21 février 2015

Robert Ménard, maire de Béziers : du gros rouge qui tache


La dérive de Robert Ménard n’en finit plus. L’ancien président de « Reporters sans frontières » devenu maire de Béziers sous le patronage de Marine Le Pen et de son rassemblement bleu marine, n’en finit plus de défrayer la chronique locale par ses interdictions d’étendre le linge aux fenêtres (une tradition pourtant séculaire au pays du soleil) ses choix d’honorer les putschistes en Algérie, d’organiser son cabinet (noir ?) ou encore d’afficher des armes létales sur les panneaux publicitaires pour démontrer « que la police municipale a un nouvel ami. »

Désormais, nous avons un nouvel ennemi.
Cet ami ? Une arme de poing, brandie comme une immense provocation et une affiche conçue comme une campagne destinée à « valoriser » l’image d’un maire cow-boy ne reculant devant rien pour mater l’ennemi intérieur. Les habitants de Béziers ont choisi pour maire un nostalgique des colonies (lui-même né en Algérie) une sorte de Pinochet au petit pied croyant régler les problèmes de délinquance par des annonces et des menaces. En fait, il travaille son image.

Ces menaces, il arrive qu’il les mette à exécution pour museler la presse par exemple. Un procès en diffamation contre Le Midi libre — instruction en cours — n’a pas d’autre but que de maintenir une épée de Damoclès au-dessus du marbre afin que les journalistes de ce quotidien s’autocensurent ou mettent la pédale douce sur ses faits et ses gestes. Objectif atteint : le rédacteur en chef du journal vient de caviarder un article d’un responsable de la locale bitteroise relatant les conditions de réalisation de l’affichage si décrié.

L’association des journalistes du Midi libre a vivement protesté, des portes ont claqué et des démissions vont s’ensuivre. Il n’y avait pourtant pas de quoi s’alarmer sachant que les juges sont très vigilants quand il s’agit de respecter la liberté d’expression et donc celle de la presse. Sur les plateaux télé où il est invité comme une vedette, Ménard ne brille pas particulièrement par son intelligence des situations ni par la qualité des justifications de ses actes. Pire même, il bredouille. Il avance, polémique après polémique, coup après coup, faisant régner sur Béziers, tantôt un parfum d’islamophobie, tantôt un climat ultra-sécuritaire, tantôt la nostalgie de la colonisation. Ménard affirme qu’il dit les choses sans fioritures. Du gros rouge qui tache quoi.

20 février 2015

Patrick Balkany risque de perdre son immunité parlementaire…et le reste


Patrick et Isabelle Balkany
Il y a belle lurette que les citoyens de ce pays ne prennent plus exemple sur les hommes et les femmes politiques, surtout les hommes d’ailleurs, en matière de moralité. C’est à la fois injuste et dommage puisque la majorité d’entre eux (et elles) sont des élus dévoués et actifs en faveur de l’intérêt général. Les élus locaux, par exemple, sont parmi les plus appréciés de nos concitoyens. La proximité et les équipements réalisés ainsi que les services rendus favorisent un lien privilégié, un lien rendu plus difficile avec les parlementaires, députés ou sénateurs. C’est parmi eux que quelques brebis galeuses (pauvres brebis qui n’y sont pour rien) ont été repérées pour des comptes en Suisse — Cahuzac (ex PS) — ou des versements discrets — de Raincourt (UMP) — alors même qu’ils étaient ministres. Ou parce qu'ils «oubliaient» de déclarer leurs revenus — Thévenoud —.

Mais le cumul des mandats et des indemnités, cumul maintes fois dénoncé sur ce blog, aboutit parfois à une confusion des rôles et des genres. Il en est ainsi avec le couple Balkany. Ce n’est pas la première fois que les Balkany confondent budget communal et budget personnel, employés de mairie et employés de maison. Madame a déjà été mise en examen avec caution d'un million d'euros, restait à entendre le mari protégé par son immunité de député. Les juges d’instruction avançant pas à pas dans le dossier des propriétés réelles ou virtuelles du couple d’élus de Levallois-Perret, ont récemment demandé à l’Assemblée nationale de lever l’immunité de Monsieur afin qu’il puisse être entendu dans une affaire étayée par des témoignages, des preuves démontrant que le fisc français aurait subi un préjudice de la part des Balkany.

Le couple médiatique a même réussi l’exploit de se faire rembourser une part des impôts sur le revenu par le jeu des avantages fiscaux ! Ils avaient tout fait, semble-t-il, pour dissimuler l'origine de leur fortune, le parcours des financements de l'acquisition de leurs propriétés aux Antilles, au Maroc ou à Giverny, utiliser des prête-noms afin de ne pas apparaître en première ligne et intriguer les inspecteurs des impôts.

