21 juin 2008

La duplicité du président Martin

La centaine de personnes (dont plusieurs maires) qui manifestait, l'autre jour à Acquigny, contre le projet de réouverture de la ligne SNCF dans les vallées de l'Iton et de l'Eure, va être heureuse d'apprendre que le président de l'agglomération tient un double langage. Pendant qu'il affirmait haut et fort qu'il s'opposait de toutes ses forces « au projet inefficace et insensé » du président Le Vern, il négociait tranquillement avec lui et signait au bas d'un parchemin l'engagement de Seine-Eure à payer sa quote-part dans le cadre des études engagées.
Mme Lenfant, maire d'Amfreville-sur-Iton, très hostile, et depuis longtemps, au projet et donc aux études mêmes, devra s'interroger sur la sincérité de celui qui, il n'y a pas si longtemps, représentait le canton de Louviers sud. Sa défense sera facile : il ne s'agit que d'études et de toutes façons, cela ne se fera pas. La raison l'emportera, l'opposition est si grande et si ferme. Soyez tranquille, madame, ma signature s'est inscrite dans le cadre d'un échange de bons procédés. Pour obtenir ce que je voulais, il me fallait signer. Mais sans engagement de ma part en quelque sorte.
Drôle de monde que ce monde-là. On devrait d'ailleurs en savoir plus très bientôt puisqu'on n'exclut pas la venue du président Le Vern devant le conseil communautaire où il pourra librement et clairement expliquer sa position et celle du conseil régional puisque le projet est soutenu par les socialistes et le groupe des Verts dont Mme Véronique Jullien (adjointe de Franck Martin) est une éminente représentante. Peut-être sera-t-elle aux abonnés absents ce jour-là ?

20 juin 2008

Le pouvoir d'achat en berne. La pression monte

Les statistiques officielles font état d'une baisse de pouvoir d'achat sur un an de 0,4 %. L'inflation a été de 3,1 % et l'augmentation des salaires (partout ?) de 2,7 %. Cette baisse du pouvoir d'achat, nous la ressentons tous. Il suffit d'aller faire ses courses au supermarché du coin, de regarder les étiquettes des fruits et légumes, de remplir son caddie, d'aller à la pompe en sortant et ce sont des dizaines d'euros qu'il a fallu gagner avant de les dépenser. Et il faudrait en gagner de plus en plus pour « encaisser » l'augmentation des œufs, des produits laitiers et de la baguette de pain…

Encore faut-il avoir un travail ? Encore faut-il ne pas penser comme le député UMP Serge Dassault, dans une déclaration récente, que les titulaires de la prime pour l'emploi et ceux du RSA sont des fainéants qui ne veulent pas travailler. Attention. On assiste à un phénomène inquiétant et qui va aller en s'aggravant : le cynisme des politiciens de droite et du gouvernement, s'il n'a pas encore mis des millions de gens dans la rue, va finir par user les plus patients et les plus résignés. Xavier Bertrand, le ministre de l'emploi, joue avec le feu. En s'asseyant avec insolence sur les accords passés avec les deux principaux syndicats de travailleurs et le MEDEF, le secrétaire-adjoint de l'UMP prend des risques insensés. Les mécontentements diffus, les colères individuelles, l'amertume collective, tout cela va cristalliser un jour et faire exploser la cocotte-minute. La pression monte…

19 juin 2008

A propos de la restauration de l'église Notre-Dame

Au cours de la campagne des dernières municipales, le maire, Franck Martin, n’a cessé de répéter à qui voulait l’entendre au sujet des importants travaux de restauration à entreprendre sur l’église Notre-Dame, que l’État n’avait plus un sou en poche et que le ministère de la Culture refusait de prendre la part normale de 50% qui lui incombe dans les travaux puisque ce bâtiment est classé Monument historique.

