1 octobre 2016

Dans le programme de la SED de Louviers au mois d'octobre : « derrière la montre, le corset »


Le programme de la Société d'études diverses de Louviers et sa région au mois d'octobre 2016 :
Lors de la dernière conférence. (photo JCH)
« Nous proposons ce mois-ci deux rendez-vous. Le samedi 8 octobre, à 16 heures, Jean-Pierre Binay et Claude Cornu organisent pour les amis de la SED une visite commentée de l’exposition actuellement présentée à la Médiathèque de Louviers, rue du Quai, « Le legs au XIXe siècle, portrait de quatre donateurs lovériens à la bibliothèque municipale ». Cette exposition est le fruit d’un travail commun de la SED et de l’équipe de la Médiathèque. Nous avons sélectionné, dans les fonds légués par Léopold Marcel, Charles Lalun, Nicolas-André Huet et Edmond Le Mercier, un ensemble de documents particulièrement intéressants ou pittoresques sur l’histoire locale ou nationale : plans, gravures, affiches, lettres, photos… Vous y découvrirez notamment une variante du jeu de l’oie datant du règne de Louis XVI, destinée à apprendre aux enfants l’histoire des rois de France. Pour participer à cette visite, il suffira aux personnes intéressées de se présenter à la Médiathèque ce jour-là à l’heure dite.

Notre conférence mensuelle aura lieu le samedi 22 octobre à 16 heures, dans la salle Pierre Mendès France, à l’Hôtel de Ville de Louviers. Nous aurons le plaisir d’accueillir Mme Hélène du Mazaubrun, directrice du Musée de l’horlogerie de Saint-Nicolas-d’Aliermont, qui abordera un sujet tout à fait original :

« La mode au temps de l’impressionnisme. Derrière la montre, le corset ».

C’est aussi le titre de l’exposition qui se tient, jusqu’au 31 décembre, au Musée de Saint-Nocolas d’Aliermont, dans le cadre du festival Normandie impressionniste, et dont Hélène du Mazaubrun est le commissaire. Une exposition qui dévoile la modernité de la fin du XIXe siècle peinte par les impressionnistes. En Normandie, les techniques horlogères et l’industrie textile participent à la richesse du territoire. Dieppe et d’autres plages deviennent d’incontournables promenades où il s’agit d’être vu. La montre à gousset s’affiche pour tout homme qui réussit, tandis que le corset devient le symbole d’une absence de liberté de la femme. La conférence, comme l’exposition, traitera de la mode sous l’angle de l’histoire de l’art et soulignera aussi les rôles du féminin et du masculin à cette époque. Non sans quelques mises en perspective avec notre société actuelle. La mode ne cesse en effet de se réinventer de manière cyclique : un siècle plus tard, le corset n’est-il pas revisité par le couturier Jean-Paul Gaultier ?


Le président de la SED, Jean-Pierre Binay et Claude Cornu, vice-président.

29 septembre 2016

Catherine Nay est une militante sarkozyste et doit être présentée comme telle


Que Catherine Nay soit de droite, cela n’est pas nouveau. Qu’elle utilise son métier de journaliste pour faire du prosélytisme télévisuel en faveur de la droite, ce n’est pas nouveau non plus. Mais qu’elle avance des faits mensongers au cours d’une émission de grande écoute n’est pas acceptable. L’émission « C dans l’air » animée par Caroline Roux, hier, faisait état des difficultés de Nicolas Sarkozy empêtré dans les affaires et mis en cause par Patrick Buisson dans son livre sorti récemment. L’affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy le menace sérieusement. Les informations sorties par les enquêteurs de Mediapart, construites au fil du temps et des découvertes, laissent penser que Kadhafi et ses ministres ont mis la main au portefeuille pour aider Sarkozy.

En 2012, Mediapart a affirmé que la lettre d’un homme proche de Kadhafi faisant état d’une promesse de financement à hauteur de 50 millions d’euros au bénéfice de Sarko était bien la preuve de cette opération financière qui, si elle était avérée, porterait évidemment préjudice à l’ancien président de la République. Sarkozy a attaqué Mediapart pour usage de faux mais les juges d’instruction ont délivré un non lieu suite à des expertises graphologiques attestant à 99,9 % de la réalité du document.