Pour être certain de ne pas être repérés, rien de pire que de devoir faire confiance à des intermédiaires ; Tôt ou tard ils vous lâchent. les Balkany apprendront à leurs dépens que le fameux M. Aubry (rien à voir avec Martine) l’homme qui valait des millions, faisait surtout office d’homme de paille et agissait au nom des deux élus, grands amis de Sarkozy dont le cabinet d’avocats a été utile comme conseiller…Si M. Aubry se met à table, cela ne sera pas pour se sustenter.

On peut donc facilement imaginer que le bureau de l’Assemblée nationale, dans sa sagesse, va donner son accord à la levée d’immunité de Patrick Balkany. Cela permettra aux juges d’instruction d’entendre l’élu de Levallois et, peut-être, de lui imposer certaines mesures coercitives. La justice est lente en France mais elle finit toujours par vous rattraper, même si vous courez vite.

19 février 2015

Jean Zay au Panthéon, une journée pour se souvenir


« L’ONAC Mémoire et Solidarité, l’association Ciné-Histoire, le ministère de la Défense, la direction de la Mémoire, du patrimoine et des archives vous prient de bien vouloir assister à la journée consacrée à Jean Zay au Panthéon. Cette journée aura lieu le Mercredi 4 mars 2015 de 10h à 12 h 30 et de 14 h 30 à 17 heures.

Entrée libre sur réservation indispensable par mail, nicoledorra@gmail.com, Préciser matin, après-midi ou journée, Salle de la Préfecture de la Région Ile-de-France,
5, rue Leblanc 75015  Paris Métro ligne 8 (Balard), RER C (Bd Victor) Bus 42, 88 (Hôpital Pompidou)                                                                                                                                   
Le Matin
   Intervention d’Antoine Prost, professeur émérite d’histoire à l’Université Paris 1, président de l’Association des Amis de Jean Zay,
   Projection de Dans la lumière de Jean Zay, film de Marieke Aucante,
   Projection d’extraits de Jean Zay, Ministre du Cinéma, film d’Alain Braun et Francis Gendron en présence des réalisateurs

L’après-midi
— Intervention d’Olivier Loubes, historien, auteur de Jean Zay, l’inconnu de la République,
— Projection de Un crime français, film de Dominique Missika et Catherine Bernstein, intervention de Dominique Missika
— « Jean Zay en prison », par Hélène Mouchard-Zay, la fille de Jean Zay »



Scène de racisme « ordinaire » sur un quai de métro parisien


La justice les retrouvera et les condamnera.
La scène est violente. Pas violente parce que des coups sont donnés ou parce que des insultes sont proférées. Elle est violente en elle-même parce qu’on n’imagine pas possible qu’en France, en 2015, sur un quai de métro de Paris, un passager noir soit empêché de monter dans une rame par une bande d’abrutis, peut-être avinés, en tout cas racistes et fiers de l’être.
Ces racistes le chantent et le clament. Ils sont anglais et supporters du club londonien de football de Chelsea. Ils sont en France pour encourager l’équipe dirigée par M. Mourinho, entraîneur émérite, et adversaire de l’équipe du PSG dans le cadre de la ligue des champions. Ils sont en France et traînent de bar en bar pour passer le temps et préparer la soirée.

Sur la vidéo, intelligemment faite, on voit très bien les visages des hooligans. Leur tête, leurs vêtements, leur haine à la bouche. On les imagine, dans les rues de Londres, tabassant des étrangers, Indiens, Pakistanais, africains. On les imagine, à dix contre un, se montant le bourrichon pour humilier, insulter, mépriser. Le courage des pleutres bien en meute.

La scène a été filmée par une personne avisée, témoin d’un événement choquant et révoltant. Il a mis sa vidéo sur Internet ce qui permet à la justice française d’ouvrir une information et de chercher à poursuivre les auteurs de ce vilain fait divers. Si le fait en lui-même est répugnant, je suis d’accord avec Jacques Attali, invité de « C à vous » sur France 5 hier soir, au moins autant étonné par le fait lui-même que par l’indifférence apparente des témoins également présents sur le quai (1) . Comment fallait-il réagir ? J’imagine qu’un passager présent dans la rame aurait pu tirer le signal d’alarme et appeler police secours ou la police interne à la RATP. J’imagine également qu’un homme ou une femme, plus courageux(se) qu’un(e) autre aurait pu appeler à l’aide pour soutenir le malheureux voyageur repoussé à plusieurs reprises. Je sais. Quand on est assis dans son fauteuil, il est facile de donner des leçons d’audace. Tout de même, nous sommes à Paris, dans un lieu public très fréquenté, ce n’est ni simple ni facile mais que sommes-nous si nous n’agissons pas…et surtout qu’allons-nous devenir si nous nous taisons et baissons les yeux face à ces racistes sans cervelle et surtout sans mémoire.

