6 janvier 2018

La taxe de cimetière votée à Louviers : « Ça c’est sûr, vous mourrez moins bêtes mais vous mourrez quand même » (Arte)


N’étant pas d’accord avec la forme de la pétition que plusieurs élus d’opposition du conseil municipal de Louviers nous invitent à approuver, je ne la signerai pas. D’autres Lovériens, comme moi, en ont assez de ces invectives, de ces agressions verbales qui ne favorisent pas la qualité du débat public. Faire, contre la politique de François-Xavier Priollaud, du « Mélenchon local » n’apporte, en effet, ni solution ni espoir. Il serait temps que l’opposition, celle de gauche bien sûr (1) s’en rende compte avant les prochaines élections.
Pourtant, sur le fond, la pétition qu’a initiée l’ancien maire de Louviers (Franck Martin) au style si reconnaissable — Il en veut toujours à la terre entière — mérite qu’on la regarde de près. Le grand argentier de la ville est-il à ce point aux abois qu’il a demandé la création d’« une taxe sur les morts » taxe légale, certes, mais surprenante dans la mesure où son existence soudaine surprend et son montant intrigue ?

Une tombe parmi les tombes.©PH
Selon l’article L2223-22 du Code Général des Collectivités Territoriales, « les convois, les inhumations et les crémations peuvent donner lieu à la perception de taxes dont les tarifs sont votés par le conseil municipal. » Les villes ont donc le pouvoir de lever cette taxe à l’issue d’un vote décrété par ses élus, et d’en fixer le montant même si elles n’y sont aucunement contraintes par la loi.
A Louviers, la majorité municipale a décidé de fixer le montant de la taxe à 50 euros. Ce niveau se situe dans la fourchette haute puisque la plupart des villes moyennes ont opté pour une taxe de 30 euros quand cette taxe existe (sauf Evreux voir les explications du maire). Elle a — dans les textes — pour principal objectif déclaré « de participer à l’entretien du cimetière et de ses installations. » A Louviers, le maire affirme qu’il s’agit de financer l’inhumation des indigents.
Rien ne prouve, pourtant que la perception de cette taxe ira grossir le budget de fonctionnement du cimetière déjà alimenté par les recettes des concessions. Je rappelle qu’une concession funéraire est un emplacement dans un cimetière dont on achète l'usage et non le foncier évidemment. J’y vois plutôt un moyen d’augmenter les recettes dites de poches alors même que le maire veut baisser le niveau des impôts locaux de 0,5 % en 2018 (après 0,5 % en 2017). Eu égard aux baisses des dotations de l'Etat, la commune part à la recherche de recettes nouvelles.

Le point de vue du maire de Louviers : une mesure de solidarité
J’ai interrogé François-Xavier Priollaud pour qu’il apporte les justifications utiles à la compréhension de cette décision municipale approuvée par la majorité LR-UDI-MODEM.
« L'existence d'une taxe d'inhumation est fréquente dans la plupart des communes. Il est vrai qu'elle n'existait pas à Louviers. Il s'agit d'une mesure de solidarité qui permet de prendre en charge les frais occasionnés par les obsèques des indigents décédés sur le territoire de la commune. Jusqu'à présent, cette prise en charge est réalisée dans le cadre de la commission de secours du CCAS (2). Cela veut dire que l'on ampute d'autant les aides accordées sur d'autres sujets par cette commission de secours. C'est donc là une mesure sociale qui vise à pouvoir donner davantage aux plus démunis.
Et si une personne a des difficultés à payer des frais d'obsèques, elle pourra tout à fait toujours continuer à bénéficier d'une aide financière de la commission de secours du CCAS. Il est donc totalement faux d'affirmer que les plus modestes seront dans la difficulté. 
J'ai moi-même personnellement réglé un certain nombre de cas concrets depuis le début du mandat. Le montant fixé est dans la moyenne et nettement inférieur aux 123 euros pratiqué à Evreux.
Le vrai sujet - mais cela dépend davantage du législateur, concerne le montant des frais d'obsèques. Mais c'est un autre débat. 
J'ajoute enfin que l'opposition, qui semble tout d'un coup très attachée au niveau de la fiscalité, pourrait commencer par ne plus s'opposer à la baisse des impôts comme elle l'a fait l'an dernier, et comme elle se prépare à le faire, pour la deuxième année consécutive, lors du vote du budget, le 5 février prochain. 
L'opposition municipale, qui a considérablement augmenté les impôts lorsqu'elle était aux affaires, n'est absolument pas crédible et flirte - c'est un euphémisme - avec l'indécence. »
(1)  Les radicaux (de gauche) dont se réclame M. Taconet, signataire de la pétition, viennent de fusionner avec les radicaux valoisiens (de droite) eux-mêmes alliés avec certaines forces du centre…dont l’UDI…de M. Priollaud ! Paris n'est pas Louviers.
(2)  CCAS : Centre communal d’action sociale.

