien de faire une vraie campagne de terrain, de susciter l'adhésion plutôt que de jouer un registre sondagier très trompeur. Quand Jean-Louis Destans, président du conseil général de l'Eure nous apprend que le contournement de Pont-de-l'Arche (20 millions d'euros) a été financé par la Région à 100 % (dans le cadre du 276), j'en connais (à Gisors par exemple) qui feraient bien de souhaiter la victoire de la gauche s'ils veulent que la déviation de leur ville soit également supportée par les contribuables régionaux. Cela c'est du concret et autre chose que la lutte pour des places éligibles.

J'ai aussi lu que les candidats s'engageraient (si j'ai bien compris) par écrit à respecter un contrat de gestion jusqu'en 2014. Alors là, je me marre. On sait ce que valent les engagements (écrits ou oraux) de certains. J'ai la faiblesse de croire qu'ils n'en feront qu'à leur tête une fois élus. Les faits plaident pour cette version pessimiste des choses et c'est pourquoi nous ne pouvons nous résoudre à accepter une sorte de pax normandia. Celle-ci ne serait rien d'autre qu'un nouveau coup politique de la part de ceux qui ne vivent la politique qu'en termes de situations ou de rentes personnelles.

6 janvier 2010

Taxe carbone : la fin du monde n'est pas pour demain

Les grandes industries polluantes étaient exclues du champ d'application de la taxe carbone.

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, tombe à bras raccourcis sur le Conseil constitutionnel. Il l'accuse de faire preuve de conservatisme après la censure que les sages ont prononcée contre la taxe carbone. Il va même — c'est un comble — jusqu'à tenter de prouver que les grandes industries polluantes méritaient d'être exonérées de cette taxe dans la mesure où elles sont, selon lui, déjà soumises au système des quotas européens. Ce que ne dit pas le fameux Lefebvre, c'est que ces quotas sont gratuits jusqu'en 2013 et qu'ensuite seuls ceux qui dépasseront leur quota se verront imposer des surplus payants lissés sur plusieurs années. La fin du monde n'est pas pour demain.

Le Conseil constitutionnel, selon sa jurisprudence constante, estime avec raison qu'il ne doit pas y avoir inégalité devant l'impôt. Les petites entreprises se seraient vues obliger de payer la taxe carbone dès 2010 alors que les grands trusts y auraient échappé. Quant aux ménages, dès ce mois de janvier, ils auraient dû mettre la main au portefeuille pour payer la taxe carbone sur le chauffage (gaz et électricité) sur le transport (gazole, essence) ce qui ne nous étonne pas compte tenu des pratiques de ce gouvernement habitué à charger la mule des classes moyennes et populaires.

Nicolas Sarkozy et son gouvernement persistent. Ils promettent une nouvelle taxe carbone avec de nouvelles conditions. Le président exige même qu'elle soit applicable dès le 1er juillet. Voilà bien un sujet de mécontentement supplémentaire pour égayer la campagne des élections régionales qui n'en manquait déjà pas.

5 janvier 2010

Radioactivité : encore plus fort qu’avec la taxe carbone ! le décret ne doit pas rester discret

Nous reprenons, mot pour mot, le texte d’un article venant de paraître sur le site de notre ami berrichon Gilblog* dont nous vous avons précédemment parlé. Cette information est véritablement sidérante, pour deux raisons : son contenu d’une part, et d’autre part le fait qu’à notre connaissance, aucun média national ne s’en était fait jusqu’alors l’écho.

« Je commence par vous donner la référence (autrement vous ne croiriez pas ce qui va suivre) : magazine UFC Que Choisir numéro 477 de janvier 2010 page 4.

Maintenant venons en au sujet.
En mai 2009 le Gouvernement a publié un arrêté autorisant l’ajout de substances radioactives dans les matériaux de construction et les biens de consommation ! Riposte de la Commission de recherche et d'informations indépendantes sur la radioactivité (Criirad) : le Conseil d'État est saisi. Petit soulagement.

