27 février 2009

Des excuses ? Non mais…

M. Lefebvre, porte-parole de l'UMP, exige des excuses de la part de Martine Aubry et de François Bayrou qui ont accusé Nicolas Sarkozy d'avoir menti sur l'avis « favorable » de la Commission de déontologie permettant à François Pérol, secrétaire général adjoint de l'Elysée, de devenir président des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne.
C'est si vrai que M. Fouquet, président de la-dite commission, a été contraint de publier un communiqué de presse précisant que l'avis donné à M. Guéant (bras droit du président) était personnel et « ne préjugeait nullement de l'avis définitif de la commission. » Mais les conseillers sont aux ordres et ne doivent pas contrarier sa majesté. Ils travestissent la vérité afin que cette dernière contienne ses colères maintenant légendaires. Il est vrai que les ministres ne sont plus ministres et que l'exécutif c'est Nicolas à lui tout seul. Autant complaire au prince.
Alors, présenter des excuses ! Mais il rêve ce M. Lefebvre. Quand on dit la vérité on ne s'excuse pas. C'est quand on ment qu'il faut faire machine arrière et reconnaître sa faute ou son erreur. N'est pas Obama qui veut. N'est que Sarkozy qui peut.

Nationalisation, un mot qui ne fait plus peur

Le mot nationalisation ne fait plus peur à personne. En 1981, le programme de nationalisations du gouvernement de gauche a fait fuir les capitaux sous d'autres cieux que ceux de la France et entraîné une dévaluation du franc. Aujourd'hui, la crise financière et bancaire et ses conséquences économiques et sociales conduisent les gouvernants à beaucoup de pragmatisme.
Barack Obama et les experts qui l'entourent sont convaincus de la nécessité de « nationaliser » une partie du secteur bancaire américain. Ils ont même un terme (affreux !) pour qualifier cette décision inéluctable : Socialiser ! Et pourtant, voilà bien ce que s'apprête à faire la puissance capitaliste la plus grande du monde, première économie planétaire.
En France, on y va tout doucement. En plaçant l'un des siens, j'allais écrire l'un de ses pions, à la tête de la 2e banque française, Nicolas Sarkozy enclenche un processus qui ne va pas se clore du jour au lendemain. On apprend que les banques centrales vont avoir toutes les peines du monde à se faire rembourser les avances pratiquées en faveur des banques menacées de faillite il y six mois. Que les états, prennent la direction des établissements — à tous le moins des actions et des postes stratégiques de contrôle — dans lesquels ils versent l'argent des contribuables est tout à fait légitime. Les banquiers ont pris des risques énormes, certains ont joué et perdu et implorent le soutien de l'Etat pour ne pas mourir. Ces banquiers-là doivent passer la main, une nouvelle ère commence avec des règles, des régulations, des « ne pas laisser faire »…du moins devrait commencer. « Refonder et moraliser le capitalisme », cela semble impossible sinon improbable. Et pourtant, les peuples l'exigent.

Un appel à tous les citoyens

« M. François Pérol, Secrétaire général-adjoint de l’Elysée, est appelé à prendre la tête du nouvel établissement issu de la fusion des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne. Les signataires de cet appel citoyen ne mettent en cause ni les compétences de M. Pérol, ni la pertinence du projet de fusion. Nous ne demandons rien d’autre que la satisfaction de trois exigences simples mais fondamentales : la vérité aux Françaises et aux Français, la transparence des procédures de l’Etat, le respect des lois et des principes de la République.
Le Président Nicolas Sarkozy a déclaré, mardi 24 février, que « la Commission de déontologie a eu l’occasion de donner son point de vue ». Cette affirmation est fausse. Nous demandons au Président de la République qu’il reconnaisse, à tout le moins, qu’il n’a pas dit la vérité.
M. Luc Châtel, porte-parole du Gouvernement, et M. Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, ont déclaré mercredi 25 février que le président de la Commission de déontologie, M. Olivier Fouquet, a été saisi du dossier et que son avis démontre qu’il n’y a aucun conflit d’intérêt.
Dans sa réponse, M. Fouquet a pourtant précisé que son opinion était personnelle et n’engageait pas la Commission. Si l’opinion personnelle du président de la Commission de déontologie est suffisante pour clore le dossier, à quoi sert la commission ?
Nous demandons que la Commission de déontologie soit saisie et rende son avis, conformément aux textes de loi en vigueur. Le Président de la République a déclaré que dans cette affaire, « de problème, il n’y en a pas ». Puisque l’absence de prise illégale d’intérêts semble si manifeste, satisfaire à l’exigence de transparence que tout citoyen peut légitimement avoir ne devrait poser aucune difficulté. Nous demandons au Président de la République qu’il réponde publiquement aux trois questions suivantes :
— Dans le cadre des fonctions qu’il a effectivement exercées à l’Elysée, M. Pérol a-t-il, oui ou non, surveillé de près l’évolution des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne dans la crise financière ?
— A-t-il, oui ou non, directement participé à l’élaboration des décisions qui ont conduit à l’octroi par l’Etat de plusieurs milliards d’Euros à ces deux établissements bancaires ?
— A-t-il, oui ou non, directement participé à l’élaboration du projet de fusion ?

