18 décembre 2014

Le maire de Louviers étudie la possibilité de doter sa police municipale de tasers : il a tort !



Le taser est une arme non létale qui équipe la police nationale et la gendarmerie. Il arrive que des policiers municipaux en soient dotés, notamment quand les maires des communes qui les emploient leur ont donné la permission de porter une arme de poing. Mais le taser, pour être officiellement non létal, arme de catégorie B, doit être employé avec des précautions techniques et juridiques très lourdes. Plusieurs bavures très graves ont suscité des commentaires acerbes de Martine Aubry et Olivier Besancenot très remontés contre cette arme dangereuse dont ils demandent l'interdiction.
Savoir utiliser cette arme nécessite donc une formation adaptée, voire continue, de la part des forces de l’ordre et la preuve judicieuse de son utilisation émane d’une vidéo (go pro) obligatoirement jointe au rapport circonstancié du policier qui en fait l’usage. Autrement dit, manier correctement un taser n’est pas donné à tout de monde encore moins quand il s’agit de policiers municipaux dont l’objectif principal devrait être la prévention et le dialogue avec la population.
Ayant lu, ici et là, que François-Xavier Priollaud, maire de Louviers, étudiait la possibilité d’armer les policiers municipaux de tasers, je dois lui dire qu’il fait fausse route et que donc il a tort. S’il lui appartient de rechercher à rassurer la population et à prévenir les actes de délinquance, le maire dispose de moyens humains à la hauteur de la tâche. La force de la police municipale c’est sa proximité avec les habitants de la commune. Les policiers municipaux ne sont pas là pour sanctionner à tout va ou verbaliser à tout crin encore moins pour interpeller des délinquants sauf cas de flagrant délit, très rare.
Leur uniforme les distingue des autres Lovériens et leur donne la capacité d’être à l’écoute des doléances et des remarques de leurs concitoyens. Au maire d’en tirer le plus grand bénéfice d’autant que la vidéosurveillance — qui a coûté les yeux de la tête — ne semble pas avoir apporter tout le bénéfice qu’en attendait l’ancien maire puisque les caméras ne sont pas en parfait état de fonctionnement. Ce n’est pas moi qui m’en plaindrai eu égard aux dangers que fait courir la vidéosurveillance à notre liberté individuelle bien supérieurs aux avantages qu’elle est sensée procurer.
J’ai bien peur qu’il en aille de même un jour (ou une nuit) avec les tasers. La technologie avancée ne résout pas tous les problèmes et je suggère au maire de prendre langue avec les responsables de la police nationale dont les conseils seront précieux afin que l’investissement envisagé ne le soit pas en pure perte et qu’un éventuel et maladroit usage ne se termine pas devant un tribunal…

17 décembre 2014

Le 18 décembre, Reconnaître enfin les droits universels et indivisibles des migrants


