16 octobre 2016

Quelques réflexions au débotté : quand Hollande se regarde pédaler…et se ramasse


Au Bourget Hollande aurait dû nous dire qu'il était l'adversaire de lui-même.
François Hollande et sa tentative d’autolyse
KO. François Hollande va mettre du temps à se relever, s’il se relève jamais, avant le 15 décembre prochain, date limite des dépôts de candidatures pour participer à la primaire de la Gauche. Dans leur livre, les journalistes du Monde, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, rapportent les propos d’un homme visiblement « sûr de lui et dominateur » mais un homme victime de son surmoi et de ce qu’il considère comme une intelligence supérieure. Un président de la République doit-il être en même temps dans l’action et dans le commentaire de cette action, sans recul, sans prise de distance et surtout sans savoir quel sera le contexte global lors de la parution du livre en chantier sur plusieurs années ?
La réponse est évidemment non. Car nul, même le plus aguerri des hommes politiques, ne devrait accepter de se livrer sans tabou et sans précautions à deux journalistes d’investigation trop heureux d’enregistrer la formule qui fait mouche, qui déplaira aux magistrats accusés de lâcheté, remettra les footeux à leur place, les écologistes dans la marge, les frondeurs chez les idiots utiles. Que reste-t-il à Hollande ? Ce que Corneille faisait dire à Médée : « moi, moi, dis-je et c’est assez. »
Hollande est donc un homme seul victime de lui-même et de son apparent orgueil. Comment, dans ces conditions, pourrait-il concourir avec la moindre de chance de gagner la primaire de la gauche d’abord et la présidentielle ensuite ? Faut-il être surpris de la débandade de la gauche après ce quinquennat Hollande ? La gauche a tout perdu : municipales, cantonales, régionales (encore que…) européennes, comment pourrait-elle gagner l’élection qui détermine tout ou presque ? Il faut être sacrément inconscient ou tout simplement optimiste de nature pour croire que l’opinion publique changera d’avis en quelques semaines.
Le pire est que Hollande se livre maintenant à un rétropédalage à la Trump du genre « ce n’est pas moi, ces propos ne reflètent pas ma pensée…» Quelle tristesse. De même qu’on ne peut pas imaginer un général de Gaulle mis en examen, imagine-t-on un Mitterrand s’excusant d’avoir été imprudent ou maladroit ? Décidément, les supporteurs de Martine Aubry doivent se ronger les sangs en déplorant le plus formidable échec de ce président qui a même l’impudence d’assurer être « personnellement » contre la déchéance de nationalité quand il proposait de la constitutionnaliser pour complaire à Sarkozy. Quel gâchis ! Le coup de grâce vient d'ailleurs d’être donné par Ségolène Royal qui affirme maintenant que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’est pas nécessaire. « Le projet n’ira pas au bout » a déclaré Hollande aux journalistes…Vive le référendum dont j’ai déjà souligné tous les inconvénients et les limites. J’aouterai : quel gâchis et quel bazar !

François-Xavier Priollaud mise sur un cheval d’avenir
François-Xavier Priollaud ira loin car il est malin. En soutenant Bruno Le Maire pour la primaire de la droite et du centre, il sait très bien que le député d’Evreux n’a aucune chance de la gagner. Mais il sait aussi qu’il faudra compter avec « Bruno » lors du prochain gouvernement (éventuel) de la droite. Car la primaire est aussi un examen de passage pour ceux et celles qui aspirent à gouverner la France et qui, en fonction de leurs idées et de leurs calculs, savent se placer à la corde. Ou au bon endroit.
Non seulement M. Priollaud aura de fortes chances de gagner la législative si le président de la République élu est de droite mais en plus il sera à même de jouer un rôle (lequel ?) auprès de son mentor eurois. S’il devient député, la loi sur le cumul — que défend âprement Bruno Le Maire — obligera FXP à abandonner son siège de maire de Louviers (il demeurera sans doute adjoint) et lui permettra de mettre en selle l’un de ses adjoints actuels. Le choix est large : Terlez, Jubert, Bidault…On n’a donc pas fini d’entendre parler de ce cadet de la droite dont je ne doute pas qu’il se ralliera à Juppé au second tour de novembre. 
Au fait, j’invite les électeurs(trices) de gauche a regarder de près le programme économique de l’ancien Premier ministre. Ça décoiffe ! Fin des 35 heures, baisse progressive des indemnités de chômage, diminution du nombre de fonctionnaires, baisse de la dépense publique, suppression de l’ISF…on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas lorsque l’éventuel futur président de la République demandera à sa majorité (éventuelle) de légiférer et d’imposer des mesures antisociales. Il sera toujours temps de descendre dans la rue et de battre le pavé mais il sera trop tard pour pleurer. Alors qui pour présider à gauche ? Pour l’instant, c’est la bouteille à l’encre.

Quand Johnson vantait le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne
Dans un article écrit (mais non publié) à l’occasion du référendum sur le Brexit, Boris Johnson, actuel ministre des affaires étrangères britanniques, a écrit que le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Europe « serait un bienfait pour l’Europe et le monde ». Et puis quelques jours après, changement de pied : L’ancien maire de Londres devenait l’un des principaux pourfendeurs du « remain ».
La seule explication tient en un mot : « la carrière ». Boris Johnson, faisant fi de ses convictions les plus profondes, a opté pour la sortie de l’UE en pensant que le maintien dans l’union serait majoritaire et qu’il se construirait une image solide à peu de frais. Mais l’arroseur arrosé est aujourd’hui bien marri. Tout simplement parce que le gouvernement britannique actuel a récupéré la patate chaude et qu’il est bien ennuyé pour faire face à la situation créée par la victoire du non.
En lisant le Gardian de ce matin, on découvre par ailleurs que le principal financier de la campagne de l’UKIP (avec Farage !) avait des comptes offshore à Gibraltar et dans les îles vierges. Révélé par les Panama Papers, ce fait démontre combien ces hommes politiques sont des affairistes beaucoup plus intéressés par l’argent que par des convictions idéologiques. Pour eux le Brexit est vécu comme un simple moyen de s’enrichir avec d’hypothétiques ouvertures au monde sans les règles de l’UE. Il n’empêche que ces nouveaux prophètes pourraient bien être des prophètes de malheur.

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