La crise actuelle est aussi une crise morale. La République ne saurait s’accommoder ni du népotisme, ni du mensonge. Les signataires de cet appel citoyen attendent du Chef de l’Etat qu’il soit exemplaire, dans sa parole comme dans ses actes. »

SIGNEZ CET APPEL ! http://affaireperol.wordpress.com/signez/

26 février 2009

L'UMP utilise la musique du groupe MGMT sans autorisation et sans en payer les droits d'auteur

Xavier Bertrand, le nouveau secrétaire général de l'UMP est bien ennuyé. Son parti a utilisé à quatre reprises (en meetings et sur vidéo) la musique d'un groupe (MGMT et le titre Kids) sans en demander l'autorisation préalable et sans en payer les droits d'auteurs. Pour sa défense, le responsable du parti majoritaire invoque une redevance payée à la SACEM mais cela n'a rien à voir avec les droits d'auteur dus à à la suite de l'autorisation expresse d'exploitation accordée par le groupe de musique.
Xavier Bertrand se déclarerait prêt à indemniser à «juste niveau» le groupe français qui, par l'intermédiaire de son avocat, déplore que l'UMP ait cru bon d'en prendre à son aise avec les droits d'auteurs alors que ses députés se battent bec et ongles pour punir les téléchargements gratuits sur Internet.
Fais ce que je dis mais ne fais pas ce que je fais. « Avant que le groupe n'intervienne, l'UMP avait déjà été mise en demeure fin janvier par le groupe Universal (éditeur du groupe), dans un courrier lui spécifiant qu'elle n'avait pas obtenu l'accord de MGMT, ni de son éditeur pour utiliser une de leurs oeuvres dans un meeting politique », souligne l'avocate en évoquant « une certaine désinvolture » de l'UMP dans l'affaire.

Quelques remarques au débotté…

Jack Lang « émissaire spécial » de Nicolas Sarkozy auprès de Raul Castro et du gouvernement cubain. A quoi servent le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, et l'ambassadeur de France là-bas ? Quelles sont les qualités spéciales de Jack Lang de VIP (comme very important personnality) dont le voyage à La Havane était annoncé depuis de longs mois ?
Depuis son vote favorable en faveur de la réforme constitutionnelle, Jack Lang avait un statut à part au sein du Parti socialiste. Sans rôle particulier, sans fonction spécifique, l'ancien grimpeur de la roche de Solutré avait besoin de reconnaissance. Et comme Nicolas Sarkozy aime bien la pêche aux socialistes, il a ferré le Jack Lang trop content d'être pris dans les filets. Ah la Place des Vosges…

Valérie Pécresse recule, recule…aucun poste d'enseignant-chercheur ne sera supprimé en 2010. Et aucun en 2011. Et comme en 2012, une certaine élection présidentielle est programmée, on peut imaginer qu'aucun poste ne sera supprimé cette année-là. C'était bien la peine de mettre l'université sens dessus dessous. La leçon à retenir ? Quand on se bat bien, unitairement et dans la durée, le pouvoir est capable (voire obligé) de reculer.

Le 19 mars à Evreux, la manifestation projetée par l'intersyndicale des salariés du public et du privé, soutenue par les partis politiques de gauche, dont le Parti socialiste, devrait connaître un énorme succès. Les salariés de Glaxo seront à la tête du cortège avec les Tyco et tant d'autres pour faire savoir au pouvoir que la crise économique et sociale n'est pas que virtuelle. Les 92 000 chômeurs nouveaux du mois de janvier 2009 sont la traduction concrète de la dépression (on ne peut plus dire récession) que traverse l'économie mondialisée et le capitalisme que certains « veulent refonder et moraliser ». La tâche s'annonce ardue.

François Pérol, le protégé du président de la République, va donc devenir le président de la future banque «Caisses d'Epargne-banques populaires». Certains dirigeants actuels de ces banques parlent de «coup de force» de la part de Nicolas Sarkozy. D'autres se demandent s'ils ne vont pas intenter une action judiciaire contre le choix de sa majesté. Quant à la commission de déontologie, quel rôle va-t-elle jouer et quel crédit a-t-elle encore, après que son président a écrit « officieusement » à Claude Guéant pour lui confirmer qu'il n'y avait pas de problème !

Le récent discours de Barack Obama devant le congrès américain a été remarquable en tous points. Le nouveau président parle clairement : oui, nous sommes trop endettés (particuliers et Etat) oui, nous ne nous sommes pas souciés de l'environnement, oui, il faut mettre le paquet sur l'éducation, oui, nous devons favoriser les énergies renouvelables, oui, la torture c'est fini. Le tout avec un charisme énorme et une simplicité remarquable. Et il n'avait pas de Rolex au poignet.

Les amis de Ségolène Royal ont rejoint le secrétariat national du Parti socialiste. L'unité est en passe de se réaliser. A quel prix ? Au prix d'une nécessité vitale, celle d'être écouté et entendu par les Français, au prix de cesser les querelles nombrilistes et de parler d'une même voix. Martine Aubry avance lentement mais elle avance sûrement. Quant à Ségolène Royal elle-même, il eût mieux valu qu'elle vérifie ses affirmations concernant l'augmentation du salaire des ministres. La précision dans les attaques et la vérité des affirmations sont des garanties de crédibilité et de compétence.

Les Lovériens doivent aussi se préparer à payer plus d'impôts puisque le maire s'obstine. Malgré l'évidente erreur qu'il s'apprête à commettre, il n'a pas renoncé à augmenter les taux des impôts locaux afin de faire face aux difficultés financières que traversent les finances locales. On sait déjà qu'il accusera la crise, le contexte économique et financier, qu'il s'exonèrera de toute faute et de toute maladresse. Sera-t-il cru ? Les Lovériens seront-ils assez naïfs pour croire ces sornettes puisque cette situation était connue dès 2006-2007 et qu'elle a, en partie, justifié notre désunion lors des municipales. Que devient la promesse du maire : « je n'augmenterai pas les impôts ! »

25 février 2009

Le comité balladur applique les consignes sarkozystes

Je vous ai entretenu, depuis des semaines, des péripéties liées au travail du comité Balladur. Je n'avais pas tort de crier au loup puisque le loup est enfin sorti du bois aujourd'hui et qu'on connait les vingt propositions qu'«Edouard» ira défendre devant Nicolas Sarkozy le 5 mars prochain. Ces propositions, distillées une à une au fil des indiscrétions habilement jetées en pâture, confirme le danger de certaines d'entre elles.
Trois propositions du comité Balladur ont, en effet, été votées à une simple majorité. Elles portent sur le Grand Paris, les pouvoirs respectifs des régions et départements et l'instauration d'un conseiller territorial qui siègerait à la fois dans les conseils régionaux et généraux. Autrement dit, les points les plus « révolutionnaires » ont été refusés par les représentants de la Gauche que sont Pierre Mauroy, Jacques Juliard et André Vallini.