« Chaque année, à l’occasion de la journée internationale des migrants célébrée le 18 décembre, l’AEDH joint sa voix à celles des organisations de la société civile européenne pour demander à l’UE et à ses États membres de signer et ratifier la convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 18 décembre 1990.
Notre association regrette de devoir réitérer cet appel, en cette année 2014 marquée par l’adoption finale du « paquet » européen concernant l’immigration de travail. Ces directives témoignent de ce que l’UE s’obstine à ne considérer les migrants qui viennent travailler et vivre dans nos pays qu’à l’aune de leur contribution à la création de richesses dans nos nations. Elle s’avère incapable de respecter les conventions internationales dont les États membres sont pourtant parties, voire ses propres règles, notamment l’article 20 de la Charte des droits fondamentaux qui stipule que « toutes les personnes sont égales en droit ».
La convention onusienne n’édicte pourtant aucun « nouveau » droit ; elle ne prend pas parti dans le débat sur les politiques d’immigration et les législations nationales ; elle se limite à rassembler les droits civils et politiques, d’une part, économiques, sociaux et culturels, d’autre part, déjà présents dans les pactes internationaux ratifiés par la plupart de nos pays. Ce faisant, elle considère le migrant dans l’indivisibilité et l’universalité des droits fondamentaux sans établir de différence – si ce n’est à la marge – sur le caractère « régulier » ou non de son statut. De la même façon et comme son intitulé le précise clairement, elle ne dissocie pas le migrant de son unité familiale, étendant à ses membres la reconnaissance des mêmes droits fondamentaux.
Pourquoi les États membres refusent-ils ce texte ? Sans doute parce qu’il marque la frontière de l’inacceptable et les rappellerait donc à leurs devoirs de garant des droits, y compris pour ceux qui n’en sont pas ressortissants et qui sont bien plus cibles de contrôle ou de répression qu’objets de respect.
L’AEDH appelle expressément les parlementaires européens à renouveler l’invitation adressée par leur Assemblée aux États membres en février 2005 et octobre 2005 pour qu’ils ratifient ladite convention [1] des Nations unies et soutiennent sa ratification universelle. Elle demande au Conseil européen d'appuyer les initiatives contribuant à la reconnaissance des droits universels et indivisibles des migrants. Elle appelle les organisations de la société civile et les citoyens européens à proclamer, encore et encore, leur volonté de voir pleinement reconnus les droits des travailleurs migrants qui vivent à leurs côtés. »
Les signataires : Association européenne pour la défense des droits de l’homme (AEDH), Österreichische Liga Für Menschenrechte (OLFM) – Autriche, Ligue des Droits de L’Homme (LDH) – Belgique, Liga voor Mensenrechten (LVM) – Belgique, European Association For The Defence Of Human Rights – Bulgarie, Hrvatski Pravni Centar / Croatian Law Center – Croatie,Action For Equality, Support, Antiracism (KISA) – Chypre, Czech Helsinki Committee – République Tchèque, Legal Information Centre for Human Rights (LICHR) – Estonie,Ihmisoikeusliitto / Finnish League For Human Rights – Finlande, Ligue des droits de l’homme – France, Internationale Liga Für Menschenrechte (ILMF) – Allemagne, Hellenic League for Human Rights (HLHR) – Grèce, Lega Italiana Dei Diritti Dell’uomo (LIDU) – Italie, Latvian Human Rights Committee (LHRC) – Lettonie, Lithuanian Human Rights Association (LHRA) – Lituanie,
Action Luxembourg Ouvert Et Solidaire (ALOS – LDH) – Luxembourg,Malta Association Of Human Rights (MAHR) – Malte, Liga Voor De Rechten Van De Mens (LVM) – Pays-Bas, Otwarta Rzeczpospolita – Pologne, Black and Ethnic Minorities Infrastructure in Scotland (BEMIS) – Ecosse, Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía (APDHA) – Espagne,Institut de Drets Humans de Catalunya (IDHC) – Espagne, Ligue Suisse Des Droits De L’homme (LSDH) - Suisse



16 décembre 2014

Marc-Antoine Jamet : « J'ai atteint l'objectif que je m'étais fixé : tout faire pour le bien de ma Ville et de ses habitants. »


 
Jean-Louis Borloo a joué un rôle essentiel dans l'opération de renouvellement urbain. (photo JCH)
« Il est des tournants qu'une Ville doit savoir prendre, qu'elle ne peut pas manquer qu'elle n'a pas le droit de rater. Par trois fois en quinze ans seulement, le destin, la place, l'avenir de Val-de-Reuil, se seront joués autour du dossier de son renouvellement urbain.

En 2001, la plus jeune commune de France se relève à peine d'une situation financière dramatique qui lui fait cumuler une dette colossale, une fiscalité brutalement et massivement augmentée à la demande conjointe du préfet et de la chambre régionale des comptes, une adhésion à Seine-Eure, qui n'est alors qu'une communauté de communes, marquée par la cession à l'établissement public nouvellement créé et en position de force de l'ensemble de ses terrains disponibles et jusqu'à l'instruction des permis de construire. L'inscription de la dernière-née des Villes Nouvelles parmi les premières opérations de renouvellement urbain, décision fondamentale prise par Claude Bartolone, va desserrer l'étau qui enserre Val-de-Reuil et lui permettre, en lui redonnant une capacité d'investissement, en la dotant de trente millions d'Euros, de procéder aux aménagements, aux réparations, aux améliorations que ses habitants exigeaient.

