19 février 2011

Avec l'UMP et son débat sur l'Islam on court à nouveau à la catastrophe

La volonté de l'UMP se lancer un débat sur l'Islam en France réjouit Marine Le Pen. En commentant cette initiative du principal parti de la majorité finissante, la fille de son père insiste pour que l'UMP anime un débat identique à celui sur l'identité nationale qui a conduit le FN à obtenir 15 % des suffrages aux élections régionales. « Plus on parle de l'Islam, assure-t-elle tranquillement, plus le FN engrange. » Et cela n'est pas faux puisque certains sondages récents la situent à près de 20 % des voix aux présidentielles prochaines. Même si ce score n'est pas confirmé dans les urnes, il n'est pas courant de noter un résultat aussi fort de la part du Front national à un peu plus d'un an de l'élection dite majeure.

Benoist Apparu secrétaire d'Etat qui venait d'évoquer la possibilité de financer la construction de mosquées sur fonds publics, s'est fait rabrouer vite fait par Matignon. François Fillon n'est pas fou à ce point. Il ne peut pas laisser dire que l'Etat ou les collectivités locales vont mettre la main à la poche pour aider à l'édification des lieux de culte musulman quand il sait qu'une importante majorité de Français sont hostiles à l'Islam (1) même quand il présente un visage modéré et finalement bien intégré.

Nicolas Sarkozy et Jean-François Coppé veulent surfer sur le sentiment de refus voire de rejet des Français à l'égard de l'Islam. Nombre de spécialistes et de politiques, crient casse-cou alors que plus de cinq millions de musulmans vivent dans notre pays et le font vivre aussi, alors même que l'immense majorité d'entre eux sont de nationalité française. Il suffit par ailleurs de lire le texte d'Alain Lefeez, paru sur ce blog, pour mesurer l'énorme apport économique de ceux qui ne le sont pas. Autrement dit, tout acte xénophobe, toute politique plus ou moins raciste, tout rejet de l'autre, aboutissent toujours à des catastrophes humaines collectives ou individuelles.

C'est pourquoi nous nous réjouissons d'apprendre que le journaliste Eric Zemmour a été condamné à 2000 euros d'amende avec sursis pour des propos tenus dans l'émission de Thierry Ardisson Salut les terriens, diffusée sur Canal Plus et incitant à la haine raciale. Eric Zemmour s'était indigné après une intervention sur les contrôles au faciès : "Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait." Le même jour, sur France Ô, il avait estimé, en réponse à une question qui lui était posée, que les employeurs "ont le droit" de refuser des Arabes ou des Noirs. Voilà où nous conduisent ces soi-disant pourfendeurs du politiquement correct et les organisateurs de débats qui portent atteinte à nos valeurs, nos principes et sont souvent hors la loi.

(1) Une majorité de Français ont peur de l'Islam. Cette religion monothéiste, pratiquée par des fidèles lecteurs appliqués du Coran ne font courir aucun risque à la démocratie. Faisons la sortir des caves et ses pratiquants se montreront au grand jour !

18 février 2011

Solferino 2012 : Un groupe de députés se déclare prêt à soutenir Martine Aubry

Dominique Strauss-Kahn est l'invité du journal de France 2 dimanche soir. En tant que directeur du Fonds monétaire international, il aura certainement bien des précisions à apporter suite à la réunion des ministres des finances du G 20 et des responsables des grandes banques centrales. Il en profitera certainement pour répondre aux accusations de ceux qui le classent plus à droite qu'à gauche et assurent qu'il est chargé de faire le sale boulot.

Les membres du PS dont je suis attendent avec impatience les réponses à certaines de leurs questions : DSK a-t-il réformé en profondeur le FMI ? Cet organisme est-il le père fouettard des économies en difficulté ? La politique du FMI est-elle synonyme de plus de chômage, plus de précarité, plus de déréglementation ? En un mot : le FMI est-il resté l'outil d'oppression qu'il a été ?