La composition du comité ne laissait aucun doute sur le vote final dans la mesure où Nicolas Sarkozy a pris soin de désigner en majorité des experts favorables à son camp. Edouard Balladur, ancien premier ministre, très sarkozyste, a appliqué rigoureusement les consignes. En amputant les régions et les départements de la «clause générale de compétence», le comité Balladur confirme la volonté du président de la République de porter le fer là où la gauche risque d'avoir mal puisqu'elle est nettement majoritaire dans ces collectivités territoriales et que, bien souvent, région et départements travaillaient la main dans la main comme en Haute-Normandie. Il est d'ailleurs prévu une réunification des Normandie…sans qu'on ait demandé leur avis aux principaux intéressés. Sa majesté décide, aux autres de s'incliner.

Quant au Grand Paris, ce n'est pas une idée neuve. La disparition du maire de Paris laisserait place à un super élu (au suffrage indirect puisque désigné par les 135 représentants de Paris et des départements annexés) doté de pouvoirs considérables privant ainsi la Région Ile-de-France actuelle de ses prérogatives. Enfin, la naissance des conseillers territoriaux appelés à remplacer conseillers généraux et conseillers régionaux aboutirait, de fait, à la suppression d'un échelon. Ces super-conseillers seraient élus au scrutin majoritaire à la campagne et à la proportionnelle dans les villes. Un bon moyen pour éreinter la gauche. Laurent Fabius a dit tout le mal qu'il pensait de ce système uniquement inventé pour favoriser la droite. Reste à le faire accepter par le Parlement et…le Conseil constitutionnel. Il est prévu de le mettre en place en 2014 à l'occasion du renouvellement des conseils généraux et régionaux. D'ici là…

Israël-Palestine : l’urgence d’un new deal

« Les drames qui se sont abattus sur Gaza ne peuvent être considérés comme un simple épisode d’une guerre sans fin, annonçant fatalement la dévastation suivante. L’exigence d’en poursuivre les responsables est nécessaire, de même que l’action diplomatique pour mettre un terme aux « tas de gravats et de cadavres » qui s’y sont accumulés. Mais une priorité s’impose : le retour au politique, par la négociation entre partenaires antagoniques. Car il n’existe aucune solution militaire à ces affrontements où le voisin est montré du doigt comme agresseur permanent d’un État qui serait ainsi acculé à la « légitime défense », quand c’est la logique coloniale agressive, de dépossession, d’exil, de ghettoïsation et de répression brutale, qui en rend compte.
En aucun cas, l’escalade de la violence n’assurera la sécurité et le droit à la vie ni des Israéliens ni des Palestiniens, voués à cohabiter, à vivre ensemble ; tout au contraire, elle ne cessera d’approfondir entre eux le fossé, plus dangereusement encore.
Un compromis pour la paix – inéluctable – est possible, maintenant : l’essentiel des litiges a été examiné lors des négociations avortées de Taba (2000-2001), puis conforté par la logique de l’Initiative arabe de paix (Beyrouth, 2002), alors même que l’OLP avait déjà reconnu l’État d’Israël (congrès d’Alger, octobre 1988). Sans parler des « accords de Genève » (décembre 2003), qui ont constitué, dans le sillage de Taba, une étape et des travaux pratiques virtuels d’une négociation – hélas, sans lendemain –, ni des multiples résolutions de l’ONU, restées lettres mortes à ce jour.
Les désastres de Gaza ne rendent que plus impérieuse la relance d’un plan de paix, par une négociation obligée entre toutes les parties concernées : l’État d’Israël, l’Autorité palestinienne et, bien sûr, le Hamas – vainqueur incontesté, faut-il le rappeler, des élections palestiniennes de janvier 2006 –, qu’il n’est ni possible ni réaliste d’exclure. Seule une négociation directe, sans préalables ni tabous, peut être à même d’en décider, en vue d’un accord clair d’indépendance des Palestiniens, sous quelque forme que ce soit.
Cela implique le démantèlement des colonies, la suppression des postes de contrôle de l’armée israélienne dans les territoires occupés depuis 1967, la démolition du mur dit « de sûreté » – édifié le plus souvent sur le territoire palestinien –, une négociation sur le partage de Jérusalem. Et, enfin, la reconnaissance de l’iniquité dont, depuis 1948, sont victimes les Palestiniens – une reconnaissance qui est au fondement de l’exigence du « droit au retour », même si les modalités de son application restent à négocier entre les interlocuteurs.
En raison de l’état de tension, des blocages et de l’impasse d’aujourd’hui, il faut d’urgence que les décideurs de la politique internationale interviennent pour rompre avec l’engrenage actuel. En effet, plus le différend s’alourdira, plus les Palestiniens seront désespérés, et plus les chances des Israéliens à continuer à vivre sur cette terre se délabreront. Un new deal est nécessaire, qui garantisse à tous la sécurité.