Pourtant en 2002, le code de la santé publique renouvelait l'interdiction d'ajouter des substances radioactives ou des déchets provenant d'une activité nucléaire dans les matériaux de construction, biens de consommation et aliments. Malgré un avis défavorable de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et en violation à la loi du 28 juin 2006 sur la gestion des matières et déchets radioactifs, il y a des fous dangereux au sein du gouvernement et de l'administration pour imaginer et décider des lois et des arrêtés qui menacent notre santé, et qui sont anticonstitutionnels !

Pour votre information les signataires de cet arrêté sont les suivants : Le ministre d’État, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire, Jean-Louis Borloo. La ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot. La ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, Christine Lagarde. Le secrétaire d'État au Logement, Benoit Apparu.

Si l’arrêté n’est pas annulé par le Conseil d'État, tout ce que nous utilisons (les voitures et les meubles, le ciment, la laine de verre, les vitres, les emballages et pourquoi pas les vêtements...), pourrait contenir des radionucléides et les libérer dans notre environnement. Comme la durée de diffusion et d'élimination de ces substances radioactives est de 30 ans au minimum, nous aurons le temps d'être bien exposés…Et, qui sait, il se trouvera peut être des "experts" pour nous rétorquer que c'est "en dessous des normes", et qu'autrement "ça coûterait trop cher" !

Au moment où cette nouvelle circule, le président de la République annonçait dans ses vœux à propos de la taxe carbone que "dès le 20 janvier, le gouvernement présentera un nouveau dispositif afin que les consommateurs soient incités à consommer mieux et les producteurs à produire propre" et, a-t-il ajouté, "grâce au Grenelle de l’Environnement, nous allons pouvoir relever le défi de la protection de notre environnement". Amère ironie de l'actualité.

La Criirad appelle les citoyens et les associations à se mobiliser et à demander aux autorités le maintien des interdictions et l’abrogation de l’arrêté du 5 mai 2009. Le recyclage des matériaux radioactifs doit rester confiné dans les filières nucléaires sans possibilité de diffusion dans le domaine public. Un dossier d'information très complet et des modèles de lettres sont à la disposition de tous ceux qui souhaitent participer à la campagne, sur le site de la Criirad.

Sur le site AgoraVox, Alain Michel Robert s'insurge : "Mais qui donc arrêtera cette bande de cinglés qui nous gouvernent ?! Quelle idéologie devenue démente les aveugle à ce point là ? Quelle toute-puissance les anime pour qu’ils puissent s’autoriser à légiférer à tour de bras (Hadopi, Taxe carbone…) des lois et des arrêtés anticonstitutionnels ?"

Alain Michel Robert s'interroge avec pessimisme. "Qui les arrêtera ? Nos députés, devenus de simples godillots sans plus aucune représentativité ni aucun pouvoir (1) ? La presse inféodée au pouvoir financier ? La justice qui se trouve de plus en plus amputée de tous les outils lui permettant un minimum de contrôle sur la délinquance en col blanc (disparition du juge d’instruction, dépénalisation du droit des affaires et de la consommation, refonte des services de la Répression des fraudes…) ? Les instances scientifiques noyautées par les intérêts privés ? Plus aucun contre-pouvoir ne fonctionne véritablement…"
Si, il reste les principaux intéressés, les citoyens, mais il faut qu'ils se bougent ! Ça devient urgent.
(1) Note du blogueur : je connais des députés qui ne sont pas des godillots et qui vont s'intéresser à cette information.

Sources :
Que Choisir, numéro 477 - 4,20 €
www.criirad.org/
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/des-substances-radioactives-67523

*Gilblog http://www.gilblog.fr/

Grandes écoles : plus que jamais le retour des classes sociales

Lors du débat au siège du PS à Paris. On reconnaît Stéphane Rozès (à gauche) et le député Christian Paul (à droite). (Photo JCH)

Je rendais compte, récemment, de ma participation au laboratoires des idées du Parti socialiste. Le thème en était : « débat sur le retour des classes sociales. » La réponse globale, directe et simple, fut : « oui, les classes sociales sont bien de retour puisqu'elles n'ont, en fait, jamais disparu. »

Le refus d'admettre 30 % de boursiers dans les grandes écoles de notre pays et exprimé par la Conférence des grandes écoles apporte de l'eau au moulin de ceux et celles qui ont dressé ce constat. Sous prétexte que le niveau en serait « amoindri », les fameux dirigeants de ces grandes écoles ne souhaitent pas diversifier leur recrutement et disent se contenter du taux de boursiers actuels de l'ordre de 10 à 15 %. Il faudra nous expliquer en quoi le fait d'être boursier nuit à l'intelligence des étudiants et en quoi ce fait les rendrait incapables de suivre des études supérieures même difficiles.