Pendant que DSK côtoie les grands de ce monde et joue au chef d'Etat qu'il pourrait devenir, il est des députés PS de base qui s'organisent. S'organiser veut dire constituer un groupe appelé à se retrouver assez souvent d'ici l'été (et même après peut-être) pour qu'on n'oublie pas Martine Aubry, son travail à la tête du PS, son efficacité, ses bons résultats et sa méthode. Qui dit groupe dit groopie ? Pas exactement. Disons que plus d'une cinquantaine de députés socialistes cherchent à se montrer prévoyants et ne veulent surtout pas être pris au dépourvu si DSK décidait finalement de ne pas concourir aux primaires à gauche.

Ce qu'il faut retenir de cette démarche est fort simple : Martine Aubry ferait une excellente candidate à l'élection présidentielle et elle ne manquerait pas de soutiens avertis si tel était le cas. L'improvisation ne sied pas à une campagne présidentielle digne de ce nom et digne des Français. Ce groupe n'a pas encore de nom officiel. Disons qu'il pourrait s'inspirer de celui d'une célèbre bataille gagnée par les troupes françaises en Italie au I9e siècle et d'une rue de Paris où se situe le siège du Parti socialiste : Solferino 2012 sera la bataille décisive pour la gauche !

La rénovation de la gare de Val-de-Reuil ne doit pas être retardée

Alain Le Vern et Guillaume Pepy à Val-de-Reuil (photo JCH)
Le débat sur le Grand Paris hier soir au conseil d'agglomération Seine-Eure, en présence de Jean-Louis Destans, aurait pu être l'occasion d'adopter un vœu pour défendre les habitants de notre territoire qui n'en peuvent plus des dysfonctionnements de la SNCF. Tout ébloui par cet exercice de jonglerie prospective initié par Nicolas Sarkozy, le Président de l'intercommunalité n'a pas souhaité laisser en décider les délégués des 29 communes qui l'ont désigné. 

Ce que nous disions n'était pourtant que simple bon sens. Nous réaffirmions que le département de l’Eure, point de rencontre de la Haute-Normandie avec la région parisienne, devait s’affirmer comme un acteur central du « Grand Paris ». L’Eure, comme ce projet capital, avaient chacun à y gagner. Dans ce contexte, la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN) ne devait pas demeurer l'expression utopique ou le symbole médiatique d'une ambition qui, dès lors, serait vaine. C'est le danger qui, parfois, la guette quand on observe son tracé ou lorsque l'on s'interroge sur son financement. Elle doit devenir une réalité concrète et s'affirmer comme le moteur stratégique de notre dynamique territoriale. C'est l'espoir que nous entretenons aussi bien pour la satisfaction des usagers qui subissent quotidiennement les dysfonctionnements du service public du rail que pour le développement économique, l'attractivité et l'aménagement de notre territoire

C'est pour cette raison que les scenarii de LNPN, dits du « Y normand », examinés dans un esprit constructif par la Région Haute-Normandie et le Département de l’Eure, ont reçu de notre part un accueil favorable. Pour notre agglomération, cette proposition est d’autant plus intéressante que les hypothèses de travail, reprises par la SNCF dans ses documents préparatoires, prévoient la construction d’une nouvelle gare de « Louviers/Val-de-Reuil ». Pour autant, nous sommes également convaincus que l’une des clés de la réflexion sur la LNPN, ses avantages et ses contraintes, réside dans la prise en compte de l'utilité et de l'état, souvent déplorable, des infrastructures existantes. Leur complémentarité, en effet, conditionnera la réussite de ce projet futur en rendant possible l'interconnexion des voies nouvelles et des voies anciennes, en facilitant le transfert vers la LGV d’une partie du trafic actuel de la ligne Paris/Rouen/Le Havre.

Cette compatibilité aboutirait à une plus grande adéquation entre l’offre ferroviaire et la demande des usagers. Si, dans le respect de l'environnement, il permettait une meilleure desserte  de la Vallée de la Seine, l'accès au chef-lieu de département et l'ouverture vers la Basse-Normandie qu'unanimement nous appelons de nos vœux, ce futur équipement aurait donc un fort intérêt pour notre agglomération, pour notre département, pour notre région.