L’Europe doit se mobiliser pour cette nouvelle donne, mais ce sont les Etats-Unis qui détiennent, présentement, les clés de la solution : ce sont eux qui, durant les huit années de l’administration Bush, ont en permanence, et de manière exacerbée, avalisé les assauts militaires israéliens et permis qu’ils soient lancés dans l’impunité, laissant la situation se gangrener dans le chaos mortifère.
C’est, en premier lieu, à l’administration américaine – au nouveau président Barack Obama – qu’il incombe, au nom du droit, de faire pression sur les protagonistes, et de se poser en médiatrice impartiale dans un processus négocié entre Israël et Palestine : ses premiers pas semblent indiquer un frémissement de raison. Nous l’adjurons solennellement de changer radicalement la ligne politique et diplomatique désastreuse de l’ancien cours, de tout faire pour encourager et favoriser un retour au dialogue direct, sur des bases réalistes.
Le nouveau cours américain se doit de correspondre au rendez-vous des peuples de cette région du monde avec les libertés et la démocratie, pour que chacun d’eux réinvente sa propre nation, après tant de guerres et de rêves insensés. Un new deal résolu peut être un levier décisif de ces espoirs.»
Frédéric Abécassis, maître de conférences, Makram Abbès, maître de conférences, Valerio Adami, artiste peintre, Sanhadja Akrouf, responsable associative, Tewfik Allal, secrétaire général du Manifeste des libertés, Fouad Al-Qaisi, professeur d’arabe, Brigitte Bardet-Allal, professeur de lettres classiques, Jean Baubérot, professeur émérite (EPHE), Souad Belhaddad, écrivain, Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH (Fédération internationale des droits de l’homme) Jalil Bennani, psychanalyste, Fethi Benslama, professeur de psychopathologie, Raja Benslama, essayiste, Sophie Bessis, historienne, Danièle Bloch-Rive, traductrice, Saïd Bouziri, membre du bureau de la LDH, Rony Brauman, ancien président de « Médecins sans frontières », Jean-Paul Chagnollaud, professeur des universités, Abdesselam Cheddadi, historien, Alice Cherki, psychanalyste, Suzanne Citron, historienne, Daniel Cohn-Bendit, député européen, Jean Daniel, écrivain, Zakya Daoud, journaliste-écrivain, Joseph Dichy, professeur des universités, Olivier Douville, psychanalyste, Jean-Pierre Dubois, président de la LDH, Nadir el-Bizri, philosophe Zeyneb Farhat, directrice de théâtre, Mohammed-Chérif Ferjani, professeur des universités, François Gèze, éditeur, Bourhan Ghalioun, professeur des universités, Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade, Bachir Hadjadj, écrivain, Mohammed Harbi, historien, Ahmed Henni,économiste, Stéphane Hessel, ambassadeur de France, Mohamed Abdelmottaleb Houni*, homme d'affaires, Lotfi Madani, sociologue, Gustave Massiah, économiste, Mireille Mendès France, présidente de la fondation Frantz-Fanon, Gilbert Meynier, professeur émérite (Nancy-II) Edgar Morin, sociologue, Hassan Remaoun, historien, Nourrédine Saadi, juriste, Brahim Senouci, maître de conférences, Salah Stétié, écrivain, Michel Surya, écrivain, directeur de la revue « Lignes » Georges Tarabichi, écrivain, Antonio Tabucci, écrivain, Khaoula Taleb-Ibrahimi, linguiste, Wassyla Tamzali, avocate, Nadia Tazi, philosophe, Michel Tubiana, président d’honneur de la LDH, Jacques Walter, ancien responsable du groupe local Cimade-Lyon, Francis Wurtz, député européen.
Ce texte est paru dans l'Humanité. http://www.humanite.fr/

Encore un gros mensonge de Nicolas Sarkozy !

Il préside la République, il a dans ses mains : le gouvernement, la police, la gendarmerie, l'armée, une partie de la justice. Il nomme les préfets, les recteurs, les patrons des administrations. Il est copain avec tous les patrons de presse et des télés. Il veut aussi mettre la main sur les banques…attention, l'omniprésident a la tête et les chevilles qui enflent. (photo JCH)
Plus c'est gros, plus ça passe. Cette formule a fait florès sous Jacques Chirac et avec Nicolas Sarkozy c'est le bouquet. On le savait amoureux des approximations, on le savait éloquent même sur les sujets qu'il ne maîtrise pas, on le savait insolent avec les journalistes qui ne posent pas les bonnes questions. On le savait menteur. Il vient de nous en donner une preuve supplémentaire ces jours derniers.
Il a osé affirmer que la commission de déontologie (sur le passage de la fonction publique au privé) avait donné un avis favorable à la nomination de François Pérol (secrétaire général adjoint de la présidence de la République) à la tête de la nouvelle entité formé par les Caisses d'épargne et les banques populaires. Nicolas Sarkozy a affirmé cela publiquement alors que cette commission ne s'est pas encore réunie, qu'elle examinera le cas de M. Pérol (et d'autres) le 11 mars prochain et que l'Elysée a été contraint publier un communiqué corrigeant l'assurance du président : « la commission a été saisie de manière «off» et a donné un avis favorable. » Le problème c'est que plusieurs membres de cette commission confirment qu'il n'existe pas de consultation officieuse ou «off» et que, surtout, ils n'ont jamais discuté collectivement du cas Pérol et qu'on ne leur a jamais demandé leur avis.
Voilà bien le travers de Nicolas Sarkozy : prendre ses désirs pour des réalités et faire, coûte que coûte, que ses désirs deviennent réalité. On est en plein dans le césarisme et il semble bien qu'une nouvelle ligne jaune vient d'être franchie. François Bayrou s'élève avec vigueur contre ce fait du prince, les socialistes ne sont pas en reste qui vont s'emparer du sujet à l'Assemblée nationale (à la rentrée) et demander toutes les explications utiles voire la constitution d' une commission d'enquête parlementaire. C'est la première fois qu'un président nomme le responsable d'une banque privée et qui est appelée à le rester. A moins que…

