L'affaire Murdoch est passionnante. Le vieil homme de presse interrogé par les députés britanniques, par des réponses courtes et lentes à venir, a adopté une stratégie bien connue : ni responsable ni coupable. Alors qu'il est au sommet de la pyramide décisionnelle (avec son fils James) R. Murdoch passe la patate chaude à la hiérarchie de son groupe et notamment Rebeka Brooks, directrice d'une partie de son empire en Grande-Bretagne. Lui est blanc comme neige. Et c'est absolument pitoyable.
Aucun député, conservateur ou travailliste, ne peut croire ce déni. Aucun député ne peut accepter cette fuite de responsabilité après des actes condamnables et qui vont sûrement l'être par la justice britannique et aussi, peut-être, par la justice américaine. Pendant des années des enquêteurs d'un genre particulier ont eu accès, grâce à des complicités policières, à des coordonnées personnelles de personnalités royales ou roturières, permettant à Murdoch de sortir des scoops et de mettre en cause la vie privée de milliers de gens. Je sais bien que si cette presse à scandales ne se vendait pas aussi bien, il serait inutile d'aller fouiller dans l'intimité des politiques, des chanteurs, des acteurs, des personnes suicidées ou tuées…on peut rêver en espérant que cette presse restera lettre morte mais quand on apprend que Paris Match a battu des records de vente avec les mariages princiers récents, il est vain de postuler sur cette « morale attitude ». Les frasques des célébrités passionnent le bon peuple.
En France, il en va ainsi avec les affaires Diallo-Banon du nom des deux femmes qui accusent DSK de viol ou de tentative de viol. Depuis quelques jours, c'est le grand déballage. Anne Mansouret, mère de Tristane Banon et conseillère régionale et générale PS de l'Eure, affirme dans un hebdomadaire que DSK est un soudard obscène (pour l'avoir expérimenté elle-même). L'avocat de Tristane Banon est aux Etats Unis pour rencontrer le procureur Cyrus Vance et l'avocat de Naffisatou Diallo contrairement aux engagements qu'il avait pris publiquement (« je ne me mêlerai pas du procès américain ! »). Ils sont bien peu nombreux, les amis de DSK qui souhaitent un report du calendrier de la primaire socialiste. Ces faits nouveaux ne vont-ils pas inciter le procureur américain à aller plus loin dans la recherche de preuves ?
Quant à François Hollande, il demande à être entendu rapidement par les policiers français. ce qu'il savait ? Qu'un incident avait eu lieu opposant Tristane Banon et DSK mais affirme-t-il, il n'en connaissait pas toute la dimension factuelle, dramatique et psychologique. Ce qu'il a conseillé à Anne Mansouret ? Que sa fille porte plainte. Ce qu'il dira aux policiers ? La même chose.
Il est bien évident que l'affaire DSK fait vendre. Sexe, pouvoir et argent, voilà un alliage favorable aux fantasmes. Le rôle d'une presse majeure serait d'expliquer ce qu'on sait, de relater témoignages et prises de position avec distance et sérieux. Le contraire de ce que pratique la presse de Murdoch.
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