12 février 2011

Message du syndicat des dictateurs à ses adhérents !


Chers collègues et amis,
Il est de notre devoir de vous informer qu’un mal étrange frappe nos adhérents ayant prêté ou dont les proches auraient prêté des avions à des membres du gouvernement français, membres de l’UMP (en français : Union pour la Misère du Peuple). Dès lors qu’un ou une ministre de Nicolas Sarkozy pose ses fesses dans un jet affrété, le dictateur est contesté, et peut même avoir à démissionner ou s’enfuir.
Le syndicat des dictateurs insiste sur les mesures préventives que nos adhérents doivent prendre en urgence.
- N’affrétez plus d’avions aux membres du gouvernement français qui souhaiteraient venir passer quelques jours au soleil, entre deux conseils des ministres.
- Bannir la photo sur le perron de votre palais présidentiel en leur compagnie.
- Fuyez-les comme la peste quand bien même ils souhaitent vous aider en déclarant que votre pays n’est pas une dictature et que la France est un pays ami.
Ces quelques mesures provisoires devraient vous permettre de passer l’orage de la contestation pour retrouver la stabilité qu’appellent de leurs vœux les grandes institutions financières mondiales, que nous remercions pour leur soutien.
Sachez chers adhérents qu’en France notre ami Nicolas Sarkozy a de son côté déjà pris les premières mesures destinées à protéger nos membres puisqu’il vient de demander à ses ministres de ne plus sortir de France pour leurs prochaines vacances.
Pour conclure le bureau de notre syndicat tient à assurer nos regrettés collègues et amis Zine El-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak de notre sympathie et notre soutien dans cette difficile épreuve et nos remerciements pour leur politique d’oppression de leur peuple.

Le bureau du syndicat.
Alain Lefeez

La fronde des magistrats, événement de la semaine

L'événement de la semaine, n'en déplaise à notre cher président, c'est la fronde des magistrats. Il est symptomatique qu'à la question du très soumis Pernaut, le président se soit montré méprisant pour le mouvement de protestation des juges et ait joué le compassionnel exclusif. Il est vrai que ce président a pris la fâcheuse habitude de recevoir les familles des victimes et aussi celles de nos concitoyens pris en otage ou mis en cellule comme Florence Cassez à l'origine d'un conflit diplomatique sérieux entre la France et le Mexique. De ces entretiens, que ressort-il ? Aucune solution le plus souvent. Seulement des photos ou des communiqués sibyllins destinés à entretenir l'image d'un président attentif au malheur des autres mais essentiellement préoccupé par son avenir électoral. Le drame pour lui c'est que l'insincérité de Nicolas Sarkozy lui colle maintenant à la peau comme un fardeau qu'il devra porter jusqu'en 2012.

Que de salive et d'encre autour de la petite phrase d'Anne Sinclair « qui ne souhaite pas que DSK se succède à lui-même à la tête du FMI. » Pour les uns, il s'agit d'un cri du cœur, pour les autres, DSK utilise son épouse pour passer des messages et se rappeler à notre bon souvenir. Il ne fait, dorénavant, pas de doute que Dominique Strauss-Khan sera candidat à la candidature lors des primaires organisées par le PS. Martine Aubry le sera-t-elle aussi ? Chemin faisant, elle donne l'impression de se mouler dans l'habit de celle qui va concourir. Je maintiens mon soutien à la maire de Lille. Osera-t-elle affirmer, comme l'a fait Ségolène, qu'elle prendrait bien DSK comme premier ministre ? Ce serait drôle, non ?

Comment ne pas saluer le cri de joie du peuple égyptien après la démission d'Hosni Moubarak. 18 jours ont été nécessaires pour que le Raïs accepte de quitter le pouvoir sous une pression évidente des chefs militaires et des Etats-Unis. François Fillon, dans une déclaration publique, ce matin, salue le comportement de celui qui l'a accueilli si royalement lors de ses vacances de décembre. Je souhaite corriger une erreur souvent commise par mes confrères : Nicolas Sarkozy n'a pas dit « MAM et François Fillon n'ont pas dépensé un sou d'argent public ». Il a dit : « MAM et François Fillon n'ont pas détourné un sou d'argent public. » Parce que de l'argent public, il y en a eu de dépensé ne serait-ce que pour payer le séjour de l'équipage de l'avion qui attendait M. Fillon et un éventuel retour précipité.

Les Algériens, membres de l'opposition à M. Bouteflika, souhaitaient marcher pacifiquement aujourd'hui à Alger. Craignant une contagion, le dictateur algérien avait exigé la mise en place de forces de police et militaires conséquentes. Des dizaines d'arrestation de journalistes et d'opposants ont donc eu lieu hier et ce matin. Il serait intéressant de savoir si un ministre français a séjourné récemment en Algérie, cela nous permettrait d'imaginer une suite positive et favorable à ceux qui veulent la liberté, la démocratie et l'accès aux immenses richesses de ce pays exportateur de gaz et de pétrole et dont la balance commerciale est largement bénéficiaire.

Paris-Normandie a consacré aujourd'hui une page aux cantonales dans l'Eure et pose la question : le département peut-il basculer ? Sous-entendu : à droite. Ma réponse est NON. Sans entrer dans le détail des cantons — je ne connais pas suffisamment certains d'entre eux, au sud ou à l'ouest de l'Eure — je ne peux imaginer le retour aux commandes des successeurs d'Henri Collard, l'ancien président, qui fit prendre un retard considérable à l'Eure, retard impossible à rattraper en dix ans ! Certes, les candidatures à gauche sont nombreuses (PS, Front de gauche, EEV autrement dit Europe Ecologie les Verts, divers gauche) la droite n'est pourtant pas en mesure de gagner des positions. Le bruit de fond national va certainement coûter très cher à l'UMP et à ses alliés. Quel candidat UMP osera se réclamer de Sarkozy ? Olivier Aubert peut-être ?