En 2005, sélectionnée une fois encore, dès les premiers jours de son existence, par l'agence nationale de rénovation urbaine, l'ANRU, Val-de-Reuil, avec l'aide  du département, grâce à Jean Louis Destans toujours présents, de la région avec Alain Le Vern, puis Nicolas Mayer-Rossignol, fidèles entre les fidèles, des Préfets, deus ex machina de ce miracle, Bernard Fragneau, Jacques Laisné,  Richard Samuel, Fabienne Buccio, Dominique Sorain, René Bidal, mais aussi de ses partenaires et de ses bailleurs, je songe à IBS, à Eure Habitat, à la Siloge, va prendre un nouvel essor. Il s'agit pour la Ville de redonner confiance aux milieux économiques, aux promoteurs et aux autorités administratives afin de relancer l'activité sur les parcs industriels à son profit comme à celui de ses voisines, de compenser un contrat d'agglomération plus que chiche à son égard et d'entamer, enfin, sa modernisation en utilisant au mieux les 100 millions d'euros que lui accorde alors Jean-Louis Borloo, Ministre de la Ville. Equipements publics (commissariat, collège Alphonse Allais, jardin sportif, théâtre, etc...), espaces publics (route des Falaises, dalle piétonne, place des Quatre Saisons, etc), habitat (déconstruction, réhabilitation, construction) qui va voir 3000 logements résidentialisés et réhabilités, une centaine disparaître et 500 être construits, cadre de vie et environnement (énergie solaire, chauffage au gaz, parkings, caméras de vidéo-vigilance, fibre numérique), une centaine d'actions urbaines, prolongées par l'effet multiplicateur de leur dynamique, vont accompagner la renaissance économique et démographique de Val-de-Reuil.

En 2014, cependant, la question se posait de voir la "cité contemporaine" rejoindre les agglomérations retenues pour le PNRU2, Plan National de Renouvellement Urbain de 2ème génération doté de 5 milliards d'Euros. Rien n'était sûr. La Ville était plus petite que les autres candidates. Leur liste est sur ce point éloquente. Peu de dossiers devaient être sélectionnés dans l'ouest français, ainsi que le démontre également la carte des villes retenues. L'Eure n'était pas la cible choisie par les concepteurs du plan. Alors que la Commune connaît encore de vraies difficultés et notamment le drame du chômage, certains disaient que la situation de Val-de-Reuil s'était déjà considérablement améliorée en termes d'implantations d'entreprises, de qualité du paysage, de sécurité garantie. Plus de la moitié des crédits étaient fléchés vers l'Ile-de-France et ses banlieues en difficulté : PACA soumis à la violence, la périphérie de la métropole lilloise, les bassins industriels de l'Est du pays confrontés à l'agonie de la sidérurgie et du charbon, les DOM-TOM oubliés des deux premières campagnes. On prédisait à la Ville qu'elle ne serait retenue, au mieux, que parmi les plans régionaux beaucoup plus limités, beaucoup moins dotés.

La sélection de Val-de-Reuil n'est donc que plus méritante et plus heureuse. Comment s'est-elle faite alors que Vernon, les Andelys et Louviers n'y sont pas, alors que Evreux-Nettreville profite de la porte ouverte par sa cadette de Gauche ? Sur trois arguments.

Sérieuse, solide et solidaire, Val-de-Reuil a joué le jeu qui lui était proposé, respecté les règles, privilégié l'efficacité et cela méritait récompense. Le parcours a été accompli tel qu'il avait été balisé par les architectes conseils de la Ville au premier rang desquels Philippe Vignaud. La maquette de l'ANRU a été scrupuleusement suivie ainsi qu'elle avait été définie avec l'agence jusqu'à la construction du théâtre devenue indispensable. Le budget municipal a su donner la priorité aux opérations labellisées ORU quitte à retarder d'autres réalisations sans doute plus gratifiantes pour des élus, mais moins porteuses de subventions, moins indispensables. Lorsque des collectivités se sont montrées défaillantes ou réticentes, la Ville a pris leur relais devenant un des financeurs les plus importants de son propre redressement. Enfin Val-de-Reuil a toujours accepté les audits, les vérifications, les contrôles de ses tutelles emportant leur confiance, acceptant que, chaque semaine, habitants, bailleurs, agents des services sociaux et techniques de la ville effectuent « un diagnostic en marchant » pour vérifier la bonne marche des chantiers, et réalisant un des cinq plans stratégiques locaux réalisés dans l'hexagone, dispositif créé par l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) et l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (ACSé), pour marquer la fin des travaux du renouvellement. La transparence était au rendez-vous.