Pierre Péan et les affaires de M. et Mme Kouchner

Je viens de terminer le livre écrit par Pierre Péan et consacré à Bernard Kouchner et Madame. Ce n'est pas un très bon livre. Il s'agit d'une sorte de compilation-investigation quelque peu grossière. Le trait, parfois juste, y est souvent forcé. Pierre Péan a voulu se payer un couple qu'il accuse de bénéficier d'une fausse image dans l'opinion publique. En cela, il a visé dans le mille.
Je n'ai jamais eu de sympathie particulière pour le ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy comme je n'en avais aucune pour le ministre de Lionel Jospin. Mais je ne vois pas bien l'intérêt de s'acharner sur cet homme politique et sa femme dont on sait depuis longtemps qu'ils adorent l'argent, le pouvoir, la domination et sont prêts à (presque tout) pour faire la Une de Voici et de Gala. Il n'est pas étonnant que les Français les plébiscitent, l'un pour sa faconde, l'autre pour son sourire. Dans les deux cas, il ne s'agit que de qualités sans réelle profondeur. Mais les Français sont comme des alouettes et les miroirs. Ils se reflètent dans ces couples soi-disant idylliques. Pierre Péan nous montre le côté cuisine-lingerie.
S'il s'agit de détruire l'image «morale» de Bernard Kouchner, le but n'est pourtant pas atteint. Il vient même de prendre deux points de plus dans les sondages de popularité ! Le vrai sondage, ce sont ses trois échecs cuisants subis lorsqu'il a été candidat aux élections législatives soit comme radical de gauche soit comme socialiste. Kouchner vedette médiatique, oui, Kouchner député de terrain, non ! C'est la sagesse des nations.
Je n'ai jamais rencontré « La Reine Christine ». Comme François Loncle, je n'en pense pas que du bien eu égard aux actes d'autoritarisme et de vengeance qui l'animent à la tête de France 24 et de RFI. Mais ils sont tant et tant à mélanger pouvoir, pouvoir médiatique, pouvoir de l'argent, pouvoir de la séduction…que de livres, alors à écrire mais dans quel but ? Un salaire de 40 000 euros par mois ? Mme Ockrent fait des « ménages à 10 000 euros la séance »…S'il y a des cruches pour payer si cher des services si faibles…
J'ai vu et entendu Bernard Kouchner à Louviers où son ami Franck Martin l'a invité à diverses reprises. Lors de la conférence donnée au Moulin, j'avais été frappé par le haut degré d'improvisation du discours du French Doctor. Ramassis de souvenirs, d'anecdotes, un certain art du récit et de l'image, pas de méthodologie, pas de discours construit. On passait du Kosovo à la Somalie, du Rwanda à Médecins sans frontières. Un bric à brac.
Jamais je n'aurais imaginé que Bernard Kouchner était derrière BK Conseils et BK consultants et passait des marchés avec deux ou trois dictateurs africains…alors même qu'aucun système de sécurité sociale n'a encore été mis en place au Gabon ou au Niger. Le tout pour la modique somme de 2,4 millions d'euros. Cela, Pierre Péan a raison de nous le faire savoir.
Pour aborder le sujet, j'ai attendu les retombées des articles à sensation et les commentaires divers. Le couple Ockrent-Kouchner ne sort pas grandi du livre de Pierre Péan mais à dire vrai le livre de Pierre Péan ne me semble pas être un monument de l'investigation ou du journalisme d'enquête. Il ne mérite ni un excès d'honneurs ni un excès d'infamie.

24 février 2009

Le maire supprime les postes d'assistantes maternelles pour l'accueil des enfants de deux ans

Dans un courrier adressé aux directeurs(trices) d'écoles maternelles, Mme Christine Fillatre, adjointe aux affaires scolaires de la ville de Louviers, leur annonce que le 9 mars prochain, date de rentrée après les vacances d'hiver, les trois demi-postes d'assistantes maternelles créés spécialement pour l'accueil des enfants de deux ans, seront supprimés.
Mme Fillatre a dû avoir du mal à se fendre de ce courrier. Lors de la dernière séance du conseil municipal, on avait bien compris que le maire avait pris sa décision, décision que Mme Fillatre avait avalé comme une couleuvre. On imagine l'embarras de l'adjointe, elle-même enseignante. Les directeurs(trices) des écoles concernées ne pourront, en effet, pas refuser l'accueil des enfants de deux ans dûment inscrits pour une année scolaire, les parents s'étant organisés sur la base de cette inscription, mais ils ne disposeront plus du personnel nécessaire. A eux d'improviser ! A eux de faire face !
Pour justifier la suppression des demi-postes (soit 45 000 euros d'économies…) le maire prétend que les 15 enfants inscrits par classe ne sont pas toujours présents (1) : « Cela crée une injustice avec les autres écoles qui disposent de moins de personnel ! » Pour lutter contre cette « injustice », un maire de gauche aurait amélioré le service « accueil des petits » et non supprimé des postes essentiels au bon fonctionnement du service public. Question de choix politique.

(1) Une escouade municipale est venue, à l'improviste, compter les enfants présents à l'école du Chat Perché. Neuf d'entre eux sur quinze étaient présents. Et c'est là-dessus que le maire a bâti sa théorie sur l'injustice des moyens. Qui connaît les besoins d'un enfant de deux ans peut-il assurer une fréquentation assidue et permanente à l'école maternelle ? Il est vrai que le maire a déclaré : « la fréquentation des enfants de deux ans est contestée et contestable. » Mais alors, pourquoi avoir créé les postes ?