Catherine Bernard à la galerie Complément d’Objet


Avec la nouvelle année et en avant-première printanière, Denis Goudenhooft, nous invite à l’exposition qu’il consacre du 12 février au 20 mars à : Catherine Bernard Papiers d’eau, Œuvres récentes. En cela, dans sa galerie Complément d’Objet, Verre Terre de Martot, il déroge à la règle qu’il s’est fixé de présenter en alternance les œuvres de verriers et de céramistes contemporains. L’occasion est donc rare, et n’est due qu’à la longue amitié qui unit le galeriste à l’artiste. Laissons Laurent Derouet nous parler d’elle.

 « Catherine Bernard : une affaire d'art et de cœur » Plutôt que de coucher des mots sur le papier, Catherine Bernard le fabrique et le transforme en nous faisant oublier jusqu'à sa fragilité, mais pas sa légèreté. Livres-objets, galets cousus de fil d'or, socles massifs d'arbres étonnants qui ne tiennent qu'à une feuille...
La matière est omniprésente dans la recherche que cette artiste rouennaise formée aux Beaux-Arts mène depuis des années autour de l'écrit et de la mémoire. Ses travaux récents témoignent à la fois de la grande maîtrise dans un art délicat et de sa constance dans une démarche véritablement personnelle. » 
Vernissage le samedi 12 février de 15 à 19 heures
Galerie Complément d’Objet Les Fiefs, 27340, Martot Tél. 02 35 87 18 25
Ouverte de 14 h 30 à 19 heures du jeudi au dimanche. Entrée libre.
Le site de Catherine Bernard :

Un docker du Havre nous écrit : « ce qui me parait caricatural…»

Suite à la parution d'un commentaire sur les dockers « privilégiés » faisant lui-même écho à un commentaire relatif à un dessin de Plantu, j'ai reçu ce message d'un professionnel havrais : 
« Ce qui me parait caricatural, c'est d'avaler qu'un docker travaille 10 heures (certains vont jusqu'à 16, wahou !) par semaine ! 3 heures par jour max si je vous suis.
Allez, un peu d'arithmétique : sur un navire type "overpanamax" qui sont la majorité au Havre, par exemple, on travaille avec un minimum de 6 portiques. Gardons le minimum. Sur ce bateau, il me faut donc 6 équipes de 5 dockers à bord (Le chef de bordée, 2 grimpeurs, 3 saisisseurs). Il faudra à ce bateau environ trois "shifts" de huit heures soit 24H pour être opéré s'il a ,mettons, 2000 décharges et 1000 charges (chiffres habituels sur les "Asie" et les "Tour-du-Monde). 

A 3h de boulot par docker, il me faudra donc 8 dockers par poste. Soit pour ce navire : 5*6*8 = 240 dockers. Petite journée aujourd'hui, on a de la chance, il n'y a que 5 navires sur les quais du Havre : il me faut donc : 240*5= 1200 dockers à bord. Ah zut ! Il me faut encore du monde dans les engins (3 chauffeurs par portique) du  monde à la route (chargement, déchargement de routiers), dans les hangars (et quelques chefs dans les bureaux peut-être non?)... A 3 heures le shift, les 2000 dockers vont être un peu juste en nombre.
Ah, j'oubliais : il y a un "tout petit peu plus" de 5 navires  par jours dans la réalité. Lien de la capitainerie du Havre:
http://extrapah.havre-port.net/portal/page?_pageid=53,58408,53_58454:53_58505&_dad=portal&_schema=PORTAL

Après cette démonstration, j'ajoute que les salaires sont consultables dans nos conventions collectives qui sont des document publics (évidemment) et qu'ils n'ont rien à voir avec les ponts d'or que je lis partout (et croyez bien que je le regrette). Auteur du commentaire, renseignez vous et réfléchissez avant de répandre (ou de commenter) des inepties.

11 février 2011

En France aussi la révolution est en marche…



« Pour ceux qui ne s’en seraient pas encore aperçu, l’Egypte et la Tunisie ne sont pas les seuls pays à se révolter dans le monde. Personne n'y fait réellement attention, mais depuis pratiquement dix ans, la révolution avance en France. Ça n'est pas aussi spectaculaire qu'en Tunisie ou en Égypte mais c’est terriblement efficace. Cette révolution silencieuse et pernicieuse, avance étape par étape, mais plus son enracinement est profond et plus son offensive s’impose. La révolution ne se fait pas en un jour, c'est un processus long.

Il faut discréditer son adversaire, l'affaiblir et le diviser. Alors que dans les pays du Maghreb, le peuple demande plus de démocratie, plus de partage ou plus de liberté, en France on fait le contraire : moins de partage, moins de démocratie et moins de liberté ! Alors que dans les pays en révolte, les opprimés et les exploités réalisent que ce sont les nantis et les riches qui coûtent le plus cher, en France le pouvoir a réussi à retourner la vindicte populaire sur les plus faibles. Les plus riches ont même réussi à faire passer les services et les biens communs comme des tares du système afin de se les approprier !

Pourtant, la classe ouvrière est plus importante aujourd'hui qu'à l'époque de Marx, mais l'on a réussi à mettre dans la tête des gens, que le fonctionnaire, l'étranger, le jeune ou le chômeur sont des «problèmes». Maintenant, avec la loi sur la dépendance, l'on s'aperçoit que les vieux deviennent également un «problème». Ne vous faites pas d'illusions ! Pour le système, vous deviendrez forcement un «problème» un jour ou l'autre ! Mais, il est évidemment plus facile de jalouser son collègue ou son voisin plutôt que de s'en prendre aux véritables responsables qui restent invisibles bien à l’abri dans leur conseil d'administration !


La casse du code du travail, la destruction des services publics, la réforme des retraites et bientôt la destruction de la sécurité sociale, rien n'arrête la révolution bourgeoise.  A force d'expliquer qu'il n'y a pas d'autre alternative, que nous vivons dans un monde global, l'idéologie dominante a réussi a nous faire croire que nous vivons du mieux qu'il est possible et même que nous vivons au dessus de nos moyens. Par contre il n'est pas question de remettre en cause le luxe et le faste dans lequel eux-mêmes évoluent. Ils ont réussi ce tour de force de faire la révolution des riches avec l'assentiment et l'approbation des plus démunis !