Or, dans le même temps, à Elbeuf, l’église Saint-Jean, autre bâtiment classé Monument historique, fait l’objet d’importants travaux de réfection des toitures du bas-côté sud, travaux qui suivent la réfection à neuf des toitures de la nef et du bas-côté nord entrepris depuis quelques années.

Les Elbeuviens— attachés à leur patrimoine que nous ne mésestimons pas — ne nous tiendront pas trop rigueur d’affirmer, sans chauvinisme aucun, que la valeur patrimoniale de l’église Notre-Dame de Louviers est autrement plus importante que celle de l’église Saint-Jean d’Elbeuf puisque Notre-Dame de Louviers est avec le massif occidental de la cathédrale de Rouen et l’église Saint-Maclou de Rouen également, l’un des trois fleurons nationaux du gothique flamboyant à la fin du XVe siècle.

Nous sommes donc fondés à nous poser la question de la manière dont sont accordés les crédits de l’État. Pourquoi l’État se refuserait-il à financer les travaux de l’église Notre-Dame au-delà même de 35% comme l’affirmait Mme Ghislaine Baudet, adjointe à l’urbanisme, lors de la conférence qu’elle tint devant la Société d’Études Diverses (SED) de Louviers le 12 janvier 2008, dans le même temps où il finance à 50% les travaux de l’église Saint-Jean d’Elbeuf. C’est un point important à éclaircir, mais sans doute pour aider à cela devons-nous revenir sur ce que nous écrivions pendant la dernière campagne municipale :

« La restauration de Notre-Dame : un boulet que traîne le maire sortant »
« Quoi qu’il dise, ou qu’il fasse dire par son adjointe à l’urbanisme, on n’a senti à aucun moment dans l’attitude du maire actuel au cours de son mandat une volonté affirmée de surmonter les problèmes que soulève la restauration de cet édifice. On a plutôt le sentiment qu’il traîne cela comme un boulet qui l’empêche d’avancer les mains libres dans ses autres projets. Au-delà des problèmes techniques complexes à résoudre, nous ne sous-estimons nullement les difficultés qui existent à obtenir les financements d’État en ces temps difficiles. Nous disons simplement que lorsque l’État, par l’entremise du ministère de la Culture, fixe une enveloppe pour l’entretien du patrimoine national, catégorie à laquelle appartient l’église Notre-Dame, et qu’il s’agit pour lui de faire des choix parmi les opérations à financer, les fonds vont là où les élus ont constitué les meilleurs dossiers et où ils se sont battus avec le plus de vigueur pour les obtenir. À titre personnel, je n’ai pas l’intime conviction que ce soit le cas du maire sortant. »
De ce texte, nous ne changerons pas un seul mot. Les faits sont là qui semblent bien nous donner aujourd’hui raison.
Reynald Harlaut

18 juin 2008

Remous dans le personnel communal lovérien

Pourquoi le cacher. Un nombre important d'employés municipaux lovériens attendaient le résultat des élections avec angoisse ou optimisme. Angoisse de se retrouver avec l'équipe majoritaire actuelle, optimisme avec l'espoir de constater du changement à la tête de la municipalité.
On sait que les 350 agents municipaux (à quelques unités près en plus ou en moins) sont aussi des agents de communication. Quelques voix fortes (et discrètes) ne s'étaient donc pas privées de dire ce qui n'allait pas dans le fonctionnement municipal et avaient exprimé ce qu'il fallait changer. Les Lovériens avaient connaissance des rapports parfois tendus entretenus par le maire avec quelques agents communaux. Le départ de Véronique Georget, ancienne directrice de la Médiathèque Boris Vian, fut l'exemple d'une mauvaise manière et d'une certaine violence morale.
On apprend que des employés (et non des moindres) vont quitter la mairie de Louviers pour aller travailler sous d'autres cieux ou se reconvertir dans d'autres activités. C'est le signe d'un malaise. La mobilité n'est évidemment pas interdite et on connait des employés municipaux très attachés à leur maire. Les difficultés viendraient de l'absence d'argent. Le budget 2008 a été, comme on le sait, présenté de manière non sincère. Il n'est, en réalité, pas équilibré d'où une source de difficultés dans le fonctionnement quotidien des services.
Cela, nous l'avions dit et prédit. Le maire sortant nous reprochait de ne pas avoir de projets. De ne pas faire rêver les Lovériens. Nous avions préféré la jouer modeste plutôt que fier à bras. Pour justement éviter ce qui est en train de se passer à la mairie. Et on n'est pas au bout de nos peines !

