23 août 2014

Le gros coup de fatigue de Jean-Luc Mélenchon


Jean-Luc Mélenchon chez M-Real à Alizay. (Photo Reynald Harlaut)
J’ai eu l’occasion de croiser la route de Jean-Luc Mélenchon à trois ou quatre reprises. La première fois, c’était à Val-de-Reuil. Il était alors ministre (ou secrétaire d’Etat) à la formation professionnelle. L’homme avait de la conviction. Son discours, improvisé, démontrait une bonne connaissance du monde de l’apprentissage lui qui venait de visiter le CFA rolivalois…Il laissa d’ailleurs le souvenir d’un bon ministre, capable de mettre ses idées en actions et en actes. Son passage au gouvernement fut malheureusement pour les apprentis de courte durée.
Plus tard, j’ai rencontré le militant socialiste venu à Evreux défendre une motion d’avant congrès. Ses adversaires n’avaient pas pesé lourd dans le débat. Il faut dire que Jean-Luc Mélenchon a l’intelligence des situations et l’art de tenir une tribune. Je fus pourtant marqué par une forme d’intransigeance annonciatrice de ses futures foucades mais je découvris un homme déterminé, passionné.
Avec le temps et des désaccords idéologiques, Jean-Luc Mélenchon a quitté le Parti socialiste, créé le Parti de gauche puis le Front de gauche avec le Parti communiste. Ses onze et quelques pour cent à l’élection présidentielle, score décevant pour ses supporteurs, furent tout de même un excellent résultat démontrant la puissance de ses arguments et un vrai talent à susciter le soutien.
Pendant ces six années de combat politique, il eut le temps de se payer Marine Le Pen sans parvenir à la vaincre, de moquer François Hollande sans pouvoir empêcher son élection à la présidence, de tancer les journalistes et les médias pour leur « incompétence » et leur sens du suivisme, de dénoncer les socialistes comme des vendus au capital, de se fâcher avec ses meilleurs amis communistes (qui se méfiaient de lui comme de la peste) d’échouer aux européennes après avoir raté les municipales au cours desquelles le PCF préféra des postes à la pureté du discours et aux portes de l’avenir. 
Tout cela pèse, fatigue, épuise. JLM a beau avoir la santé, vient le moment de la lassitude, du burn-out comme disent les médecins du travail, surtout quand l’horizon laisse perler des brumes noirâtres et des chemises tout aussi brunes.
Jean-Luc Mélenchon a décidé de mettre les pouces et de se ressourcer dans l’écriture et la réflexion. Il travaille à donner du contenu à une éventuelle 6e République, celle qu’Arnaud Montebourg appelait déjà de ses vœux.
Ce recul est-il surprenant ? Pour qui connaît (un peu) le fonctionnement du monde politique, cette prise de distance était devenue inévitable. La stratégie de JLM ayant échoué, il était juste qu’il laissât la place à d’autres acteurs dotés d’une autre imagination. Insister eût été une preuve de faiblesse voire le signe d’un malaise personnel plus profond.
Le fait est qu’il est difficile, à gauche, de lutter à armes égales avec le Parti socialiste. Ce grand corps malade — Bernard-Henry Lévy disait même que ce corps était sans vie — parvient à surmonter ses contradictions et à continuer de dominer la gauche. Devenu social-démocrate, compromis dans le social-libéralisme avec Hollande-Valls, il sera difficile au PS de Cambadélis de faire machine arrière et d’en appeler à Jaurès et sa république sociale. Il y a donc de la place pour une gauche de la gauche mais avec quels objectifs ? Le gouvernement de la parole a encore de beaux jours devant lui.