Soucieux de cette approche prioritaire pour les milliers d’Eurois qui utilisent chaque jour les gares de la ligne Rouen-Paris, nous réaffirmons également trois préalables en vue du débat public prévu à l’automne prochain :
— Quel que soit le dispositif retenu pour la LNPN, la SNCF devra procéder au désengorgement et donc au doublement des voies dans le Mantois – condition sine qua non pour améliorer la fréquence actuelle des trains ;
— Quelle que soit la politique de tarification choisie, elle devra - dans l’esprit même du projet de « Grand Paris » - s’efforcer de neutraliser le surcoût financier qui pénalise certains usagers Eurois par rapport aux voyageurs domiciliés dans la dernière zone du Pass’Navigo ;
—  Quelle que soit la configuration de la future gare « Louviers-Val-de-Reuil », la concrétisation de la LNPN doit se faire parallèlement au respect par la SNCF et les collectivités territoriales des engagements pris en faveur de la modernisation, de la rénovation et de la sécurisation de la gare de Val-de-Reuil, dont la SNCF a achevé l’an dernier l’étude technique et financière. Cette opération a déjà amené la Ville (caméras de vidéo vigilance, renforcement de l'éclairage du parking) comme la CASE à lui consentir des crédits non négligeables. Elle ne peut être à nouveau retardée, diminuée ou effacée par la création d'une nouvelle station qui ne sera pas construite avant une dizaine d'années. Les deux démarches sont autonomes, les deux calendriers indépendants.
 
La LNPN, si attendue soit-elle, ne pourra répondre seule aux attentes de tous les habitants de notre agglomération et de notre département. En recommandant la complémentarité des approches actuelles et futures. Nous ne délivrerons pas seulement un avis mais une nécessité que leurs partenaires doivent entendre. 

Marc-Antoine Jamet
maire de Val-de-Reuil 

17 février 2011

Les vrais chiffres de l’immigration en France


Après la victoire de Sarkozy à la présidentielle de 2007, le nouveau nommé à l’immigration (le sinistre Hortefeux) a commandé une étude pour connaître les coûts de l’immigration pour l’économie nationale afin de justifier entre autres les reconduites à la frontière et toute cette politique nauséabonde. Pour éviter les critiques, mais peut-être aussi pour s’assurer la sympathie de l’électorat du FN, le gouvernement a fait commander cette étude, non pas pour le compte du ministère de l’immigration, mais pour le compte du ministère des Affaires sociales.
Me souvenant de cet épisode, je me posais récemment la question de savoir pourquoi je n’avais jamais eu connaissance du résultat de cette enquête. Etonné aussi de n’avoir rien entendu de la part des médias plus de trois ans après, je prends la décision de chercher sur le web pour avoir une réponse… Et j’ai trouvé !

J’ai trouvé sur le site du Courrier International que c’est une équipe de chercheurs de l’université de Lille, sous la direction du Pr Xavier Chojnicki qui a eu la charge de mener cette étude. Et que découvre-t-on ? Que les immigrés sont une très bonne affaire pour l’économie française : ils reçoivent de l’Etat 47,9 milliards d’euros, mais ils reversent 60,3 milliards. Soit un solde positif de 12,4 milliards d’euros pour les finances publiques.

Travaillant sur des chiffres officiels, les chercheurs ont décortiqué tous les grands postes de transfert des immigrés. Les chercheurs ont remis leur rapport en 2009, au terme de trois ans d’études. Les 47,9 milliards d’euros que coûte l’immigration au budget de l’Etat (2009) sont ventilés comme suit : retraites, 16,3 milliards d’euros ; aides au logement, 2,5 milliards ; RMI, 1,7 milliard ; allocations chômage, 5 milliards ; allocations familiales, 6,7 milliards ; prestations de santé, 11,5 milliards ; éducation, environ 4,2 milliards.

De leur côté, les immigrés reversent au budget de l’Etat, par leur travail, des sommes beaucoup plus importantes : impôt sur le revenu, 3,4 milliards d’euros ; impôt sur le patrimoine, 3,3 milliards ; impôts et taxes à la consommation, 18,4 milliards ; impôts locaux et autres, 2,6 milliards ; contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) et contribution sociale généralisée (CSG), 6,2 milliards ; cotisations sociales, environ 26,4 milliards d’euros.