Pour une fois, le gouvernement et Mme Pécresse, en particulier, sont sur une ligne correcte. Ils s'accrochent à leur objectif et ne comptent pas céder sur ces 30 % de boursiers qui permettraient à des étudiants issus de classes sociales dites populaires ou moyennes d'accéder à Polytechnique, Centrale, Normale Sup, j'en passe et des meilleures.

Il est évident que le système éducatif doit favoriser l'égalité des chances et l'éclosion des talents individuels. La barrière de l'argent ne doit pas nuire à la promotion de ceux et celles dont les familles sont victimes. Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris expérimente depuis 2001, l'ouverture sociale avec un succès certain. En 2012, 30 % des étudiants seront boursiers ! Il commente : « l'attitude des dirigeants de la CGE traduit « une défense absolue des privilèges garantis par l'éducation nationale aux groupes sociaux les plus favorisés. » On ne saurait mieux dire.

Le contournement de Pont-de-l'Arche mis en service. On en parlait depuis plus de trente ans

Richard Jacquet est un maire heureux.(photo JCH)

Les maires de Pont-de-l'Arche : Roger Leroux, Paulette Lecureux, Dominique Jachimiak et Richard Jacquet ont tous eu le dossier du contournement de la ville sur leur bureau. Idem Pour les conseillers généraux Gérard Saillot et Gaétan Levitre. Inutile de préciser qu'hier, lors de l'ouverture officielle de la nouvelle voie, un Ouf de soulagement a été poussé par tous les élus présents mais également par les usagers qui, dorénavant, vont pouvoir se rendre des Damps à Criquebeuf-sur-Seine sans traverser Pont-de-l'Arche et sans patienter pendant un quart d'heure dans les bouchons à certains moments très sensibles de la journée.

Il appartenait à Alain Le Vern, président du conseil régional, Jean-Louis Destans, président du conseil général de l'Eure, Richard Jacquet et Gaétan Levitre, soutenus par François Loncle, député, MM. Dufour et Delamare, maires des Damps et de Criquebeuf, de couper le ruban et de prononcer les discours de circonstance prononcés dans la salle des fêtes archépontaine.

Ce contournement qui a dû tenir compte de la présence des chauves-souris et des crapauds autant que de celle d'un forage alimentant Pont-de-l'Arche en eau potable, était indispensable. Il s'agit d'une infrastructure essentielle pour assurer une certaine qualité de vie aux Archépontains et aux habitants des communes de la vallée de Seine. Bien sûr, les commerçants de Pont-de-l'Arche craignent un peu pour leur chiffre d'affaires mais ceux qui ont vécu la même histoire qu'eux (ailleurs) peuvent les rassurer : le chaland retrouve une quiétude favorable à la flânerie et donc au lèche-vitrine et donc aux achats.

A quelques semaines des élections régionales, L'ouverture du contournement de Pont-de-l'Arche prouve, également, que l'union des collectivités territoriales fait leur force. Sans le concours des différents acteurs (Région, Département, communes…) il eût été difficile de réussir ce projet compliqué et délicat. Le projet de réforme territoriale du gouvernement risque de porter atteinte à ces réalisations à financements croisés. Il faudra s'en souvenir.

4 janvier 2010

Depuis le 1er janvier, les populations légales des villes changent : voici un bref aperçu

Source : INSEE

Les populations légales 2007 entrent en vigueur le 1er janvier 2010. Elles se substituent aux populations légales 2006.

Les populations légales sont désormais actualisées chaque année. Toutefois, les enquêtes de recensement étant réparties sur cinq années, il est recommandé de calculer les évolutions sur des périodes d'au moins cinq ans. Pour l'instant, la référence pour le calcul des évolutions reste donc le recensement de 1999.