La privatisation des routes nationales : une idée qui fait son chemin…

Il nous restera les chemins vicinaux…(photo JCH)
Privatiser les routes nationales. Il y a quelques années encore, cela n’aurait même pas pu faire un bon poisson d’avril tant la ficelle eut paru grosse. Eh bien cette année, cela ne pourra pas davantage en faire un ! Car c’est désormais une réalité qui va prochainement s’imposer à tous si nous ne nous y opposons pas avec la plus extrême fermeté pour faire reculer ce gouvernement.
Le sujet avait déjà été évoqué il y a quelques mois dans les pages de l’hebdomadaire Marianne. Mais cette fois-ci, les choses se précisent et s’accélèrent. Dans son numéro 51 du 21 au 29 février 2009, l’article de Gilles Carvoyeur intitulé « Et maintenant, des péages sur les routes nationales », sonne l’alerte.

Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat chargé des Transports, auprès du 
ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable, l’a officiellement confirmé lors d’un récent déplacement à Clermont-Ferrand : la route dite Centre-Europe-Atlantique (RCEA) sera privatisée et soumise à péage entre Maçon (Saône-et-Loire) et Montmarault (Allier), soit un tronçon de 180 kilomètres de cette route nationale. Ce n’est désormais plus qu’une question de mois. Et pour toute concession, les élus locaux auraient obtenu quelques kilomètres de franchise.

Pour justifier ce passage au privé, le ministre a invoqué le « très fort trafic sur cet itinéraire emprunté par beaucoup de poids lourds et des enjeux de sécurité routière » sur cet axe vital pour l’économie du Centre. Et René Beaumont , président de l’Arcea (Association pour la route Centre-Europe-Atlantique), élu de la majorité et, semble-t-il, partisan inconditionnel de la privatisation, lui a emboîté le pas avec cet argument imparable : « Si nous devions compter sur un financement public, il faudrait quarante ans pour finir les travaux ». Fermez le ban !

Mais Dominique Bussereau est homme raisonnable. Constatant que, de la sorte, l’automobiliste paierait deux fois, en tant que contribuable puis en tant qu’usager, il a décidé, dans un élan de magnanimité, de lancer « une étude qui examinera la possibilité de financer cette mise à 2x2 voies en confiant à un concessionnaire privé les travaux et l’entretien d’une partie de la RCEA. Ce concessionnaire se rémunérerait sur le produit des péages ». Ouf ! On respire ! On l’a échappé belle ! Et comme nous sommes encore en démocratie, les élus d’Auvergne et de Bourgogne auront même leur mot à dire sur les tarifs et sur l’emplacement des barrières de péages…Que pourraient-ils demander de plus ?

Une marche vers le futur qui s’apparente plutôt à un retour vers un lointain passé
Cette décision inquiétante appelle plusieurs observations. Il est intéressant de constater que les tenants les plus libéraux de la libre circulation des capitaux et des marchandises n’hésitent pas un seul instant à s’asseoir sur leurs principes et à installer des barrières lorsqu’il s’agit d’offrir à quelques uns des leurs la possibilité de faire des profits. A ce propos, à l’heure de la crise économique et financière mondiale, profitons-en à nouveau pour dénoncer la privatisation absurde des sociétés d’autoroutes entreprise à vil prix par le gouvernement de Villepin, en 2005. Réalisée dans un secteur non concurrentiel, elle a favorisé la flambée du prix des péages et privé l’État de ressources financières dont il aurait aujourd’hui le plus grand besoin.

En terme de rupture (sous-entendu selon la Droite, de progrès) nous dirons qu’il s’agit au contraire d’une formidable régression et d’un retour au passé qui nous ramène directement aux mœurs de l’Ancien régime, quand chaque petit seigneur féodal percevait des droits au franchissement du pont situé sur son fief. Que seront demain les futurs concessionnaires sinon de nouveaux féodaux ? Et pour faire bonne mesure, osons une suggestion. Elle n’est pas encore d’actualité, mais, au train où vont les choses, va le devenir : pourquoi donc ne pas rétablir l’octroi à l’entrée des villes où chacun acquittait une taxe pour faire pénétrer les marchandises ? Voilà donc le futur réjouissant vers lequel nous achemine lentement mais sûrement le sarkozysme. Car ne nous y trompons pas, si nous laissons demain les routes nationales se transformer en routes à péage, c’est un pas de plus dans cette voie que nous ferons. Et c’est à terme l’abandon pur et simple des acquis fondamentaux d’un peu plus de deux siècles d’État républicain.

Cette décision, si elle est prise, constituera un dangereux précédent. Déjà, la menace s’est faite jour en Bretagne, qui dispose, grâce à l’intelligence et à la clairvoyance de ses élus passés, d’un exceptionnel réseau de 2x2 voies gratuites, construites la plupart du temps sur le tracé des anciennes routes nationales. Ces routes furent totalement financées par les deniers publics, qu’il s’agisse de ceux de l’État, mais aussi ceux des collectivités territoriales qui mirent largement la main à la poche pour assurer le désenclavement et le développement de leur région. Et bien entendu, elles aiguisent d’ores et déjà les convoitises.

Enfin, cette décision constitue une grave entrave à la liberté individuelle. Aujourd’hui, il est encore possible de choisir, pour ceux que les autoroutes à péage incommodent, par principe, ou par nécessité pécuniaire, d’utiliser les routes nationales. C’est plus long mais c’est gratuit. Demain, ce choix leur sera refusé. Il ne leur restera plus pour se déplacer en dehors des autoroutes et des routes nationales à péage, qu’à emprunter les routes départementales – pour ceux qui ne les haïssent pas – et pour ces derniers, les chemins vicinaux.
Reynald Harlaut

23 février 2009

Le PACS fête ses dix ans et peut être amélioré

Souvenons-nous, ce n'est pas si vieux. C'était il y a dix ans. La Gauche était au pouvoir et Lionel Jospin dirigeait le gouvernement. Le Parlement, malgré les cris d'orfraie de la droite, les obstructions et les manœuvres de blocage (n'est-ce pas Mme Boutin) malgré les hurlements et les manifestations des associations catholiques intégristes, les protestations des homophobes, approuva le Pacte civil de solidarité qui allait connaître un énorme succès.
Les horribles prévisions de la droite sur la disparition du caractère « sacré » du mariage, la dissolution des familles, la régression des mœurs ne se sont pas réalisées…le PACS recueille aujourd'hui la quasi unanimité des suffrages des Français et bien des pays européens démocratiques l'ont copié ou s'en sont inspirés.

