François Hollande a raison. Ce n'est pas la présence de Ségolène Royal aux obsèques du syndicaliste guadeloupéen qui avaient lieu hier à Pointe-à-Pitre qui est choquante, c'est l'absence d'un représentant du gouvernement français lequel une fois de plus, fait preuve sinon de mépris du moins d'une distance évidente avec les habitants de l'île en lutte contre la vie chère.
Ségolène Royal a été invitée par le maire de la ville principale de Guadeloupe à se rendre sur l'île. J'ajoute qu'elle a des liens particuliers et anciens avec ce département français où elle débuta sa carrière de fonctionnaire de haut niveau dans la préfectorale. Elle y a des attaches amicales. Peut-on les lui reprocher ?
Mais François Hollande est allé plus loin sur les antennes de RTL : « Que de temps perdu, que de risques pris, que de conflits inutiles ! » Il a précisé que la revendication essentielle des Gaudeloupéens et des habitants des départements d'outre-mer était facile à satisfaire. « Mais il fallait aller vite et ne pas jouer le pourrissement. »« Imagine-t-on, a-t-il ajouté, un gouvernement ne pas être représenté aux obsèques d'un syndicaliste de métropole mort dans les conditions que l'on sait ? » Et le député de Corrèze de vilipender ce gouvernement et la palinodie Jego, sommé de rentrer à Paris, après avoir été désavoué par François Fillon, Nicolas Sarkozy et, surtout, le MEDEF…car Laurence Parisot, sa présidente, n'en doutons pas, est à la manœuvre. Elle surveille comme le lait sur le feu les négociations en cours entre le LKP et les patrons guadeloupéens. Mme Parisot n'a pas envie que la revendication sur les 200 euros net soit satisfaite de peur que les salariés de métropole ne s'en inspirent. Elle sent bien que le 19 mars va être une répétition du grand mouvement du 29 janvier. D'ailleurs l'intersyndicale est, aujourd'hui, en réunion pour préparer cette grande journée de protestation. Nous en reparlerons en temps utile.
Dans l'attente, continuons d'observer avec attention ce qui se passe en Guadeloupe. Dimanche matin, l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle a rencontré Elie Domota puis elle a assisté aux obsèques de Jacques Bino. Elle a profité de sa venue sur l'île pour expliquer publiquement que l'histoire de la Guadeloupe, ses rapports économiques, politiques, sociaux, avec la métropole et le mépris dans lequel on tient ses habitants depuis si longtemps expliquait sinon justifiait une situation insurrectionnelle. Christiane Taubira, député de Guyane (notre photo JCH) n'a pas dit autre chose, hier sur France 5, quand elle a envoyé dans les cordes un journaliste du Figaro, Alexis Brezet, auteur d'un article méchant accusant le LKP d'être « racial, raciste, et dont le désir est d'aller vers l'indépendance ». Christiane Taubira s'est quelque peu emportée et elle a eu raison : depuis plus d'un mois de grève générale, dans le calme, le gouvernement n'a pas répondu aux questions posées. La lassitude n'est pas une manière de vivre en Guadeloupe. Mais au gouvernement (qui ne compte aucun ministre originaire des départements d'outre-mer) qui le sait ?
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