Populations légales 2007 de la commune de Louviers : Population municipale, 18 120, population comptée à part, 515, population totale, 18 635.
Population totale de Val-de-Reuil : 13 775
Population totale de Pont-de-l'Arche : 4 044
Population totale d'Evreux : 54 384


l'INSEE présente ainsi la région Haute-Normandie : « La Haute-Normandie est composée de deux départements : l’Eure et la Seine-Maritime. Au 1er janvier 2004, elle compte 1,8 million d’habitants, dont un tiers réside dans l’Eure. Depuis 1999, la population continue d’augmenter à un rythme comparable à celui des années quatre-vingt. Mais à l’instar des régions du nord et de l’est de la France, l’écart de croissance se creuse avec le niveau national. Ainsi, le poids de la population haut-normande en France baisse très légèrement à 3 %. L’excédent des naissances sur les décèsse réduit, mais rapporté à la population il reste supérieur à celui de la France. La région demeure ainsi une des plus jeunes. Son solde migratoire reste négatif.

La situation est contrastée entre les deux départements : la Seine-Maritime supporte l’ensemble du déficit migratoire tandis que l’Eure reste un département attractif grâce à sa proximité avec l’Île-de-France. Entre 1999 et 2004, l’emploi a fortement augmenté, atteignant 700 000 personnes. Le chômage augmente entre 2000 et 2004 mais l’écart avec le taux national s’est réduit à un point. Les difficultés sociales restent cependant assez marquées : la Haute-Normandie est la sixième région française quant à la part de RMIstes dans la population. »

Lionel Jospin fait amende honorable


Dans un livre confession disponible en librairie dans quelques semaines, Lionel Jospin assume l'entière responsabilité de sa défaite en 2002 face à Jacques Chirac. Il reconnaît avoir sous-estimé son adversaire et les effets de la division de la gauche et surestimé son bilan. Il en a d'ailleurs tiré aussitôt les conclusions en se retirant de la vie politique et en laissant sans chef le Parti socialiste qui, avouons-le, ne s'est pas encore complètement remis de ce traumatisme.

François Loncle, notre ami député, a jugé globalement positives les années Jospin. Il est vrai que politiquement et socialement, bien des dossiers ont avancé. Financièrement, ces années-là furent plus discutables. Il est vrai que Lionel Jospin n'omet pas de rappeler qu'il a gouverné en cohabitation avec des adversaires qui n'ont jamais manqué de lui tendre des pièges et de tout faire pour qu'il échoue. Alors qu'à quelques mois du premier tour de la présidentielle, les jeux semblaient faits en sa faveur, Lionel Jospin n'a jamais réussi à entrer dans la peau du candidat. Il s'y voyait tellement à l'Elysée qu'il s'est même permis de marginaliser le PS dont les militants étaient devenus inutiles. Sa place de 3eme fut ressentie comme une humiliation et surtout comme une défaite de la démocratie puisque Le Pen se qualifia pour la finale !

Et pourtant ! Quelques années avant qu'il ne devienne chef du goiuvernement, Lionel Jospin avait été un premier secrétaire du PS aimant fréquenter les fêtes de la rose (notre photo JCH prise à Val-de-Reuil) et apporter son soutien aux actions militantes. Le pouvoir coupe ceux qui l'exercent des réalités basiques. Quelque soit le niveau de son exercice, il brouille la vision objective des mécontentements et des insuffisances. A tous les niveaux. Il est sain que Lionel Jospin fasse aujourd'hui amende honorable et reconnaisse ses torts. Dans le monde politique, ce n'est pas si courant.

« Albert Camus dans les imaginaires » par Benjamin Stora

Benjamin Stora à Louviers lors du séminaire organisé par l'Institut Mendès France. Il avait évoqué « Pierre Mendès France et la guerre d'Algérie » (photo JCH)

J'ai trouvé cet article de Benjamin Stora sur le site de la Ligue des Droits de l'homme de Toulon, écrit par un historien émérite, il me va bien.

