18 novembre 2017

Quelques réflexions au débotté : Filoche antisémite ? L'ancien maire joue les « people », Trump fait marche arrière et Fillon abandonne la politique


Gérard Filoche antisémite ?
Le tweet de Gérard Filoche commentant un message venu de l’extrême droite et montrant Emmanuel Macron avec un brassard nazi où le dollar a remplacé la croix gammée sur fond de drapeaux américain et israélien, est évidemment à vomir. Il en dit long sur l’incapacité de certains amateurs des réseaux sociaux à maîtriser leur haine profonde ou, c’est presque pire, à masquer des sentiments profondément ancrés dans l’inconscient collectif ou individuel. Filoche n’est pas un perdreau de l’année. En attaquant le « banquier » Macron, il reprend, ni plus ni moins, les arguments développés par Marine Le Pen et ses séides. Il a beau clamer son erreur, elle ne peut lui être pardonnée et la demande d’exclusion proposée par plusieurs membres du PS devrait aboutir positivement.


Trump inspire le plus profond mépris
Trump fait marche arrière. Après avoir proposé de rendre légale à nouveau l’importation de trophées de chasses africaines (les éléphants d’abord) il a fait face à un tollé si puissant qu’il s’est rendu compte de sa bourde. Et encore. Bourde est un mot trop léger pour exprimer le mépris que ce président des USA inspire à tous les protecteurs de l’environnement, de la faune sauvage ou non, de la flore bien mise à mal par l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste. Quand on pense qu’il voulait surtout donner satisfaction à sa famille, fils et gendre férus de chasse au gros…
On ne répétera jamais assez combien ce président irresponsable cause de tort à l’Amérique et au monde. En sortant de l’accord de Paris (COP 21) Trump croyait porter un coup fatal à un mouvement pourtant irréversible. Les USA ne veulent plus payer ! « Qu’à cela ne tienne » a affirmé le président français : l’Europe compensera au dollar près.

L’ancien maire joue les « people »
Dans La Dépêche de Louviers de cette semaine, l’ancien maire radical de gauche de cette ville, joue les people. Mariage par ci (avec photo et bouquet de fleurs SVP), bûcheron par là, maison d’édition (en encadré) le tout couronné par une annonce de candidature aux prochaines municipales de 2020. Si j’en juge par le nombre d’amis devenus ses adversaires, l’ancien maire aura du mal à constituer une liste de 33 noms, crédible…d’autant plus que les marcheurs (LREM) semblent vouloir eux aussi se positionner contre le maire actuel, François-Xavier Priollaud.
Avant de constituer des listes, il serait honnête et moral de proposer un projet pour la ville et la CASE et cela pour la prochaine décennie. Franck Martin a perdu pour trois raisons en 2014 : une personnalité contestée, des impôts trop élevés, un pouvoir usé. La mode des revenants n’a pas réussi à Sarkozy. Après 19 ans passés à la tête de la mairie de Louviers, que diantre a encore à prouver le fils de celui qui, de 1965 à 1983 et au-delà, a démontré (avec d’autres) que le citoyen n’était pas qu’une machine à voter.

Fillon abandonne la politique
François Fillon abandonne la politique après que la politique l’a abandonné déjà depuis des mois. L’obstination dont il a fait preuve au cours de la campagne présidentielle a coûté cher à la droite et à ses électeurs dont une importante partie a rejoint Emmanuel Macron. Les juppéistes, notamment, et nombre de centristes, se retrouvent dans l’essentiel du programme européen du président de la République.
Ce qui n’est pas le cas de ceux qui apportent leur soutien à Laurent Wauquiez. Le futur président de LR aura les pires difficultés du monde à rassembler la droite extrême et l’extrême droite sur un programme souverainiste, nationaliste, un programme de fermeture dont les Français ne veulent pas dans leur majorité. Il est vrai que l’espace pour un tel programme politique se réduit comme peau de chagrin. Aller chercher les voix du Front national ? Pourquoi pas. Mais Marine Le Pen bouge encore…


17 novembre 2017

Entre Riss (Charlie Hebdo) et Plenel (Médiapart) il faut choisir…


L’éditorial de Riss, dans Charlie Hebdo, est à la fois saignant et émouvant. Après la polémique enclenchée avec Edwy Plenel, fondateur de Médiapart, mis en cause par la Une du journal satirique dans l’affaire Tariq Ramadan, accusé de diverses violences sexuelles (1) le rédacteur en chef de Charlie reproche à l’ancien directeur du Monde, de désigner l’équipe rédactionnelle qu’il dirige comme étant de nouvelles cibles de djihadistes en mal d’attentats mortels.

Depuis l’attentat qui causa la mort de douze membres de l’équipe de Charlie Hebdo et souleva une émotion exceptionnelle dans notre pays, tout ce qui touche à la laïcité, l’islamisme radical, l’islam, liberté de caricature entraînent nombre de débats le plus souvent passionnels. Tariq Ramadan, l’islamologue mondialement connu, ne semble pas être la personne qu’il dit qu’il est. Rigoriste à l’extrême — peut-être est-ce dû à l’influence qu’exerça sur lui son grand père créateur des Frères musulmans — Ramadan a une lecture primaire du Coran. Cette lecture le conduit à exiger, notamment de la part des femmes, une conduite qu’une bonne musulmane doit suivre à la lettre. Mais quand on apprend que ce père fouettard du dogme prend de nombreuses libertés avec les textes sacrés, le donneur de leçons devient piteux voire condamnable judiciairement.

