2 février 2019

« Des femmes en Seine-Eure » ou quand les femmes travaillent partout et tout le temps


Lors du vernissage vendredi soir. ©JCH
François-Xavier Priollaud, maire de Louviers : un homme. Bernard Leroy, président de l’agglomération Seine-Eure : un homme. N’y avait-il donc aucune femme, adjointe, vice-présidente de l’agglomération pour prononcer le discours officiel du vernissage de l’exposition « femmes en Seine-Eure » aux 19e et 20e siècles ? Heureusement, Vanina Gasly, directrice du service des archives de l’agglomération, a guidé les visiteurs pour commenter les différents documents exposés : une femme à l’honneur, quand même.
Je lisais récemment, dans une étude parue dans le journal Le Monde que trop peu de femmes occupaient les présidences effectives des groupes du CAC 40. Il en va de même pour les assemblées élues. Même avec la parité obligatoire — excellente mesure — trop peu de femmes sont maires ou présidentes de métropoles, communautés d’agglomération, conseils départementaux…certes il faut du temps pour changer les mentalités mais comme les occasions à saisir ne sont pas si nombreuses…

Les ouvrières (et ouvriers) de l'usine Jeuffrain en grève en 1936. ©archives Jean-Charles Houel
D’où l’immense intérêt de cette exposition tenue au service des Archives de l’agglomération. Pour leur premier acte public, Vanina et Frédéric, notamment, ont tiré le maximum des documents déposés dans leur service et répertoriés dans la mesure des moyens affectés. Photographies, affiches (ah le spectacle de catch féminin de Forges-les-eaux !) documents officiels, extraits de fichiers, journaux, ne manquent pas pour rappeler combien notre région a été façonnée par les industries textiles et de la chaussure par exemple. Bernard Leroy a insisté sur les centaines d’emplois féminins occupés dans ces industries de main d’œuvre très spécialisées au cours des deux siècles précédents. Les énoueuses, épinceteuses, rentrayeuses…n'ont-elles pas donné leurs lettres de noblesse au drap de Louviers que Napoléon, empereur, appréciait au plus haut point !

On découvre aussi comment les femmes devenues mères devaient recourir à des expédients pour assumer de conserve leur profession et leur rôle de maman. Et les journées sans fin ! Une bande dessinée d’une page réalisée par Jean-Pierre Raux, (présent au vernissage 50 ans après) rappelle quelles étaient les tâches domestiques assumées très majoritairement par les femmes dans les années 60. Du matin très tôt au soir très tard, la « maîtresse » de maison était sollicitée partout et tout le temps.

Cette exposition appelée à durer quelques semaines doit être absolument visitée par les classes d’âges adaptées à la compréhension des documents proposés. Il appartient donc aux enseignant(e)s intéressé(e)s de prendre contact avec le service des archives pour programmer des visites les plus enrichissantes possibles. Évidemment, les habitants de la région (et d’ailleurs) doivent se sentir concernés par la situation des femmes, dans les usines, aux champs, à la maison…des femmes en Seine-Eure.

Service des archives de l’agglomération Seine-Eure : 11A rue Charles-Cros, 27400 Louviers
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1 février 2019

« Normandie image » fait appel à votre mémoire…filmée


FX Priollaud et Agnès Deleforge. ©Jean-Charles Houel
Dans une boite à gâteaux. Une boite à chaussures. Au fond d‘un tiroir ou d’un carton. Ils peuvent être partout. Et il n’y a rien à jeter. Ils ? Ce sont les films amateurs, familiaux, historiques, géographiques, événementiels tournés au gré des aventures d’un jour ou d’un voyage, d’un mariage ou d’un anniversaire ou pour la beauté d’un visage ou d’un paysage. Pour la mémoire collective, aucun document, aucune trace écrite, photographiée ou filmée, n’est à supprimer.
Pensons donc à cette nécessité : trouver, protéger, classer, numériser, tous ces souvenirs qui, apparemment sans importance, en auront pour les futures générations avides de mieux comprendre le passé et d’en utiliser les preuves.
 
Hier soir, au Moulin, une quarantaine de personnes, étaient présentes à l’invitation de François-Xavier Priollaud, maire et d’Agnès Deleforge, chargée de projet au sein de Normandie-images qui assure la mémoire audiovisuelle et cinématographique de notre région, et ce pour deux raisons. D’abord assister à la projection de documents filmés amateurs ayant trait à Louviers (avec Pierre Boust et la visite de Pierre Mendès France en 1954 ou la place du Parvis en 1926 due à André Noufflard) et des très courts métrages coproduits par Antoine Martin (le fils d’Ernest et Nicole) et FR3, notamment.
Le but de la soirée ? Convaincre les Lovériens et les habitants de la région de chercher et « donner » des films oubliés et conservés sans qu’on en connaisse très bien l’intérêt actuel ou futur. 

Cette « récolte » de documents animés n’est pas l’apanage de Normandie-images. D’autres régions de France ont lancé une initiative semblable et les résultats ont souvent dépassé tous les espoirs des animateurs. C’est pourquoi la date du Jeudi 28 mars (voir encadré ci-dessous) n’est en rien anodine. Elle devrait permettre de découvrir des trésors et de travailler à les sauvegarder. Alors, chers lecteurs, si vous pensez détenir des pépites ou des films ordinaires, n’hésitez pas à vous rendre au Musée où les spécialistes vous attendent pour vous expliquer les techniques de conservation et les conditions juridiques autorisant la diffusion.