Les responsables du club de football de Chelsea se tiennent à la disposition des enquêteurs pour retrouver les coupables, les identifier, les juger et les punir. Pourquoi ne pas les bannir à vie des stades, pourquoi ne pas les empêcher de voyager là où leur équipe joue. J’apprends ce matin que l’un des auteurs a été identifié par un journal londonien. Il s’agit d’un homme de 21 ans, travaillant dans le secteur bancaire. Ses complices devraient fatalement l’être aussi. A la justice maintenant de finir le travail. Et encore bravo au vidéaste attentif. Il nous sauve un peu tous.

(1) La victime a été retrouvée. Il s’agit d’un franco mauritanien qui a déclaré à un journaliste : « Je suis resté longtemps face à eux. Une personne est venue ensuite me dire que j'avais été courageux de résister à des gens comme ça. A mon avis, la scène a duré environ six ou sept minutes. Au bout d'un moment, des agents de la RATP sont intervenus. Mais seulement pour s'assurer qu'il n'y avait pas de bagarre. Leur objectif, c'était que le trafic reprenne sur la ligne. Aucun usager n'a pris ma défense mais, de toute façon, que pouvait-on faire ? (...) Je suis rentré chez moi sans parler de cette histoire à personne, ni à ma femme ni à mes enfants. Et puis, que dire à mes enfants ? Que papa s'est fait bousculer dans le métro parce qu'il est noir ? Cela ne sert à rien".

18 février 2015

Rabah-Paris : l'arbitraire et le déshonneur


« Deux journalistes arrêtés et expulsés, le local d’une association, l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), envahi par la police, des rafles d’étrangers décidées au mépris des lois votées récemment, l’intimidation et l’incarcération à l’égard de ceux et celles qui dénoncent la torture, des attaques répétées contre l’ensemble du mouvement associatif ; cette accumulation d’événements marque une dégradation constante de la situation des droits de l’Homme au Maroc.

La Ligue des droits de l’Homme réprouve totalement ces actes arbitraires et contraires à la fois aux engagements internationaux du Maroc comme aux dispositions constitutionnelles récemment adoptées. Elle demande aux autorités marocaines de cesser ces agissements qui sont incompatibles avec la construction d’un Etat de droit dont le Maroc se réclame.

La LDH dénonce, enfin, la complaisance du gouvernement français à l’égard de cette situation. Celui-ci, en effet, s’abstient de toute réaction aux atteintes à la liberté de la presse, et, dans un même temps, galvaude la légion d’honneur en offrant une promotion au grade d’officier à un homme poursuivi en France pour avoir pratiqué des tortures.

Quels que soient les intérêts géopolitiques et sécuritaires, rien ne peut justifier un tel manquement à l’éthique, si ce n’est l’éternelle et déshonorante « raison d’Etat ». Il n’est pas acceptable de se prévaloir des valeurs de la République ici, et de se faire complice de leurs violations de l’autre côté de la Méditerranée. »

(communiqué de la Ligue des droits de l'Homme)

Vladimir Poutine serait l'homme le plus riche du monde


Vladimir Poutine
Il renvoie Bill Gates et ses 79 milliards de dollars aux vestiaires ! Le cofondateur de Microsoft devenu philanthrope est en tête du classement des plus grandes fortunes du monde, mais finalement il ferait pâle figure face à Vladimir Poutine. Selon Bill Browder, directeur général et cofondateur du fonds d'investissement Hermitage Capital Management, le président russe posséderait une fortune estimée à 200 milliards de dollars. (Lu dans le journal 20 minutes)
«Poutine a volé le plus d'argent qu'il pouvait. Et quelques personnes, dont je fais partie, pensent qu'il est l'homme le plus riche du monde, ou l'un des plus riches du monde, grâce à des milliards de dollars qui ont été volés à la Russie», a ainsi déclaré le gestionnaire sur CNN.

Poutine, l’homme le plus riche du monde ! Si c’est le cas, il a fallu qu’il en vole, de l’argent, sur le dos des Russes qui, paraît-il, l’admirent et l’adulent. Savent-ils ces Russes que la fortune de leur « tsar » est placée en Suisse et dans d’autres paradis fiscaux ? Savent-ils, ces Russes, que Poutine na eu de cesse de piller l’état et de prendre des actions dans toutes les sociétés importantes de l’ancienne URSS dans le pétrole, le gaz et d’une manière générale dans tout ce qui touche à l’énergie !