22 août 2014

Les Djihadistes de l'Etat islamique sont les Nazis d'aujourd'hui


Un ami me rappelait, ce matin, comment Sophie Scholl et ses amis de la Rose blanche avaient été assassinés par les nazis, décapités à la hache ! La Rose blanche est le nom que s’étaient donné ces quelques étudiants allemands convaincus de la barbarie du nazisme et de la nécessité de s’y opposer. Dans l’Allemagne d’Hitler, mener le combat contre le pouvoir et la dictature était tout simplement synonyme de mort en cas de dénonciation et d’arrestation. C’est ce qui arriva à ce groupe extrêmement courageux et idéaliste reconnu lors d’une distribution de tracts antinazis dans lesquels Sophie Scholl et ses amis s’élevaient contre ce régime si haïssable.
Pourquoi être décapité à la hache ? Pour inspirer la terreur évidemment et susciter la peur d’agir. Si j’évoque Sophie Scholl et sa fin tragique c’est parce qu’il y a une similitude évidente entre les intentions des nazis et celles des fanatiques djihadistes. Les uns comme les autres ont « Dieu avec eux » ce qui leur permet tous les excès et autorise toute les sauvageries. La mort par décapitation du journaliste américain doit avoir, dans l’esprit de ces hommes-là, le même effet d’effroi à l’égard de tous ceux qui voudraient s’opposer à leur entreprise mais c’est là qu’ils se trompent.
Les démocraties sont lentes à réagir. Elles sont même parfois trop longtemps sourdes et aveugles. Pour des intérêts « bien » compris (les affaires, le pétrole, les richesses du sous-sol) l’occident y regarde souvent à deux fois avant d’entrer en scène. Le souvenir du colonialisme n’est pas étranger, non plus, à certaines hésitations. Mais quand il y a le feu au lac, comme au Mali, hier ou en Irak aujourd’hui, on doit trouver des capitaines assez courageux et assez lucides pour agir contre ces avancées de l’obscurantisme et de la terreur religieuse.
François Hollande a eu raison d’intervenir au Mali, il a eu raison d’armer les Kurdes le premier, ce que l’Europe communautaire commence à comprendre et à accepter. Ce n’est pas tous les jours que la France, l’Angleterre, l’Allemagne, les Etats-Unis font front uni contre le terrorisme. Les Kurdes irakiens luttent pied à pied, barrage après barrage contre les membres de l’Etat islamique. Avec l’aide et le soutien de l’aviation américaine et les livraisons d’armes des Européens, les Peshmergas contre attaquent avec succès. Attendons-nous donc à d’autres assassinats filmés et à d’autres images à ne pas regarder.

21 août 2014

Un maire FN augmente, illégalement, de 44 % son indemnité !


Des électeurs et des électrices ayant choisi un bulletin FN (aux municipales et aux européennes) l’ont fait pour marquer leur désapprobation à l’égard des comportements de certains élus de gauche et de droite. Le « tous pourris » est une machine infernale, très souvent injuste mais elle trouve une justification — si c’en est une — dans des excès coupables de quelques brebis galeuses heureusement minoritaires.
J’ai entendu maintes fois Marine Le Pen vanter l’exemplarité de ses élus et affirmer (sans rire) qu’ils agiraient en veillant à la bonne utilisation des deniers publics. Elle nettoierait les écuries d’Augias, elle décernerait des brevets de bonne conduite et surtout, elle mettrait fin aux systèmes permettant aux élus de « s’en mettre plein les poches » sur le dos des contribuables.
La presse nationale s’est faite l’écho de l’emploi comme assistante parlementaire de l’épouse de l’avocat Gilbert Collard, député bleu marine. Elle vient récemment de relever qu’un maire FN avait fait voter, il y a quelques semaines, une délibération augmentant son indemnité de maire de 44 % ainsi que celle de ses adjoints. Comme la préfecture — elle contrôle la légalité des décisions municipales — a constaté que cette délibération n’était pas conforme au droit, elle a été annulée  et le maire FN a dû revoir sa copie et rétablir le bon droit en respectant les lois existantes.
Au passage, dans le texte de la nouvelle délibération, le maire FN (quelle classe !) met en cause l’administration communale pour la rédaction du texte désavoué par le préfet. Autrement dit, le maire FN n’est même pas capable d’assumer ses choix et d’en porter la responsabilité morale et financière.La tradition républicaine veut que les agents de l'administration soient exonérés des fautes et erreurs commises au nom des élus.
Il est donc important que le public connaisse ces comportements de la part de gens, soi disant, aux mains propres. Je ne tombe pas dans la caricature pour affirmer que tous les élus FN veulent se payer sur la bête mais ce parti, comme d’autres, recèle des représentants dont la moralité est plus que suspecte. 