Edwy Plenel là-dedans. Le fait qu’il ait participé à des débats publics avec Tariq Ramadan ne me gêne pas. Notre pays, celui qu’on aime, autorise la liberté d’expression et l’expression de la liberté de pensée…ce qui est plus embêtant, c’est la confusion que, semble-t-il, il affectionne entre islam et islamisme. Après l’attentat de Janvier 2015, Plenel avait usé de précautions sémantiques afin qu’on ne mette pas tous les musulmans dans le même panier — ce qui est légitime — mais s’était cru autorisé à reprocher à Charlie Hebdo ses attaques…contre l’islamisme radical. Charlie hebdo ne ménage aucun extrémisme religieux qu’il soit catholique, musulman, juif ou autre. Ses journalistes exècrent la pensée unique et ils ont bien raison.

On peut donc comprendre que les journalistes de Charlie aient saisi l’occasion qui leur était offerte de mettre en cause Tariq Ramadan et Edwy Plenel, devenus…alliés objectifs, au corps défendant du dernier cité évidemment, après les accusations de plusieurs femmes a priori victimes du comportement violent de Ramadan. La défense à tout crin de ses positions passées a conduit Plenel à déclarer « qu’une gauche égarée en était arrivée à faire la guerre aux musulmans. »

Faire la guerre aux musulmans ! Fichtre. L’accusation est gravissime. J’espère que les propos de Plenel ont dépassé sa pensée. A aucun moment, en effet, les journalistes de Charlie Hebdo n’ont mis en cause la pratique de quelque culte que ce soit. Ils ont toujours veillé à ne pas dépasser des limites que l’intelligence commune réprouve. Les désigner à une vindicte dont on connaît les conséquences est aussi fâcheux que lamentable. Edwy Plenel ne me fera pas regretter mon désabonnement à Médiapart que j’avais jusqu’alors en grande estime.

(1) Tariq Ramadan est accusé par plusieurs femmes « sous emprise » de les avoir agressées sexuellement et pour certaines de les avoir violées.

15 novembre 2017

Emmanuel Macron devrait relire (ou lire) les œuvres complètes de Pierre Mendès France


PMF : un grand inspirateur
L’élection d’Emmanuel Macron et celle de la majorité des députés en Marche ont bouleversé le paysage politique hexagonal. La droite se déchire avec un Wauquiez en quête des voix des électeurs du Front national, l’extrême droite n’en finit pas d’essayer de digérer la lourde défaite de Marine Le Pen dont l’avenir s’assombrit, la gauche  a le choix entre deux options : le jusqu’auboutisme d’un Jean-Luc Mélenchon qui reconnaît avoir perdu « le point » dans la bataille de la loi sur l’emploi et un PS en convalescence dirigé collégialement par 28 cadres dont aucun militant n’est capable de donner le nom.

Pour un homme ou une femme de gauche « contraint » au second tour de la présidentielle de choisir le président actuel (face au FN), est-il facile de se reconnaître dans les propositions de la France insoumise ou celle de la gauche dite nouvelle ? Sans doute pas facilement. Le regard porté sur l’action de la majorité nouvelle, elle, pour le coup, est évidemment teinté de bleu tant les premières mesures gouvernementales favorisent objectivement les plus aisés. Pourtant, la condamnation de l’action en cours censée favoriser les riches demeure modérée (malgré 62% de mécontents) comme si la majorité de mai attendait d’en savoir et d’en voir plus sur le long terme. Qu’il est difficile de se renier !

Cela dit, il faut plus que du courage pour transformer un citoyen en militant. C’est bien pourquoi les effectifs des membres des partis politiques fondent comme neige au soleil. Au PS, ils seraient 40 000 aujourd’hui quand on a compté plus de 200 000 adhérents pour soutenir  Ségolène Royal ! Pour un PS qui, en 2012, dominait les assemblées nationales, départementales, locales, le niveau d’influence du parti de Blum et Mitterrand est devenu marginal. Je ne mets pas en doute la sincérité et le désir de « refondation » — comme ils disent — des animateurs du PS actuel mais la route sera longue avant que les socialistes retrouvent une crédibilité susceptible de les rendre majoritaires en France. Car le quinquennat Hollande va laisser des traces durables dans les mémoires. L’affaire Cahuzac, si mal gérée par le pouvoir, la déchéance de nationalité si mal acceptée par les tenants de l’état de droit, vont masquer durablement le potentiel réformateur de la gauche de gouvernement. Sans insister lourdement sur la dérobade (y a-t-il un autre mot ?) de François Hollande en décembre 2016.

Alors quoi ? Faut-il baisser les bras et subir ? Sûrement pas. Le besoin de justice sociale est plus que jamais indispensable. Mais la France a besoin de se ressourcer à l’intérieur de ses frontières et au-delà. Emmanuel Macron, dont le chantier est immense eu égard aux lâchetés et abandons passés, a fait le choix d’occuper une place centrale et de rejeter les extrêmes qu’il a choisis comme adversaires privilégiés. Sa stature verticale manque singulièrement d’humilité mais doit on attendre d’un président « jupitérien » plus d’action et moins de bavardage.

Il serait bien qu’Emmanuel Macron relise les œuvres complètes de Pierre Mendès France. Les écrits de celui que je considère comme une référence morale autant que politique, serviteur de la vérité situé très haut dans le domaine du service de l’Etat, présentent une actualité jamais démentie. S’il est vrai que les institutions actuelles sont aux antipodes de celles que souhaitaient PMF, il avait fini par s’en arranger en insistant sur le contrôle exercé par les élus et surtout par la vigilance citoyenne. Il appartient à chacun de nous, quel que soit notre niveau de responsabilité, d’agir de manière éthique, responsable, collective, quoi.