A ce solde positif de quelque 12,4 milliards d’euros il faut ajouter d’autres revenus pas toujours monétaires, mais d’une grande importance sociale et économique : les immigrés occupent l’immense majorité des emplois dont les Français ne veulent pas, et 90 % des autoroutes ont été et sont construites et entretenues avec de la main-d’œuvre étrangère. Sans immigrés, les prix à la consommation (produits agricoles et autres) seraient bien plus élevés, la main-d’œuvre étrangère étant bien moins payée.

Majoritairement jeunes, les immigrés sont de grands consommateurs : comme nous venons de le voir, ils versent environ 18,4 milliards d’euros à l’Etat sur leurs dépenses personnelles, notamment en TVA. Parallèlement, de nombreux métiers, en particulier dans les services, ne fonctionnent en France que grâce à l’immigration. Plus de la moitié des médecins hospitaliers dans les banlieues sont étrangers ou d’origine étrangère. Pas moins de 42 % des travailleurs des entreprises de nettoyage sont des immigrés.

Xavier Chojnicki commente ces résultats en ces termes : “Il s’agit d’un processus historique lié à la structure de la population immigrée, majoritairement jeune. Comme ils sont peu qualifiés, les immigrés sont très souvent au chômage. Mais ils dépensent aussi beaucoup et sont très entreprenants. Les pensions que nous versons aux retraités sont plus que compensées par la consommation et les cotisations sociales que paient les plus jeunes.”

En conclusion, on peut dire que les immigrés sont une affaire juteuse pour l'économie française. Alors pourquoi quand nous avons des bonnes nouvelles en France, les médias n’en font-ils pas leur une ?

Alain Lefeez

Il faut remettre en liberté Jean-Marc Rouillan

Le juge d'application des peines chargé du dossier de Jean-Marc Rouillan, ancien d'action directe, auteur collectif du meurtre de Georges Besse et de l'amiral Audran, avait prévu de le placer sous le régime de la liberté surveillée dans les jours qui viennent. Ce régime lui avait déjà été accordé en 2008 mais JMR avait commis l'imprudence de donner une interview à la presse ce qu'interdisait expressément les conditions de sa liberté surveillée. A la demande du parquet, l'ancien gauchiste réintégra donc sa cellule qu'il n'a plus quittée depuis. Cela fait donc 24 ans que Jean-Marc Rouillan passe en prison sans interruption.

Je n'ai aucune sympathie particulière pour cet homme-là. Il a fait partie de ces groupes de jeunes désespérés (1) qui ont cru à la lutte armée pour faire la révolution, cette révolution qu'ils n'avaient pas su faire en eux-mêmes. On sait depuis toujours que face à un pouvoir, quel qu'il soit, la solution pour le changer passe par l'information, la conviction, le suffrage universel. Si on sort de cette équation, on franchit la ligne jaune qui aboutit à tous les totalitarismes ou à tous les fascismes.

Pourtant, je considère, comme le juge d'application des peines que Jean-Marc Rouillan a payé sa dette à la société et que celle-ci doit le réintégrer en son sein, sinon c'en est fini de la capacité des hommes et des femmes à changer et à apporter leur pierre au destin collectif. Je n'oublie pas les familles Besse et Audran. J'imagine la douleur que fut l'assassinat des leurs. J'imagine aussi qu'il ne doit pas être facile pour eux de pardonner et d'accepter que Rouillan recouvre la liberté.

Tout de même. Cet homme-là est gravement malade. Il est atteint d'une maladie rare qui touche les os et le système nerveux. Il a trouvé un travail dans l'édition, il bénéficie d'un accueil domiciliaire chez un ami. Il portera un bracelet électronique lui interdisant certaines aires et certaines rencontres. Que le parquet ait fait appel me parait choquant. Qu'a à craindre notre société d'un homme prisonnier de ses démons et prisonnier de ses souffrances ?

(1) Ses autres camarades, Aubron, Ménigon, Cipriani etc. sont ou morts ou gravement malades. Ils paient au prix fort les années d'isolement et d'incarcération.

