15 décembre 2014

« Le néolibéralisme conduira l'Europe à la catastrophe économique, écologique et sociale », les peuples n'en veulent plus


Jean-Claude Juncker le nouveau président de la Commission.
La récente mise en lumière des pratiques luxembourgeoises à l’égard des multinationales installées en Europe, éclaire d’un jour nouveau la personnalité et le rôle des principaux dirigeants de la Commission européenne passés et présents, à commencer par ses présidents.

Que le Luxembourg soit un paradis fiscal, ce n’est certes pas une découverte ! Mais ce qui est nouveau en revanche, c’est la mise au jour des mécanismes conçus et appliqués par les plus hauts responsables de ce petit pays pour faire évader les profits des plus grands groupes mondiaux opérant en Europe, tout en y retirant avantage. Cela en utilisant au détriment des autres pays de l’Union les outils d’un dumping fiscal éhonté. Mais aussi en tirant le meilleur parti du laxisme coupable de la législation communautaire en ce domaine.

Car ces pratiques scandaleuses, même si elles ne sont pas juridiquement condamnables, sont totalement immorales et parfaitement contraires à l’esprit qui présida à la fondation de ce qui se nomme aujourd’hui « Union européenne ». Plaisant euphémisme que cette union de façade derrière laquelle chaque pays membre défend égoïstement ses propres intérêts sans se soucier un seul instant de l’intérêt général des peuples qui la compose ni du préjudice qu’il porte aux autres membres. Cette soi-disant Union, où tous les coups tordus sont permis tant qu’on ne se fait pas prendre, ne fait le bonheur que de quelques uns.

Les maîtres d’œuvre de ce qu’il faut clairement dénoncer comme un système d’évasion fiscale à grande échelle sont désormais connus : ils sont les premiers ministres luxembourgeois qui se sont succédé depuis un quart de siècle à la tête de leur pays : Jacques Santer, de 1989 à 1995, et Jean-Claude Juncker, de 1995 à 2013. Et comme par hasard, ils ont été l’un et l’autre président de la Commission européenne : Jacques Santer de 1995 à 1999 et Jean-Claude Juncker depuis cette année 2014. Jacques Santer, contraint de démissionner avec toute la Commission européenne en 1999 après qu’un rapport ait été publié qui dénonçait la fraude et le népotisme régnant alors à Bruxelles. Parmi les commissaires européens épinglés par ce rapport, il n’est pas inutile de rappeler que figurait en bonne place la socialiste Édith Cresson, pour avoir recruté dans son cabinet de Bruxelles, un ami dentiste de Châtellerault dont la réalité de l’emploi apparaissait plus qu’hypothétique.

En forme de parenthèse, la présidence de José Manuel Barroso — idéologue borné et personnage inconsistant comme on les adore à Bruxelles car ils ne fâchent personne — a permis de laisser s’écouler le temps suffisant pour que soient oubliées dans l’opinion publique les turpitudes passées de son prédécesseur. Et ainsi au Luxembourg, au terme de sordides tractations, de revenir aux commandes de l’Union avec l’inoxydable Jean-Claude Juncker pas le moins du monde gêné par ces révélations qui le disqualifient. Gageons que la lutte contre l’évasion fiscale, véritable fléau européen, ne constituera pas sa première préoccupation.

Ne nous étonnons donc pas de l’état de déliquescence démocratique de cette Europe-là et du rejet qu’elle suscite chaque jour davantage auprès des peuples qu’elle humilie en bafouant leur vote quand il ne lui convient pas ou en leur infligeant avec la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) les souffrances et les ravages des cures d’austérité. Pas plus que des raisons pour lesquelles la Commission européenne n’a jamais véritablement cherché à combattre ces pratiques détestables de dumping fiscal. Cette Europe-là permet aux deux grandes formations politiques qui s’y partagent le pouvoir depuis des lustres au parlement, le PPE et le PSE, de s’y neutraliser en se partageant les places et en s’accordant sur l’essentiel. Tout en laissant les groupes d’intérêts transnationaux  — à commencer par les banques qui en sont dans l’ombre les vrais acteurs — imposer contre la volonté des peuples le néolibéralisme financier qui les gave mais détruit tout sur son passage et conduira l’Europe et le monde à la catastrophe économique, écologique et sociale.

Reynald Harlaut

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