En continuant d’affirmer, dans C dans l’air, que cette lettre était un faux, Catherine Nay n’a fait que répéter ce que répète l’entourage de Sarkozy depuis le début de l’affaire sans faire état de la décision de non lieu des juges. C’est grave et c’est grave pour deux raisons : primo pour Mediapart qui n’est pas rétabli dans sa sincérité et sa bonne foi et secundo pour les animateurs de l’émission qui auraient dû corriger les propos de Mme Nay. Il est en effet, de notoriété publique que les journalistes de Mediapart ont été exonérés de toute culpabilité dans l’usage de la lettre, la réalité du contenu de celle-ci étant renforcé par la découverte récente d’un carnet de M. Choukri, ministre de Kadhafi, lequel en 2007, indiquait plusieurs versements d’argent libyen en faveur du clan Sarkozy.

Mme Nay est une militante. Ce n’est pas interdit. Mais alors, au lieu de la présenter comme une experte en politique, les animateurs de « C dans l’air » doivent avoir l’honnêteté de préciser ses fonctions politiques au service de Sarkozy en particulier et de la droite en général. Expliquer, enfin, que le pouvoir (de gauche) aurait pu tarder à envoyer la police pour empêcher les casseurs d’agir contre l’hôpital Necker n’est qu’une spéculation intellectuelle gratuite…dont Mme Nay devra peut-être répondre ailleurs qu’à la télévision.

28 septembre 2016

Pour éviter les juges, Nicolas Sarkozy a grand besoin de l'immunité présidentielle devenue sa priorité


Si j’étais juge d’instruction chargé des multiples affaires Sarkozy, je m’empresserais de mettre tout cela au coffre, de connaître (seul) les codes et de faire des copies. Une disparition de scellés est si vite arrivée. Et comme il y a le feu au lac, on comprend mieux pourquoi Nicolas Sarkozy souhaite être réélu président de la République. Il n’aura échappé à personne que le président bénéficie — pendant le temps de son mandat — d’une immunité d’autant plus précieuse qu’elle donne du temps au temps et permet aux mémoires citoyennes de flancher. La recherche de l’immunité devient plus qu’une urgence, une obligation.

Les avocats de Nicolas Sarkozy sont d’ailleurs — et c’est leur droit — devenus les champions des manœuvres judiciaires visant à retarder au maximum le renvoi devant les tribunaux correctionnels de leur « bon » client de manière à atteindre la précampagne présidentielle et de bénéficier de la sollicitude des juges. Les révélations  de Mediapart concernant le financement libyen des campagnes 2007 et 2012 de Sarkozy prouvent, à tout le moins, que des hauts responsables proches du dictateur Kadhafi ont écrit ou déclaré, à plusieurs reprises et en plusieurs circonstances que la Libye avait financé la campagne 2007 de Sarkozy. Si tel était le cas, ce serait évidemment une entorse majeure aux règles fixant les modes de financement des campagnes électorales en France. Si le juge d’instruction, maintenant en possession du carnet de l’ancien ministre de la défense libyen mort, comme par hasard, des suites d’une crise cardiaque en 2012 à Vienne ( !) (au lendemain des premières révélations de Mediapart) met au jour les vrais dessous de l’affaire, on ferait face à un scandale d’Etat.

Cela changera-t-il quelque chose au vote lors de la primaire de la droite ? Je ne suis pas naïf. Je sais que le noyau dur des Sarkozystes n’est pas accessible aux arguments moraux. Les militants du premier cercle savent ce que vaut Sarkozy mais ils n’en démordront pas. Ils voteront pour lui quelles que soient les péripéties judiciaires de leur favori. Il est difficile d’admettre que l’on s’est trompé mais que feront les électeurs des autres candidats à la primaire et surtout quelles seront les déclarations d’intentions des dits candidats ? Je les vois mal appeler à reporter leurs voix sur un candidat dont la probité « morale » (pour l’instant) est plutôt sujette à caution. Encore que…On a vu un Baroin, potentiel Premier ministre ( ?), ancien Chiraquien, s’asseoir sans barguigner sur ses engagements d’antan. Il a même comparé, aujourd’hui, le comportement de Patrick Buisson aux agissements de la Stasi, la sinistre police de l’Allemagne de l’Est. Il est vrai que l’ancien directeur de Minute (aurait-il enregistré toutes ses conversations avec Sarkozy ?) casse l’ambiance au sein de l’Ex-UMP. 

