29 avril 2010

La Pasquaiade est une cagade

La Cour de justice de la République juge Charles Pasqua, déjà condamné à une année de prison ferme dans une précédente affaire. Le procureur a demandé que l'ancien ministre de l'Intérieur soit condamné à quatre ans de prison dont deux ferme dans un nouveau dossier d'abus de biens sociaux.

Charles Pasqua s'est défendu en chargeant des gens qu'il n'avait «jamais vus». Blanc comme neige. On ne peut rien lui reprocher. Ni coupable ni responsable. On verra bien comment les magistrats professionnels et les parlementaires qui composent la Cour de justice de la République, seule habilitée à juger les anciens ministres, réagiront. Iront-ils jusqu'à laver de tout soupçon l'ancien mentor de Nicolas Sarkozy dans les Hauts-de-Seine ? Le jetteront-ils dans les prisons de la République si mal entretenues et si anxiogènes ?

L'adepte de la tolérance zéro acceptera-t-il que ce principe sévère et pas toujours juste lui soit appliqué ? Charles Pasqua voulait terroriser les terroristes ! Aujourd'hui, il est terrorisé à l'idée d'aller en prison (ce que je ne souhaite à personne) et on le serait à moins. Les propositions de Pierre Boton pour améliorer l'accueil des détenus sont certainement intéressantes. Charles Pasqua n'a pas envie d'expérimenter le système.

Mais il se trouve que pour payer ses campagnes électorales, des fonds d'origine suspecte ont atterri sur les comptes en banque de Charles Pasqua et que des marchands bizarres (d'armes notamment) sont intervenus à un niveau également suspect. S'il ne s'agissait de millions et de financements occultes, je dirais que cette nouvelle Pasquaiade est une cagade, comme on dit autour des terrains de pétanque. Pour le créateur du SAC (Service d'action civique) cela ne fait pas sérieux. Et cela n'a rien de civique.

27 avril 2010

Saint-Dizier a gagné : Véolia-eau déboutée devant le Conseil d'Etat

Les grandes sociétés privées délégataires des services de l'eau et de l'assainissement n'ont pas toujours raison. Quand une commune prend le mors aux dents et décide que la plaisanterie a assez duré, elle parvient à ses fins c'est-à-dire à la révision à la baisse du prix de l'eau.

La Gazette des communes (datée du 26 avril 2010) journal indépendant, a publié cette semaine, le jugement du Conseil d'Etat donnant raison à la commune de Saint-Dizier (Haute-Marne) qui s'opposait à la société Vivendi, délégataire pour la gestion du réseau d'eau potable. Le Conseil d'Etat n'a fait qu'entériner le jugement de la cour administrative d'appel de Nancy.

En 1998, la commune a constaté un décalage important entre la marge annoncée par le fermier (2,5 %) — rappelons qu'à Louviers la marge annoncée par Véolia est de 2 % — et celle résultant de ses propres calculs (30 %). La commune a alors demandé un réexamen des tarifs pratiqués comme l'y autorisait le contrat d'affermage.

Sans accord entre les deux parties, une commission tripartite a été mise en place qui a préconisé une baisse du prix du mètre-cube d'eau de 1,548 francs. Une délibération du conseil a entériné le nouveau prix, délibération attaquée par Véolia-eau successeur de Vivendi. Véolia réclamait 5,5 millions d'euros en réparation de son manque à gagner. Le conseil d'Etat a considéré que la révision du prix de l'eau ne résultait pas d'une décision unilatérale mais d'une stricte application des termes du contrat d'affermage. Véolia a donc été déboutée.

Je propose aux élus de la CASE et à son président de faire calculer la marge réelle de Véolia (qui n'est pas de 2% d'après tous les observateurs objectifs) et d'engager une procédure de révision de prix du mètre-cube d'eau à la baisse sur le territoire de l'agglomération Seine-Eure. Ce qu'a obtenu Saint-Dizier, d'autres peuvent l'obtenir aussi.

Un texte de Bertrand Delanoë, maire de Paris

Jacques Calmon, secrétaire de la section socialiste de Pont-de-l'Arche, m'a adressé le texte d'une lettre de Bertrand Delanoë pendant la réunion de l'Organisation mondiale des pouvoirs locaux. L'extrait que j'ai retenu montre bien l'acuité des problèmes posés par l'accès à l'eau potable.


« Au cours de la table ronde organisée par Richard Daley, qui rassemble toutes les villes avec lesquelles il a tissé des liens de coopération et d’amitié, le maire d’Amman nous fait part de ses problèmes d’approvisionnement en eau potable. Il y a une grande inégalité dans l’accès à ce bien essentiel qui touche à la sécurité et à la santé. A la vie même. Certains doivent économiser ou comme à Paris faire évoluer les modes de gestion entre secteur public et secteur privé, pour les autres il s’agit tout simplement d’un enjeu de vie ou de mort soit par manque d’eau soit à cause de la pollution. Nous évoquons une possible coopération, sur ce sujet, entre Paris et Amman. Nous réfléchissons à une mise en commun d’expériences, de dispositifs, de moyens, pour travailler ensemble à l’adduction ou à l’assainissement de l’eau. A ce moment, le maire de Québec, Régis Labeaume se joint à nous. Et ainsi naît un engagement dont nous veillerons à ce qu’il se réalise : un programme de coopération dans la durée entre nos trois villes sur le thème de l’eau. Une fois de plus, les décisions se prennent en marge de l’événement : de l’utilité des conversations de couloir et des rencontres informelles. »