D'ailleurs remarquez bien que la droite au pouvoir est toujours prête à faire le maximum pour notre bien-être — rappelez vous les promesses électorales de Sarkozy — mais malheureusement la conjoncture économique ne le permet pas. Alors, soit elle continue la politique précédente, soit elle nous en remet une couche ou même plusieurs couches! Les classes dirigeantes se donnent les moyens de leur utopie : nous domestiquer ! C’est pour cela qu’ils font la révolution !

A quand une vraie gauche avec des projets nouveaux ? Pas une gauche qui rafistole ce qui a été détruit. Il faut une gauche qui redonne l’espoir et la confiance au peuple français afin qu’ils se réapproprient leur avenir. La grande leçon de la Tunisie et de l'Egypte c'est de voir les peuples reprendre la main sur la politique.


Alain Lefeez

La cité des marques de Douains : trop d'insuffisances et d'incertitudes dans la motion du maire de Louviers

Une cité des marques existe à Troyes

Le maire de Louviers va proposer au conseil municipal de sa ville réuni lundi prochain le vote d'une motion destinée à empêcher l'implantation d'une cité des marques sur le parc industriel de Douains dépendant de la communauté d'agglomération des Portes de l'eau près de Vernon. Les commerçants d'Evreux, Louviers, Vernon, le Havre même, sont vent debout contre ce projet dont les promoteurs (la chaîne Mac Arthur Glen, photo) affirment qu'ils vont créer des centaines d'emplois et favoriser le tourisme commercial ou le tourisme tout court compte tenu des richesses patrimoniales euroises.

Je ne doute pas un seul instant que cette motion recueillera, sinon l'unanimité des suffrages des votants du moins une immense majorité d'entre eux. J'imagine même que personne ne votera contre le texte à quelques semaines des cantonales…pourtant ce texte recèle bien des insuffisances et bien des éléments obscurs.

Il aurait été souhaitable que le maire profite de l'occasion pour expliciter clairement sa politique à l'égard des zones de chalandise régionales et de celle de Louviers-Val-de-Reuil en particulier. Ceux qui ont la mémoire longue se souviennent bien des actions (ou plutôt de l'inaction) de M. Martin pour faire capoter le projet Immochan destiné à revitaliser le centre commercial de Val-de-Reuil. D'autres connaissent la situation des salariés des commerçants locaux, aussi respectables que ceux travaillant dans les supermarchés de la région. Ils sont payés au SMIC quelle que soit leur ancienneté ou leurs qualités professionnelles. Il ne faudrait pas se contenter d'une sorte de blanc-seing en faveur des commerçants de boutique dont on connaît l’ardeur à contrer la moindre initiative nouvelle dans un milieu très conservateur.

Je peux être d'accord sur un point, essentiel. On n'imagine pas Louviers sans un centre commercial attractif, diversifié, avec des commerces dynamiques, des commerçants solidaires et unis, toutes conditions nécessitant sans aucun doute le soutien des élus locaux voire des élus de la CASE qui possèdent la compétence développement économique et commercial. Cette solidarité doit se prouver dans les actes, pas seulement dans les mots. Et elle doit se prouver à l'échelle de l'ensemble du territoire, d'Amfreville-sur-Iton à Pont-de-l'Arche. A Louviers et Val-de-Reuil. Est-ce le cas ? Je peux également être d'accord sur le fait qu'il est peu compatible avec un souci d'économie d'énergie et de développement des circuits courts d'implanter des cités commerciales obligeant les clients à se déplacer en voiture sur des dizaines de kilomètres. Le maire de Louviers évoque une incohérence environnementale. La liaison « est-ouest » de son plan d'aménagement et de développement durable proposé au vote du conseil, lundi soir, est-elle cohérente quand les poids lourds traversent le centre-ville à longueur d'année ? Et génèrent risques, bruit, difficultés de circulation à certaines heures.

Mais, car il y a un mais : Et le point de vue des syndicats ? Et le point de vue des associations de consommateurs ? A-t-on interrogé les clients actuels des zones d'Evreux, Vernon, Louviers. S'est-on demandé quels étaient les besoins d'une famille à faibles revenus ? Je me suis laissé dire qu'une étude d'impact était en cours à l'initiative de la chambre de commerce. On n'en connaît pas encore les conclusions mais le bon peuple devrait déjà être contre le projet ! Cela me rappelle la position de Sarkozy à l'égard des magistrats de Nantes : coupables avant même d'avoir été jugés. Ou la position de l'ancien conseiller général de Louviers-sud sur l'éventuelle réouverture de la ligne SNCF : c'était NIET sans même connaître les conclusions des études lancées par la Région !

M. Claude Met, ancien commerçant lovérien, ancien président du Conseil de développement de la CASE aujourd'hui implanté à Evreux, est à la pointe du combat contre le projet Mac Arthur Glen. Avec le MEDEF et Jean-Pierre Nicolas, député d'Evreux, il veut empêcher la naissance de cette cité des marques et soutient le collectif de défense des commerçants. On aimerait aussi voir tous ces gens dans la rue quand les usines ferment, quand les emplois sont supprimés par centaines et que les soutiens se comptent sur les doigts d'une main. Des salariés qui souffrent, des chômeurs en pagaille, cela non plus n'est pas bon pour le commerce !

Vincent Bolloré navigue vers Gaza

http://www.youtube.com/embed/sgUjIZip6EA

10 février 2011

Les juges d'Evreux renvoient les audiences d'aujourd'hui en signe de protestation

Les magistrats d'Evreux ont été rejoints par les avocats et des justiciables conscients (photo JCH)
Les magistrats du tribunal de grande instance d'Evreux qu'ils soient du siège ou du parquet, ont décidé de renvoyer les audiences programmées aujourd'hui (sauf les urgences familiales par exemple) et de faire part publiquement de leur désapprobation à l'égard des déclarations de Nicolas Sarkozy, président de la République, qui ne cesse d'interpeller les juges et de les exposer à la vindicte populaire. 