Pour atteindre de tels sommets, il faut un sacré et fidèle entourage qui en croque également. Dans ces conditions ce n’est pas demain que la nouvelle Nomenklatura russe sera disposée à quitter le navire et encore moins à permettre l’organisation d’élections libres soutenues par une presse libre et indépendante. On ne connaît pas toutes les manœuvres et toutes les combines faisant de Poutine un richissime nanti quand le salaire moyen en Russie n’est que de 689 euros par mois (en 2013).

Poutine, ancien officier du KGB, devenu le président de toutes les Russies grâce à Eltsine et son clan a su tracer sa route et éliminer tous ses adversaires potentiels. Ces derniers ont fini leur carrière en prison ou été contraints à l’exil quand ils n’ont pas été assassinés au polonium par exemple. J’ai affirmé sur ce site, plusieurs mois avant l’entrée des Russes en Crimée, que Poutine annexerait par la force cette région au sud de l’Ukraine. Les faits m’ont donné raison. Et ce n’est pas fini.

17 février 2015

Bernard Tapie devra rembourser les 405 millions accordés par les arbitres…suite à une fraude


Vous chantiez ? Eh bien dansez maintenant.
« Considérant qu’il est, ainsi, démontré que M. Estoup, au mépris de l’exigence d’impartialité qui est de l’essence même de la fonction arbitrale, a, en assurant une mainmise sans partage sur la procédure arbitrale, en présentant le litige de manière univoque puis en orientant délibérément et systématiquement la réflexion du tribunal en faveur des intérêts de la partie qu’il entendait favoriser par connivence avec celle-ci et son conseil, exercé une influence déterminante et a surpris par fraude la décision du tribunal arbitral. »
« A cet égard, poursuit la cour, la circonstance que la sentence ait été rendue à l’unanimité des trois arbitres est inopérante dès lors qu’il est établi que l’un d’eux a circonvenu les deux autres dans un dessein frauduleux ; que pour le même motif, le fait que certaines des parties défenderesses n’aient pas participé à la fraude, est sans emport dès lors que celle-ci affecte les sentences dans leur essence même et atteint l’ensemble de leurs dispositions ; que le recours en révision dont les conditions se trouvent réunies doit être, en conséquence, accueilli ; qu’il convient d’ordonner la rétraction de la sentence arbitrale rendue le 7 juillet 2008 ainsi que celle des trois sentences du 27 novembre 2008 qui en sont la suite et la conséquence ; considérant qu’il convient, afin qu’il soit à nouveau statué en fait et en droit, d’enjoindre aux parties de conclure sur le fond, selon les modalités précisées au dispositif de la présente décision et de renvoyer les débats, sur ce point, à une audience ultérieure. »

Très mauvaise nouvelle pour Bernard Tapie. Lui qui se croyait au-dessus des lois, grâce à ses accointances politiques et ses positions privilégiées auprès de Nicolas Sarkozy, sait depuis ce début d’après-midi, que tôt ou tard, la justice peut vous rattraper.
La cour d’appel de Paris a donc fait droit aux demandes du CDR consortium de réalisation (chargé de régler le passif du Crédit lyonnais) qui contestait l’arbitrage rendu par le trio composé de MM. Pierre Mazeaud, Jean-Denis Bredin et Pierre Estoup qui avait accordé 405 millions d’euros à Bernard Tapie dans l’affaire dite du Crédit Lyonnais et de la vente d’Adidas. Elle a reconnu que M. Estoup avait été à la manœuvre, qu’il avait imposé ses vues et son jugement à ses confrères alors que lui-même ne possédait pas les qualités de neutralité et de distance requises pour devenir arbitre dans cette affaire puisqu’il était de connivence (c’est le mot utilisé par les magistrats) avec Tapie (1). La Cour d’appel a renvoyé à septembre le nouveau jugement qui devra fixer le préjudice subi par Bernard alors même que des enquêteurs affirment que Bernard Tapie n’a subi aucun préjudice.
Nous allons être nombreux à nous réjouir de ce jugement de la Cour d’appel. Il était évident, comme un nez au milieu de la figure, que l’affairiste Tapie avait bénéficié d’une fraude — la Cour le dit explicitement — et que, notamment, le montant du préjudice moral subi par le récent patron de presse atteignait des sommets insoupçonnés jusque là. En attendant, Bernard Tapie devra rembourser les 405 millions accordés par les arbitres.

(1) La brigade financière de Paris avait ainsi noté : « Outre le fait que M. Estoup avait occulté de nombreuses et diverses relations professionnelles le liant à Me Lantourne depuis 1989, il avait également eu à connaître du dossier Bernard Tapie bien avant 2007 et le lancement officiel de la procédure d’arbitrage. Ces éléments sont donc de nature à confirmer un manque d’indépendance de Pierre Estoup à l’égard de Bernard Tapie. »


16 février 2015

Roland Dumas n'a-t-il donc tant vécu que pour cette infamie ?


