10 juin 2017

Le travail du dimanche dans les zones touristiques : c'est du gagnant-gagnant


Comme tout un chacun, je m’interrogeais sur la portée socio-économique du travail du dimanche et sur les conséquences humaines d’un tel changement. Etait-ce une régression sociale ou un progrès ? Martine Aubry, maire de Lille et Anne Hidalgo, maire de Paris, étaient vent debout contre cette réforme Macron et il a fallu bien des discussions et un passage en force du ministre de l’économie d’alors pour imposer sa vision du monde en faveur du commerce de boutique et des grands magasins dans les zones touristiques de quelques grandes villes.

Après un an d’application de cette mesure, que constate-t-on ? Le chiffre d’affaires des magasins ouverts le dimanche a augmenté de 10 %. Et contrairement à ce que racontaient les opposants, le CA des autres jours de la semaine n’a pas été affecté. Plus de 1000 emplois ont été créés sans compter ceux des enseignes spécialisées et présentes dans les grands magasins. S’agissant du personnel volontaire, il est beaucoup plus nombreux à être candidat que nécessaire. Les salaires des dimanches sont majorés à 100 %, certains salariés bénéficient de congés compensateurs dans la semaine et les DRH sont contraints d’organiser des turn-over pour satisfaire le plus grand nombre.

Dès cette semaine, d’ailleurs, tous les grands magasins parisiens seront ouverts le dimanche de manière à satisfaire la clientèle autochtone d’une part et les nombreux touristes qui préféraient Londres ou Berlin où les magasins sont ouverts le dimanche depuis longtemps. Alors quoi ? Ces arguments suffiront-ils à convaincre les réticents et les pessimistes professionnels ? Je me souviens de Jean-Luc Mélenchon affirmant : « ceux qui ont inventé le travail du dimanche sont des gens vraiment tordus. Alors il ne faudrait plus avoir de vie de famille ? » Visiblement, les gens confrontés à la réalité du monde ne sont pas d’accord avec le leader de la France insoumise. Ce qui ne signifie pas que le travail du dimanche soit la panacée absolue pour favoriser le commerce. Dans les zones touristiques et dans les grandes villes, preuve est faite pourtant que rien n’arrête ce qu’il faudra bien appeler un progrès, n’en déplaise aux grincheux et aux ringards. Même s’il faut être conscient que ce progrès concerne surtout le secteur du luxe et donc celui des clients fortunés.

8 juin 2017

Bruno Questel n'est au cœur d'aucun scandale


Bruno Questel.
Bruno Questel nous communique : 
« C’est ma première campagne législative. Je pensais en avoir vu …Et pourtant, je n’avais jamais été placé de la sorte dans une ornière. En effet, si des lettres anonymes m’ont toujours été consacrées, c’est la première fois que la presse locale, la Dépêche de Louviers pour ne pas la citer, a souhaité reprendre une interview donnée au Courrier de l’Eure (lui même destinataire d’une lettre anonyme) dans laquelle j’ai du me justifier sur des questions qui touchent à la fois à mon honnêteté, mon activité professionnelle et ma vie familiale.
Le  Courrier de l’Eure a titré « Opération vérité pour Bruno QUESTEL» Le rédacteur en Chef de la Dépêche de Louviers a titré pour sa part « Bruno QUESTEL au coeur du scandale ». Nous sommes à trois jours du premier tour des élections législatives, je ne peux répondre en rien à cette stupéfiante accusation. Le trouble, le doute et la suspicion sont posés. Dans quel intérêt ? Au profit de qui ? La dépêche de Louviers n’est plus ce qu’elle était. J’en suis désolé, pour celles et ceux qui l’ont portée pendant des années, avec un idéal et des convictions. »