28 janvier 2019

Quelques réflexions au débotté : le tir d'un flash ball ? La vitesse à 80 Km/h, la démocratie participative à Louviers, le feu à France bleu…


Jérôme Rodrigues victime d’un tir ( ?) policier 
Jérome Rodrigues, un gilet jaune proche d’Eric Drouet, classé par C Politique parmi les « énervés » a été atteint, samedi dernier, par un projectile tiré par les forces de l’ordre. Il risque de perdre un œil alors même qu’il filmait le face à face entre les manifestants et la police. Donc, il n’exerçait aucune violence ni ne créait de risque à l’égard de cette dernière. Alors, tir de LBD ? Éclat de grenade de désencerclement ? Les deux ? Une enquête a été ouverte auprès d’IGPN, la police des polices, pour connaître précisément les causes de ce tir tragique.
Jérôme Rodrigues risque donc de perdre la vue d’un œil. Il devient un mutilé de plus dans la longue cohorte des victimes de violences policières, que ces dernières soient défensives ou offensives, qu’elles soient légitimes ou excessives, tout cela importe peu. Quand j’entends certains gilets jaunes justifier leurs violences par le fameux « on ne fait pas d’omelette (comprendre la révolution) sans casser des œufs (comprendre des dégradations, vols, pillages, violences contre les flics) et quand on sent le pouvoir incapable de prendre des décisions rapides aptes à stopper le mouvement, il y a de quoi craindre pour l’avenir des uns et des autres. Un grand débat, c’est bien, des résultats immédiats, c’est mieux.

Penser globalement, agir localement
Edouard Philippe est satisfait. Et il a des raisons de l’être. Le nombre de morts et de blessés sur les routes de France a diminué sensiblement en 2018 alors que les trois années précédentes avaient au contraire grossi les statistiques. Pour comprendre les raisons de cette baisse, le premier ministre met en avant la limitation à 80 Km/heure sur le réseau secondaire sans séparation centrale. Je sais que les associations d’automobilistes contestent cette vision des choses et pourtant. S’il y a moins de morts sur les routes c’est que la vitesse (première cause d’accidents) a été ralentie ou que subitement les conducteurs ont décidé de se montrer plus prudents.
La vérité est sans doute à mi-chemin. Il va sans dire que si le Président de la République juge que la limitation à 80 Km/h « est une connerie » et qu’il faut y remédier, on se dirige tout droit vers des mesures de bon sens déjà énoncées sur ce blog. Faisons confiance aux préfets et aux présidents des départements pour juger de la nécessité de définir les zones de ralentissement. Penser globalement, d’accord, mais agir localement c’est encore mieux.

Louviers : ville d’inventions citoyennes
Démocratie participative ! On n’entend que ce mot sur les ondes. Mais à Louviers, en 1965-1983 la démocratie participative n’était pas qu’un mot. Elle était en action, balbutiante, chaotique, en recherche permanente mais la volonté politique était bien présente grâce à un homme exceptionnel et qui avait eu raison avant bien d’autres et notamment avant les gilets jaunes et leur RIC, le référendum d’initiative citoyenne.
A cette époque, on parlait « commissions extra-municipales, « information, participation et contrôle » une formule que j’ai retrouvée, hier à la radio, dans la bouche de Pierre Rosanvallon, qui dans son dernier livre dresse un bilan contrasté du système démocratique français. Information, car que serait le citoyen s’il n’avait que les réseaux sociaux et leurs vérités alternatives ? Participation, car que serait un citoyen passif donc inactif ? Contrôle, car que serait une décision adoptée collectivement si elle n’était pas vérifiée et certifiée par le citoyen-électeur ? Lisez ou relisez le ivre d’Hélène Hatzfeld « la politique à la ville, inventions citoyennes à Louviers ». Cette histoire est tellement actuelle.

France Bleu Grenoble en feu
Au cours de la nuit les studios de France Bleu Grenoble ont été incendiés volontairement. Les auteurs — on sait que l’acte est criminel eu égard aux deux départs de feu recensés — étaient-ils animés par la haine de la presse ? Répondaient-ils ainsi aux mots d’ordres de certains hommes politiques ? Étaient-ils mécontents du traitement journalistique proposé par les reporters de France 3 Région dans le cadre des manifestations des gilets jaunes ?
Pauvres journalistes. Non seulement leur crédibilité baisse année après année mais en plus on attente à leur outil de travail quand on ne les passe pas à tabac ou pire quand ils restent sur le carreau après une rafale…au Mexique ou au Brésil…ou encore en Russie. Je n’oublie pas non plus les dessinateurs-journalistes de Charlie Hebdo assassinés en plein boulot et en plein Paris.

Bellamy…ou bel ami ?
Pour diriger la liste des Républicains aux prochaines élections européennes, Laurent Wauquiez va proposer la candidature de M. François-Xavier Bellamy, philosophe, Versaillais et surtout, ancien membre de « La Manif pour tous » (opposé au mariage pour tous) association catholique animée par des intégristes.
On dit que ce candidat ne fait pas l’unanimité dans les rangs de la droite républicaine. Pensez-donc. Les sondages actuels (peu fiables à trois mois et plus du scrutin) accordent 11,5 % des suffrages à cette liste de droite ex-UMP. Est-ce avec M. Bellamy, j’avais envie d’écrire « Bel Ami », cet homme ambitieux et séducteur sans scrupule décrit par Maupassant, que la droite républicaine retrouvera un peu d’aisance ? Ce serait sans doute exagérer le rôle d’un philosophe inconnu, membre d’une secte (j’exagère à peine) dont l’avenir se décidera demain à Paris au siège de LR.