C'est ainsi que des magistrats, des greffiers, des personnels administratifs auxquels se sont joints des avocats du barreau, bâtonnier en tête, se sont retrouvés dans la rue, en début d'après-midi, pour faire part publiquement aux justiciables que nous sommes, de la motion adoptée à la majorité lors de l'assemblée générale des magistrats tenue le 8 février.

Le premier Président du TGI, M. de la Rosière de Champfeu, a lu le texte suivant : « Les magistrats du TGI d'Evreux, réunis en assemblée générale, sensibles à la douleur des proches de Lætitia Perrais,
— rappellent que les magistrats, fonctionnaires de l'institution judiciaire, policiers et gendarmes, œuvrent au quotidien pour l'application de la loi, la protection des victimes, la prévention de la délinquance et la répression de la criminalité,
— déplorent que les magistrats soient systématiquement tenus responsables d'actes criminels, aucun suivi ne pouvant empêcher à coup sûr le passage à l'acte,
— rappellent que les attaques répétées visant l'autorité judiciaire contribuent à fragiliser les institutions de la République,
—soulignent que le discrédit jeté sur la justice nuit à la sérénité et à la qualité de la justice rendue,
—s'inquiètent d'un manque chronique de moyens, d'une inflation législative non maîtrisée et de l'augmentation du nombre d'affaires à traiter, sources de situations à risques pour la société,
— soutiennent les magistrats et fonctionnaires du tribunal de grande instance de Nantes et du service pénitentiaire d'insertion et de probation de la Loire-Atlantique.
L'assemblée générale des magistrats du siège et du parquet du TGI d'Evreux décidé à la majorité du renvoi des audiences jusqu'au jeudi 10 février 2011 inclus sauf situations particulières. »

En revenant d'Evreux, j'écoutais la radio et j'ai entendu M. Estrosi (surnommé d'un nom que la bienséance m'interdit de publier) remettre le couvert sur le fait que les juges n'avaient pas placé le dossier du suspect numéro 1 au sommet de la pile des dossiers sensibles : « Je n'accepte pas le discours sur la faute au manque de moyens. » M. Estrosi, en service commandé par l'Elysée, s'efforce de crédibiliser une parole présidentielle devenue totalement inaudible par les juges, les policiers et par les citoyens. Si vous tenez tellement à respecter la dignité de la jeune Lætitia, ce que nous partageons sincèrement, taisez-vous M. Estrosi !

Les éléments de langage…au service d'un clan

Eléments de langage. Réactivité. Agenda médiatique…la cellule de l'Elysée chargée de saturer les organes d'information est à la peine. Nicolas Sarkozy croyait avoir compris comment obliger les télés, la presse écrite, les radios, la toile, à le suivre pas à pas et à le rendre, comme on dit, incontournable. Il croyait avoir inventé la poudre de celui qui impose, domine, donne le tempo…un chef d'orchestre soliste en un mot. Et il faut bien avouer que pendant deux ans, cette méthode quelque peu mégalomaniaque a bien marché.

Et aujourd'hui ? La méthode en question a atteint ses limites. Ne pouvant plus corriger lui-même la réalité et la vérité, il utilise des courroies de transmission, qu'il s'agisse des ministres, de Claude Guéant, de M. Gaino ou des parlementaires de l'UMP. Ainsi, la cellule cogite-t-elle sur des éléments de langage distribués à tous ceux et toutes celles qui ont pour obligation de porter la parole du chef. Sans penser à mal, on voit bien ce que ce système a de totalitaire au sens littéral du mot.

Prenons l'exemple de l'affaire Laetitia, du nom de la jeune fille sauvagement assassinée, près de Nantes. En déclarant que des magistrats ou des policiers avaient « couvert ou favorisé » ce crime par inaction, erreur ou laxisme et en réclamant une sanction contre les coupables sans rien connaître de la réalité des dysfonctionnements si dysfonctionnements il y eut, le président de la République a outrepassé ses droits et suscité une fronde inhabituelle chez les gens de robe, qu'ils soient juges ou avocats. Le Conseil supérieur de la magistrature a même publié un communiqué rappelant que si sanction il doit y avoir, c'est lui qui la proposera au ministre de la justice en cas de manquement du parquet et c'est lui qui l' imposera s'il s'agit d'une faute d'un magistrat du siège.

Maître Eolas, sur son blog (http://www.maitre-eolas.fr/) publie la « circulaire » émanant de la cellule de l'Elysée avec les éléments de langage adéquats et destinés à dénoncer le mouvement des juges approuvé par 65 % des Français. Cet avocat anonyme y déroule les erreurs, les contrevérités, la véritable manipulation souhaitée par la présidence de la République pour tromper l'opinion. Fort heureusement, les blogs et Internet permettent de réduire à néant, preuves en main, ces affirmations mensongères. 

Tout de même. Constater que le chef de l'Etat paie très cher des conseillers pour orienter la parole des parlementaires (et la séparation des pouvoirs !) et leur proposer des arguments fallacieux, démontre à quel point ce gouvernement use et abuse d'une souveraineté au service d'un clan bien loin de défendre l'intérêt général.

9 février 2011

Fillon insulte les juges

Nous sommes tous et toutes conduits, un jour ou l'autre, à avoir affaire à la justice de notre pays. Justice administrative, justice civile, justice pénale, justice prud'homale, justice commerciale…notre état de droit dispose d'un arsenal législatif conséquent. La plupart du temps, heureusement, la majorité d'entre nous est victime. Mais il arrive parfois que l'on soit auteur d'un délit (routier par exemple) ou professionnel (diffamation pour un journaliste) et plus rarement d'un crime. Nous avons donc tous intérêt à ce que cette justice ait des moyens, fonctionne bien et continue d'être impartiale.