« Pour une grande partie des Algériens, Camus reste l’homme du déchirement, de l’exil, de l’amour contrarié pour sa terre natale. Du déchirement, entre Européens et Algériens musulmans lorsque s’amplifie la Guerre d’indépendance, laissant deviner une issue de séparation. De l’exil, intérieur, lorsque Camus se sent incompris par une grande partie de l’intelligentsia métropolitaine, le voyant comme un « homme du Sud », incapable de rationalité sur ce drame colonial. De l’amour contrarié, car les Algériens lui reprochent d’avoir vu l’indigène comme un figurant dans un décor de carte postale, de les reléguer comme des étrangers dans leur propre pays. Une grande ambivalence persiste donc à propos de Camus. D’un côté, il y a l’homme qui sait évoquer l’Algérie, connaît sa singularité et sa sensualité ; de l’autre, il y a l’homme qui n’a pas su donner toute sa place aux Algériens, parce que lui-même prisonnier des stéréotypes coloniaux.

Camus a aussi fait débat en France. Il y a longtemps connu une phase de mise au secret de ses actions politiques, visées idéologiques, cheminements littéraires. Dans les années 1970, il était considéré comme un philosophe trop sage dans le tourbillon des idéologies tiers mondistes et révolutionnaires. Son grand rival, Sartre, tenait alors le haut du pavé. La suite est connue... La fin du communisme stalinien, contre lequel Camus s’est toujours battu ; la renaissance des espérances démocratiques et la crise des systèmes de parti unique dans les pays décolonisés. Camus s’est d’ailleurs toujours prononcé pour la pluralité des partis politiques algériens durant la guerre. Il est l’homme de la complexité, du refus du manichéisme, d’une appartenance au camp de la gauche dans une posture non dogmatique. Il nous sert donc à repenser aujourd’hui le monde colonial, mélange de ségrégation raciale et de contacts, de circulation et de séparation entre les communautés.

L’exil, la violence, l’Algérie


Camus est universel, parce qu’il parle du sort difficile de l’individu, et pas des communautés. Le public ne lui donne pas ce statut d’écrivain du sud, mais se sent touché par sa démarche d’homme seul qui marche de côté, tente d’exister là où l’on ne l’attend pas. Une grande partie de l’œuvre d’Albert Camus est habitée, hantée, irriguée par l’histoire cruelle et compliquée qui emportera l’Algérie française. Ses écrits rendent un son familier dans le paysage politique et intellectuel d’aujourd’hui. A la fois terriblement pied-noir, et terriblement algérien, il adopte cette position de proximité et de distance, de familiarité et d’étrangeté avec la terre d’Algérie qui dit une condition de l’homme moderne : une sorte d’exil chez soi, au plus proche. La sensation de se vivre avec des racines, et de n’être ni d’ici, ni de là. Lorsqu’on le voit être un étranger chez lui, avec cette présence énigmatique, fantomatique, lointaine des « indigènes » simples figurants fondus dans un décor colonial, cela signale aussi une étrangeté au pays, et à soi-même. Camus est, pour moi, d’abord notre contemporain pour ce rapport très particulier d’étrangeté au monde.