Pourtant le PACS peut être amélioré et à l'occasion du 10e anniversaire du vote de la loi, Jean-Paul Delevoye, médiateur de la République, avance quelques propositions : Il rappelle d'abord qu'« il est aujourd'hui impossible de se prévaloir d'un partenariat enregistré à l'étranger ». « Comme pour le mariage, reconnaissant que ces partenariats étrangers sont soumis aux règles de fond et de forme de la loi du lieu d'enregistrement » juge-t-il en précisant que « la loi étrangère sera écartée si elle est contraire à l'ordre public français ».
Il faut également, selon lui, « étendre le bénéfice du capital décès au partenaire lié à un fonctionnaire par un PACS ». « les partenaires d'un fonctionnaire d'Etat décédé se voient refuser le paiement de ce capital décès », contrairement aux « partenaires d'un salarié relevant du régime général de la Sécurité sociale et ceux d'un fonctionnaire territorial », qui peuvent bénéficier de ce capital décès.
Le médiateur souhaite également « réintroduire le droit au congé de quatre jours pour conclusion d'un PACS pour la salariés », instauré par la loi de 1999 et supprimé en 2007.
Il souhaite enfin « ouvrir le droit à pension de réversion aux partenaires pacsés depuis deux ans » après le décès de l'un d'eux. Cette possibilité est accordée dans la plupart des pays européens, note le médiateur qui la conditionne à une durée de PACS de deux ans afin de « tenir compte de l'exigence de communauté de vie minimum ».

Il appartiendra au Parlement d'examiner (quand ?) les propositions de M. Delevoye et, souhaitons-le, de leur réserver un sort favorable. Sur le plan statistique, rappelons que le nombre de PACS signés en 2007 a dépassé les 100 000 face aux 266 000 mariages enregistrés. Le PACS est donc entré et ancré dans nos mœurs et c'est tant mieux pour tous les couples qui, auparavant et pour mille raisons, vivaient ensemble sans pouvoir projeter et se protéger.

Séguéla se donne lui-même une gifle, il la méritait bien !

Jacques Séguéla, sur le plateau du grand journal de Canal Plus, a reconnu qu'en affirmant : « si on n'a pas une rolex à 50 ans, c'est qu'on a raté sa vie » Il avait sorti là, la plus belle énormité de sa vie. Il s'est auto-offert une gifle magistrale (très applaudie) et a ajouté : « des conneries, j'en ai dites au cours de ma carrière et celle-là ne sera sans doute pas la dernière. Mais c'est comme souvent, je fais partie des cordonniers les plus mal chaussés. Mon métier c'est d'apprendre aux autres à communiquer et là je dois dire que, même sortie de son contexte, ma phrase reste une belle connerie. Je m'excuse auprès de ceux et celles que j'ai choqués. »
Faute avouée à moitié pardonnée. C'est bien de la part de Jacques Séguéla d'avoir reconnu sa bêtise mais on s'en souviendra quand même. Soutenir à tout crin Nicolas Sarkozy et vouloir le dédouaner d'aimer les montres d'une valeur certaine c'est comme être un député socialiste et se déclarer victime d'une maladie compulsive qui vous ferait acheter des montres d'une valeur de 35 000 euros voire plus. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond…

Caisses d'Epargne et banques populaires, un mariage d'argent

Sous la pression du gouvernement et de Christine Lagarde, ministre de l'économie, en particulier, les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires ont été contraintes d'avancer la date de leur mariage. Il aura lieu jeudi prochain selon l'annonce faite en haut lieu. Le gouvernement ayant décidé d'injecter entre 3 et 5 milliards d'euros dans la nouvelle banque française N°2, le président de la République a décidé qu'un de ses collaborateurs, François Pérol, actuellement secrétaire général adjoint de l'Elysée, allait également en assurer la direction. Les présidents actuels de l'une et l'autre banque ayant fait la preuve de leurs compétences, disons, discutables, sa majesté n'y est pas allée par quatre chemins : je place un de mes copains à la tête de cette banque où il fera ce que je lui dirai de faire. Nicolas Sarkozy devient donc président d'une banque privée sans qu'à aucun moment, les actionnaires actuels de ces banques n'aient eu leur mot à dire. Idem pour leurs conseils d'administration. Mais compte tenu de l'Etat de Natixis, une filiale commune des banques populaires et des Caisses d'Epargne dont l'action a considérablement chuté en deux ans pour (tré)passer à Un euro, On se demande qui aurait pu lever la main pour rejeter l'injection des milliards d'euros et sauver ce qui peut encore l'être.
François Bayrou et François Hollande jugent indécente la nomination de M. Pérol (du moins interviendra-t-elle prochainement). Ils y voient, une fois encore, la marque de l'omnipuissance de l'omniprésident et de sa volonté de tout diriger et de tout contrôler. Trop souvent pour le pire.