Roland Dumas est âgé de 92 ans. Stéphane Hessel aussi avait atteint cet âge canonique. Mais l’un divague quand l’autre touchait les sommets de l’intelligence et de l’élégance. Ce n’est donc pas une question d’âge. Roland Dumas a affirmé ce matin sur l’antenne de RMC, interrogé par Jean-Jacques Bourdin, que Manuel Valls « était sous l’influence de sa femme » « sous influence juive ». Et que le Premier ministre a pris le point de vue contraire de son père qui avait fui le franquisme (1) ! Jean-Jacques Urvoas, député PS, président de la commission des lois a réagi sur Twitter pour regretter que « la vieillesse soit un naufrage. » Le drame c’est que si Dumas est touché, il n’est pas encore coulé même s’il a tout du croulant.

Nous devons être nombreux à partager ce constat s’agissant de Roland Dumas. Ce n’est pas la première fois que l’ancien président du conseil constitutionnel sort des énormités et fait preuve d’un jugement déplorable. Avec son compère Vergès, ils se sont amusés à faire les guignols sur les plateaux TV, croyant se montrer insolents alors qu’ils n’étaient que grotesques. Maintenant que Vergès est passé de vie à trépas, Roland Dumas continue ses pitreries déplorables. Dumas c’est pourtant l’homme de l’affaire Elf, c’est l’homme aux bottines sur mesure à des prix astronomiques, c’est l’homme méprisant les femmes notamment Christine Devier-Joncours (La putain de la République) mais il est surtout celui qui a fait fi des textes régissant l’élection du président de la République en proclamant élu Jacques Chirac alors que ce dernier avait explosé le plafond des dépenses autorisées ! C’est aussi celui qui aurait dû invalider les comptes d’Edouard Balladur, l’homme aux espèces d’origine inconnue ! Poussé à la démission de la présidence du Conseil constitutionnel, Roland Dumas a permis à Yves Guéna de lui succéder privant ainsi la gauche d’une voix importante au sein de l’instance suprême !

Roland Dumas assure qu’il est toujours membre du Parti socialiste. Si c’est vrai c’est parce que son adhésion se renouvelle par tacite reconduction et parce que les instances disciplinaires regardent ailleurs. Dumas n’a plus rien de socialiste. L’a-t-il jamais été ? Le comportement exemplaire de son père pendant la seconde guerre mondiale et l’amitié que lui portait François Mitterrand valent-ils brevets d’homme de gauche ? Même si son livre s’intitule « politiquement incorrect », Roland Dumas demeure avant tout un intrigant sans influence. Mais bon sang, qu’il se taise.

(1) « Le père [de M. Valls] était un républicain espagnol formidable, c'était un bon peintre, il est resté en France, il a toujours refusé de revenir en Espagne du temps de Franco. Cela signifie quelque chose pour moi. Lui a pris le point de vue contraire. C'est sa vie, ça le regarde. » Citation de Roland Dumas ce matin.


Manuel Valls : du plan Vigipirate au contrat de plan Etat-Région Normandie

Manuel Valls signe le contrat de plan entre l'Etat et la région normande pour la période 2015-2020. (photo Claude Bellevin)
Les ministres sont fatigués. Soit. Ils ont eu un mois de janvier chargé et le mois de février ne l’est pas moins. Cela nous rappelle que la première qualité d’un homme ou d’une femme politique est d’avoir une bonne santé. En ce début d’année 2015, le Président de la république et son gouvernement doivent faire face à des événements bouleversants symbolisés par le niveau élevé du plan Vigipirate.

Heureusement, tous leurs déplacements ne se placent pas sous le signe du drame ou de la tragédie comme au Danemark ce week-end. C’est ainsi que, vendredi dernier, Manuel Valls, Laurent Fabius, Bernard Cazeneuve, pour le gouvernement ont été invités à Honfleur par Laurent Beauvais et Nicolas Mayer-Rossignol, respectivement présidents des régions Basse et Haute-Normandie, afin d’y signer le contrat de plan passé entre l’Etat et la région Normandie pour la période 2015-2020. D’un montant de deux milliards d’euros, ce contrat permettra à la nouvelle entité régionale de se développer en faveur de l’emploi, du tourisme et avec de nouveaux équipements.