Camus est représentatif d’un débat qui dure encore. Il est l’emblème de la pluralité des sens de l’histoire, des bifurcations possibles d’une Algérie plurielle. Dans le cours de la guerre d’indépendance algérienne, la manière de penser de Camus reste d’actualité. Sa démarche peut intéresser les jeunes Algériens d’aujourd’hui, tout comme l’Algérie a intérêt à se réapproprier toute sa richesse intérieure à travers les courants divers du nationalisme algérien. Camus est aussi celui qui cherche, fouille dans les plis de sa mémoire les commencements d’une tragédie, d’une guerre, et décide de n’être pas prisonnier des deux communautés qui se déchirent. Il sera donc un « traître » pour les deux camps. A l’intersection de deux points de vue, ceux qui veulent se réapproprier une terre qui est la leur à l’origine, les Algériens musulmans, et ceux qui considèrent que cette terre leur appartient désormais, les Français d’Algérie, Albert Camus annonce ce que peut être la position d’un intellectuel : dans l’implication passionnée, ne pas renoncer à la probité, dans l’engagement sincère, se montrer lucide. Ses Chroniques algériennes (1939-1958) révèlent ce regard critique et subtil.
Albert Camus est celui qui refuse l’esprit de système et introduit dans l’acte politique le sentiment d’humanité. A ceux qui croient que seule la violence est la grande accoucheuse de l’histoire, il dit que le crime d’hier ne peut autoriser, justifier le crime d’aujourd’hui. Dans son appel pour une Trêve civile, préparée secrètement avec le dirigeant algérien du FLN Abane Ramdane, il écrit en janvier 1956 : « Quelles que soient les origines anciennes et profondes de la tragédie algérienne, un fait demeure : aucune cause ne justifie la mort de l’innocent ». Il pense que la terreur contre des civils n’est pas une arme politique ordinaire, mais détruit à terme le champ politique réel. Dans Les Justes, il fait dire à l’un de ses personnages : « J’ai accepté de tuer pour renverser le despotisme. Mais derrière ce que tu dis, je vois s’annoncer un despotisme, qui, s’il s’installe jamais, fera de moi un assassin alors que j’essaie d’être un justicier ». Tout ce débat, très actuel, sur la violence, l’étrangeté, l’exil peut aboutir à un enrichissement historique.

31 Décembre 2009
Benjamin Stora

3 janvier 2010

RSF : 76 journalistes tués en 2009

A la veille de la nouvelle année, Reporters sans frontières a dressé le bilan de l'année 2009 marquée par la mort de 76 journalistes dans le monde soit une augmentation de 26% par rapport à 2008. " L'année 2009 restera marquée par deux événements dramatiques : le plus grand massacre de journalistes commis en une seule journée, celui de 30 professionnels des médias par la milice privée d'un gouverneur du sud des Philippines ; et une vague d'arrestations et de condamnations sans précédent de journalistes et blogueurs en Iran après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad", précise le communiqué. RSF souligne que 160 journalistes ont été contraints de prendre le chemin de l'exil.

"Les guerres et les élections ont été les principales menaces concernant les journalistes en 2009. Couvrir un conflit est de plus en plus dangereux, tant les journalistes sont pris pour cibles et risquent assassinats ou enlèvements. Mais faire son travail de reporter en période électorale peut s'avérer tout aussi dangereux et conduire directement en prison ou à l'hôpital. Les violences pré ou post-électorales commises contre des journalistes ont été particulièrement importantes en 2009 dans des pays peu démocratiques", explique le secrétaire général de Reporters sans frontières, Jean-François Julliard.

Ayons une pensée pour les deux reporters de France 3 kidnappés en Afghanistan alors qu'ils préparaient un reportage pour leur chaine. Les Talibans nient tout implication dans ce rapt, mais peut-on les croire ? S'agit-il de bandits désirant toucher le produit d'une rançon ?

Alain Minc mériterait ce qu'il craint !

(dessin paru sur le site de Rue89)

José Alcala ma ôté l'idée que j'avais d'écrire sur Alain Minc. Une fois n'est pas coutume, l'article qu'il consacre sur son blog à cette éminence grise me convient parfaitement. Je ne saurais trop vous conseiller de le lire et de l'apprécier car José dit à peu près tout ce qu'il faut penser de ce conseiller du président, ancien plagiaire et donneur de leçons patenté.

Sa saillie récente sur la différence de niveau entre Sarkozy et Royal dont l'un serait devenu doctorant de Harvard et l'autre juste bonne pour un centre d'apprentissage est blessante et inutilement vexatoire. Sarkozy a surtout atteint le niveau de ses conseillers et Ségolène Royal, si elle n'a pas progressé collectivement, a eu le mérite d'ouvrir des pistes : primaires à Gauche par exemple. On lui saura gré d'avoir créé un néologisme (la bravitude) qui continue de sévir sur la blogosphère. Et aussi au cinéma puisque « la merditude des choses » (film récent du réalisateur belge Félix van Groeningen) lui doit beaucoup. Quant à Alain Minc, « les petitesses d'un petit homme paraissent plus grandes par leur disproportion avec le reste » (paraphrase de Victor Hugo).

Alors, bonne lecture sur www.wmaker.net/cameradiagonale/