Guadeloupe : « que de temps perdu, que de conflits inutiles »

François Hollande a raison. Ce n'est pas la présence de Ségolène Royal aux obsèques du syndicaliste guadeloupéen qui avaient lieu hier à Pointe-à-Pitre qui est choquante, c'est l'absence d'un représentant du gouvernement français lequel une fois de plus, fait preuve sinon de mépris du moins d'une distance évidente avec les habitants de l'île en lutte contre la vie chère.
Ségolène Royal a été invitée par le maire de la ville principale de Guadeloupe à se rendre sur l'île. J'ajoute qu'elle a des liens particuliers et anciens avec ce département français où elle débuta sa carrière de fonctionnaire de haut niveau dans la préfectorale. Elle y a des attaches amicales. Peut-on les lui reprocher ?
Mais François Hollande est allé plus loin sur les antennes de RTL : « Que de temps perdu, que de risques pris, que de conflits inutiles ! » Il a précisé que la revendication essentielle des Gaudeloupéens et des habitants des départements d'outre-mer était facile à satisfaire. « Mais il fallait aller vite et ne pas jouer le pourrissement. »« Imagine-t-on, a-t-il ajouté, un gouvernement ne pas être représenté aux obsèques d'un syndicaliste de métropole mort dans les conditions que l'on sait ? » Et le député de Corrèze de vilipender ce gouvernement et la palinodie Jego, sommé de rentrer à Paris, après avoir été désavoué par François Fillon, Nicolas Sarkozy et, surtout, le MEDEF…car Laurence Parisot, sa présidente, n'en doutons pas, est à la manœuvre. Elle surveille comme le lait sur le feu les négociations en cours entre le LKP et les patrons guadeloupéens. Mme Parisot n'a pas envie que la revendication sur les 200 euros net soit satisfaite de peur que les salariés de métropole ne s'en inspirent. Elle sent bien que le 19 mars va être une répétition du grand mouvement du 29 janvier. D'ailleurs l'intersyndicale est, aujourd'hui, en réunion pour préparer cette grande journée de protestation. Nous en reparlerons en temps utile.
Dans l'attente, continuons d'observer avec attention ce qui se passe en Guadeloupe.
Dimanche matin, l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle a rencontré Elie Domota puis elle a assisté aux obsèques de Jacques Bino. Elle a profité de sa venue sur l'île pour expliquer publiquement que l'histoire de la Guadeloupe, ses rapports économiques, politiques, sociaux, avec la métropole et le mépris dans lequel on tient ses habitants depuis si longtemps expliquait sinon justifiait une situation insurrectionnelle. Christiane Taubira, député de Guyane (notre photo JCH) n'a pas dit autre chose, hier sur France 5, quand elle a envoyé dans les cordes un journaliste du Figaro, Alexis Brezet, auteur d'un article méchant accusant le LKP d'être « racial, raciste, et dont le désir est d'aller vers l'indépendance ». Christiane Taubira s'est quelque peu emportée et elle a eu raison : depuis plus d'un mois de grève générale, dans le calme, le gouvernement n'a pas répondu aux questions posées. La lassitude n'est pas une manière de vivre en Guadeloupe. Mais au gouvernement (qui ne compte aucun ministre originaire des départements d'outre-mer) qui le sait ?

22 février 2009

Bernard Laporte ou l'histoire gondolante d'un ami présidentiel

Depuis l'émission de Franz Olivier-Giesbert sur la 5 de ce samedi soir, on connaît mieux encore Bernard Laporte. Outre qu'il est l'ami de Nicolas Sarkozy (ils partaient ensemble en vacances sur la côte Atlantique) que Bernard Laporte est l'ancien sélectionneur de l'équipe de France de Rugby, qu'il adore les casinos (y jouer ou les acheter) qu'il se bagarre actuellement avec Bernard Amsalem sur la nomination du DTN (directeur technique national) de la fédération française d'athlétisme notre ami préférant un manager technique plutôt qu'un ancien athlète reconverti dans l'administratif, on sait, depuis « Chez FOG », et c'est très très important, que Bernard Laporte va au cinéma pour se détendre, c'est-à-dire pour rire. Pas pour se prendre la tête : « Je ne comprends pas les gens qui vont au cinéma pour se poser des questions. » Ce qu'il aime, c'est la comédie, la farce, le burlesque.
Bernard Laporte aime rire aux éclats, il adore pouffer, se tordre, il adore se poiler dans les vestiaires des hommes quand ils sont à poil, il se gondole en déclarant (quelle classe !) qu'il n'est pas le père de Zohra, la petite fille de Rachida Dati. Son film préféré est « bienvenue chez les Chtis ». Et pourtant l'Académie des César n'a nominé le film de Dany Boon que dans une seule catégorie, celle du meilleur scénario original. Dany boudera même la cérémonie avec 15 millions d'euros de droits d'auteur dans les poches…pour leur montrer à ces professionnels du cinéma qu'il n'attend après eux pour permettre aux Français de se dilater la rate.
Aux côtés de Bernard Laporte, FOG avait invité Pierre Bergé, Michel Onfray et Virginie Efira. Pierre Bergé le collectionneur ami d'Yves Saint-Laurent et protecteur de Ségolène Royal qui vend sa collection (732 objets, 300 millions d'euros…) au Grand Palais, Michel Onfray l'auteur d'un 6e tome sur la contre-philosophie et Virginie Efira, comédienne, actuellement dans le rôle d'une prostituée sur la scène du Théâtre Marigny. Le contraste était frappant. D'un côté, qu'on les aime ou pas, deux hommes et une femme de réflexion sur le monde, sur la vie, sur le destin humain, de l'autre un aimable plaisantin n'ayant d'idée, je suppose, que sur l'art de porter une Rolex en signe de réussite.
On comprend maintenant pourquoi le président a retiré la jeunesse de ses compétences ministérielles pour ne lui laisser que le sport, un domaine pourtant, qu'il faudra bien un jour prendre au sérieux. Le sport mérite bien qu'un histrion pour ministre.