Ces contrats de plan ne sont pas nouveaux dans leur forme. Ils expriment la volonté commune de l’Etat et des collectivités régionales d’unir leurs forces et leurs moyens financiers pour impulser des investissements structurants de Rouen à Cherbourg et du Havre à Caen. Les principaux chapitres du contrat comprennent les transports (ferroviaires) les routes (Rouen, Evreux) les ports (Le Havre, Rouen, Caen) la transition énergétique (éolien et énergies marines) l’enseignement et la recherche, la solidarité territoriale avec le développement numérique des territoires. On sait que dans ce domaine, l’Eure a anticipé en dotant progressivement le département d’un réseau très haut débit réduisant à néant les critiques d’Hervé Morin qui a raté une belle occasion de se taire en affirmant que l’action de la région était nulle. Il est question pour lui de conduire la liste de droite (UMP-UDI) lors des prochaines régionales. On pourra lui rappeler son comportement laxiste lors de son élection dans l’assemblée de Haute-Normandie où il a surtout brillé par ses absences répétées.

Si le choix futur du chef-lieu de la région normande demeure encore hypothétique, on sait que les socialistes se sont mis d’accord sur le nom de l’éventuel président qui serait Nicolas Mayer-Rossignol. Laurent Beauvais, n’en doutons pas, serait un bras droit compétent et présent et l’ancienne Basse-Normandie bénéficierait de compensations valorisantes.

15 février 2015

Une étude de Joël Gombin après le second tour de la législative partielle du Doubs


Cette étude est parue sur le site de slate.fr :

« Le code et les données de cette analyse sont disponibles sur la page GitHub de l'auteur.
Certaines élections se jouent deux fois: une première dans les urnes, une seconde dans les commentaires. Celles dans lesquelles le FN est présent au second tour relèvent souvent de cette catégorie. Ainsi, dans l'élection législative partielle du Doubs de dimanche dernier, à écouter les acteurs et les commentateurs, tout le monde avait gagné: le PS, évidemment; mais aussi le FN, «grand gagnant de la soirée» d'après sa candidate et Marine Le Pen; mais aussi l'UMP (je n'ai pas bien compris pourquoi, mais il y a sûrement une bonne raison). Ou alors, tout le monde a perdu : le FN, mais aussi le Parti socialiste, qui parvient tout juste à sauver son siège en perdant au passage de nombreuses voix; et enfin, évidemment, l'UMP.

Tâchons cependant d'y voir un peu plus clair. D'abord, contrairement à ce qu'on a pu lire ici et là, la 4e circonscription du Doubs n'est pas un fief socialiste. Elle fut à droite en 1993 et en 2002; surtout, depuis 2002, le rapport de force entre gauche et droite y est très équilibré: en 2002, la droite l'emporte d'un cheveu; en 2007, c'est Pierre Moscovici qui gagne (en duel contre l'UMP) avec moins de 51%; en 2012, le même Moscovici l'emporte, en triangulaire, avec 49,3%.
Au fond, le second tour que nous venons de vivre s'inscrit dans le même rapport de force global, si ce n'est que la droite y était représentée par le FN et non par l'UMP. Circonscription marquée par un grand équilibre des forces, donc, et non par l'hégémonie d'une force politique.
Une estimation des reports de voix
Il s'agit pourtant d'une circonscription très populaire: c'est la 6e circonscription la plus ouvrière de France! Presque un tiers des actifs y sont ouvriers, beaucoup chez Peugeot ou un de ses sous-traitants. Mais historiquement, dans le Doubs, le poids de la religion (catholique, mais aussi protestante: on est en terre réformée) contrecarre celui de la classe sociale, ce qui explique que l'ancrage de la gauche, en particulier communiste, n'y soit pas si fort. Florent Gougou a bien montré, dans sa thèse, qu'un vote ouvrier de droite a toujours existé sous la Ve République, et que c'est précisément dans les territoires où il était puissant que le vote ouvrier a, le plus tôt, pour partie, basculé vers le Front national. Dès 1988, le FN réalise aux élections législatives dans le Doubs certains de ses meilleurs scores.


