Jean-Christophe Cambadélis. (JCH) |
Il peut toujours rêver ! 500 000 adhérents au Parti socialiste
en 2017 ! Voilà l’objectif que s’assigne Jean-Christophe Cambadélis, le
premier secrétaire, et qu’il a annoncé hier lors du conseil national du parti.
Il rêve parce que cet objectif est inatteignable et le pire c’est qu’il le sait
bien. Comment les animateurs d’un parti de 150 000 adhérents inscrits au
fichier aujourd’hui dont 60 000 seulement ont payé leur timbre en 2014
pourrait-il, en deux ans et demi, convaincre 400 000 Français de rejoindre ses
rangs alors qu’il est divisé, traversé par des courants contraires et que son
expression gouvernementale est aujourd’hui ce qu’elle est ?
Prenons l’exemple de
Louviers. Le secrétaire de section a démissionné et personne n’a encore levé le
petit doigt pour le remplacer. 11 adhérents seulement ont voté pour les
candidats présentés par le PS aux prochaines cantonales alors qu’ils savaient
que les deux noms proposés n’avaient rien de définitif. Le ticket Leslie
Cléret-Eric Lardeur (PS) va devenir, selon toute vraisemblance, un ticket
Leslie Cléret-Patrice Yung (PS-PRG). Autrement dit le vote militant ne sert à
rien si c’est pour recycler un membre du PRG élu depuis 1976 ! Presque 40
ans de vie politique locale. Sa personne n’est pas en cause mais où sont le
renouvellement, le rajeunissement ?
Nulle part et c’est normal
puisque le PS, comme le reconnaît Cambadélis, est un parti de professionnels.
Il a perdu sa base idéologique. Les élections municipales de mars dernier ont
saigné à blanc ce parti d’élus et 7000 agents territoriaux, membres des
cabinets et animateurs du parti, ont dû chercher un autre emploi. Et ce n’est
pas fini. Les projections des élections cantonales accordent au PS la
conservation d’une vingtaine de départements sur les 60 qu’il dirige
aujourd’hui. Dans l’Eure, Jean-Louis Destans a du mouron à se faire, pour
lui-même à Brionne et évidemment pour la présidence du conseil général.
Cambadélis parle de
simplifier le système d’adhésions, de réduire le tarif des cotisations,
d’utiliser au mieux les réseaux sociaux, comme si adhérer à un parti était
aussi facile que d’acheter sa baguette de pain. Il est vrai que tout dépend de
ce que l’on souhaite. S’il s’agit de recruter en masse des adhérents à 20
euros, comme en 2006 avant l’élection présidentielle de 2007, le nombre des
adhérents augmentera mécaniquement et ils disparaîtront sitôt l’élection
passée. Je connais de ces adhérents de 2006 qui n’ont jamais assisté à une
réunion de section ou distribué un seul tract ! Mais s’il s’agit de
rassembler des militants, engagés sur le terrain, prêts à s’investir, à coller
des affiches, à distribuer des journaux, à rédiger des professions de foi, à
soutenir des candidatures aux élections, à inventer le PS des années 2020,
c’est une autre paire de manche.
Nous n’étions que quelques-uns,
vendredi à Val-de-Reuil, pour écouter Jean-Pierre Rioux évoquer la vie de Jean
Jaurès. Les temps ont changé mais la bonne parole de celui dont le nom résonne
à nos oreilles comme LA référence de l’engagement, de la sincérité et du
désintéressement pécuniaire, continue de porter. Le problème n’est pas la
quantité des militants ou des adhérents mais leur qualité : des hommes et
des femmes de conviction engagés dans un combat collectif fondé sur des valeurs
et un socle idéologique solide. N’ayons pas peur des mots : Il faut chercher la vérité et la dire.
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