26 avril 2010

Le gros rouge qui tache sera la couleur dominante du programme de Sarkozy en 2012

Les déclarations d'Eric Besson, aujourd'hui, sont frappées du sceau de la prudence. Alors que son confrère Hortefeux annonçait la déchéance prochaine d'un monsieur accusé de tous les maux et qu'Eric Besson reconnaissait «la justesse» des interrogations du ministre auvergnat, le pouvoir découvre subitement que les faits reprochés (au conditionnel) au mari de la conductrice verbalisée, ne peuvent être sanctionnés par une annulation de sa naturalisation française.

Alors que faire ? C'est très simple annonce Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP : on va changer la loi. Ce pouvoir est extraordinaire. Le moindre fait divers, le moindre incident, le moindre accident, la moindre agression, conduisent à changer la loi. Mais la loi, quand elle n'est pas appliquée ou qu'elle s'avère inapplicable, n'est pas un outil de gouvernement. Et la loi, qui l'applique ? Sinon les professionnels du droit qu'est l'autorité judiciaire et ceux qui l'assistent : les policiers, les avocats…etc. La marge de manœuvre reste considérable car, heureusement, la séparation des pouvoirs assure encore notre liberté et notre libre-arbitre.

Depuis que Sarkozy est président de la République, la loi a été chamboulée, bouleversée à maintes reprises. Le parlement a dû constamment travailler dans l'urgence pour satisfaire l'appétit insatiable du pouvoir. En matière de sécurité, la droite essaie tout et son contraire. J'ai déjà écrit, sur ce blog, que soigner les conséquences de l'échec scolaire, de la misère sociale, susciter la peur de l'autre, alourdir les peines et les sanctions, n'aboutirait qu'à accroître le malaise et les tensions. La recrudescence du caillassage des bus est symptomatique de la réaction de certains jeunes des quartiers dits sensibles : «vous en voulez, vous en aurez !» Même si les chauffeurs de bus n'y sont pour rien.

Eric Besson assure que Nicolas Sarkozy reste le meilleur candidat de la droite pour 2012. Si j'en juge par les prédictions qu'il avançait au sujet du débat sur l'identité nationale et les résultats obtenus, ce monsieur n'a pas toujours raison. Le voilà même bombardé co-auteur du futur programme du candidat Sarkozy ! Parions que le « gros rouge qui tache » en sera la couleur dominante !

25 avril 2010

Eric Besson est un bonimenteur

« J’ai décidé d’écrire ce livre (1) pour toutes les femmes qui connaissent la douleur infinie de voir se détourner celui avec lequel elles croyaient avoir bâti une vie. Pour toutes mes consoeurs qui entrent dans la solitude à reculons et doivent se reconstruire. Je l’ai écrit parce que nous sommes des millions de femmes à mi-vie, maltraitées non par la nature mais par une société qui glorifie la jeunesse et encourage l’irresponsabilité des hommes. Celui qui a partagé ma vie pendant trente ans s’appelle Eric Besson. Transfuge politique et transfuge amoureux, il fut par tempérament l’homme des ruptures assumées. Nous sommes désormais séparés. Aujourd’hui, nous, les femmes, devons relever la tête et prendre le mors aux dents. L’avenir nous appartient. »

Ces phrases sont de Sylvie Brunel, ex-femme d'Eric Besson et mère de leurs trois enfants. Elle a écrit un livre pour exprimer son amertume, pour tenter de comprendre les trahisons de son ex-mari. Alors quand je lis sous la plume du ministre de l'Identité nationale et de l'immigration (2) que « le voile intégral n'est pas le bienvenu chez nous et qu'il doit être interdit. Que c'est une atteinte à la dignité des femmes » je m'interroge. Que met-il derrière le mot dignité ? La dignité des femmes l'intéresse-t-elle plus que la dignité de son ex-femme dont il a fait peu de cas après avoir rencontré une jeunette avec laquelle il partage sa vie aujourd'hui ?

Je ne suis pas puritain. Je considère que chacun doit conduire sa vie, comme il veut, comme il peut et avec qui il veut. Mais alors il ne faut pas s'ériger en donneur de leçons et de leçons de morale en particulier. Respecter la dignité des femmes implique de respecter celle de toutes les femmes et de la sienne en particulier.

Le doigt d'honneur discret d'Eric Besson à des journalistes de télévision est à l'image du personnage. Parfois vulgaire, souvent pervers. Socialiste, il est devenu sarkozyste. Je pense que la dignité des femmes ne le concerne guère. Il est au service d'une mauvaise cause illustrée par le débat sur l'identité nationale et l'échec de la pêche aux voix du Front national. Eric Besson est un bonimenteur.

(1) Manuel de guérilla à l’usage des femmes de Sylvie Brunel, Editeur : Grasset & Fasquelle, Langue : Français, ISBN-10 : 2246758610, ISBN-13 : 9782246758617
(2) « Le Journal du Dimanche » d'aujourd'hui