Ouverte sur l'extérieur, citée en exemple par l'Agence, offrant la preuve par l'exemple d'une opération maîtrisée, la Ville a pu dans les derniers jours compter sur son réseau d'appuis et d'amis. Le Président de la République, en premier lieu, venu le 5 janvier 2013 inspecter une "opération de renouvellement urbain réussie" n'a pas oublié la promesse qu'il avait faite au maire qui le recevait. Laurent Fabius qui, depuis le Grand-Quevilly ou au Gouvernement, a toujours apporté à la commune son aide, ses conseils, sa force tranquille et son expérience unique, a mis, comme d'autres de ses collègues, son poids dans la balance. Les ministres de la Ville ont été décisifs : Patrick Kanner évidemment qui a donné son feu vert, Myriam El Khomry qui annonce déjà sa venue prochaine dans la ville, Jean-Louis Borloo téléphonant et bondissant pour son "bébé rolivalois", Claude Bartolone agissant et protégeant son action initiale. Combien de rencontres faites avec Fabrice Barbe, Catherine Duvallet, Fadilla Benamara, Jean-Jacques Coquelet, d'antichambres en bureaux parisiens, ont-elles permis de construire ce résultat collectif fondé sur le courage des habitants et la compétence des agents de la Ville ?

Que ferons-nous de cette chance ? Comment utiliserons-nous cet argent ? Vers la croissance, vers l'emploi, vers le développement, vers la modernité. Les immeubles du Mail pourront être refaits. Le prolongement de la dalle jusqu’à la Gare sera permis. La maison des services publics sera  réalisée.  « L’îlot 14 » sera enfin investi par des commerces.

Aujourd'hui Val-de-Reuil a gagné le droit d’envisager son existence avec optimisme pour les six prochaines années. A titre personnel, j'ai l'impression, en ayant réussi à qualifier ma Ville trois fois dans un processus difficile, d'avoir rempli précisément ma tâche, mérité la confiance que les Rolivalois ne m'ont jamais refusée, atteint l'objectif que je m'étais fixé : tout faire pour le bien de ma Ville et de ses habitants. J'en suis très fier. J'ai tenu mes promesses. J'ai rempli mon contrat. Retroussons-nous les manches et travaillons. »

Marc-Antoine Jamet
Maire de Val-de-Reuil

15 décembre 2014

Patrick Buisson, promoteur du rapprochement idélologique entre l'UMP et le FN, doit se frotter les mains…


Les dirigeants de l’UMP ne se sont pas gênés pour fustiger François Hollande, pas assez vigilant sur la moralité voire l’honnêteté de certains de ses ministres ou secrétaires d’état contraints à la démission. Sur le plan formel ils avaient raison même si plusieurs élus de ce parti de droite traînent des casseroles nombreuses à l’image du nouveau président Sarkozy.
La mésaventure survenue à Nathalie Kosciusko-Morizet démontre que nul n’est à l’abri d’une forme de laxisme ou de naïveté selon qu’on est bienveillant ou qu’on l’est moins. En nommant Fatima Allaoui, secrétaire nationale de l’UMP chargée de la formation professionnelle, Nicolas Sarkozy, sur proposition de sa vice-présidente NKM, a promu une adhérente du SIEL, un micro-parti d’extrême droite lié au Front national. Sur France Info, ce matin, NKM a fait l’étonnée et n’a pas manqué de faire part de sa surprise ajoutant que si Mme Allaoui avait frayé avec le SIEL, elle en tirerait toutes les conséquences.
Ça, c’est de la cuisine interne. Je souhaite seulement insister sur deux aspects de ce dossier relativement mineur, j’en conviens. Primo, il est maintenant acquis que les responsables politiques de haut niveau ne prennent pas suffisamment de précautions avant de désigner des responsables engageant une collectivité quelle qu’elle soit : parti, gouvernement, etc. A gauche et à droite, la preuve est faite que n’importe qui, n’importe quand, peut tirer profit d’une amitié, d’une relation privilégiée, pour arriver au faîte du pouvoir.
Secundo, la proximité des théories et idées de Sarkozy permet des rapprochements idéologiques avec l’extrême-droite qu’on aurait pu croire impossibles il y a dix ou vingt ans. A force de siphonner les idées du FN, l’UMP est devenue poreuse à toutes ces théories plus ou moins fantasmées sur « le grand remplacement », l’immigration et l'insécurité…en un mot, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ne sont plus dans une différence de natures mais de degrés. Finalement le grand vainqueur du futur duel potentiellement en gestation entre les deux personnalités de droite et d'extrême droite est Patrick Buisson, ancien membre de l’extrême droite, devenu conseiller de Sarkozy avant l’embardée des fameux enregistrements…