16 février 2011

Le collège Mendès France de Val-de-Reuil ne fermera pas !

Lors de la manifestation à Evreux (photo PB)
Jean-Louis Destans, président du conseil général, a reçu ce matin à Evreux le principal et le principal adjoint du collège Pierre Mendès France de Val-de-Reuil avec à ses côtés, Janik Léger-Lesœur, vice présidente de l'Assemblée départementale et les directeurs des services concernés. A l'extérieur, une manifestation a rassemblé une centaine de personnes avec à leur tête, Marc-Antoine Jamet, maire de cette ville. Ils étaient venus demander le maintien en service du collège menacé, disaient certains, de fermeture.

Jean-Louis Destans a ramené tout le monde à la raison. Si les conditions techniques de fiabilité et de sécurité sont réunies, le département, non seulement maintiendra ouvert ce collège 400 mais en plus investira dans une réhabilitation à la suite de l'étude d'un économiste appelé à faire des propositions techniques et chiffrées avant la fin de l'année 2011. Le conseil général étudiera la possibilité de réaliser les travaux en une tranche voire deux si les finances l'exigent. Les responsables du collège devront, quant à eux, revoir les liaisons et la fonctionnalité d'un établissement qui n'a pas très bien vieilli.

Lors de la cérémonie de vœux, Marc Antoine Jamet avait — devant Jean-Louis Destans — évoqué la possibilité d'une fermeture du collège. On imagine mal pourtant un président de conseil général de gauche prêter la main à la politique suivie par le gouvernement lequel porte atteinte chaque jour à la qualité de l'enseignement dispensé en France et mine la confiance en un grand service public pourtant essentiel à la construction de l'avenir de notre pays.

La nécessité de l'alternance s'avère de plus en plus pressante

La droite est au pouvoir depuis 2002. En 2012 elle aura dirigé le pays pendant dix ans sans l'avoir à aucun moment partagé. Les gouvernements qui se sont succédé ont fait appel à des hommes et des femmes d'expérience pour la plupart rompus aux affaires. De la gauche, il ne reste rien. Ni chez les préfets, ni chez les recteurs, ni dans les ministères…les hauts fonctionnaires un tant soit peu soupçonnés de proximité avec les socialistes ou d'autres, n'occupent pas de postes importants. Il s'agit d'une sorte de système des dépouilles à l'américaine : on a 53 % des voix mais on prend tous les postes ! Malheur aux vaincus. Tant pis pour ceux qui croient au service public et sont loyaux envers l'Etat.

C'est la loi de Nicolas Sarkozy, la dure loi des affaires. Elle se manifeste dans les choix économiques et sociaux, dans les nominations des amis et la promotion des obligés. A la présidence de la République, des dizaines de conseillers travaillent, non pas au service de la France, mais pour un seul objectif : la réélection du président sortant. Il ne faut pas s'étonner que la majorité UMP de l'assemblée nationale refuse, a priori, d'examiner la proposition de loi des sénateurs pour améliorer la crédibilité des sondages. M. Buisson peut continuer à sévir au Palais. Il y aura donc tout ce qu'on sait et tout ce qu'on ne saura pas.

Ainsi l'affaire Alliot-Marie-Ollier éclaire-t-elle les pratiques de ces ministres peu regardants sur les formes et, plus grave, sur le fond des choses. Après dix ans de pouvoir, on est moins attentif aux règles, à l'éthique. Après dix ans de pouvoir, on se laisse aller. Michèle Alliot-Marie a cru qu'elle pourrait mentir et qu'on la croirait sur parole compte tenu de son passé sans tache, de sa soi disant rectitude érigée en modèle. Le plus vertueux des ministres sarkozystes a donc aussi sa part d'ombres. Des ombres tenaces sous la silhouette d'un homme d'affaires tunisien très proche de Ben Ali, le dictateur déchu.
Aujourd'hui même, un rapport sénatorial pointe des dysfonctionnements dans la vente de l'hippodrome de Compiègne qui nous ramène à Eric Woerth. Le site Médiapart évoque au sujet de ce dernier une ristourne fiscale de 6 millions d'euros au profit de M. Tarallo, un des protagonistes de l'affaire Elf. Démissionné par le président, l'ancien ministre du budget et du travail, attend son heure pour…revenir sur le devant de la scène, bien en vue dans le premier cercle.

