Pour Guillaume Erner et son émission « Service
public » sur France Inter, c’était ce vendredi matin 26 juin 2015 la dernière.
Non pas la dernière de la saison 2014-2015, mais la dernière tout court.
Quelles sont les causes du non renouvellement à la
prochaine rentrée de son émission quotidienne du matin du lundi au vendredi ?
Pour tout dire nous les ignorons. S’agit-il d’une volonté de sa part d’y mettre
un terme pour entreprendre autre chose ? Ou bien, comme c’est souvent le cas
à France-Inter, a-t-il découvert ces derniers jours que la radio que dirige Mme
Laurence Bloch avait fait le choix de ne pas renouveler son contrat ? Nous
le saurons sans doute dans quelque temps.
Mais, quoi qu’il en soit, ayant intitulé sa dernière émission :
« La fin du service public ? »,
nous ne pouvons considérer comme fortuit, le choix qu’il a fait d’avoir comme unique
et dernier invité et seul interlocuteur pour les cinquante minutes qu’elle
dure, l’économiste et philosophe Frédéric Lordon. Frédéric Lordon que pour
notre part – mais nous n’écoutons pas France Inter 24 heures sur 24 – nous n’avions
pas entendu sur cette radio depuis plus d’un an et l’arrêt de l’émission de
Daniel Mermet « Là-bas si j’y suis »
qui était le seul à l’inviter régulièrement sur cette antenne, avec des
journalistes du Monde diplomatique.
Car, au milieu de la pensée unique des économistes
dits orthodoxes et journalistes européistes béats monopolisant les medias et intervenant
régulièrement sur France Inter, comme les Dominique Seux des Échos, Dominique
Reynié de la Fondapol, qui s’est récemment démasqué, Emmanuel Lechypre de BFM
business, Christian Chavagneux d’Alternatives économiques, et timide
contradicteur du précédent, Élie Cohen, voire Philippe Chalmin, etc, pour les
premiers, et pour les seconds dont Bernard Guetta est l’archétype, sa pensée hétérodoxe
sent le soufre. Et pour la plupart des gens bien-pensants qui dirigent cette
antenne – de service public – faut-il le rappeler – et ne veulent à aucun prix
déplaire au pouvoir ou sortir du politiquement correct, Frédéric Lordon est le
diable en personne.
En l’invitant donc pour sa dernière émission, Guillaume
Erner s’est-il servi de Frédéric Lordon pour régler des comptes ? Ce n’est
là pour le moment que pure spéculation. Mais qu’importe. L’essentiel était
ailleurs. L’essentiel était de pouvoir écouter les propos de Frédéric Lordon
sur l’économie en général, sur l’Union européenne et la crise grecque en
particulier. Et profiter de son talent de pédagogue à faire comprendre à tous
ce qui nous est généralement caché ou développé sous le seul angle de l’économie
néolibérale et de ses dogmes, ou encore présenté de façon volontairement
embrouillée pour précisément le rendre inaccessible au commun que nous sommes.
Pour finir par conclure avec le fameux « There
is no alternative » de Margaret Thatcher ou encore plus récemment le « Il ne peut y avoir de choix démocratique
contre les traités européens » de Jean-Claude Juncker, président de la
Commission européenne.
Avec la personne de Frédéric Lordon, cette émission était,
sur un registre un peu différent, un prolongement du brillant article des « Économistes
atterrés » intitulé« Nous
accusons les créanciers de vouloir étouffer la Grèce… », paru hier
dans Libération et repris in extenso
par Jean-Charles Houel sur ce blog.
À écouter ou à réécouter
sur France Inter :
Reynald Harlaut
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