La justice les retrouvera et les condamnera. |
La scène est violente. Pas
violente parce que des coups sont donnés ou parce que des insultes sont
proférées. Elle est violente en elle-même parce qu’on n’imagine pas possible
qu’en France, en 2015, sur un quai de métro de Paris, un passager noir soit
empêché de monter dans une rame par une bande d’abrutis, peut-être avinés, en
tout cas racistes et fiers de l’être.
Ces racistes le chantent et
le clament. Ils sont anglais et supporters du club londonien de football de
Chelsea. Ils sont en France pour encourager l’équipe dirigée par M. Mourinho,
entraîneur émérite, et adversaire de l’équipe du PSG dans le cadre de la ligue
des champions. Ils sont en France et traînent de bar en bar pour passer le
temps et préparer la soirée.
Sur la vidéo, intelligemment
faite, on voit très bien les visages des hooligans. Leur tête, leurs vêtements,
leur haine à la bouche. On les imagine, dans les rues de Londres, tabassant des
étrangers, Indiens, Pakistanais, africains. On les imagine, à dix contre un, se
montant le bourrichon pour humilier, insulter, mépriser. Le courage des
pleutres bien en meute.
La scène a été filmée par
une personne avisée, témoin d’un événement choquant et révoltant. Il a mis sa
vidéo sur Internet ce qui permet à la justice française d’ouvrir une
information et de chercher à poursuivre les auteurs de ce vilain fait
divers. Si le fait en lui-même est répugnant, je suis d’accord avec
Jacques Attali, invité de « C à vous » sur France 5 hier soir, au moins autant
étonné par le fait lui-même que par l’indifférence apparente des témoins
également présents sur le quai (1) . Comment fallait-il réagir ? J’imagine
qu’un passager présent dans la rame aurait pu tirer le signal d’alarme et
appeler police secours ou la police interne à la RATP. J’imagine également
qu’un homme ou une femme, plus courageux(se) qu’un(e) autre aurait pu appeler à
l’aide pour soutenir le malheureux voyageur repoussé à plusieurs reprises. Je
sais. Quand on est assis dans son fauteuil, il est facile de donner des leçons
d’audace. Tout de même, nous sommes à Paris, dans un lieu public très fréquenté,
ce n’est ni simple ni facile mais que sommes-nous si nous n’agissons pas…et
surtout qu’allons-nous devenir si nous nous taisons et baissons les yeux face à
ces racistes sans cervelle et surtout sans mémoire.
Les responsables du club de
football de Chelsea se tiennent à la disposition des enquêteurs pour retrouver
les coupables, les identifier, les juger et les punir. Pourquoi ne pas les
bannir à vie des stades, pourquoi ne pas les empêcher de voyager là où leur
équipe joue. J’apprends ce matin que l’un des auteurs a été identifié par un
journal londonien. Il s’agit d’un homme de 21 ans, travaillant dans le secteur
bancaire. Ses complices devraient fatalement l’être aussi. A la justice
maintenant de finir le travail. Et encore bravo au vidéaste attentif. Il nous
sauve un peu tous.
(1) La victime a été
retrouvée. Il s’agit d’un franco mauritanien qui a déclaré à un
journaliste : « Je suis resté
longtemps face à eux. Une personne est venue ensuite me dire que j'avais été
courageux de résister à des gens comme ça. A mon avis, la scène a duré environ
six ou sept minutes. Au bout d'un moment, des agents de la RATP sont
intervenus. Mais seulement pour s'assurer qu'il n'y avait pas de bagarre. Leur
objectif, c'était que le trafic reprenne sur la ligne. Aucun usager n'a pris ma
défense mais, de toute façon, que pouvait-on faire ? (...) Je suis rentré chez
moi sans parler de cette histoire à personne, ni à ma femme ni à mes
enfants. Et puis, que dire à mes enfants ? Que papa s'est fait bousculer
dans le métro parce qu'il est noir ? Cela ne sert à rien".
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