Jamais toutefois avant 2012 le FN n'avait atteint le second tour d'une élection législative dans la 4e circonscription du Doubs. Et il ne s'y était jamais retrouvé en duel avant la récente élection partielle, ce qui signifie qu'on manque de point de comparaison pour apprécier ce qui s'est passé. Signalons toutefois que la progression de 16 points enregistrée entre les deux tours par la candidate frontiste n'a rien d'exceptionnel (quoi qu'en aient dit de nombreux commentateurs!): on a observé des progressions du même ordre, souvent même supérieures, à peu près chaque fois que le FN s'est retrouvé en duel au second tour d'une élection législative en 2012 et depuis, et ce quel que soit son adversaire.
Cela signifie donc que le Front dispose de réserves de voix qu'il ne mobilise pas au premier tour, soit que ses électeurs potentiels s'abstiennent pour ensuite voler au secours d'une victoire possible, soit que des électeurs d'autres partis, confrontés à une offre électorale plus restreinte au second tour, se reportent sur le FN. C'est cette deuxième explication possible qui a beaucoup fait gloser dans le cas de cette partielle, comme déjà dans le cas des partielles de l'Oise, du Lot-et-Garonne ou de l'Aube.
L'une des raisons pour lesquelles ces discussions sont animées et récurrentes est qu'il n'existe pas de données incontestables sur la nature et l'ampleur des reports de voix entre les deux tours. On peut toutefois tenter de les estimer, à partir des résultats par bureau de vote, comme je l'avais déjà fait lors d'élections partielles précédentes –en gardant bien en tête la limite principale de cette méthode: on ne connaît pas l'ampleur réelle du renouvellement des votants entre les deux tours. Dans le cas présent, comme la participation a progressé de 10 points entre les deux tours, on peut penser que relativement peu d'électeurs du premier tour se sont abstenus au second, mais cela reste spéculatif.
L'utilisation de cette méthode (dont le détail est présenté ici) permet de produire la matrice de reports suivante :

Abstention
Blancs et nuls
Barbier (PS)
Montel (FN)
Abstention
78
0
17
4
Blancs et nuls
20
38
19
24
Barbier (PS)
8
4
70
17
Demouge (UMP)
11
14
26
49
Montel (FN)
4
4
6
86
Autres
14
17
36
33

Pourcentages en ligne. Lecture : d'après ce modèle, 78% des abstentionnistes du premier tour se seraient également abstenus au second tour.
Une fusion avancée des électorats UMP et FN
D'après ce modèle (dont les principaux résultats semblent confirmés par d'autres investigations statistiques), la moitié environ des électeurs ayant choisi l'UMP au premier tour se sont portés sur la candidate frontiste au second tour. Un quart ont choisi le candidat socialiste; le dernier quart s'est abstenu ou a voté blanc ou nul. On ne pourrait alors guère parler de succès du rassemblement républicain, comme l'a fait Frédéric Barbier (le candidat socialiste) lorsqu'il a annoncé sa victoire. Il faudrait plutôt constater la fusion, relative certes mais néanmoins bien avancée, des électorats de l'UMP et du FN. Le FN n'aurait par contre guère mobilisé de nouveaux électeurs entre les deux tours: à peine plus de 4% des abstentionnistes du premier tour.
Cette hypothèse cadrerait bien avec le constat dressé plus haut: une relative stabilité des rapports de force entre gauche et droite, mais qu'il faudrait nuancer par un rééquilibrage du rapport de force au sein de la droite entre l'UMP et le FN, au profit de ce dernier. Bien sûr, le faible niveau de la participation, lié au fait qu'il s'agissait d'une élection partielle, peut biaiser ce rapport de force. Mais on a pu constater ce rééquilibrage du rapport de force interne à la droite lors de nombreux scrutins, par exemple lors des dernières élections européennes.
À l'inverse, toujours d'après ce modèle, la victoire du candidat socialiste devrait beaucoup à sa capacité à mobiliser de nouveaux électeurs: pas moins de 17% des abstentionnistes du premier tour auraient voté en sa faveur au second tour. Si ce modèle est exact, ces nouveaux électeurs (environ 6.800) auraient même été plus nombreux que ceux qui ont voté pour le candidat socialiste aux deux tours (5.200)! Les électeurs de Charles Demouge (UMP) ayant choisi Barbier au second tour ne seraient eux que quelque 1.750.
Les problèmes que devront affronter l'UMP et le PS
Les enseignements qu'on peut tirer de cette élection partielle sont donc contrastés: le Front républicain, entendu comme coalition des partis «républicains» contre le Front national, n'existe pas (parce que l'UMP refuse d'appeler à voter en faveur du PS, et parce que les électeurs de l'UMP se portent majoritairement sur le FN); en revanche, la perspective de voir un candidat frontiste élu député permet une mobilisation réelle d'électeurs par ailleurs peu politisés et mobilisés, ou en tout cas abstentionnistes au premier tour. Enfin, pour passer d'un niveau de premier tour à un score s'approchant des 50% face au PS, le FN doit plutôt compter sur sa force d'attraction envers des électeurs de droite que sur un réservoir d'électeurs FN déjà largement mobilisé au premier tour.
L'UMP et le PS ont donc des problèmes distincts. Pour l'UMP, le problème principal est celui du rapport de force avec le FN. Comme on avait déjà pu le noter en d'autres circonstances, dès que le FN passe devant l'UMP, toute une part de l'électorat de droite va voter pour le parti de Marine Le Pen, dans une forme de vote stratégique («vote utile»). L'UMP n'a donc guère d'autre choix, comme l'a relevé Jean-Yves Camus, que de mener une lutte frontale contre le FN, ou d'accepter de s'allier avec lui –mais au risque, dans ce dernier cas, de subir le même sort que le PC face au PS après Épinay: la mort lente.
Pour le parti socialiste, l'enjeu est celui de la mobilisation de son électorat. La menace de l'extrême droite semble, pour l'instant, permettre de mobiliser –mais très imparfaitement!– des électeurs que le bilan de l'exécutif conduisent sinon à s'abstenir. Mais agiter le chiffon brun ne saurait pour autant tenir lieu de stratégie pour le PS: d'abord parce que l'efficacité de cette stratégie semble s'éroder au fil du temps; mais aussi parce qu'il s'agit d'une tactique de second tour, plutôt que de premier, et que dans la situation politique actuelle, l'enjeu pour le PS sera dans bien des cas de parvenir au second tour. L'obtention de résultats et, surtout, la formulation d'un projet de nature à mobiliser son électorat potentiel apparaissent comme des conditions sine qua non du succès pour le PS et, plus largement, la gauche. »

