Nous sommes tous et toutes conduits, un jour ou l'autre, à avoir affaire à la justice de notre pays. Justice administrative, justice civile, justice pénale, justice prud'homale, justice commerciale…notre état de droit dispose d'un arsenal législatif conséquent. La plupart du temps, heureusement, la majorité d'entre nous est victime. Mais il arrive parfois que l'on soit auteur d'un délit (routier par exemple) ou professionnel (diffamation pour un journaliste) et plus rarement d'un crime. Nous avons donc tous intérêt à ce que cette justice ait des moyens, fonctionne bien et continue d'être impartiale.
Avoir affaire à la justice cela commence souvent par une rencontre avec la police, les gendarmes, le parquet…ou le doyen des juges d'instruction. Comme l'autorité judiciaire doit être indépendante dans le cadre de la séparation des pouvoirs qui fonde une démocratie, nous croyons tous que les juges sont libres et disposent d'un pouvoir d'appréciation encadré par la loi. On ne concevrait pas une démocratie disposant d'un pouvoir judiciaire agissant différemment à Marseille ou à Lille. La loi doit être la même pour tous et partout sur notre territoire. Elle suppose le parfait respect des institutions et du rôle des différents pouvoirs.
Le président de la République, garant du bon fonctionnement de ces institutions, est donc le garant de l'indépendance des juges. Si le gouvernement a le pouvoir de dicter sa politique pénale aux procureurs, il n'a pas les moyens légaux d'ordonner aux juges d'agir de telle ou telle façon. Dans l'affaire dite «Lætitia», prénom de la jeune fille assassinée près de Nantes, le président a tiré plus vite que son ombre. En condamnant, sans même attendre les résultats des enquêtes internes diligentées sur les causes de l'éventuel dysfonctionnement de la chaîne pénale, Nicolas Sarkozy, comme d'habitude, a voulu stigmatiser une corporation pour s'attirer la mansuétude et les voix des Français. Fillon en même rajouté dans la démagogie en assurant qu'on devait tous éprouver la même compassion à l'égard de la victime et de sa famille. Sous-entendu : les juges ne font que du corporatisme ! C'est tout simplement insultant pour les juges. Et franchement scandaleux.
Hervé Morin qui flaire la campagne présidentielle s'est cru autorisé à critiquer le président pour sa précipitation. Connaissant Hervé Morin, ancien ministre de la Défense de feu le gouvernement Fillon2, et ne doutant pas un seul instant de sa sincérité, c'est qu'il se passe quelque chose à droite et que Nicolas Sarkozy semble avoir de moins en moins de chances de connaître deux mandats consécutifs. En attendant, les ministres sont invités à passer leurs vacances en France et à se tenir, qui sait, à la disposition de la Justice.
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