20 août 2014

Cécile Duflot dresse un portrait au vitriol de François Hollande


Cécile Duflot. (DR)
Je ne suis pas un admirateur béat de Cécile Duflot, l’ancienne ministre d’Europe-Ecologie-les-Verts, qui a tout de même eu le courage de refuser un poste élevé (numéro 2) dans le gouvernement de Manuel Valls. Ils sont si nombreux ceux et celles dont l’obsession demeure d’entrer dans un gouvernement qu’on ne peut que saluer l’honnêteté de quelqu’un dont on connaît la franchise et, parfois, l’acidité.
Dans un livre écrit avec la journaliste Cécile Amar, dont le Nouvel observateur publie quelques bonnes feuilles, Cécile Duflot raconte ses deux années passées au sein du gouvernement et l’obligation qui fut la sienne de taire ses désaccords ou de rendre publiques ses oppositions à certaines mesures du couple Hollande-Ayrault. Elle dresse un portrait ravageur du président de la République mais Martine Aubry, en son temps, avait fait la même analyse et mis en avant les mêmes défauts de caractère de François Hollande qui ne changera plus maintenant.
Des quelques épisodes narrés par Cécile Duflot, j’en retiens un, dont elle mesure pleinement les dommages causés dans le peuple de gauche et au-delà. Il s’agit de l’affaire Cahuzac. L’ancienne secrétaire général des Verts marque son étonnement face au soutien quasi inconditionnel de la part du président, de l’appareil socialiste et des parlementaires. Cet aveuglement, je le dis comme je le pense, était incompréhensible. Sans être un soutien inconditionnel d’Edwy Plenel et de ses journalistes, il était évident que s’ils avaient pris le risque de rendre publique l’existence d’un compte en Suisse du ministre du budget, c’est bien qu’ils avaient des billes et pouvaient prouver la véracité de leurs affirmations. J’ai souvenir que le lendemain de la publication du premier article de Mediapart, j’ai demandé sur ce blog la démission de M. Cahuzac et invité les plus hautes autorités de l’Etat à faire preuve de sévérité et cela rapidement. Pendant des semaines, l’affaire a traîné, M. Cahuzac s’est enfoncé chaque jour un peu plus jusqu’à ce qu’il avoue et passe pour ce qu’il était : un sacré menteur.
Cécile Duflot a donc raison de regretter ces mois d’hésitation et d’absence de choix clair de la part de François Hollande. Ce n’est que le couteau sous la gorge que le président a lâché son ministre avec des dommages terribles pour le positionnement moral des socialistes et l’honnêteté de la gauche. J’ai déjà exprimé ma conviction : l’affaire Cahuzac et sa conclusion (ministérielle et non judiciaire) a été ravageuse pour l’image de la gauche socialiste et ses effets perdurent…
Je m’étonne, simplement, que Cécile Duflot n’ait pas présenté sa démission du gouvernement à ce moment-là du quinquennat. Si elle l’avait fait, c’eût été plus convaincant et plus crédible que ces regrets à contretemps.

Nadine Morano déclenche une polémique…utile


Nadine Morano. (DR)
La polémique née après les propos de Nadine Morano (toujours elle !) qui s’insurge de voir une femme habillée de haut en bas sur une plage, surgit dans un climat général de stigmatisation des arabo-musulmans. Avec les entreprises colonialistes de l’Etat au Levant (les Djihadistes fous qui décapitent des journalistes et assassinent chrétiens et autres minorités religieuses) proposant de créer un Califat de l’Irak à La Syrie en passant partout où ils pourront ; avec les jeunes Français candidats au Djihad en Syrie contre Bachar Al Assad « car ils pourront pratiquer leur religion librement » ; avec le conflit israélo-palestinien qui n‘en finit pas (bombardements, roquettes, morts et blessés) il ne manque plus que les déclarations de Marine Le Pen sur l’occident chrétien et le monde barbare pour alimenter la machine raciste et islamophobe.
Voilà maintenant des années que le François moyen (très moyen) a fait du « maghrébin » quels que soient son âge, son sexe, sa profession, son niveau d’intégration, sa réussite professionnelle ou sociale, le bouc émissaire de nos fantasmes primaires. Il suffit qu’un Renaud Camus (« intellectuel » d’extrême-droite) annonce la fin de notre civilisation chrétienne d’ici quelques années pour que la toile s’empare de cette prophétie fantaisiste et apporte du carburant à la haine et au mépris.
Un fait est acquis. Compte tenu du nombre de musulmans en France, il faut se mettre dans l’idée qu’il nous faut apprendre à vivre ensemble : Chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, agnostiques, athées, dans une France ouverte au monde, aux idées et au pluralisme des pensées qu’elle soient magiques ou non.
Tous les discours visant à exclure qui que ce soit, sous quelque forme que ce soit, sont des discours mensongers. On ne jette pas trois millions de personnes à la mer. On ne peut revendiquer de supériorité culturelle, intellectuelle, religieuse, quand La France a l’histoire qu’elle a eue et le passé qu’elle a vécu. 
Je me souviens du slogan de SOS racisme « une mobylette marche mieux avec du mélange » il en va de même avec une société. Sinon, c’est la consanguinité et la reproduction des élites et des classes sociales issues du vieux monde.

