4 novembre 2022

Bronca antiraciste à l'Assemblée nationale : un député RN tombe le masque et insulte un député noir LFI

Chassez le naturel, il revient au galop. Rien n’y fait, rien n’y fera. Les fondamentaux du Rassemblement national, ex Front national, sont bien ceux qu’un député plus impétueux que les autres, moins dissimulateur que les autres, a exprimés avec vigueur ce jeudi, dans l’hémicycle du Palais Bourbon où siègent les membres de l’Assemblée nationale. En apostrophant un député de la région parisienne, Carlos Martens Bilongo, d’un : « qu’il retourne » en Afrique selon les uns ou d’un « retourne en Afrique » selon d’autres, n’enlève rien au caractère raciste de l’injure. L’auteur de cette déplorable intervention, un certain Grégoire de Fournas, est un viticulteur de la région bordelaise. Même si certains de ces tweets anciens ont disparu dans la journée, on sait que l’auteur de l’injure est coutumier du fait. Il s'est emporté contre le député LFI car celui-ci protestait contre l'indifférence des gouvernements européens aux drames que vivent des migrants sur des bateaux secouristes. De Fournas a dit tout haut ce que trop de Français et aussi ses collègues pensent tout bas.

 

C’est ainsi. Ce n’est pas parce que Marine Le Pen a réussi à faire élire 89 député(e)s que son mouvement est devenu subitement fréquentable. Dans le naturel de ce parti politique où Jean-Marie Le Pen a longtemps sévi avec maintes saillies dès son élection en 1956 dans le mouvement de Poujade, qu’il a répétées tout au long de sa vie, figurent en bonne place la nostalgie  des bruits de botte et celle des insultes racistes les plus primaires. Inviter un député français, noir de peau, mais n’ayant jamais vécu en Afrique, à retourner sur un continent qui n’est pas le sien mais celui de ses ancêtres, c’est faire preuve d’une extrême bêtise et d’un grand mépris que l’Assemblée nationale a décidé de sanctionner. Sur proposition de sa présidente, Mme Yael Braun-Pivet, les élu(e)s ont en effet privé le député coupable de présence dans les travées pendant deux semaines et diminué son indemnité parlementaire, sanctions utilisées pour la seconde fois depuis 1958.

 

A l’évidence, c’est un rude coup contre le parti d’extrême droite. La fameuse dédiabolisation, ligne centrale de la stratégie de Marine Le Pen, démontre qu’il s’agit d’une illusion destinée à tromper les gogos. Jérôme Jaffré, un spécialiste de l’analyse politique considère que cette injure d’un député de base qui visiblement n’a rien compris à la ligne Le Pen, fait reculer le RN de plusieurs cases. La dame aux chats est en fait entourée de nostalgiques de l’Algérie française et de la colonisation, de skin-heads reconvertis, de petits fachos méchants et de racistes enfin vus sous leur vrai jour. Le masque est tombé.

 

 

2 novembre 2022

L’élection de Lula au Brésil : une bonne nouvelle pour l’Amazonie et la planète tout entière

L’élection de Lula, comme président du Brésil est aussi et surtout la défaite du machiste-raciste Bolsonaro. C’est une première satisfaction. C’est très important pour les minorités qui vont, enfin, pouvoir marcher la tête haute dans le respect de leur dignité. Mais Lula président va être confronté à un mur d’hostilité et de vengeance de la part des assemblées récemment élues et majoritaires à droite et à l’extrême droite. La violence de la campagne électorale et le déchainement des évangélistes, de certains militaires et des nostalgiques des coups d’état laissent planer un doute (Bolsonaro affirme vouloir respecter la constitution) sur une paisible passation de pouvoirs qui, de toutes façons n’aura lieu que dans deux mois. D’ici là, on peut compter sur le perdant pour se livrer à toutes les manœuvres possibles et…imaginables destinées à compliquer la tâche du nouveau président.

 

La victoire de Lula est aussi la victoire de la préservation de l’Amazonie et donc de toute la planète. Bolsonaro se moquait des alertes climatiques et favorisait des groupes et des intérêts financiers occupés à la déforestation et la disparition des peuples autochtones. On doit espérer que Lula va user de son pouvoir pour mettre un terme (provisoire ?) à ces terribles atteintes à la protection du poumon vert de notre terre. Sauver la forêt amazonienne c’est sauver l’oxygène du monde. En ce sens la victoire de Lula est un peu la victoire de tous ceux et toutes celles qui luttent pour préserver l’avenir de nos enfants contre le réchauffement climatique. L’accord économique du Mercosur et de l’Union européenne peut-il retrouver de la vigueur ? Devra-t-on le réexaminer pour le rendre supportable en termes d’émissions de CO2 ?