4 janvier 2018

« La navigation traditionnelle sur la Seine autrefois » par Jean Baboux le 20 janvier prochain

Le port de Rouen. © Jean-Charles Houel

La première conférence de l’année de la SED (société d’études diverses) aura lieu le samedi 20 janvier, à l’heure et au lieu habituels : à 16 heures, dans la salle Pierre Mendès France à l’Hôtel de Ville de Louviers. Jean Baboux, vice-président du Cercle d’Études Vernonnais, évoquera, images à l’appui « La navigation traditionnelle sur la Seine autrefois ».
La Seine aujourd’hui constitue un axe majeur pour la batellerie sur un fleuve capable de recevoir des bateaux automoteurs ou des barges poussées de grand gabarit. Qu’en était-il autrefois quand la Seine était un fleuve sauvage, non régulé et non aménagé ? La conférence évoquera le cadre naturel de la Basse-Seine entre Rouen et Paris, avec ses multiples obstacles constitués par les îles, les pertuis et les ponts. Ensuite sera abordé le cadre juridique de cette navigation permettant l’approvisionnement de la capitale. Enfin nous verrons quels types de bateaux, naviguant grâce au halage, parcouraient le fleuve, surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles et au début du XIXe, avant la mécanisation et les grands aménagements hydrauliques effectués sur la Seine. Des documents inédits et de nombreuses représentations iconographiques de bateaux feront revivre un monde aujourd’hui disparu, quand une foule de personnes vivaient de la navigation.

En matière de liberté d’expression et de liberté de la presse, on ne doit toucher aux textes que la main tremblante


Le président de la République veut lutter contre les fake news, notamment en période électorale. Il a encore au travers de la gorge, durant la dernière campagne présidentielle, les affirmations d’un site russe indiquant qu’il avait un compte caché aux Bahamas, information que des opposants (le FN notamment) eurent tôt fait de relayer plus ou moins officiellement. Pour ce faire l’usage des blogs d’extrême droite, les tweets des partisans des chemises noires, le relais flou mais propagandiste de certains sites officiels comme celui de RT (Russia today) ont obligé les équipes réunies autour d’Emmanuel Macron à réagir…mais avec des moyens limités ou tardifs.

légende : voir  en bas de page.
En évoquant ces fake news devant les journalistes présents à l’Elysée, hier, le Président de la République sait qu’il va susciter un débat au sein de la presse elle-même et aussi parmi les partis politiques, ce qui n’empêche pas les citoyens que nous sommes d’avoir une opinion. Qu’est-ce qu’une fake news : c’est une information de l’ordre de la rumeur, inventée de toutes pièces, ne s’appuyant sur aucun fait objectif, destinée à tromper l’opinion ou à tout le moins à la conduire à douter. Donald Trump est évidemment l’exemple le plus criant d'utilisateurs de fausses nouvelles. Malgré les évidences, la réalité des faits, la vérité (toujours relative certes) il parvient chaque jour à distiller un poison qui agit lentement, progressivement, mais qui, à terme, risque de faire s’effondrer l’édifice démocratique auquel la presse concourt.

Emmanuel Macron n’a pas tort quand il souhaite que des textes légaux puissent sanctionner rapidement et sévèrement les auteurs de ces fausses nouvelles qu’Internet répand à foison. Et la liberté d’expression ? Nous ne sommes pas aux États-Unis. La démocratie mature qu’est la France dispose de textes réprimant la diffamation, l’injure, la propagation de fausses nouvelles. François Fillon a même tenté d’utiliser ce biais pour faire condamner le Canard enchaîné dans l’affaire des emplois familiaux. Il a perdu mais des lois existent. Il n’en demeure pas moins qu’une difficulté réelle surgit quand il s’agit de faire la différence entre fait et opinion. La loi future doit garantir à nouveau ce bien précieux nécessaire au débat et à la liberté de choix des électeurs. Trump a inventé le concept de vérité alternative, une escroquerie sémantique ravageuse auprès des personnes les moins informées et donc crédules.

