19 octobre 2010

Retraites : au sixième jour, la mobilisation ne faiblit pas

photo Jean-Jacques Nolle

Combien étions-nous ce mardi 19 octobre à Évreux à répondre à l’appel des organisations syndicales et des partis politiques de gauche ? Douze mille, quinze mille ? Il nous a paru que nous étions aussi nombreux que lors de la manifestation du 12 octobre dernier. C’est dire que le niveau de mobilisation est intact.

Nicolas Sarkozy et son gouvernement, arc-boutés sur des positions qui ne leur laissent à présent aucune marge de manœuvre, comptaient sur la lassitude et le pourrissement de la situation. C’est perdu !

Car jamais en France on n’a connu l’arrêt total (sans jeu de mots) du raffinage pour cause de grève. Est-ce cela qu’ils nomment la rupture ? Aux déclarations de Fillon assurant que le pays ne connaîtrait pas de pénurie de carburant, la réalité de la situation apporte un démenti cinglant. Comme sur le reste, ils ne cessent de nous mentir.

Ils disaient aux jeunes que ce mouvement ne les concernait pas et qu’ils n’en connaissaient même pas les enjeux. Affichant le mépris qu’ils ont pour eux, ils affirmaient qu’ils ne connaissaient rien à la loi en débat sur les retraites et que leur seul objectif en manifestant était de sécher les cours. La jeunesse leur apporte un démenti cinglant. Bien sûr qu’elle les concerne.

Retarder le départ des plus anciens va freiner l’entrée des plus jeunes dans la vie active. Ils savent bien que déjà ce sont eux qui sont le plus pénalisés par la crise et la pénurie d’emploi. 25% des moins de vingt-cinq ans sont en recherche d’emploi. Ils savent aussi que désormais, pour la plupart d’entre eux, c’est la précarité qui les attend avec des stages, des CDD à répétition ou des petits boulots à raison de quelques heures par semaine. Ils se rendent à l’évidence qu’ils ne pourront espérer conserver le niveau de vie de leurs parents. Parents qui eux-mêmes commencent à payer cash les conséquences de la crise financière avec son cortège de suppressions d’emplois, de fermetures d’entreprises et d’angoisse pour leur avenir plus que jamais incertain.

Ils savent enfin que sur cela comme sur le reste Sarkozy et sa clique leur ont menti et ne cherchent à protéger qu’une poignée de personnes immensément riches en faisant porter tous les efforts sur les plus modestes. Ces jeunes, avec la soif d’idéal qui est la leur, sont profondément révoltés par tant d’injustice.

Tous, jeunes et vieux, quelle que soit la situation dans les prochains jours, que la loi sur les retraites soit votée ou non, affirment que leur colère restera intacte, leur sentiment d’injustice profond et qu’il s’exprimera à nouveau à la moindre occasion. Quelle que soit désormais l’issue du conflit, Sarkozy ne perd rien pour attendre.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

Aucun commentaire: