18 février 2011

La rénovation de la gare de Val-de-Reuil ne doit pas être retardée

Alain Le Vern et Guillaume Pepy à Val-de-Reuil (photo JCH)
Le débat sur le Grand Paris hier soir au conseil d'agglomération Seine-Eure, en présence de Jean-Louis Destans, aurait pu être l'occasion d'adopter un vœu pour défendre les habitants de notre territoire qui n'en peuvent plus des dysfonctionnements de la SNCF. Tout ébloui par cet exercice de jonglerie prospective initié par Nicolas Sarkozy, le Président de l'intercommunalité n'a pas souhaité laisser en décider les délégués des 29 communes qui l'ont désigné. 

Ce que nous disions n'était pourtant que simple bon sens. Nous réaffirmions que le département de l’Eure, point de rencontre de la Haute-Normandie avec la région parisienne, devait s’affirmer comme un acteur central du « Grand Paris ». L’Eure, comme ce projet capital, avaient chacun à y gagner. Dans ce contexte, la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN) ne devait pas demeurer l'expression utopique ou le symbole médiatique d'une ambition qui, dès lors, serait vaine. C'est le danger qui, parfois, la guette quand on observe son tracé ou lorsque l'on s'interroge sur son financement. Elle doit devenir une réalité concrète et s'affirmer comme le moteur stratégique de notre dynamique territoriale. C'est l'espoir que nous entretenons aussi bien pour la satisfaction des usagers qui subissent quotidiennement les dysfonctionnements du service public du rail que pour le développement économique, l'attractivité et l'aménagement de notre territoire

C'est pour cette raison que les scenarii de LNPN, dits du « Y normand », examinés dans un esprit constructif par la Région Haute-Normandie et le Département de l’Eure, ont reçu de notre part un accueil favorable. Pour notre agglomération, cette proposition est d’autant plus intéressante que les hypothèses de travail, reprises par la SNCF dans ses documents préparatoires, prévoient la construction d’une nouvelle gare de « Louviers/Val-de-Reuil ». Pour autant, nous sommes également convaincus que l’une des clés de la réflexion sur la LNPN, ses avantages et ses contraintes, réside dans la prise en compte de l'utilité et de l'état, souvent déplorable, des infrastructures existantes. Leur complémentarité, en effet, conditionnera la réussite de ce projet futur en rendant possible l'interconnexion des voies nouvelles et des voies anciennes, en facilitant le transfert vers la LGV d’une partie du trafic actuel de la ligne Paris/Rouen/Le Havre.

Cette compatibilité aboutirait à une plus grande adéquation entre l’offre ferroviaire et la demande des usagers. Si, dans le respect de l'environnement, il permettait une meilleure desserte  de la Vallée de la Seine, l'accès au chef-lieu de département et l'ouverture vers la Basse-Normandie qu'unanimement nous appelons de nos vœux, ce futur équipement aurait donc un fort intérêt pour notre agglomération, pour notre département, pour notre région.

Soucieux de cette approche prioritaire pour les milliers d’Eurois qui utilisent chaque jour les gares de la ligne Rouen-Paris, nous réaffirmons également trois préalables en vue du débat public prévu à l’automne prochain :
— Quel que soit le dispositif retenu pour la LNPN, la SNCF devra procéder au désengorgement et donc au doublement des voies dans le Mantois – condition sine qua non pour améliorer la fréquence actuelle des trains ;
— Quelle que soit la politique de tarification choisie, elle devra - dans l’esprit même du projet de « Grand Paris » - s’efforcer de neutraliser le surcoût financier qui pénalise certains usagers Eurois par rapport aux voyageurs domiciliés dans la dernière zone du Pass’Navigo ;
—  Quelle que soit la configuration de la future gare « Louviers-Val-de-Reuil », la concrétisation de la LNPN doit se faire parallèlement au respect par la SNCF et les collectivités territoriales des engagements pris en faveur de la modernisation, de la rénovation et de la sécurisation de la gare de Val-de-Reuil, dont la SNCF a achevé l’an dernier l’étude technique et financière. Cette opération a déjà amené la Ville (caméras de vidéo vigilance, renforcement de l'éclairage du parking) comme la CASE à lui consentir des crédits non négligeables. Elle ne peut être à nouveau retardée, diminuée ou effacée par la création d'une nouvelle station qui ne sera pas construite avant une dizaine d'années. Les deux démarches sont autonomes, les deux calendriers indépendants.
 
La LNPN, si attendue soit-elle, ne pourra répondre seule aux attentes de tous les habitants de notre agglomération et de notre département. En recommandant la complémentarité des approches actuelles et futures. Nous ne délivrerons pas seulement un avis mais une nécessité que leurs partenaires doivent entendre. 

Marc-Antoine Jamet
maire de Val-de-Reuil 

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