8 janvier 2023

Nicolas Mayer-Rossignol à Val-de-Reuil : le socialisme par la preuve

Nicolas Mayer-Rossignol hier à Val-de-Reuil.©JCH
La radicalité, le social-populisme, la colère, la haine parfois, expédients du bruit et de la fureur, ne peuvent être constitutifs de l’avenir d’une gauche responsable, d’une gauche de gouvernement. En plaçant le PS sous la coupe de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise, Olivier Faure a sans doute sauvé quelques sièges de députés, notamment, celui de Philippe Brun à Louviers, qui l’assure d’ailleurs de son soutien à l’aube de l’élection du premier secrétaire du Parti socialiste prévue les 12 et 19 janvier. Mais si c’est important, est-ce l’essentiel ? Est-ce le meilleur moyen d’assumer la filiation d’une gauche européenne, humaniste, anti-Poutine et anti-autoritaire ? Il est vrai que les 1,7% d’Anne Hidalgo à la présidentielle étaient porteurs d’une nouvelle Bérézina dont il fallait se prémunir quel qu’en fût le prix. Faut-il donc comme l’avance Nicolas Mayer Rossignol, en pleine campagne électorale interne au PS, admettre cet accord de la NUPES pour ce qu’il est : un simple accord électoral ponctuel qui ne doit pas faire des socialistes des alignés et ne doit surtout pas empêcher le PS de se renouveler, de préparer l’avenir.

 

Présent ce samedi soir à Val-de-Reuil (dans une salle des associations magnifique) où Marc-Antoine Jamet le soutient dans son combat et sa motion « refondations », le maire de Rouen a le droit d’espérer et surtout le devoir d’entreprendre. Il le sait, la gauche ne peut être forte que dans l’action et dans la preuve de cette action. A Val-de-Reuil, l’histoire ancienne (Bernard Amsalem était présent) et récente de la ville plaide pour cette gauche de résultats. Dans tous ses domaines de compétences : urbanisme, éducation, sport, culture, diversité, développement économique, économie sociale et solidaire, vie associative, la ville de Val-de-Reuil est bien loin du cliché originel que l’environnement politique — surtout à droite — a souhaité coller à la ville nouvelle pour des décennies. La culture de l’action et de la preuve est d’ailleurs saluée à intervalles réguliers (les élections) par des habitants fiers de leur ville et en savent gré à leurs élus constamment confirmés. Et plus encore avec le canton rolivalois et l’agglomération Seine-Eure. Que seraient devenues en effet les vallées de l’Eure et de la Seine sans les parcs industriels rolivalois et sans leur féconde expansion ? Quand Bernard Amsalem, Nicole Cornier et Frank Martin ont créé la communauté de communes Seine-Eure, qui aurait parié sur un développement global de toute notre immédiate région ?

 

Nicolas Mayer-Rossignol n’était pas à Val-de-Reuil par hasard. C’est peut-être là qu’il aura planté les premiers jalons — même s’il n’est pas objectivement favori — d’un leadership PS placé sous le signe à la fois d’une modernité nécessaire et d’une histoire assumée depuis que Jaurès est devenu la figure de proue d’un socialisme plaçant le citoyen instruit à la base de tout le processus démocratique. Il n’était pas venu à Val-de-Reuil pour rejouer le débat de la veille qui l’a vu s’opposer à Hélène Geoffroy (maire de Vaux-en-Velin) et Olivier Faure, député, sur les antennes de « France Info » et dont les commentaires ne retiennent que la question suivante : « alors, NUPES ou pas NUPES ? » L’étape de Val-de-Reuil n’était rien d’autre qu’un signe d’amitié et de ferveur militante et c’est toujours bon à prendre car ça ne court plus les rues. Le maire de Rouen (ancien président du conseil régional) a construit sa démonstration sur une évidence : le socialisme du quotidien, dans les villes, les départements et les régions que le PS dirige. Un socialisme que les rapports de force pourraient d’ailleurs mettre en péril en 2026 quand LFI ou les écologistes voudront — c’est la logique de la vie politique — l’inverser à leur avantage même si ces mouvements connaissent aussi bien des turbulences.

 

D’ici là, il faudra lutter sur tous les fronts : l’union des socialistes d’abord et l’union de la gauche ensuite, la lutte farouche contre l’extrême-droite devenue plus que menaçante et aux portes du pouvoir d’état en France et ailleurs en Europe, la résistance à toutes les remises en cause des acquis obtenus de haute lutte depuis 1945, et notamment l’âge de la retraite, sans oublier le B-A-BA de l’action : recruter et former les militants, les cadres et les futurs élus aptes à porter haut le drapeau d’une gauche passée tout près de l’enterrement de première classe. Comme l’a bien dit NMR : n’est pas Mitterrand qui veut.

 

Mais le temps presse. Les 12 et 19 janvier, les adhérents d’un PS déserté (on parle de 20 000 membres quand on en a compté 200 000) vont devoir choisir celui ou celle qui défendra leur programme et leurs idées…neuves. Depuis le revenu universel de Benoît Hamon, quel projet original a été proposé aux Français(e)s par le parti socialiste ? La réponse est dans la question et quel que soit le (ou la) futur(e) premier(e) secrétaire, il lui faudra se retrousser les manches et faire preuve d’imagination.