Les 35 heures sont « dévérouillées »

Nicolas Sarkozy s'est félicité, ce jour, du « dévérouillage » des 35 heures. Après maintes tentatives, c'est fait : la droite donne satisfaction au MEDEF et au grand patronat. Alors que huit Français sur dix assurent qu'ils préfèrent leur RTT (réduction du temps de travail) au rachat des heures effectuées en sus, le gouvernement se lance dans une aventure qui braque les syndicats. La CGT, la CFDT, notamment, accusent le gouvernement d'avoir « menti » en liant l'éclatement des 35 heures et les règles de représentativité syndicale.
Xavier Bertrand n'est pas énarque. Il n'a pas fait sciences po mais c'est un rusé. Il sait que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. Il sait aussi que les Français ne sont pas encore prêts (à quelques jours des départs en vacances) à descendre en masse dans la rue. Xavier Bertrand et François Fillon bénéficient du coup d'envoi donné par Patrick Devedjian (secrétaire général de l'UMP) qui annonçait tout récemment la mort des 35 heures.
Est-ce un recul des acquis sociaux ? Bien sûr que oui. Est-ce une victoire idéologique de la droite et du MEDEF ? Bien sûr que oui. Pourquoi maintenant ? Parce que la droite est basse dans les sondages (la faute au pouvoir d'achat) et que la disparition des 35 heures est une promesse sarkoyste, parce que l'essence coûte cher, que l'immobilier baisse, que le moral des ménages est au plus bas, que le Parti socialiste a la tête ailleurs et ne s'oppose pas frontalement. La voie est dégagée pour cogner. C'est ce qu'affectionne Sarkozy. Liquider mai 68 et liquider tout ce qui entrave le libéralisme économique.
Moins d'Etat, moins de contraintes, plus de profits, plus de paquet fiscal, plus de baisse des impôts pour les plus riches. Cela peut-il durer ? la réponse est non. Ces mauvais coups portés au salariat du public et du privé vont, lentement mais sûrement, conduire les esprits à murir, à réfléchir, à dire « ça suffit ! » Quand, comment ? L'avenir nous le dira.

