10 mai 2018

"Embaumer l'héritage pour mieux s'en débarrasser" : Le NPA de Louviers joue les redresseurs de torts à peu de frais


Lors du conflit Zimmerfer le CAG n'a pas attendu la LCR pour aider les grévistes en lutte. © Jean-Charles Houel
Je me demandais d’où viendrait l’attaque. Je ne suis pas déçu, elle vient du NPA. Comme disait Ernest Martin, le propre des partis politiques c’est de s’occuper du contenant et rarement du contenu. Pourquoi cette réflexion ? Parce que le NPA (voir La Dépêche d’aujourd’hui) juge iconoclaste le fait d’avoir accepté du maire de Louviers un débat public autour d’un livre sorti (1) récemment et consacré à l’action du Dr Martin, ancien maire, d’abord et du comité d’action de gauche ensuite. Pour le NPA, il s’agirait d’un embaumement, de quoi torturer les mânes de ceux et celles qui sont disparu(e)s et surtout les âmes de ceux qui survivent. Je ne sache pas que le NPA ou son ancêtre, la LCR, ait été directement partie prenante de l’action du Comité d’Action de Gauche sauf à participer, ici ou là, à des défilés et des cortèges…de protestation ce que le NPA sait le mieux faire.

Le NPA remarque avec sagacité que le maire porte l’étiquette UDI. Une étiquette droitière. Et que donc, son but serait d’enterrer définitivement l’histoire du CAG et celle de ceux qui la racontent. Voilà donc une vision simpliste et sectaire de l’histoire. Personne n’est dupe : ni le maire, ni Hélène Hatzfeld, ni moi-même. Il faudrait en effet être bien naïf pour ne pas imaginer que l’offre d’ouverture du maire est dénuée de toute arrière-pensée. François-Xavier Priollaud est Parisien. Il n’a pas toute la mémoire des dernières décennies lovériennes dont celles qui nous intéresseront lundi soir 14 mai à 20 h 30 au Moulin. Pourquoi n’en profiterait-il pas pour faire preuve d’une largesse institutionnelle qui ne l’engage pas politiquement ? Pour lui et pour nous-mêmes, il s’agira d’évoquer un moment d’histoire. Pourquoi Hélène Hatzfeld et moi-même refuserions-nous la proposition d’un maire élu démocratiquement par les Lovériens et qui n’impose ni n’exige quoi que ce soit des orateurs invités ? Comment le contraire serait-il même imaginable ? 

Dans l’interview qu’elle donne à La Dépêche aujourd’hui, Hélène Hatzfeld précise bien les rôles de chacun : « Cette soirée, nous l’avons préparée ensemble, Jean-Charles Houel et moi. Il va présenter des photos, rappeler qui sont les personnes photographiées et à quelle occasion ces photos ont été prises. Je ferai les commentaires historiques et politiques. »

Ensuite, il y aura débat. Chacun (même un membre du NPA) pourra prendre la parole librement soit pour abonder en remarques, soit pour préciser le récit, soit encore pour exprimer des critiques et notamment celles concernant l’organisation de la soirée. Hélène Hatzfeld et moi nous répondrons à toutes les questions liées à ces inventions citoyennes qui, à l’évidence, marquent encore durablement l’histoire de notre ville.

(1) « La politique à la ville, inventions citoyennes à Louviers (1965-1983). Editions Presses universitaires de Rennes. Le livre sera en vente lors de la soirée de lundi.
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6 mai 2018

La fête à Macron ou la fête aux « journaleux » ?


Le métier de François Ruffin (notre photo Libération) c’était, si j’ai bien compris, journaliste. Avec son journal Fakir, il avait réussi à fédérer un certain nombre de Français, ceux de Nuit debout et ceux favorables aux thèses économiques de Frédéric Lordon notamment. Quand on est un vrai journaliste on l’est pour toujours. Entre temps il est devenu député de Picardie, membre du groupe de la France Insoumise. Ce groupe est dirigé de main de maître par un Jean-Luc Mélenchon au mieux de sa forme surtout quand il s’agit de « se faire » les journalistes.

Ainsi, une manifestation organisée par un journaliste ( Ruffin et la fête à Macron) se transforme en une manif contre la presse, manif que Benoit Hamon juge « festive, apaisée, joyeuse. » De « la Fête à Macron » on est passé à « la fête aux journaleux » : Camion de télévision viré, pare brise de la voiture de France Info cassé, voiture de BFM vandalisée, jet d’œufs sur les photographes et sur les reporters, manquerait plus qu’une femme de presse ou qu’un membre d’une rédaction soit molesté. Quand je pense que Jean-Luc Mélenchon vantait la non violence comme moyen politique de conviction. Il est vrai qu'il n'est pas l'auteur des bavures.

Dans une démocratie normale, dans une démocratie républicaine donc, la presse jouit du privilège de bénéficier de la liberté. La liberté ? On a vu ce que cela donnait chez Charlie Hebdo. Il arrive que le prix à payer pour cette liberté soit très élevé en dignité et en vies humaines. Alors, pourquoi s’en prendre à la presse quand il s’agit surtout de contester la politique d’un gouvernement élu démocratiquement et qui devra un jour dégager, s’il dégage, après le verdict des urnes. Même le général De Gaulle en mai 1968, bien mal en point, s’est résolu à solliciter les suffrages des Français qu’il a d’ailleurs convaincus.

« La démocratie c’est un état d’esprit » affirmait Pierre Mendès France. Jupiter semble n’avoir retenu de la 5e République que la verticalité celle que permet une constitution écrite pour le général De Gaulle et dont ses successeurs de sont accommodés. Il va sans dire que la violence et le mépris de certains des propos présidentiels ne favorisent pas la recherche du compromis ou mieux du consensus. Cela tombe bien : Jean-Luc Mélenchon n’aime ni le compromis ni le consensus. C’est tout ou rien. Il lui faudra cependant attendre son tour, patiemment, jusqu’aux élections européennes, d’abord et municipales ensuite, pour tenter de faire une vraie (cette fois) fête à Macron. Si je lis les sondages les plus frais, Jean-Luc Mélenchon n’a pas encore atteint le seuil de crédibilité susceptible de lui ouvrir les portes du pouvoir. Il n’est pas tout seul d’ailleurs puisqu’il a vu 160 000 participants, hier à Paris, alors qu’un comptage indépendant…des journalistes n’en a constaté que 39 000…à quelques unités près. La crédibilité commence par la vérité.
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