A l'évidence, l'alternance est plus que nécessaire. Une décennie de pouvoir absolu de la droite a fait oublier l'élémentaire objectif de tout élu digne de ce nom : servir l'intérêt général et non des intérêts particuliers. Les candidats aux primaires à gauche ne devraient pas oublier que derrière leur légitime ambition personnelle se presse tout un peuple fatigué de ces excès, de ces privilèges, de cette cupidité érigée en dogme. Nous attendons d'eux qu'ils nous fassent croire à nouveau en la démocratie représentative et la délibération collective.

15 février 2011

La ministre des étranges affaires

Ainsi Michèle Alliot-Marie ne se trouvait pas sur le tarmac de l'aéroport de Tunis et en même temps que M. Aziz Miled tout à fait par hasard. Ainsi, elle nous a bien enfumés avec ses explications emberlificotées et le côté amical de la rencontre. « Il allait à Tabarka, moi aussi, pourquoi y serais je allée en voiture alors que M. Miled m'offrait une place dans son avion. » Seuls les gogos ont cru sur parole l'ancienne ministre de la défense, de la justice, devenue ministre des affaires étrangères.

Ce voyage n'était pas seulement un voyage d'agrément. Le Canard enchaîné de demain nous apprend en effet que les parents de Mme Alliot-Marie-Ollier (1) l'accompagnaient durant son séjour pour devenir actionnaires principaux d'une société immobilière appartenant à M. Miled. Il s'agissait donc d'un voyage d'affaires. Et il est loisible de comprendre pourquoi MAM nous avait caché la vérité. Il est maintenant évident qu'en déclarant à l'Assemblée nationale : « Je vous ai tout dit, je ne répondrai plus à rien » MAM protégeait ses arrières car elle pouvait craindre qu'on découvre le pot aux roses.

Interrogé par des journalistes dont c'est le métier que de poser des questions, l'entourage de MAM a déclaré : « Ce sont les affaires de ses parents, pas les siennes. » Circulez y a rien à voir ! J'imagine que la représentation nationale va faire son métier demain à l'Assemblée et que des députés socialistes vont préparer une question dont François Loncle a le secret. Lui ou un autre, l'important est que la ministre des affaires étrangères devienne aux yeux de tous la ministre des étranges affaires.
(1) 94 et 92 ans.

Dernière heure : je viens de lire la déclaration de M. Bernard Marie sur l'antenne d'Europe N° 1. Le vieux papa est papathétique. Que ne ferait-il pas pour sauver sa fille ? Il est comme tous les pères : très aimant pour son enfant. Qui le lui reprochera ?

Au I9e siècle, il aurait déjà déclaré la guerre au Mexique !

En critiquant plein pot le gouvernement mexicain, Nicolas Sarkozy n'arrange pas les affaires de Florence Cassez. C'est d'ailleurs ce que craignait la Française prisonnière des geôles mexicaines depuis plus de cinq ans. L'histoire dira si ce comportement de notre président permettra de sortir un jour « la coupable d'enlèvement et de séquestration » de sa cellule où elle doit encore passer 55 années ! Aujourd'hui, on a plutôt l'impression que le raidissement du président de la République, ses exigences très médiatisées, son ingérence dans le fonctionnement interne de la justice mexicaine aggravent le sort de Florence Cassez.

Vu d'ici il est impossible de se faire une idée précise du dossier. Florence Cassez a-t-elle été complice, malgré elle, des crimes dont on l'accuse ? A-t-elle été manipulée par son amant ? Est-elle la victime d'une vengeance personnelle de la part d'un responsable de la police devenu ministre du gouvernement Calderon ? Est-elle le jouet d'intérêts autres que ceux devant servir à établir la vérité ? A toutes ces questions, Me Franck Berton, avocat de notre compatriote y a répondu en assurant qu'elle était innocente et victime d'une terrible injustice.

