6 juin 2017

Rendre les procureurs indépendants du pouvoir, c'est possible ! François Bayrou propose des modifications constitutionnelles

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François Bayrou.
Noël Mamère n’a pas bien écouté François Bayrou lors de sa conférence de presse ou n’a pas bien lu les journaux qui en ont rendu compte. En reprochant au ministre de la Justice, dans le cadre des projets de lois sur la moralisation de la vie publique, de ne rien avoir prévu pour réformer le parquet, Noël Mamère a eu tort. En effet, François Bayrou confirme qu’à l’automne, un ensemble de modifications constitutionnelles va intervenir. Outre les mesures concernant les anciens présidents de la République qui ne pourront plus siéger au Conseil constitutionnel, ou la suppression de la Haute cour de justice réservée aux ministres ayant commis (ou soupçonnés d’en avoir commis) un délit ou un crime, sans oublier l’impossibilité pour les élus d’accomplir plus de trois mandats consécutifs, le ministre de la Justice prévoit des textes propres à la magistrature.

Depuis des années, la Cour européenne des droits de l’homme reproche à la France de ne pas rendre les procureurs indépendants du pouvoir exécutif. Actuellement et même si Christiane Taubira a supprimé les injonctions individuelles, le parquet reste soumis hiérarchiquement au pouvoir politique. François Bayrou tout en constatant que depuis plusieurs années les procureurs sont nommés après avis du CSM (non modifié par le ministre de la justice) suggère de rendre les procureurs indépendants. Ce serait, en effet, une réforme importante tant le pouvoir politique a toujours voulu garder la main sur la nomination des membres du parquet longtemps soumis à l’exécutif.

Cette mesure était proposée par François Hollande qui aurait souhaité faire figurer à son bilan l’indépendance des procureurs. Mais la droite, hostile à toute modification constitutionnelle, a fait front en permanence contre les propositions du président sortant. Les temps changent. Avec une majorité confortable à l’Assemblée nationale, le président de la République pourra tenter de réformer la constitution en convoquant le congrès (Assemblée et Sénat) et faisant adopter ses propositions. Si le Parlement rechigne, François Bayrou ne cache pas l’intention du président de recourir au référendum, arme de dissuasion massive. Il ne fait pas de doute que le peuple souverain adoptera tout ce qui peut changer le système des privilèges actuels et renforcer l’indépendance des juges. Le référendum, système simpliste, et s’il est utilisé, obligera les gouvernants à faire œuvre de pédagogie. Il ne manquerait plus que les citoyens, fascinés par le président, oublient de commenter voire d'amender des propositions essentielles au bon fonctionnement des institutions.

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