19 février 2015

Scène de racisme « ordinaire » sur un quai de métro parisien


La justice les retrouvera et les condamnera.
La scène est violente. Pas violente parce que des coups sont donnés ou parce que des insultes sont proférées. Elle est violente en elle-même parce qu’on n’imagine pas possible qu’en France, en 2015, sur un quai de métro de Paris, un passager noir soit empêché de monter dans une rame par une bande d’abrutis, peut-être avinés, en tout cas racistes et fiers de l’être.
Ces racistes le chantent et le clament. Ils sont anglais et supporters du club londonien de football de Chelsea. Ils sont en France pour encourager l’équipe dirigée par M. Mourinho, entraîneur émérite, et adversaire de l’équipe du PSG dans le cadre de la ligue des champions. Ils sont en France et traînent de bar en bar pour passer le temps et préparer la soirée.

Sur la vidéo, intelligemment faite, on voit très bien les visages des hooligans. Leur tête, leurs vêtements, leur haine à la bouche. On les imagine, dans les rues de Londres, tabassant des étrangers, Indiens, Pakistanais, africains. On les imagine, à dix contre un, se montant le bourrichon pour humilier, insulter, mépriser. Le courage des pleutres bien en meute.

La scène a été filmée par une personne avisée, témoin d’un événement choquant et révoltant. Il a mis sa vidéo sur Internet ce qui permet à la justice française d’ouvrir une information et de chercher à poursuivre les auteurs de ce vilain fait divers. Si le fait en lui-même est répugnant, je suis d’accord avec Jacques Attali, invité de « C à vous » sur France 5 hier soir, au moins autant étonné par le fait lui-même que par l’indifférence apparente des témoins également présents sur le quai (1) . Comment fallait-il réagir ? J’imagine qu’un passager présent dans la rame aurait pu tirer le signal d’alarme et appeler police secours ou la police interne à la RATP. J’imagine également qu’un homme ou une femme, plus courageux(se) qu’un(e) autre aurait pu appeler à l’aide pour soutenir le malheureux voyageur repoussé à plusieurs reprises. Je sais. Quand on est assis dans son fauteuil, il est facile de donner des leçons d’audace. Tout de même, nous sommes à Paris, dans un lieu public très fréquenté, ce n’est ni simple ni facile mais que sommes-nous si nous n’agissons pas…et surtout qu’allons-nous devenir si nous nous taisons et baissons les yeux face à ces racistes sans cervelle et surtout sans mémoire.

Les responsables du club de football de Chelsea se tiennent à la disposition des enquêteurs pour retrouver les coupables, les identifier, les juger et les punir. Pourquoi ne pas les bannir à vie des stades, pourquoi ne pas les empêcher de voyager là où leur équipe joue. J’apprends ce matin que l’un des auteurs a été identifié par un journal londonien. Il s’agit d’un homme de 21 ans, travaillant dans le secteur bancaire. Ses complices devraient fatalement l’être aussi. A la justice maintenant de finir le travail. Et encore bravo au vidéaste attentif. Il nous sauve un peu tous.

(1) La victime a été retrouvée. Il s’agit d’un franco mauritanien qui a déclaré à un journaliste : « Je suis resté longtemps face à eux. Une personne est venue ensuite me dire que j'avais été courageux de résister à des gens comme ça. A mon avis, la scène a duré environ six ou sept minutes. Au bout d'un moment, des agents de la RATP sont intervenus. Mais seulement pour s'assurer qu'il n'y avait pas de bagarre. Leur objectif, c'était que le trafic reprenne sur la ligne. Aucun usager n'a pris ma défense mais, de toute façon, que pouvait-on faire ? (...) Je suis rentré chez moi sans parler de cette histoire à personne, ni à ma femme ni à mes enfants. Et puis, que dire à mes enfants ? Que papa s'est fait bousculer dans le métro parce qu'il est noir ? Cela ne sert à rien".

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