« Le néolibéralisme conduira l'Europe à la catastrophe économique, écologique et sociale », les peuples n'en veulent plus


Jean-Claude Juncker le nouveau président de la Commission.
La récente mise en lumière des pratiques luxembourgeoises à l’égard des multinationales installées en Europe, éclaire d’un jour nouveau la personnalité et le rôle des principaux dirigeants de la Commission européenne passés et présents, à commencer par ses présidents.

Que le Luxembourg soit un paradis fiscal, ce n’est certes pas une découverte ! Mais ce qui est nouveau en revanche, c’est la mise au jour des mécanismes conçus et appliqués par les plus hauts responsables de ce petit pays pour faire évader les profits des plus grands groupes mondiaux opérant en Europe, tout en y retirant avantage. Cela en utilisant au détriment des autres pays de l’Union les outils d’un dumping fiscal éhonté. Mais aussi en tirant le meilleur parti du laxisme coupable de la législation communautaire en ce domaine.

Car ces pratiques scandaleuses, même si elles ne sont pas juridiquement condamnables, sont totalement immorales et parfaitement contraires à l’esprit qui présida à la fondation de ce qui se nomme aujourd’hui « Union européenne ». Plaisant euphémisme que cette union de façade derrière laquelle chaque pays membre défend égoïstement ses propres intérêts sans se soucier un seul instant de l’intérêt général des peuples qui la compose ni du préjudice qu’il porte aux autres membres. Cette soi-disant Union, où tous les coups tordus sont permis tant qu’on ne se fait pas prendre, ne fait le bonheur que de quelques uns.

Les maîtres d’œuvre de ce qu’il faut clairement dénoncer comme un système d’évasion fiscale à grande échelle sont désormais connus : ils sont les premiers ministres luxembourgeois qui se sont succédé depuis un quart de siècle à la tête de leur pays : Jacques Santer, de 1989 à 1995, et Jean-Claude Juncker, de 1995 à 2013. Et comme par hasard, ils ont été l’un et l’autre président de la Commission européenne : Jacques Santer de 1995 à 1999 et Jean-Claude Juncker depuis cette année 2014. Jacques Santer, contraint de démissionner avec toute la Commission européenne en 1999 après qu’un rapport ait été publié qui dénonçait la fraude et le népotisme régnant alors à Bruxelles. Parmi les commissaires européens épinglés par ce rapport, il n’est pas inutile de rappeler que figurait en bonne place la socialiste Édith Cresson, pour avoir recruté dans son cabinet de Bruxelles, un ami dentiste de Châtellerault dont la réalité de l’emploi apparaissait plus qu’hypothétique.

En forme de parenthèse, la présidence de José Manuel Barroso — idéologue borné et personnage inconsistant comme on les adore à Bruxelles car ils ne fâchent personne — a permis de laisser s’écouler le temps suffisant pour que soient oubliées dans l’opinion publique les turpitudes passées de son prédécesseur. Et ainsi au Luxembourg, au terme de sordides tractations, de revenir aux commandes de l’Union avec l’inoxydable Jean-Claude Juncker pas le moins du monde gêné par ces révélations qui le disqualifient. Gageons que la lutte contre l’évasion fiscale, véritable fléau européen, ne constituera pas sa première préoccupation.