Bruno QUESTEL

NDLR : Bruno Questel a raison. Pour avoir été rédacteur en chef adjoint de La Dépêche pendant plusieurs décennies, je peux attester que pareille mésaventure n’est jamais advenue à un quelconque candidat de droite ou de gauche aux élections législatives du temps où je dirigeais la rédaction de Louviers.
Ce qui est troublant ou choquant, comme on voudra, c’est l’immense distance existant entre le titre de la UNE du journal (La Dépêche de ce jour) et le contenu de l’article en page locale. Disons le tout net, Bruno Questel n’est au cœur d’aucun scandale. Il est victime, comme tant d’autres avant lui — d’autant plus qu’il est le favori — de rumeurs, de lettres anonymes, de sous-entendus évidemment blessants pour son amour-propre et sa probité mais également insultants pour les citoyens appelés à choisir le prochain député de la 4e circonscription. Serions-nous des veaux ?
Un point enfin, sur lequel je note un désaccord avec Bruno Questel : je pense que cette bêtise journalistique ( !) ne profite à personne. La dynamique d’En Marche ne sera pas cassée à la suite de fausses nouvelles ou de faits alternatifs, comme on voudra. Les électeurs-lecteurs savent faire la différence entre un article étayé, motivé, sourcé et un commérage contraire à tous les usages et surtout à la charte professionnelle des journalistes qui bannit tout écrit anonyme.

Jean-Charles Houel

6 juin 2017

Rendre les procureurs indépendants du pouvoir, c'est possible ! François Bayrou propose des modifications constitutionnelles

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François Bayrou.
Noël Mamère n’a pas bien écouté François Bayrou lors de sa conférence de presse ou n’a pas bien lu les journaux qui en ont rendu compte. En reprochant au ministre de la Justice, dans le cadre des projets de lois sur la moralisation de la vie publique, de ne rien avoir prévu pour réformer le parquet, Noël Mamère a eu tort. En effet, François Bayrou confirme qu’à l’automne, un ensemble de modifications constitutionnelles va intervenir. Outre les mesures concernant les anciens présidents de la République qui ne pourront plus siéger au Conseil constitutionnel, ou la suppression de la Haute cour de justice réservée aux ministres ayant commis (ou soupçonnés d’en avoir commis) un délit ou un crime, sans oublier l’impossibilité pour les élus d’accomplir plus de trois mandats consécutifs, le ministre de la Justice prévoit des textes propres à la magistrature.

Depuis des années, la Cour européenne des droits de l’homme reproche à la France de ne pas rendre les procureurs indépendants du pouvoir exécutif. Actuellement et même si Christiane Taubira a supprimé les injonctions individuelles, le parquet reste soumis hiérarchiquement au pouvoir politique. François Bayrou tout en constatant que depuis plusieurs années les procureurs sont nommés après avis du CSM (non modifié par le ministre de la justice) suggère de rendre les procureurs indépendants. Ce serait, en effet, une réforme importante tant le pouvoir politique a toujours voulu garder la main sur la nomination des membres du parquet longtemps soumis à l’exécutif.

Cette mesure était proposée par François Hollande qui aurait souhaité faire figurer à son bilan l’indépendance des procureurs. Mais la droite, hostile à toute modification constitutionnelle, a fait front en permanence contre les propositions du président sortant. Les temps changent. Avec une majorité confortable à l’Assemblée nationale, le président de la République pourra tenter de réformer la constitution en convoquant le congrès (Assemblée et Sénat) et faisant adopter ses propositions. Si le Parlement rechigne, François Bayrou ne cache pas l’intention du président de recourir au référendum, arme de dissuasion massive. Il ne fait pas de doute que le peuple souverain adoptera tout ce qui peut changer le système des privilèges actuels et renforcer l’indépendance des juges. Le référendum, système simpliste, et s’il est utilisé, obligera les gouvernants à faire œuvre de pédagogie. Il ne manquerait plus que les citoyens, fascinés par le président, oublient de commenter voire d'amender des propositions essentielles au bon fonctionnement des institutions.

5 juin 2017

Quelques réflexions au débotté : A quand le départ de Ferrand ? Trump dans les mains des lobbies du carbone, Ruquier « trahi et cocufié » par Mélenchon


Richard Ferrand ne tiendra plus longtemps
C’est devenu un leitmotiv. La question n’est plus : Ferrand va-t-il démissionner mais quand Richard Ferrand va-t-il être forcé ou non, de quitter le gouvernement ? Je suis stupéfait et des milliers de Français avec moi, que le système de défense de Richard Ferrand soit copié, au mot près, sur celui de François Fillon. On a vu ce que cela donnait, pas seulement au plan purement électoral, mais encore et surtout sur la capacité du candidat LR à convaincre les Français de sa « moralité » ou de sa « légalité ». Qu’il le veuille ou non, Richard Ferrand emprunte le même chemin rempli d’embûches. Chaque jour qui passe « alourdit », comme dirait François Bayrou, un peu plus le climat ambiant surtout par ces temps de législatives.
Le président Macron a donné un aperçu de sa position en invitant les élus bretons, dont Richard Ferrand, à dîner lors de sa visite récente dans la région. Il a eu tort de mettre en cause les journalistes « chacun devant rester dans son rôle ». Contrairement à ce que pense notre président, les journalistes ne s’érigent pas en juge. Ils mettent sur la table ce qu’ils savent et ce que les citoyens doivent savoir. C’est la base même de leur métier. Quand il s’agit de la vie d’hommes et de femmes publics, à la recherche d’un mandat électoral, et donc d’une aspiration à représenter les citoyens, il est juste et sain que la presse dévoile ce que, sans elle, on tairait ou on cacherait. Fabrice Arfi, de Médiapart, a listé les affaires concernant des élus de droite, de gauche, d’extrême droite…cette liste est longue comme un jour sans pain.

