30 octobre 2022

Le poutinien Jean-Luc Mélenchon n'est pas la solution pour une gauche de gouvernement

La constitution de la NUPES trouve sa justification dans une stratégie électoraliste permettant à un parti socialiste en état de mort cérébrale de sauver quelques positions. S’il est évident que des sièges ont été conquis grâce à cette union (1) un certain nombre de circonscriptions ont été perdues, nombre d’électeurs(trices) étant effarés par la violence et la tension suscitées par Jean-Luc Mélenchon, le grand architecte, bizarrement absent de l’Assemblée nationale pour des raisons que je ne m’explique pas. Le bruit et la fureur, s’ils sont légitimes face à certaines situations de pauvreté ou d’abandon sur le plan individuel, ne peuvent être conçues comme des méthodes de gouvernement ou d’opposition. Surtout si ces oppositions aspirent à gouverner un jour. Mélenchon fait peur à une majorité de Français et de Françaises. Il le sait et il en joue. Comme Jean-Marie Le Pen à ses débuts. Seulement lui, il ne voulait pas du pouvoir.

 

La majorité relative des partis Renaissance, Modem et Horizon, oblige le gouvernement à trouver des compromis pour faire adopter ses textes, et l’opposition à s’opposer avec les moyens du bord, la motion de censure étant un de ces moyens constitutionnels. Et c’est là que la faiblesse de la NUPES apparaît. Une opposition de gauche divisée en quatre parties inégales fait surgir, tôt ou tard, des différences devenues des divergences. L’histoire du PS, du PCF, des écologistes ne ressemble pas à celle de La France insoumise qui, même si elle est récente, est fondée sur la tension dans les rapports humains et donc sur une forme d’intolérance. L'Assemblée nationale n'est pas seulement une caisse de résonance. Elle est le lieu du débat qui ne se résume pas à un combat.

 

La prochaine motion de censure prônée par LFI ne sera pas signée par les trois autres partenaires (?) de la NUPES. EELV, le PCF et le PS (tendance Faure) refusent de faire de la censure un système apte à créer bien des contre-sens si on pense à la provocation du RN appelant à rejoindre la NUPES dans son opposition. Dans une France majoritairement de droite, le retour de la gauche au pouvoir ne pourra pas se faire seulement en hurlant ou en quittant l'hémicycle.

 

Car qu’on le veuille ou non, le RN n’est pas un parti comme un autre. Jeudi soir, dans l’émission « complément d’enquête » (sur la 2) les réseaux de Poutine en France étaient mis au jour. On y découvre les luttes d’influence des Russes engagées par des hommes comme François Fillon, Thierry Mariani, Philippe Olivier (2). C’est tout bénéfice pour Poutine. Les voyages ou les locaux qu’ils occupent sont (étaient ?) financés par la Russie qui a tenté avec RT (Russia Today) et Spoutnik d’entrer dans les foyers de l’hexagone pour y répandre la parole du Kremlin ou colporter des fausses nouvelles quand ce n’est pas pour porter atteinte à la sincérité du suffrage universel. Les neuf millions d’euros prêtés par une banque russe au RN contraint ce dernier à renvoyer l’ascenseur d’une manière ou d’une autre. On se souvient aussi des mails de LREM publiés sauvagement entre les deux tours de la présidentielle de 2017. On apprend dans le reportage que des hackers russes ont voulu rejouer la scène en 2022. 

 

Mais au fait, Jean-Luc Mélenchon (3) n’est-il pas l’homme qui le 24 février dernier, quand les Russes envahissaient l’Ukraine, prévoyait (outre les soi-disant « provocations américaines et de l’OTAN ») une guerre de quelques jours gagnée, selon lui, par Poutine. Depuis l’Ukraine se bat et les Russes reculent. Il y a là un point commun avec le RN qui devrait tous nous interpeller…y compris ses partenaires de la NUPES.

(1) dont celle de la 4e circonscription de l'Eure 

(2) Le beau-frère de Marine Le Pen.

(3) Je n'aime pas sa façon de toucher, les journalistes en particulier, en des gestes souvent condescendants autant que méprisants. 

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