Ne nous étonnons donc pas de l’état de déliquescence démocratique de cette Europe-là et du rejet qu’elle suscite chaque jour davantage auprès des peuples qu’elle humilie en bafouant leur vote quand il ne lui convient pas ou en leur infligeant avec la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) les souffrances et les ravages des cures d’austérité. Pas plus que des raisons pour lesquelles la Commission européenne n’a jamais véritablement cherché à combattre ces pratiques détestables de dumping fiscal. Cette Europe-là permet aux deux grandes formations politiques qui s’y partagent le pouvoir depuis des lustres au parlement, le PPE et le PSE, de s’y neutraliser en se partageant les places et en s’accordant sur l’essentiel. Tout en laissant les groupes d’intérêts transnationaux  — à commencer par les banques qui en sont dans l’ombre les vrais acteurs — imposer contre la volonté des peuples le néolibéralisme financier qui les gave mais détruit tout sur son passage et conduira l’Europe et le monde à la catastrophe économique, écologique et sociale.

Reynald Harlaut

14 décembre 2014

500 000 adhérents au PS en 2017 ! Cambadélis peut toujours rêver…


Jean-Christophe Cambadélis. (JCH)
Il peut toujours rêver !  500 000 adhérents au Parti socialiste en 2017 ! Voilà l’objectif que s’assigne Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire, et qu’il a annoncé hier lors du conseil national du parti. Il rêve parce que cet objectif est inatteignable et le pire c’est qu’il le sait bien. Comment les animateurs d’un parti de 150 000 adhérents inscrits au fichier aujourd’hui dont 60 000 seulement ont payé leur timbre en 2014 pourrait-il, en deux ans et demi, convaincre 400 000 Français de rejoindre ses rangs alors qu’il est divisé, traversé par des courants contraires et que son expression gouvernementale est aujourd’hui ce qu’elle est ?
Prenons l’exemple de Louviers. Le secrétaire de section a démissionné et personne n’a encore levé le petit doigt pour le remplacer. 11 adhérents seulement ont voté pour les candidats présentés par le PS aux prochaines cantonales alors qu’ils savaient que les deux noms proposés n’avaient rien de définitif. Le ticket Leslie Cléret-Eric Lardeur (PS) va devenir, selon toute vraisemblance, un ticket Leslie Cléret-Patrice Yung (PS-PRG). Autrement dit le vote militant ne sert à rien si c’est pour recycler un membre du PRG élu depuis 1976 ! Presque 40 ans de vie politique locale. Sa personne n’est pas en cause mais où sont le renouvellement, le rajeunissement ?
Nulle part et c’est normal puisque le PS, comme le reconnaît Cambadélis, est un parti de professionnels. Il a perdu sa base idéologique. Les élections municipales de mars dernier ont saigné à blanc ce parti d’élus et 7000 agents territoriaux, membres des cabinets et animateurs du parti, ont dû chercher un autre emploi. Et ce n’est pas fini. Les projections des élections cantonales accordent au PS la conservation d’une vingtaine de départements sur les 60 qu’il dirige aujourd’hui. Dans l’Eure, Jean-Louis Destans a du mouron à se faire, pour lui-même à Brionne et évidemment pour la présidence du conseil général.
Cambadélis parle de simplifier le système d’adhésions, de réduire le tarif des cotisations, d’utiliser au mieux les réseaux sociaux, comme si adhérer à un parti était aussi facile que d’acheter sa baguette de pain. Il est vrai que tout dépend de ce que l’on souhaite. S’il s’agit de recruter en masse des adhérents à 20 euros, comme en 2006 avant l’élection présidentielle de 2007, le nombre des adhérents augmentera mécaniquement et ils disparaîtront sitôt l’élection passée. Je connais de ces adhérents de 2006 qui n’ont jamais assisté à une réunion de section ou distribué un seul tract ! Mais s’il s’agit de rassembler des militants, engagés sur le terrain, prêts à s’investir, à coller des affiches, à distribuer des journaux, à rédiger des professions de foi, à soutenir des candidatures aux élections, à inventer le PS des années 2020, c’est une autre paire de manche.
Nous n’étions que quelques-uns, vendredi à Val-de-Reuil, pour écouter Jean-Pierre Rioux évoquer la vie de Jean Jaurès. Les temps ont changé mais la bonne parole de celui dont le nom résonne à nos oreilles comme LA référence de l’engagement, de la sincérité et du désintéressement pécuniaire, continue de porter. Le problème n’est pas la quantité des militants ou des adhérents mais leur qualité : des hommes et des femmes de conviction engagés dans un combat collectif fondé sur des valeurs et un socle idéologique solide. N’ayons pas peur des mots : Il faut chercher la vérité et la dire.