« La malveillance n'a de joie qu'à mordre et de goût qu'à faire de la peine. »
Donald Trump est classé comme « narcissique malveillant. » Autrement dit, il n’est pas fou mais possède des traits de caractère totalement négatifs. Il est menteur, hâbleur, vantard, égoïste, méchant, méprisant. Seule sa petite personne l’intéresse, seul son plaisir, sadique parfois, conduit sa vie dans les ors et les privilèges de l’argent et du pouvoir. Un constat : il faut faire avec puisque le système électoral américain l’a placé en tête du choix des grands électeurs bien qu’ayant 3 millions de suffrages populaires de moins qu’ Hillary Clinton, sa rivale démocrate.
Un second constat : Trump est dans les mains des lobbies des producteurs du carbone d’où sa décision de sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris. Trump se moque totalement du sort global de la planète et des réfugiés climatiques. Dans sa Trump power il ne risque pas de voir déferler le tsunami ou la vague Sandy qui a ravagé des quartiers de New York. Je me demande comment un homme à l’esprit si petit, aux réactions si primaires, nostalgique d’un passé si fantasmé, peut rendre sa grandeur à l’Amérique. Comment un homme si détesté et si détestable, capable de tous les coups bas et de toutes les arnaques, peut être identifié à la première vraie démocratie de l’histoire.
Des psychiatres américains s'inquiètent d’ailleurs des actes et paroles de Donald Trump depuis son investiture. Ils ont même lancé une pétition appelant à sa destitution. Un fait rare, car, aux USA, des spécialistes en psychiatrie ne s'étaient plus exprimés sur une personnalité publique depuis 1964.

Laurent Ruquier « Trahi et cocufié »
Laurent Ruquier, l’animateur de l’émission « on n’est pas couché » avait rendu public son vote lors du premier tour de la présidentielle. Il apporterait sa voix à Jean-Luc Mélenchon. De la part d’un amuseur public ayant pignon sur rue, cette prise de position courageuse en faveur du leader de la France insoumise n’avait pas vraiment étonné de la part d’un homme riche, favorisé mais attentif au sort de ceux qui le sont moins.
Hier, dans un entretien avec un journaliste de la presse écrite, Laurent Ruquier a fait part de son immense déception en assurant qu’il se sentait « trahi et cocufié » par Jean-Luc Mélenchon. Il n’a pas du tout apprécié l’attitude de celui qui avait marqué la campagne de premier tour. En refusant d’accepter le verdict des urnes et en chipotant comme un mauvais joueur, en refusant d’appeler clairement (voire personnellement) en faveur d’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon a cru pouvoir sauvegarder un capital électoral chèrement acquis. En réalité, Les candidats de la France Insoumise — du moins ceux et celles qui seront élu(e)s seront cantonnés dans une opposition formelle et pas du tout en état d’imposer une cohabitation. Ruquier apostrophe violemment JLM : « ses 18% lui sont montés à la tête, il a eu une attitude de dictateur avec des positionnements absurdes. »
Noël Mamère, interrogé hier dans l’émission C politique, sur la malheureuse parole de Jean-Luc Mélenchon à l’égard de Bernard Cazeneuve à qui il reproche implicitement d’avoir contribué à « l’assassinat » de Rémi Fraisse, a lui aussi déploré le discours de JLM plaçant sur un même plan « l’extrême droite et l’extrême finance. » C’est évidemment très exagéré, a commenté Noël Mamère : « d’un côté on a un républicain qu’on pourra combattre et contester et de l’autre un parti — le FN — qui se situe en dehors du champ démocratique avec des propositions et des méthodes inadmissibles. »