Les conférences de la SED : Claude Cornu raconte « l'admission » des femmes en politique dans l'Eure


Claude Cornu au micro. (photo Jean-Charles Houel)
Claude Cornu demeure un pédagogue. Retraité de l’éducation nationale au sein de laquelle il exerça son métier de professeur avec passion, cet érudit sait transformer une simple conférence en un moment d’histoire et d’information captivant. La salle Pierre Mendès France était occupée, ce samedi, par les membres de la SED (société d’études diverses) et quelques autres venus pour écouter Claude Cornu nous parler du sort des femmes en politique dans l’Eure. Depuis les tentatives engagées, ici ou là, avant la seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours pour que les femmes soient considérées comme des citoyennes à part entière d’abord, des candidates « acceptables » ensuite et des élues compétentes enfin.

Claude Cornu a beaucoup cherché et travaillé sur le sujet. Et comme notre département n’est pas sensiblement différent des autres, ses trouvailles et constatations pourraient être élargies à la nation tout entière. Il se trouve que Pierre Mendès France, ancien maire de Louviers, est de ceux qui ont engagé un processus reconnaissant aux femmes non seulement la légitimité de l’élection mais également la nécessité de leur participation à la délibération collective pour obtenir une société harmonieuse.
Les trois K allemands (Küche, kirche, kinder : cuisine, église, enfant) se sont appliqués longtemps dans notre pays. Les hommes de la 3e République n’ont jamais franchi le pas permettant aux femmes françaises de bénéficier d'une citoyenneté pleine et entière (1) obtenue ailleurs dans les pays anglo-saxons. L’élection des six femmes lovériennes en 1936 prouve combien Pierre Mendès France considérait leur rôle et leur place dans la cité.

Avec le temps, les choses ne se sont pas arrangées. Quelles que soient les élections (municipales, cantonales, législatives) les femmes élues dans l’Eure sont demeurées longtemps très minoritaires. Quant aux responsabilités dans les exécutifs, n’en parlons pas. Peu de maires femmes, peu d’adjointes femmes, deux députées (Catherine Nicolas et Catherine Picard) il aura fallu attendre les lois sur la parité pour que les faits établis bougent quelque peu. Le prochain conseil départemental comprendra d’ailleurs autant de femmes que d’hommes (23 hommes et 23 femmes) puisque le binôme est dorénavant imposé par la loi. Tout comme cette parité pas si égale que cela puisque par le jeu des têtes de listes et de la proportionnelle les hommes demeurent majoritaires dans les conseils municipaux dans les villes de plus de 1000 habitants. Mme Nicole Duranton (UMP) a tout de même réussi à surmonter l'obstacle sexiste en devenant sénatrice…à la proportionnelle. Car là est le principal problème : la fascination des hommes pour le pouvoir et ils ne veulent pas le lâcher (2) !

Leslie Cléret, conseillère générale socialiste, présente à la conférence, reconnaît que l’égalité homme-femme est un combat permanent. Que rien n’est jamais acquis définitivement et que les jeunes filles (comme les jeunes hommes d’ailleurs) doivent s’engager au service de la collectivité où chacun(e) peut apporter ce qu’il a de meilleur : la solidarité et le dévouement.

(1) Bien des élus hommes de la 3e République, les radicaux surtout, craignaient que les femmes soient sous l'influence de l'Eglise…leur vote également.
(2) Claude Cornu a raconté comment les socialistes de l'Eure avaient souhaité contourner les impératifs nationaux lors de deux parachutages parisiens totalement ratés.