18 août 2014

De la réussite de l'équipe de France d'athlétisme au coup de boule de Brandao


Plusieurs événements sportifs ont marqué la fin de la semaine. A l’évidence, les performances réalisées par les membres de l’équipe de France d’athlétisme occupent le haut du pavé. La dernière relayeuse du 4 fois 400 mètres féminin illustre parfaitement le climat de cette équipe de France d’exception rassemblant à la fois l’élégance du comportement et la réussite de la volonté.
Le comportement. Parlons-en. Mahiedine Mekissi Benabbad « imprévisible » comme le qualifie le président de la fédération française d’athlétisme, a totalement surpris son monde en gagnant le 1500 mètres dont il n’est pas un spécialiste. Certes, le temps réalisé, 3 minutes et quarante cinq secondes est très loin d’un temps de record mais lors de cette course, Mahiedine Mekhissi Benabbad a voulu prendre une revanche sur les esprits moqueurs (j’en étais) après qu’il a ôté son maillot lors de la finale du 3000 mètres steeple et la disqualification qui a suivi. Avant de franchir la ligne d’arrivée, il a fallu qu’il se distingue (un peu) mais cela lui sera pardonné.
L’équipe de France a été (ou sera) reçue par le président de la République trop heureux d’associer son image à celle d’une équipe qui gagne. Cela ne lui fera pas gagner un point dans les sondages mais, a contrario, il n’en perdra pas…Féliciter les lanceurs, sauteurs, coureurs de sprint ou de fond permet aussi de constater la diversité des talents d’une équipe jeune en préparation pour Rio et les jeux olympiques.
Autre facette du sport, le coup de boule de Brandao, joueur de l’équipe de ligue 1 de Bastia, à son collègue brésilien (1) Thiago-Motta, équipier de Paris-Saint-Germain. Les images sont limpides : Brandao prémédite son agression et ne laisse aucune chance au joueur parisien dont le nez cassé pisse le sang. Une fois de plus le monde du football professionnel se révèle tel qu’il est : violent, brutal, avec des joueurs d’une bêtise insondable. Même si, comme l’ont rapporté divers témoins, les deux joueurs ont eu des mots durant le match, il est totalement inadmissible, totalement inacceptable, qu’un joueur professionnel de ce niveau agresse qui que ce soit : joueur, arbitre ou quidam.
Ce qui sépare l’homme civilisé de l’homme bestial c’est le non passage à l’acte. Même en colère, même humilié, même insulté, un homme digne de ce nom doit réfléchir, se contenir, ne pas se mettre au niveau de son agresseur. La résolution des conflits doit emprunter le passage obligé de la non violence sinon, les autorités responsables ont l’obligation de sévir durement. Suarez « l’homme qui mord » l’a appris à ses dépens, Brandao devrait également connaître le même sort.
(1) Christian Renoncourt me signale opportunément que Thiago-Motta est Italien et non Brésilien. Bien qu'il soit né au Brésil et ait joué pour l'équipe brésilienne des moins de 17 ans, Thiago-Motta a opté pour l'équipe nationale italienne eu égard à ses ascendances du pays de la botte. D'où ma confusion dont mes lecteurs voudront bien m'excuser.