Avoir affaire à la justice cela commence souvent par une rencontre avec la police, les gendarmes, le parquet…ou le doyen des juges d'instruction. Comme l'autorité judiciaire doit être indépendante dans le cadre de la séparation des pouvoirs qui fonde une démocratie, nous croyons tous que les juges sont libres et disposent d'un pouvoir d'appréciation encadré par la loi. On ne concevrait pas une démocratie disposant d'un pouvoir judiciaire agissant différemment à Marseille ou à Lille. La loi doit être la même pour tous et partout sur notre territoire. Elle suppose le parfait respect des institutions et du rôle des différents pouvoirs.

Le président de la République, garant du bon fonctionnement de ces institutions, est donc le garant de l'indépendance des juges. Si le gouvernement a le pouvoir de dicter sa politique pénale aux procureurs, il n'a pas les moyens légaux d'ordonner aux juges d'agir de telle ou telle façon. Dans l'affaire dite «Lætitia», prénom de la jeune fille assassinée près de Nantes, le président a tiré plus vite que son ombre. En condamnant, sans même attendre les résultats des enquêtes internes diligentées sur les causes de l'éventuel dysfonctionnement de la chaîne pénale, Nicolas Sarkozy, comme d'habitude, a voulu stigmatiser une corporation pour s'attirer la mansuétude et les voix des Français. Fillon en même rajouté dans la démagogie en assurant qu'on devait tous éprouver la même compassion à l'égard de la victime et de sa famille. Sous-entendu : les juges ne font que du corporatisme ! C'est tout simplement insultant pour les juges. Et franchement scandaleux.

Hervé Morin qui flaire la campagne présidentielle s'est cru autorisé à critiquer le président pour sa précipitation. Connaissant Hervé Morin, ancien ministre de la Défense de feu le gouvernement Fillon2, et ne doutant pas un seul instant de sa sincérité, c'est qu'il se passe quelque chose à droite et que Nicolas Sarkozy semble avoir de moins en moins de chances de connaître deux mandats consécutifs. En attendant, les ministres sont invités à passer leurs vacances en France et à se tenir, qui sait, à la disposition de la Justice.

« Avec les avions, nous avons appris la ligne droite » ou quand Moubarak invite Fillon

Revenons sur la fortune de la famille Moubarak, du nom du Raïs égyptien. Au pouvoir depuis 1982 après la mort d'Anouar el Sadate, Hosni Moubarak, colonel de l'armée, est devenu autocrate du principal pays arabe. Aujourd'hui, la population de l'Egypte se chiffre à 80 millions d'habitants regroupés dans de vastes mégalopoles telles le Caire qui compte 22 millions d'habitants. Le territoire « occupable » par les activités humaines (industrie et agriculture notamment) représente 5 %, le reste étant le désert. L'un des principaux problèmes du pays est l'accès à l'eau et l'autosuffisance alimentaire non assurée. L'Egypte importe d'importantes quantités de blé et d'autres céréales.

Sur le plan international, l'Egypte joue un rôle clé dans la paix au Moyen-Orient. Elle a signé un traité de paix avec Israël, elle est aidée militairement et financièrement par les États-Unis mais il s'agit d'un pays «arriéré» en matière de démocratie et de libertés individuelles. La presse y est muselée, la police secrète y joue un rôle énorme et la seule opposition structurée est celle des Frères musulmans (parti interdit) qui veulent établir un état islamiste…sans la charia mais avec le Coran. Rappelons que 10 % de la population de l'Egypte est copte c'est-à-dire composé de Chrétiens. Soit 8 à 10 millions d'Egyptiens.

La révolte actuelle est venue des jeunes et des pauvres. Comme en Tunisie. Les réseaux sociaux et Internet ont joué et continuent de jouer un rôle majeur. Malgré la tentative d'étouffement des différentes oppositions ou des nombreux observateurs étrangers (journalistes interpellés et molestés) rien n'y fait : la capitale a même connu hier la plus grande manifestation populaire exigeant le départ immédiat de Moubarak.

J'avoue que je connaissais mal ce dictateur. Depuis que l'on sait que sa famille et lui ont amassé entre 40 et 70 milliards de dollars de fortune répartis en comptes bancaires en Suisse et ailleurs, en immobilier en Europe (France, Grande-Bretagne, Allemagne etc.) les larmes du président assurant qu'il voulait mourir sur la terre de ses ancêtres ressemblent à des larmes de crocodile du Nil. Comment peut-on, en restant honnête, accumuler une fortune pareille en trois décennies ? Il faut instaurer un système économique totalement dans les mains d'une seule caste très minoritaire et arroser ceux et celles qui la protègent.

C'est à cette aune qu'il faut juger le voyage d'agrément de François Fillon et sa famille en terre, air et eau égyptiens. Dans une période plus que troublée, plus que chaotique en Tunisie, le Premier ministre de notre pays s'est fait offrir un cadeau de fin d'année que le plus imaginatif des tour opérateurs n'aurait pu proposer à ces clients ! Même si la Libye (l'alibi ?) sépare la Tunisie de l'Egypte, les cris des Tunisiens ont été entendus à des centaines de kilomètres. Être dur de la feuille impliquerait donc que l'on soit avare du portefeuille car son séjour familial ne lui a rien coûté ou si peu. Les questions que ne vont pas manquer de lui poser les élus de notre Parlement (et que le Canard enchaîné lui posent déjà) lui feront à coup sûr payer un prix politique bien plus élevé. Décidément, le gouvernement actuel devra méditer cette citation de Saint-Exupéry : « avec les avions, nous avons appris la ligne droite. » Ce n'est pas vrai pour tout le monde.

Ça c’passe comme ça à Bruxelles, mais ça n’est pas une histoire belge


Je ne résiste pas au plaisir de vous rapporter quelques extraits d’une séance telle que l’a vécue à Bruxelles la semaine passée, Jean-Luc Mélenchon, député européen et qu’il relate sur son blog.

