« Il est des tournants qu'une
Ville doit savoir prendre, qu'elle ne peut pas manquer qu'elle n'a pas le droit
de rater. Par trois fois en quinze ans
seulement, le destin, la place, l'avenir de Val-de-Reuil, se seront joués
autour du dossier de son renouvellement urbain.
En 2001,
la plus jeune commune de France se relève à peine d'une situation financière
dramatique qui lui fait cumuler une dette colossale, une fiscalité brutalement
et massivement augmentée à la demande conjointe du préfet et de la chambre régionale
des comptes, une adhésion à Seine-Eure, qui n'est alors qu'une communauté de
communes, marquée par la cession à l'établissement public nouvellement créé et
en position de force de l'ensemble de ses terrains disponibles et jusqu'à
l'instruction des permis de construire. L'inscription
de la dernière-née des Villes Nouvelles parmi les premières opérations de
renouvellement urbain, décision fondamentale prise par Claude
Bartolone, va desserrer l'étau qui
enserre Val-de-Reuil et lui permettre, en lui redonnant une capacité
d'investissement, en la dotant de
trente millions d'Euros, de procéder aux aménagements, aux réparations,
aux améliorations que ses habitants exigeaient.
En 2005,
sélectionnée une fois encore, dès les
premiers jours de son existence, par l'agence nationale de rénovation urbaine,
l'ANRU, Val-de-Reuil, avec l'aide du département, grâce à
Jean Louis Destans toujours présents, de la région avec Alain Le Vern, puis
Nicolas Mayer-Rossignol, fidèles entre les fidèles, des Préfets, deus
ex machina de ce miracle, Bernard Fragneau, Jacques Laisné, Richard
Samuel, Fabienne Buccio, Dominique Sorain, René Bidal, mais aussi de ses
partenaires et de ses bailleurs, je songe à IBS, à Eure Habitat, à la Siloge, va prendre un nouvel essor. Il
s'agit pour la Ville de redonner
confiance aux milieux économiques, aux promoteurs et aux autorités
administratives afin de relancer
l'activité sur les parcs industriels à son profit comme à celui de ses voisines,
de compenser un contrat d'agglomération plus que chiche à son égard et d'entamer, enfin, sa modernisation en utilisant
au mieux les 100 millions d'euros que lui accorde alors Jean-Louis
Borloo, Ministre de la Ville. Equipements
publics (commissariat, collège Alphonse Allais, jardin sportif, théâtre,
etc...), espaces publics (route
des Falaises, dalle piétonne, place des Quatre Saisons, etc), habitat (déconstruction, réhabilitation,
construction) qui va voir 3000 logements résidentialisés et réhabilités, une
centaine disparaître et 500 être construits, cadre de vie et environnement (énergie solaire, chauffage au
gaz, parkings, caméras de vidéo-vigilance, fibre numérique), une centaine d'actions urbaines, prolongées
par l'effet multiplicateur de leur dynamique, vont accompagner la renaissance économique
et démographique de Val-de-Reuil.
En
2014, cependant, la question se posait de voir la "cité
contemporaine" rejoindre les agglomérations retenues pour le PNRU2,
Plan National de Renouvellement Urbain de 2ème génération doté de 5 milliards
d'Euros. Rien n'était sûr. La Ville était plus petite que les autres
candidates. Leur liste est sur ce point éloquente. Peu de dossiers devaient être
sélectionnés dans l'ouest français, ainsi que le démontre également la carte
des villes retenues. L'Eure n'était pas la cible choisie par les concepteurs du
plan. Alors que la Commune connaît encore de vraies difficultés et notamment le
drame du chômage, certains disaient que la situation de Val-de-Reuil s'était déjà
considérablement améliorée en termes d'implantations d'entreprises, de qualité
du paysage, de sécurité garantie. Plus de la moitié des crédits étaient fléchés
vers l'Ile-de-France et ses banlieues en difficulté : PACA soumis à la
violence, la périphérie de la métropole lilloise, les bassins industriels de
l'Est du pays confrontés à l'agonie de la sidérurgie et du charbon, les DOM-TOM
oubliés des deux premières campagnes. On
prédisait à la Ville qu'elle ne serait retenue, au mieux, que parmi les plans régionaux
beaucoup plus limités, beaucoup moins dotés.