 

L’urgence est ailleurs. Des nuées de camions organisent des barrages routiers pour empêcher les échanges entre les villes et les régions brésiliennes. Que mijote l’apprenti dictateur ? Il avait prévenu, comme le fit Trump il y a deux ans, qu’il ne reconnaîtrait pas la victoire de Lula. Le peuple a parlé. Le suffrage universel ne se discute pas. Le drapeau de la gauche flotte dorénavant sur toute l’Amérique du sud. A elle de ne pas rater sa rencontre avec l’histoire.

30 octobre 2022

Le poutinien Jean-Luc Mélenchon n'est pas la solution pour une gauche de gouvernement

La constitution de la NUPES trouve sa justification dans une stratégie électoraliste permettant à un parti socialiste en état de mort cérébrale de sauver quelques positions. S’il est évident que des sièges ont été conquis grâce à cette union (1) un certain nombre de circonscriptions ont été perdues, nombre d’électeurs(trices) étant effarés par la violence et la tension suscitées par Jean-Luc Mélenchon, le grand architecte, bizarrement absent de l’Assemblée nationale pour des raisons que je ne m’explique pas. Le bruit et la fureur, s’ils sont légitimes face à certaines situations de pauvreté ou d’abandon sur le plan individuel, ne peuvent être conçues comme des méthodes de gouvernement ou d’opposition. Surtout si ces oppositions aspirent à gouverner un jour. Mélenchon fait peur à une majorité de Français et de Françaises. Il le sait et il en joue. Comme Jean-Marie Le Pen à ses débuts. Seulement lui, il ne voulait pas du pouvoir.

 

La majorité relative des partis Renaissance, Modem et Horizon, oblige le gouvernement à trouver des compromis pour faire adopter ses textes, et l’opposition à s’opposer avec les moyens du bord, la motion de censure étant un de ces moyens constitutionnels. Et c’est là que la faiblesse de la NUPES apparaît. Une opposition de gauche divisée en quatre parties inégales fait surgir, tôt ou tard, des différences devenues des divergences. L’histoire du PS, du PCF, des écologistes ne ressemble pas à celle de La France insoumise qui, même si elle est récente, est fondée sur la tension dans les rapports humains et donc sur une forme d’intolérance. L'Assemblée nationale n'est pas seulement une caisse de résonance. Elle est le lieu du débat qui ne se résume pas à un combat.

 

La prochaine motion de censure prônée par LFI ne sera pas signée par les trois autres partenaires (?) de la NUPES. EELV, le PCF et le PS (tendance Faure) refusent de faire de la censure un système apte à créer bien des contre-sens si on pense à la provocation du RN appelant à rejoindre la NUPES dans son opposition. Dans une France majoritairement de droite, le retour de la gauche au pouvoir ne pourra pas se faire seulement en hurlant ou en quittant l'hémicycle.

 

Car qu’on le veuille ou non, le RN n’est pas un parti comme un autre. Jeudi soir, dans l’émission « complément d’enquête » (sur la 2) les réseaux de Poutine en France étaient mis au jour. On y découvre les luttes d’influence des Russes engagées par des hommes comme François Fillon, Thierry Mariani, Philippe Olivier (2). C’est tout bénéfice pour Poutine. Les voyages ou les locaux qu’ils occupent sont (étaient ?) financés par la Russie qui a tenté avec RT (Russia Today) et Spoutnik d’entrer dans les foyers de l’hexagone pour y répandre la parole du Kremlin ou colporter des fausses nouvelles quand ce n’est pas pour porter atteinte à la sincérité du suffrage universel. Les neuf millions d’euros prêtés par une banque russe au RN contraint ce dernier à renvoyer l’ascenseur d’une manière ou d’une autre. On se souvient aussi des mails de LREM publiés sauvagement entre les deux tours de la présidentielle de 2017. On apprend dans le reportage que des hackers russes ont voulu rejouer la scène en 2022. 

 

Mais au fait, Jean-Luc Mélenchon (3) n’est-il pas l’homme qui le 24 février dernier, quand les Russes envahissaient l’Ukraine, prévoyait (outre les soi-disant « provocations américaines et de l’OTAN ») une guerre de quelques jours gagnée, selon lui, par Poutine. Depuis l’Ukraine se bat et les Russes reculent. Il y a là un point commun avec le RN qui devrait tous nous interpeller…y compris ses partenaires de la NUPES.

(1) dont celle de la 4e circonscription de l'Eure 

(2) Le beau-frère de Marine Le Pen.

(3) Je n'aime pas sa façon de toucher, les journalistes en particulier, en des gestes souvent condescendants autant que méprisants.