Il s’agissait de voter pour la nomination de trois hauts fonctionnaires à la tête de trois organismes nouvellement créés pour diriger les autorités de contrôle des risques financiers. Jusque là, vous suivez ? Car à partir de là, ça se complique. Si vous êtes pour, il faut voter contre et si vous êtes contre, il faut voter pour. Trop forts ces hauts fonctionnaires européens qui mitonnent de telles procédures. Tellement forts que le président de séance lui-même ne comprend pas pourquoi c’est ainsi.

À ce moment, une voix s’élève et demande pourquoi il n’y a aucune femme dans le lot. Vifs applaudissements dans l’hémicycle, et comme ça tourne à la gaudriole, on fait d’urgence intervenir une femme – je n’ose pas dire de service – la ministre hongroise, pour lire, au nom de la présidence du conseil, un papier écrit à l’avance et sans rapport avec le sujet. Toujours le même refrain : « Nous avons eu un débat très fructueux en vue de nous rapprocher de nos objectifs que nous sommes déterminés à suivre avec fermeté » Et ainsi de suite. Et à la fin : « c’est pourquoi le conseil vous demande de voter contre cette résolution pour approuver ce choix ».

À nouveau, remous sur les bancs devant le surréalisme de la scène. En raison de la gravité du sujet, le commissaire concerné se sent obligé d’intervenir. Tiens, c’est Michel Barnier. Il prend la parole, nous dit Jean-Luc Mélenchon, avec « un air de consul romain pendant un épisode des guerres puniques ». « Mesdames messieurs les députés de ce parlement, vous allez votez en toute responsabilité et liberté. Vous direz si vous approuvez la mise ne place du dernier élément nécessaire au bon fonctionnement des instruments de contrôle et surveillance des risques systémiques financiers…bla bla bla… ».

Là où ça se corse, c’est quand le commissaire tente, par des explications embrouillées à la Alliot-Marie, de justifier le fait qu’aucune femme ne soit présente parmi les candidats aux postes à pourvoir. Sous les rires des insolents répartis sur tous les bancs, il affirme en gardant son sérieux qu’il n’a pas choisi ces candidatures et qu’au dernier moment toutes les candidates féminines retenues se sont retirées de la « short-liste ». De plus en plus de parlementaires se tiennent les côtes.

Car dans les faits, et ils le savent bien, les plus hauts postes de l’Union européenne se négocient par nationalités. Et donc, si en plus il faut y ajouter la question du sexe des impétrants, pensent à l’évidence nos eurocrates, on n’y arrivera jamais ! Bon. Ça ira comme ça. Passons au vote et qu’on en finisse. Ça y est ! Le résultat s’affiche. Une écrasante majorité de contre. Donc c’est pour ! Les trois quidams sont nommés par une écrasante opposition. Mais le pire est à venir.

Une voix se fait alors entendre : « Monsieur le commissaire nous venons de voter et d’approuver votre proposition en votant contre le texte mais vous ne nous avez pas dit les noms des personnes concernées ! »

Hurlements de rire dans l’hémicycle ! « Un vent glauque parcourt les travées comme une houle de nausée » raconte le député européen. « Cette demande est légitime » déclare imperturbable le commissaire Barnier. Instant de flottement au milieu des rires, mis à profit pour lui faire passer discrètement un papier sur lequel figurent les trois noms dont il ne souvenait même pas, mais qu’il lit d’une voix assurée. Et en plus, confie amusé un député de droite à Jean-Luc Mélenchon en sortant de l’hémicycle, « C’est pas des bons, il paraît. Mais c’était le tour des autres de nommer leurs thons ! »

L’Europe qui nous protège est en marche. Si on vous l’dit !

Reynald Harlaut d’après le récit de Jean-Luc Mélenchon














8 février 2011

Nicolas Sarkozy : Ça plane pour moi !

Les deux avions de Nicolas Sarkozy
Il ne faut pas en faire une obsession mais ces histoires d'avion en hantent plus d'un. Que Mme Alliot et M. Ollier montent dans un avion d'un oligarque tunisien en pleine révolte populaire, c'est franchement grotesque, maladroit, incongru. Dans d'autres pays aussi, sinon plus, démocratiques que la France, ce ministre des affaires étrangères et ce ministre des relations avec le Parlement ne s'occuperaient plus ni d'affaires ni de relations, ils seraient tout simplement démissionnés à moins qu'ils n'aient, comme en Grande-Bretagne, l'élégance de le faire eux-mêmes. C'est trop attendre de ces Chiraquiens en peau de lapin habitués aux ors des ministères ou aux laquais domestiques.

Mais il y a plus fort encore. Des journalistes belges ont remarqué que Nicolas Sarkozy a atterri récemment à Bruxelles (venant de Paris) dans son bel « Air Sarko one » — une heure vingt en TGV — accompagné d'un Falcon douze places de la flotte présidentielle. Pourquoi deux avions pour Bruxelles ? Toute la presse s'interrogeait. On a découvert le pot aux roses.

Nicolas et sa compagne Carlita avaient tout bonnement décidé d'aller faire quelques emplettes à New York histoire de se dérider le cerveau et de débrider le portefeuille. Nul besoin d'un Airbus pour ce faire, mais nécessité de disposer de la cohorte du chef d'Etat en vadrouille — médecin, code nucléaire, communications directes avec la France etc…— au cas où. Quand on est président de la République, on l'est 24 heures sur 24, même dans la 106e rue de la belle ville américaine.

Ne sombrons pas dans le populisme facile ou le poujadisme aisé. On peut comprendre que des soucis assaillent le premier personnage de l'Etat et qu'il ait envie de se changer les idées. La fronde des juges est un souci, les protestations des syndicats de police, une angoisse, les problèmes de Mme Alliot et de M. Ollier une épine dans le pied. Ce qui est vraiment plus ennuyeux c'est le temps mis par le président à réagir aux événements de Tunisie et d'Egypte surtout après que Mme Alliot a proposé l'aide de la France pour maintenir l'ordre à Tunis !