La sélection
de Val-de-Reuil n'est donc que plus méritante et plus heureuse. Comment
s'est-elle faite alors que Vernon, les Andelys et Louviers n'y sont pas, alors
que Evreux-Nettreville profite de la porte ouverte par sa cadette de Gauche ?
Sur trois arguments.
Sérieuse,
solide et solidaire, Val-de-Reuil a joué le jeu
qui lui était proposé, respecté les règles, privilégié l'efficacité et cela méritait
récompense. Le parcours a été accompli tel
qu'il avait été balisé par les architectes conseils de la Ville au premier rang
desquels Philippe Vignaud. La maquette de l'ANRU a été scrupuleusement suivie
ainsi qu'elle avait été définie avec l'agence jusqu'à la construction du théâtre
devenue indispensable. Le budget municipal a su donner la priorité aux opérations
labellisées ORU quitte à retarder d'autres réalisations sans doute plus
gratifiantes pour des élus, mais moins porteuses de subventions, moins
indispensables. Lorsque des collectivités se sont montrées défaillantes ou réticentes,
la Ville a pris leur relais devenant un des financeurs les plus importants de
son propre redressement. Enfin Val-de-Reuil a toujours accepté les audits, les
vérifications, les contrôles de ses tutelles emportant leur confiance,
acceptant que, chaque semaine, habitants, bailleurs, agents des services
sociaux et techniques de la ville effectuent « un diagnostic en marchant »
pour vérifier la bonne marche des chantiers, et réalisant un des cinq plans
stratégiques locaux réalisés dans l'hexagone, dispositif créé par l’Agence
Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) et l’Agence nationale pour la cohésion
sociale et l’égalité des chances (ACSé), pour marquer la fin des travaux du
renouvellement. La transparence était au rendez-vous.
Ouverte
sur l'extérieur, citée en exemple par l'Agence, offrant la preuve par l'exemple
d'une opération maîtrisée, la Ville a pu dans les derniers jours compter sur
son réseau d'appuis et d'amis. Le Président de la République,
en premier lieu, venu le 5 janvier 2013
inspecter une "opération de renouvellement urbain réussie" n'a pas
oublié la promesse qu'il avait faite au maire qui le recevait. Laurent
Fabius qui, depuis le Grand-Quevilly ou au Gouvernement, a toujours apporté à
la commune son aide, ses conseils, sa force tranquille et son expérience
unique, a mis, comme d'autres de ses collègues, son poids dans la balance. Les
ministres de la Ville ont été décisifs : Patrick Kanner évidemment qui a donné
son feu vert, Myriam El Khomry qui annonce déjà sa venue prochaine dans la
ville, Jean-Louis Borloo téléphonant et bondissant pour son "bébé
rolivalois", Claude Bartolone agissant et protégeant son action initiale. Combien de rencontres faites avec Fabrice
Barbe, Catherine Duvallet, Fadilla Benamara, Jean-Jacques Coquelet,
d'antichambres en bureaux parisiens, ont-elles permis de construire ce résultat
collectif fondé sur le courage des habitants et la compétence des agents de la
Ville ?
Que
ferons-nous de cette chance ? Comment utiliserons-nous cet argent ? Vers la
croissance, vers l'emploi, vers le développement, vers la modernité. Les
immeubles du Mail pourront être refaits. Le prolongement de la dalle jusqu’à la
Gare sera permis. La maison des services publics sera réalisée. « L’îlot
14 » sera enfin investi par des commerces.
Aujourd'hui Val-de-Reuil a gagné le droit d’envisager son
existence avec optimisme pour les six prochaines années. A titre personnel,
j'ai l'impression, en ayant réussi à qualifier ma Ville trois fois dans un
processus difficile, d'avoir rempli précisément ma tâche, mérité la confiance
que les Rolivalois ne m'ont jamais refusée, atteint l'objectif que je m'étais
fixé : tout faire pour le bien de ma Ville et de ses habitants. J'en suis très
fier. J'ai tenu mes promesses. J'ai rempli mon contrat. Retroussons-nous les
manches et travaillons. »
Marc-Antoine Jamet
Maire de Val-de-Reuil
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