« Alors
que notre ville est toujours en deuil et qu’une enquête est en cours, Mediapart
aurait-il eu accès à des images qui sont normalement protégées par le secret de
l’enquête ? » Voilà tout ce qu’a trouvé Christian
Estrosi, ancien maire de Nice et adjoint à la sécurité de la ville, pour attaquer Mediapart et poursuivre
le site d’information en diffamation. Il est vrai que le selfie de M. Estrosi
avec l’auteur du massacre (pris en août 2015) fait mal dans le paysage même si
on ne peut reprocher au président de la Région de poser pour des photos avec
des gens qui l’encensent ou l’admirent.
Un procès en diffamation, si M. Estrosi confirme ses
projets de plainte, ce qui n’est pas du tout évident aujourd’hui, est une arme
à double tranchant. Le site Mediapart et Edwy Plenel, directeur de la
rédaction, auront beau jeu de plaider la vérité des faits et aussi leur bonne
foi qui exonèrent les journalistes de toute responsabilité. En règle générale
les plaintes en diffamation n’ont qu’un but : faire taire les journalistes
trop curieux ou trop bien informés. Cette arme est à double tranchant puisqu’un
procès est aussi une occasion de rendre publiques des turpitudes et des preuves
qui, sans cela, n’auraient été que survolées pendant un jour ou deux. Estrosi a
donc tort de vouloir polémiquer sur la responsabilité de sa police et les erreurs
éventuelles qu'elle a commises.
J’imagine que la menace d’un procès en diffamation
n’effraie pas outre mesure la rédaction de Mediapart. Son enquête est
argumentée, les mots sont bien choisis et surtout elle s’appuie sur un dossier
redoutable pour la crédibilité de la police municipale niçoise qu’Estrosi veut
protéger à tout prix. Quant au secret de l’instruction, on sait depuis belle
lurette qu’il n’est qu’un secret de polichinelle. Destiné à protéger les
justiciables des pressions et des rumeurs, il n’alimente en fait que le désir
toujours plus grand des journalistes d’investigation de chercher à mettre au
jour ce qu’on voudrait nous cacher. Que M. Estrosi trouve saumâtre de voir son système de défense mis à mal se comprend mais la liberté d'informer se situe au-dessus de ses états d'âme.
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