Le canal que propose Emmanuel Macron est plus spécifique, plus précis. Il vise à prévenir le délit de propagation de fausses nouvelles en créant un arsenal juridique dissuasif autant que répressif. Même s’il est nécessaire de légiférer pour tenir compte du contexte technologique actuel (la fausse nouvelle se répand à la vitesse de la lumière), je souhaite bien du courage et beaucoup de prudence à ceux et celles qui rédigeront la future loi. En matière de liberté d’expression et de liberté de la presse, on ne doit toucher aux textes que la main tremblante.

Légende de la photo © Jean-Charles Houel : en 1977 à Louviers lors d'une campagne électorale municipale, le SAC (Servide d'action civique) avait collé des affiches dans Louviers au nom de la liste d'Action de gauche. Il s'agissait évidemment (par la propagation d'une fausse nouvelle) de susciter un réflexe de peur neuf ans après les événements de mai 1968. Poursuivis, les responsables furent identifiés et pour certains condamnés devant le tribunal correctionnel d'Evreux.

3 janvier 2018

En 2018 comme hier, méfions-nous des tweets irréfléchis et autres balivernes

Vive la culture avec ce spectacle en plein air au Moulin d'Andé en 1977. © Jean-Charles Houel

Amphigouriques les vœux d’Emmanuel Macron ? Jean-Luc Mélenchon les a trouvés trop longs, trop confus, trop égocentrés. Il est vrai qu’avant notre président actuel, seul Valéry Giscard d’Estaing avait osé tenter de retenir l’attention des Français pendant 18 minutes. Tout bon enseignant vous dira que les forts moments d’écoute et de concentration ne doivent pas dépasser 12 à 15 minutes. Pour s’être exonéré de cette évidence, Emmanuel Macron a paru en faire trop. Pêché de jeunesse sans doute. On retiendra une phrase : « je continuerai d’agir. »

Les vœux, témoignages de l’individuel au collectif, seraient-ils surannés ? Je ne le crois pas. Ne gâchons donc pas l’occasion que nous offre la nouvelle année de souhaiter, à notre niveau, la concrétisation de trois ou quatre espérances aux niveaux : mondial et hexagonal.  

   Le führer nord coréen, sans doute sensible aux sanctions économiques, vient de découvrir les charmes du dialogue avant les jeux olympiques d’hiver du voisin sudiste. Il faut passer des mots aux actes. Même s’il a le bouton nucléaire sur son bureau, Kim Jung-Un va réfléchir avant d’appuyer. Un souhait pour l’année qui vient : que la Chine agisse en grand frère raisonnable.
   En Iran, d’importantes manifestations démontrent que la tutelle religieuse et politique des mollahs empêche toute évolution positive de la société surtout parmi les jeunes. Les morts et les blessés témoignent d’une répression sanglante d’un régime autoritaire appelé, tôt ou tard, à disparaître. Les leçons de l’histoire sont constantes : les dictatures ne perdurent pas. C’est parfois long mais la soif de liberté est telle que les digues finissent par se rompre. Sera-ce cette année ?
   La culture. Je n’entends pas souvent ce mot dans les discours de notre président. Non pas qu’il soit lui-même acculturé. Brigitte Macron ne fait-elle pas rentrer l’art moderne à l’Elysée ? Mais le président parle plus de l’économie que du spectacle vivant. Mme Nyssen, éminente éditrice, ministre actuelle de la culture, devrait être mieux à même de défendre le cinéma, le théâtre, la musique, les musées et les salles de spectacles. Sans culture le monde est triste et morne. Plus de culture serait bienvenu.
   L’information. Un domaine où l’on voudrait que tout se vaille. Mais un tweet n’est pas un article de fonds. Une réaction épidermique n’est pas un commentaire avisé. Les humeurs et les émotions ne surpasseront jamais une enquête affinée. La Chine, le Vénézuela, la Russie, les Etats-Unis, et tant d’autres pays dans le monde, sont des ennemis de la liberté d’expression. Ils deviennent, pour certains d’entre eux, des propagandistes de fausses nouvelles à l’image d’un Trump, caricature de satrape sociopathe. En 2018, plus que jamais, méfions-nous des tweets et autres balivernes irréfléchies.

Chers lecteurs de ce blog, je vous souhaite une année 2018 pleine de bonheur, de richesse intérieur et d’émotions partagées.