Alors Sarkozy va-t-il gagner sa course vers l’immunité ? A regarder de près les derniers sondages, il semble que la dynamique créée marque une pause et que Juppé prend le large…avec l’aide d’électeurs(trices) de gauche prêts à dîner avec le diable pour éviter l’enfer.

25 septembre 2016

« Liberté, liberté chérie » le cri de Pierre Mendès France contre l'injustice


Vincent Duclert (à g) et Claude Cornu de la SED.
Ecrit en 1942, édité en 1943 à New York, « Liberté, liberté chérie » de Pierre Mendès France raconte le combat d’un homme pour défendre son honneur bafoué, son attachement viscéral aux valeurs républicaines mais également l’engagement d’un combattant toujours prêt à se placer au service d’un patriotisme actif dans la lutte contre l’occupant nazi. Il aura fallu l’intervention énergique du général de Gaulle pour que Pierre Mendès France cesse ses opérations aériennes à risque.

Homme d’honneur et de principes, Pierre Mendès France le demeurera toute sa vie. C’est sans doute pourquoi la 4e République s’accommoda mal d’un tel dirigeant plus enclin à défendre des idées, des projets et « agir » qu’à se livrer à des jeux stériles conséquence d’un régime des partis qui mena la France au bord du gouffre en 1958. Sa haute idée de la politique le condamna malheureusement à être considéré comme rigide voire austère quand son attitude n’était rien d’autre que de la rectitude et le respect d’une conscience éclairée.

Devant les auditeurs de la Société d’études diverses de Louviers et sa région, Vincent Duclert, historien, chercheur au Centre d'études sociologiques et politiques Raymond Aron (EHESS) a narré avec conviction l’histoire d’un livre écrit par un homme blessé ayant soif de justice et de vérité mais accessible à l’affect si l’on en juge par les pages consacrées à Louviers, sa ville, sa maison des Monts, ses amis fidèles, qu’il survole lors d’une opération de bombardement de son escadrille des FFL (à lire dans les carnets de guerre).

C’est une bonne idée d’avoir réédité le livre de PMF en 2015 (1) et d’y avoir adjoint des annexes permettant de mieux comprendre la démarche de celui qui allait devenir président du conseil et résoudre la coûteuse guerre d’Indochine, réussir la transition en Tunisie sans oublier de laisser en mémoire une méthode fondée sur la nécessité d’informer le citoyen pour qu’il comprenne les actes de ses dirigeants et puisse, le cas échéant, lui demander des comptes. Eric Roussel, ancien président de l’Institut Mendès France, brossa les traits saillants de ces 7 mois et 17 jours qui appartiennent, comme on dit aujourd’hui, au roman national.

Ce livre de guerre avait une autre vocation. Edité aux Etats-Unis (il ne parut en France qu’en 1977 à l’initiative l’éditeur Fayard) Pierre Mendès France voulait également convaincre les Américains que Vichy n’était pas toute la France et que bien des citoyens de notre pays contestaient l’occupation et approuvaient la lutte des Anglais contre l’armée allemande et le régime nazi. A cette époque, bien des Français — et qui n’avaient tous, loin s’en faut — les Gaulois pour ancêtres, s’engageaient dans une résistance active (pour une minorité d’entre eux) ou une passivité, certes moins dangereuse, mais utile pour affaiblir Vichy.

Jean-Denis Bredin et Christiane Rimbaud ont, chacun avec leur talent, raconté le procès Mendès France de Clermont-Ferrand et cette accusation inique de désertion alors que PMF voulait rejoindre l’Afrique du Nord pour y continuer le combat. Son évasion lui permit non seulement de recouvrer sa liberté mais aussi et surtout de faire pièce aux accusations de Vichy et sa justice aux ordres. « Liberté, liberté chérie » demeure donc un livre essentiel dans la compréhension du ressentiment de Pierre Mendés à l’égard d’un pouvoir qui voulait à tout prix accuser et diffamer les hommes du Front populaire.

(1) Gràce à Michel Mendès France (l'un des fils de PMF) et Joan son épouse qui ont compulsé nombre d'archives personnelles ou publiques.