17 juin 2008

Martin et Auzoux sur la même ligne

Guy Auzoux, conseiller général de Louviers sud et Franck Martin, ancien conseiller général, sont souvent sur la même ligne. Ils ont manifesté ensemble samedi sur la voie ferrée traversant Acquigny en compagnie de Mmes Lenfant et Lecesne, maires d'Amfreville-sur-Iton et d'Acquigny. L'objectif de la manifestation était simple : agir préventivement contre l'éventuelle décision du président du conseil régional visant à rouvrir la voie ferrée dans les vallées de l'Iton et de l'Eure. Guy Auzoux a répété qu'il était favorable à une ligne électrifiée doublant la nationale 154. Le président de l'agglomération, plus technique, a assuré qu'il n'était pas là pour défendre les riverains mais pour critiquer un projet qu'il juge, a priori, inefficace : la ligne Evreux-Louviers-Val-de-Reuil-Rouen. Car l'efficacité, on connait à Louviers : l'exemple de la circulation automobile sur l'ex-square Albert premier est frappant tout comme la circulation des piétons autour (et non plus sur) de la place Thorel !
Pour lui, la solution c'est le tram-train qui passe par Elbeuf et conduit jusqu'à la cité universitaire du Madrillet ! Il avait déjà évoqué ce projet original lors d'une réunion publique à Hondouville, sans aucune étude ou expertise sinon la sienne propre. Il se déclarait même enclin à accepter une ligne Evreux-Oissel-Rouen via Serquigny…une solution que l'actuel maire d'Evreux avait également mis en avant. Michel Champredon n'était pas à Acquigny ou s'il y était il était bien caché !
La vérité sortira du débat au conseil régional, d'abord, au conseil général, ensuite. On connait Jean Louis Destans. S'il juge que le projet présenté par son collègue Le Vern est mauvais, il ne le taira pas. S'il juge que le projet prend en compte correctement l'environnement, il le dira aussi. De même, il veillera à ce que les élus de toutes les communes concernées, les habitants de toute la région intéressée, soient associés et donnent leur avis. Si le conseil général dit non, ce sera non, on peut lui faire confiance.
Alors pourquoi cette agitation et cette manifestation anticipée qui veut dire : halte au train, pas touche à ma vallée ! Parce qu'il y aura bientôt une nouvelle campagne cantonale ? Parce qu'il vaut mieux crier avant d'avoir mal ? Parce qu'il faut faire parler de soi ? Les riverains et les élus communaux qui eux, ont une vraie raison de s'inquiéter devraient tout de même s'interroger sur le sens civique d'élus censés être dans la raison et pas dans la passion.

15 juin 2008

Les Irlandais disent non au traité de Lisbonne

L'Europe est en panne. L'Europe va mal. Comme prévu dans les sondages proches de la date du scrutin les Irlandais ont majoritairement dit non au traité de Lisbonne voulu par Nicolas Sarkozy et la commission européenne. Que va-t-il se passer, maintenant, alors que la France va présider le conseil européen pendant les six prochains mois ?
Un rappel : le gouvernement Sarkozy-Fillon a choisi la voie parlementaire et non le référendum pour approuver le traité de Lisbonne afin de ne pas ranimer la querelle du oui et du non exprimés lors du projet de traité constitutionnel. Les parlementaires réunis en congrès ont adopté le traité et les socialistes, sauf exceptions, ont suivi le mouvement. Le peuple français n'a donc pas été consulté directement ce qui est éminemment regrettable bien que je ne sois pas du tout un fan des référendums. Le traité de Lisbonne a tout de même été entériné légalement puisque les députés et les sénateurs représentent la nation.
Les commentaires sur le résultat du vote irlandais rouvrent une plaie encore vive : le PC, la LCR, le FN, le MPF, les souverainistes et d'autres tels que Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Luc Mélenchon, sont satisfaits du résultat. Laurent Fabius préfère se tourner vers l'avenir plutôt que de commenter un résultat qui bloque le système.
A moins que. A moins qu'on redemande aux Irlandais de voter, mais quand ? A moins que l'Irlande se retire de l'Europe pour un laps de temps à définir. A moins qu'on renégocie le traité de Lisbonne, ce qui obligerait à nouveau tous les pays à le ratifier…
Sarkozy va devoir faire preuve de patience, de prudence et d'imagination ce qui n'est pas dans son caractère. Le programme imaginé pour les six prochains mois est par terre. La France va prendre la présidence de l'Union européenne à un des pires moments de son histoire qui en a connu d'autres. Que va devenir le projet d'Union méditerranéenne qui devait le consoler de la marché hésitante de l'Europe unie ?
Sharon Stone a eu un mot malheureux pour évoquer le récent séisme en Chine et ses milliers de victimes. Elle a parlé de mauvais karma comme si les Chinois avaient été punis par le destin de leur répression au Tibet. Depuis, elle s'est excusée de cette incongruité. Posons-nous cette question : et si Nicolas Sarkozy était lui aussi sous l'influence d'un mauvais Karma ? Lui qui croit plus à l'influence des prêtres qu'à celle des instituteurs ? Nous nous excusons bien volontier à l'avance d'avoir douté de l'efficacité de sa pensée magique.