20 février 2019

Des milliers de citoyens ont crié : « l'antisémitisme, ça suffit ! » A Rouen, à Evreux…


Le rassemblement rouennais.© David Verdier.
Noir de monde ! Le parvis de l’hôtel de ville de Rouen était noir de monde, mardi soir, à l’occasion du rassemblement républicain organisé par une quinzaine de partis politiques à l’initiative du PS mais sans le Rassemblement national ni Debout la France. Malgré les protestations des belles âmes, je suis de ceux qui pensent que l’histoire récente de l’ex-front national (même si Marine Le Pen n’est pas antisémite) et surtout les fameuses phrases de son père ainsi que les saillies d’un Dupont-Aignan ne légitimaient pas leur place au sein d’une rencontre aussi symbolique.

Même si ces rassemblements demeurent éphémères, même si leur trace n’implique pas l’ouverture immédiate d’un chemin vers la connaissance de l’histoire, il est sain qu’une nation (73 villes !) se soulève quand des enjeux existentiels sont en cause. Les milliers de personnes présentes partout en France sont la preuve que la fraternité demeure une valeur à cultiver. Des groupes se sont formés, des dialogues se sont noués, témoignant de la vigueur du sentiment d’appartenance à une nation civilisée, par delà les divergences politiques, les religions, les origines… tous ont dit et crié « Ça suffit ! »

Le Président de la République promet des actes. C’est-à-dire des lois plus sévères et plus dissuasives. Mais « contre l’absurdité de la bêtise », comme dirait Emmanuel Macron, que faire ? Contre les tags et les graffitis antisémites, contre les agressions parfois suivies de morts d’hommes et de femmes, que faire ? Contre les insultes et les injures, que faire ? Il appartient à chacun de nous de ne rien laisser passer. Ni jeu de mot, ni calembour…ni lâcheté silencieuse ! Nous devons apprendre à quitter une table autour de laquelle se prononce une parole antisémite ou raciste. Nous devons apprendre à ne plus admettre la moindre fausse nouvelle et la moindre théorie complotiste. Il n’est d’ailleurs pas innocent que les enquêtes d’opinions démontrent que les membres du Rassemblement national sont les plus perméables aux théories fumeuses autant que fausses. Quand Marine Le Pen déblatère sur le siège de la France à l’ONU offert à l’Allemagne, quand elle affirme que le pacte de Marrakech attirera des millions d’immigrés en France, elle ment effrontément. A la veille des élections européennes, notre vigilance doit donc être totale.

Rassurons-nous tout de même un peu. Des Français (et d’autres) abandonnent leur confort mental pour se retrouver autour de la devise républicaine. Je sais que nombreux sont ceux et celles qui ne se contenteront plus de demeurer spectateurs des insanités verbales. Hier, j’ai reconnu quelques gilets jaunes à Rouen. Il faut donc trier le bon grain de l’ivraie. Comme toujours.

19 février 2019

Racisme et antisémitisme : quand allons-nous sortir de notre léthargie ?


Les gilets jaunes canal historique (Drouet, Rodriguès etc.) publient un communiqué pour condamner le racisme sous toutes ses formes. Selon eux, les politiques et les médias utilisent l’incident Finkielkraut pour « enlaidir » leur mouvement. Ils n’omettent pas de souligner que chacun est libre de s’exprimer comme il l’entend mais que cette parole doit être portée dans le cadre des règles de droit. Ce message, c’était bien le moins qu’ils puissent faire après les insultes et les caillassages du week-end. Nous avons tous vu les vidéos mettant en cause le « sioniste de merde » que serait Alain Finkielkraut comme nous avons suivi la remontée de la voiture de police sur l’autoroute A 7 subissant des jets de pierres, des assauts physiques sans oublier les insultes en prime. Antisémitisme et violence…un samedi ordinaire. Ne manquait que la quenelle de Dieudonné.

A l’évidence, les samedis de février ne sont plus les samedis de novembre. Que s’est-il passé au cours de ces trois mois. Partis en guerre contre la hausse des taxes et l’augmentation du pouvoir d’achat, les gilets jaunes ont modifié leurs revendications pour…ne se satisfaire de rien. Le RIC est devenu l’emblème du pauvre ! Car finalement, quand on voit les violences physiques exercées contre Ingrid Levavasseur, exfiltrée de la manifestation de dimanche sous les quolibets sexistes, on sent bien que le mouvement a été capté par les ultras même si les têtes « pensantes » s’en défendent. Et comme il n’y a ni porte parole, ni représentant, aucune négociation ne peut être entreprise qui aboutirait à un compromis, seule solution logique pour mettre fin à un conflit.

De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer les agressions contre les élus, leurs biens, leur personne, contre les journalistes, contre les élites, contre les institutions, contre tout ce qui n’est pas gilet jaune. Le mouvement tend ainsi à se transformer en secte, fonctionnant sur lui-même, n’ayant comme solution que lui-même. C’est l’échec assuré. C’est bien pourquoi il est rassurant (et urgent) de constater qu’un mouvement naît en France. Ce soir, dans maintes villes de notre pays, des citoyens de toutes origines, de toutes croyances vont dire leur refus de tolérer l’intolérable. Ce combat contre le racisme et l’antisémitisme dépasse la communauté juive. C’est l’affaire de tous. Il s’agit d’une urgence nationale. Je publie ci-dessous un texte qui résume bien ce que nous devons faire : Résister aujourd'hui !

18 février 2019

Rassemblement collectif contre l'antisémitisme demain mardi à Evreux à 19 heures


Delphine Horvilleur, rabbin française, décrit bien la situation. Je la paraphrase : « l’antisémitisme n’est pas consubstantiel aux gilets jaunes mais il en est une composante. » Indéniablement. Et bien que je n’ai pas une estime excessive pour Alain Finkielkraut, écrivain et académicien, insulté et menacé physiquement samedi par des gilets jaunes d’un genre particulier, je déplore sincèrement les actes dont il a été victime. Ces actes dépassent sa personne pour nous interroger sur cet antisémitisme réactualisé en permanence par les groupes de l’ultra-droite et maintenant d’une certaine ultra-gauche.

Dominique Schnapper, sociologue et politologue, dénonçait hier ces antisémitismes. Si l’un est bien connu et se situe dans la tradition de l’Action française, l’autre est plus ou moins nouveau et sa cache derrière l’antisionisme.
Le contexte socio-politique actuel n’incite pas à la compréhension ou à la mansuétude. Si nous ne nous réveillons pas aujourd’hui, pour lutter de toutes nos forces morales, intellectuelles, politiques, contre la résurgence de l’antisémitisme, nos lendemains risquent de déchanter. Voilà pourquoi je m’associerai, ce mardi, au mouvement de protestation national décliné localement, notamment à Evreux.

Je publie ci-dessous l’appel commun à manfester :