Quand on reçoit pour la dixième fois les parents de Florence Cassez, qu'on pérore sur le perron de l'Elysée et qu'on joue les matamores menaçants, il faut avoir des billes ou à tout le moins une ligne de repli. A entendre les commentateurs, je suis convaincu que l'esbroufe du président va plutôt aggraver le sort de Florence Cassez. Une fois de plus avec Nicolas Sarkozy, trop c'est trop. Au I9e siècle, il aurait déjà déclaré la guerre au Mexique !

« Les relents moisis » de Christian Jacob

Christian Jacob, président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, ancien responsable d'un important syndicat agricole, s'est distingué ce week-end en assurant que Dominique Strauss-Kahn « ce n'est pas la France que j'aime, celle des terroirs, des territoires ». Plusieurs responsables du Parti socialiste sont montés au créneau pour mettre en garde la droite qui avait décidé de manière concertée d'agresser frontalement le directeur du FMI, lequel se trouve dans l'impossibilité de répondre.

Cette attaque de Christian Jacob a été jugée sévèrement. Elle mérite de l'être. Derrière cette phrase se dissimulent des « relents moisis » comme dirait Benoit Hamon. Il y a vu une attaque de nature antisémite et, malheureusement, cette citation me rappelle la campagne de Rémy Montagne qui, en 1958, alors qu'il se présentait contre PMF dans la circonscription de Louviers, distribuait des tracts sur lesquels on pouvait lire : « Dire oui à Mendès, c'est dire non à la France ». La campagne du gendre de François Michelin nous réserva d'autres apostrophes que la loi m'interdit de rapporter.

L'antisémitisme est la spécialité d'une certaine droite maurassienne en guerre contre les « apatrides » et pour un nationalisme étroit. Pétain disait aussi que « la terre ne ment pas ». Cette France-là, c'est la France qu'on n'aime pas, c'est la face honteuse d'une droite qui ne va pas hésiter à utiliser tous les moyens à sa disposition — et ils sont nombreux — pour garder le pouvoir. Attaques personnelles, atteintes à la vie privée, toute la gamme des horreurs va y passer. Benoit Hamon a raison : il faut crier STOP tout de suite !

14 février 2011

Le cynisme grandeur nature

« La France se tient à la disposition des autorités égyptiennes pour geler les avoirs de la famille Moubarak » a déclaré Christine Lagarde, ministre de l'économie, aujourd'hui. Quand on pense qu'il y a à peine un mois et demi, notre premier ministre et sa famille passaient des vacances en Egypte aux frais du raïs ou plutôt du peuple égyptien, on mesure le degré de cynisme dont certains politiques sont capables de faire preuve. Et en très peu de temps.

Le gouvernement français, sentencieux lors de la révolution tunisienne, attentiste et mutique lors du lancement de la révolution égyptienne, prend donc le train en marche et s'adapte aux réalités à une vitesse vertigineuse. Est-ce cela la realpolitik ? Si c'est le cas, et ça l'est, on assiste à un bal des faux culs dont les protagonistes ne font pas honneur à notre pays. Ainsi, nous ne verserons pas une larme en apprenant la démission du ministre des affaires étrangères tunisien qui, lors de son récent voyage à Paris, a trouvé le moyen de vanter Michèle Alliot-Marie et ses discours ! Elle qui proposait l'aide de la France pour mater (ou canaliser ?) les manifestations de rue !

On aimerait d'ailleurs connaître le patrimoine des Ben Ali et des Moubarak en France et leur estimation, ces informations devant être forcément connues des autorités françaises. Comment a été acquis ce patrimoine, quand, au bénéfice de qui, autant d'informations dues au peuple et aux autorités égyptiennes et tunisiennes. Et aux Français accessoirement.

13 février 2011

Un ambassadeur qui ne fait pas de politique


Serge Lepeltier, maire de Bourges, vient d’être nommé ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique. C’est ainsi que Frank Simon, journaliste au Berry républicain annonce la bonne nouvelle aux lecteurs du quotidien régional. Cette nomination a été officialisée à l’issue du conseil des ministres du 9 février 2011. Il remplace à ce poste Brice Lalonde, nommé en 2007 par Nicolas Sarkozy comme « Ambassadeur du climat », l’ancienne appellation.