Mauvaise semaine pour Nicolas Sarkozy donc qui perd encore des points dans les sondages. A un mois et demi des cantonales, il est facile de comprendre pourquoi les chantres de la majorité présidentielle en font un enjeu purement local ! Pour la gauche, il s'agit de se mettre sur orbite d'abord et d'atteindre en 2012 le point géostationnaire avec vision sur l'avenir…

PS : les ailes m'en tombent. J'apprends à l'instant sur le site de libé.fr que M. Fillon a passé de bonnes vacances de Noël sur le compte de l'Etat Egyptien. Avion, bateau, séjour…payés par l'Etat-Moubarak, il est vrai que le salaire moyen d'un Egyptien est de trois euros par jour !

Les vacances de Madame Alliot…et de M. Ollier


Les prochains congés que prendra la ci-devant ministre Alliot-Marie (et son compagnon Ministre lui aussi) auront sans doute un point commun avec ses dernières en Tunisie. Elles pourraient bien ressembler à une traversée du désert.
Car depuis qu’ont été révélées par la presse les circonstances et le déroulement de ses dernières vacances tunisiennes, présumées aux frais du clan Ben Ali, alors que la révolution était déjà en marche, les déclarations de la ministre ne sont qu’une succession calamiteuse de faux-pas provoquant son enlisement irréversible dans les marécages du mensonge.

Michèle Alliot-Marie ment lorsqu’elle déclare qu’elle est partie pour la Tunisie avant la survenue des évènements qui ont mené à la révolution et au renversement du dictateur Ben Ali. Le jeune Mohamed Bouazizi de Sidi-Bouzid, s’était déjà immolé par le feu le 17 décembre, quand elle est partie pour passer le réveillon de Noël. Ministre des Affaires étrangères, renseignées par ses services, elle ne pouvait rien ignorer de la situation en Tunisie. Mais elle n’a pas voulu ajourner son séjour, elle et ses proches, prévu, on peut le supposer, depuis un certain temps, bien qu’il s’agirait selon elle – et c’est un mensonge de plus –, d’un déplacement inopiné.

Michèle Alliot-Marie ment quand elle affirme que c’est un heureux concours de circonstances qui l’a amené à emprunter un jet privé appartenant « à son vieil ami Aziz Miled » pour l’emmener, elle et les siens, de l’aéroport de Tunis jusqu’à celui de Tabarka. On sait depuis grâce au Nouvel Observateur que le luxueux appareil spécialement aménagé comme on a pu en voir les photos, lui a aussi permis de faire une escapade le 29 décembre, de Tabarka jusqu’à Tozeur, dans le Sud-Tunisien aux confins du désert. Cet avion avait donc été mis à sa disposition par le clan Ben Ali en la personne d’Aziz Miled, un homme d’affaires proche de l’ex président tunisien et copropriétaire de l’appareil avec le beau-frère du dictateur déchu.

Michèle Alliot-Marie ment quand elle déclare que Aziz Miled était un opposant au président Ben Ali alors qu’il gravitait jusqu’à peu dans le cercle des proches du pouvoir. Michelle Alliot-Marie se moque du monde quand elle déclare ne plus se souvenir qui d’elle ou de Patrick Ollier son compagnon a réglé la note d’hôtel à Tabarka. Le Canard Enchaîné recherche en vain depuis deux semaines les traces d’un quelconque règlement de leur part.

Il est donc permis de considérer à propos du déroulement de son séjour deux éléments. Le premier est que ces transports aériens de Tunis à Tabarka, puis de Tabarka à Tozeur et retour lui ont permis d’échapper à la traversée de régions du pays déjà en proie à de graves troubles. Le second est qu’on doit beaucoup s’affairer dans l’entourage de la ministre pour justifier à posteriori le règlement de la note de l’hôtel appartenant lui aussi aux milieux proches du pouvoir. Cela, compte tenu de la présomption que le séjour se soit initialement déroulé aux frais de ses hôtes tunisiens, ceux-là mêmes du clan Ben Ali. Ces pratiques consistant par un ministre de la République en exercice – même si elle séjournait à titre privé –, à en faire supporter toute ou partie des frais par des personnes proches du pouvoir d’une puissance étrangère, avérées lorsqu’il s’agit du transport par jet privé, ou présumées lorsqu’il s’agit du séjour lui-même, sont en totale contravention avec les règles élémentaires qui s’imposent aux représentants de l’État, qu’ils soient simples secrétaires d’ État, ministres, ou comme l’est Madame Alliot-Marie ministre d’État.

Michèle Alliot-Marie ment donc effrontément. Et le grotesque le dispute à l’odieux lorsque l’on se rappelle que peu de temps après son retour, le 12 janvier, devant l’Assemblée nationale, elle proposait au pouvoir de Ben Ali l’aide et le savoir-faire de la France pour maintenir l’ordre dans les rues des villes tunisiennes alors que le peuple se révoltait contre la dictature. Mais ce qu’on ne se lassera pas d’observer, c’est depuis le début le silence du président de la République qui n’a pas dit un mot pour soutenir la ministre en difficulté. Et c’est la délectation et le cynisme avec lesquels il la laisse, elle qui n’a jamais appartenu à son clan, mais dont il n’est jamais parvenu à se débarrasser en dépit de l’aversion que lui inspirent les Chiraquiens, s’empêtrer elle-même chaque jour davantage dans le piège de ses mensonges, telle la mouche prise dans la toile de l’araignée.

Privée de désert, deux solutions ne s’offrent plus qu’à elle pour ses prochaines vacances : soit se rendre à la mer de sable d’Ermenonville, soit escalader la dune du Pyla à Arcachon. Et qu’importe alors à Patrick Ollier s’il ne dispose pas pour cela de dromadaire !

