9 février 2018

La mise en cause de Nicolas Hulot : La procureure de Saint-Malo a oublié de préciser « que les faits ne paraissent pas établis. »


« Les faits ne paraissent pas établis. » En omettant ce membre de phrase dans le communiqué paru hier sous la signature de l’actuelle procureure de la République de Saint-Malo, la responsable du parquet de cette ville a commis une faute. Une faute a priori vénielle mais une faute contre la vérité historique concernant l’affaire Nicolas Hulot.

En 1997, entre les 9 et 11 juin de ce mois, Nicolas Hulot et disons une amie semblent avoir noué un lien dont la nature n’appartient qu’à eux sauf délit ou crime évidemment. La jeune femme de 20 ans, petite-fille d’un président de la République de gauche, attend l’écoulement des dix années de prescription pour « viol » avant de porter plainte au cours de la onzième année ( ?) Une enquête diligentée par les gendarmes bretons aboutit à un classement sans suite motivé, indique le procureur de l’époque, « pour prescription (I0 ans) et pour des faits qui ne paraissent pas établis. » La nuance est plus qu'importante.

Nicolas Hulot a la rage.
La défense de Nicolas Hulot est fondée sur cette prescription qui, seule, ne laverait ni son honneur ni sa probité. Mais pas que. Il insiste sur l’absence de matérialité des faits permettant ainsi aux journalistes et aux citoyens d’avoir une idée claire sur le dossier. Dès hier, les éléments de langage des responsables politiques de droite comme du centre, insistaient sur l’absence de charges et s’étonnaient du contenu de l’enquête de l’Ebdo, jeune journal animé par des journalistes blanchis sous le harnais pourtant, dont on pourrait attendre plus de prudence et plus de jugement.
Pourquoi, en effet, cette enquête vaseuse et pourquoi maintenant ? La défense des journalistes consiste à assurer que le numéro 3 du gouvernement doit laver plus blanc que blanc et que son passé doit le rattraper s’il comporte des ombres ou des taches. Cela parait bien court pour expliquer ce choix éditorial.

Un choix compréhensible ? Mais à condition que ce passé — et c’est le cas jusqu’aujourd’hui — comprenne des actes ou des actions hors la loi. Les responsables du journal interrogés sur les plateaux télé (Laurent Valdiguié notamment, l’homme qui sortit l’affaire des costumes de Fillon sur le JDD) semblaient plus que mal à l’aise pour justifier la parution de cette enquête très discutée, semble-t-il, au sein de la rédaction. On peut comprendre que des journalistes plus avisés que d’autres et moins sensibles au sensationnel aient invité leurs cadres à la prudence. Que les propriétaires du journal aient décidé de passer outre indique simplement que la rigueur d’une enquête et l’intérêt général des lecteurs passent après le coup de pub.

Je ne préjuge pas de faits…inconnus. Je ne sous-estime pas la souffrance endurée par des femmes sous la contrainte. Après Balance ton porc et mee-too, il faudrait être soit aveugle soit sourd pour ne pas prendre en compte les légitimes colères des victimes et la nécessaire libération de leur parole. Mais il faut que cette parole soit prononcée à bon escient. Se payer un politique n’est pas un argument suffisant. Que des journalistes se soient livrés à cet exercice ne peut nuire qu’à la profession et à sa crédibilité. Sauf preuve contraire.

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