C’est de Dakar que le nouvel ambassadeur s’est félicité de sa nomination. Car, dans les faits, Serge Lepeltier, radical valoisien, était déjà sur place pour participer ès qualité aux travaux du Forum social mondial ouvert depuis le 6 février. Tout va si vite ! Son rôle est de préparer le terrain dans les négociations précédant les grands rendez-vous environnementaux. Comme par exemple le prochain Forum mondial de l'eau qui se tiendra à Marseille du 24 au 29 mars 2012. C’est ainsi que le journaliste définit la nouvelle mission de l’ancien ministre de l’Écologie et du Développement durable de 2004 à 2005 dans le gouvernement Raffarin III, par ailleurs actuel président de l’Agence de bassin Loire-Bretagne. Un homme très occupé, de la sorte.

Pour compléter l’information de ses lecteurs et afin qu’ils n’ignorent rien des dessous de la diplomatie, Frank Simon va jusqu’à leur révéler, qu’à Dakar, lors d’un dîner à l’ambassade de France, Serge Lepeltier a pu longuement discuter avec Martine Aubry (ndlr – Lui a-t-il offert des Ferrero Rocher ?) et a côtoyé Danielle Mitterrand (ndlr  : en clair, ils ne se sont pas parlé), comme quoi les forums sociaux seraient des lieux de rencontre où la politique est vraiment mise de côté.

Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes que nous prépare Monsieur l’ambassadeur. C’est du moins le message que tente de faire passer le journaliste. Car l’incongruité de la présence du représentant d’un gouvernement de droite — même affublé de cette pompeuse qualification — soutien de la pensée libérale, au Forum social mondial ne lui effleure même pas l’esprit et ne l’amène à se poser la moindre question.

Le Forum social mondial, c’est la plus grande rencontre des mouvements altermondialistes. Lancé en 2001 au Brésil pour faire pendant au Forum économique mondial de Davos, il compte parmi ses figures les plus éminentes, celle de l’ancien président Lula Da Silva. À Dakar, on a pu y voir cette année des personnalités comme le président bolivien Evo Morales, Danielle Mitterrand, présidente de l’association France Libertés dont on connaît l’engagement dans le combat pour l’accès à l’eau. Tout le contraire du projet que défendent les politiques néolibérales visant à réduire partout le poids de l’État, à supprimer les services publics et à tout privatiser.

Le Conseil mondial de l’eau est un rassemblement auquel participent des ONG, les gouvernements d’une cinquantaine de pays et des organisations internationales, au motif vertueux de résoudre les problèmes de l’eau dans le monde. Son siège est à Marseille et son président – actuellement M. Loïc Fauchon – se trouve être également, heureux hasard, celui de la Société des Eaux de Marseille, filiale de Veolia. Cet organisme privé qui s’autoproclame « responsable de l’avenir de l’eau dans le monde » entendrait dicter à l’ensemble des pays de la planète des orientations et des recommandations. Dont on peut constater, divine surprise, qu’au travers de diverses interventions des participants au dernier Forum mondial de l’eau d’Istanbul, en 2009, elles s’accordent aux vues et aux intérêts des grandes multinationales de l’eau. À titre d’exemple, le Conseil mondial de l’eau a refusé d’entériner la notion de droit à l’accès à l’eau au Forum d’Istanbul.

La nomination de Serge Lepeltier à ce poste « d’ambassadeur du climat » et sa présence à Dakar ne doit par conséquent rien au hasard. Elle est la traduction dans les faits de la pénétration des multinationales de l’eau jusqu’au cœur du pouvoir sarkozyste et de leur implication lobbyiste dans toutes les actions prétendument au service du développement durable et pour l’avenir de la planète. C’est de cette manière que s’effectue dans l’ignorance des peuples, par l’entretien systématique d’un état de confusion, par la perversion des idées généreuses, le combat sans répit de ceux pour qui le profit de quelques uns passe avant toute autre considération, fût-elle la plus noble et au service de tous.

Reynald Harlaut
Merci à Jean-Pierre Gilbert pour avoir relayé l’information qui nous a servi à la construction de cet article. www.gilblog.fr