Reynald Harlaut
Sources : Le Monde, Libération, Le Canard Enchaîné, le Nouvel Observateur, Rue89,

6 février 2011

140e des blogs politiques classés par Wikio : ça progresse !

498e, 324e, 161e, 140e…C'est avec satisfaction que je découvre, le 5 de chaque mois, le classement Wikio de mon blog dans la catégorie des blogs politiques. Ce blog lancé depuis décembre 2007 à l'occasion de la campagne des cantonales, n'a pas cessé d'être l'outil d'une certaine compréhension de l'actualité, à tous les niveaux. Je suis aidé, bien sûr, par Reynald Harlaut et Alain Lefeez qui, tous deux, ont l'esprit éveillé et le crayon teinté d'un humour caustique. Ainsi, chacun à sa manière, commente parfois les mêmes faits, les mêmes réalités, ce qui ne peut qu'enrichir la lecture de ce blog. D'où sans doute, ce classement meilleur au fil des mois.

Le nombre de pages vues, chaque jour, ne cesse d'augmenter. Signe de bonne santé. Ce constat ne vaut pas pour autant autosatisfaction. L'univers des blogs, si divers mais si indispensable, demeure confus. Il en naît autant qu'il en meurt. Il dépend de la volonté opiniâtre de leurs auteurs d'ouvrir des chemins, de faire partager des sites, des idées, des opinions. Sur ce blog, nous défendons avant tout la liberté d'expression, les droits de l'homme, une certaine idée de la gauche, mais ces exigences démocratiques ne seraient rien sans le relais des lecteurs et leurs commentaires. Je sais que nombre d'entre eux hésitent à adresser une critique, à faire part de leurs avis sur les hommes et les femmes et leurs actions. N'hésitez pas à écrire, c'est toujours le premier pas qui coûte comme la première question est souvent la plus difficile à poser.

J'ai la conviction que cet espace de liberté s'avère de plus en plus utile au débat qu'il soit national ou local. Je vais donc persévérer en espérant approcher la 100e place dès le prochain classement.Vos encouragements m'y aideront.

Quelques réflexions d'actualité

Je me félicite d'avoir été parmi les premiers à dénoncer les propos de Nicolas Sarkozy sur le « présumé coupable. » La ligue des droits de l'homme va plus loin encore en demandant que le président de la République soit traduit devant la justice — celle qui est faite pour cela — pour ne pas avoir respecté le texte ni la lettre de la déclaration des Droits de l'homme. Cette déclaration des droits, l'a-t-il lue un jour ? On peut se le demander quand on entend cet homme de plus en plus déconnecté des réalités politiques. La précarité, la pauvreté, la stagnation du pouvoir d'achat, le chômage…autant de priorités qu'un gouvernement devrait attaquer de front plutôt que d'agresser magistrats et policiers à l'occasion d'un fait divers dramatique.

Revenons sur les excursions aéroportées de Michèle Alliot-Marie. Le site du Nouvel observateur nous apprend que ce n'est pas un voyage en avion et en Tunisie que MAM a effectué avec son ami Aziz Miled. Mais deux à quelques jours d'intervalle. Elle en est même à invoquer une excuse minable du genre « je ne vous avais pas caché avoir accompagné mon ami ici et là. » Menteuse.
Elle cherchait bien à nous cacher l'ensemble de ses voyages privés en pleine révolution tunisienne alors même que les balles des hommes de main de Ben Ali trouaient la peau des Tunisiens en colère. Pitoyable MAM, pathétique MAM comme dirait un de ses collègues du gouvernement. Conclusion : quand on est ministre et ministre des affaires étrangères qui plus est, on agit avec discernement, tact et moralité.

Hosni Moubarak a bien du mal à dégager. La transition exigée par une majorité d'Egyptiens et par les capitales occidentales (comme on dit) tarde à se mettre en place. La Raïs est mal en point. Vieilli, usé, fatigué, il voudrait bien passer la main mais ne souhaite pas se retrouver dans une geôle, celle-là même qu'il réservait à ses opposants. Certains déplorent un réveil tardif de la presse à l'égard de ce régime…hosni. Je suis lecteur du Canard Enchaîné et du Monde diplomatique, il y a belle lurette que ces deux journaux attirent l'attention du monde entier sur l'absence de démocratie en Egypte, sur la corruption généralisée (comme en Tunisie…comme en Algérie). En matière d'informations, il faut aller chercher celles qu'on veut nous cacher. Il y aura toujours un internaute, un Canard Enchaîné pour nous alerter.

La multinationale Véolia veut faire interdire « Water Makes money » le film que nous avons projeté à Louviers au cinéma Forum il y plusieurs semaines. Les dirigeants de Véolia ont mis du temps à réagir. Ils doivent mesurer l'impact de ce film qui donne la parole à des experts, des politiques avertis des risques financiers, notamment, des délégations de services publics.
D'ailleurs, les multinationales de l'eau ont aujourd'hui conscience des limites de leur action. S'il n'est pas question de remettre en cause le savoir-faire de leurs salariés, il est absolument nécessaire de démonter les mécanismes juridiques, financiers, économiques qui font que ces multinationales irriguent aujourd'hui la planète entière et gagnent des montagnes d'argent. Nous en parlerons le 10 mars à Louviers avec Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris.

C'est parti pour les cantonales. Dans le canton nord de Louviers, le siège de Leslie Cléret, la sortante (PS) est convoité par un candidat PCF, un candidat Verts, un candidat NPA et d'autres de centre droit (PRG) de droite (UMP) ou d'extrême droite (FN). Le contexte national est porteur pour la gauche. Martine Aubry souhaite un gain de cantons et de départements de manière à préparer au mieux les primaires à gauche et la campagne présidentielle. L'Eure devrait continuer à être gouverné par une majorité de gauche sous la houlette de Jean-Louis Destans qui a beaucoup fait et devrait continuer à beaucoup faire. Même à permettre à Val-de-Reuil de conserver le collège Pierre Mendès France.