3 décembre 2020

FX Priollaud : « VGE était un président réformateur et visionnaire »

J’ai été un adversaire politique de Valéry Giscard d’Estaing et je ne vais pas vanter des mérites que ses amis politiques sauront mieux défendre que moi-même. Il aura été le représentant d’une France privilégiée tout en étant un homme de progrès capable de sentir les humeurs d’un pays que mai 68 avait profondément remué. Comme d’autres états dans le monde, la France de cette époque avait besoin de briser des chaines et de se libérer d’un carcan idéologique dépassé. Le général de Gaulle puis Georges Pompidou, appartenaient à des générations de la guerre et de l’immédiat après-guerre. Valéry Giscard d’Estaing apparaissait comme un homme neuf, réformateur, certes, mais tout de même défenseur d’intérêts servis par un système économique injuste. N’avait-il pas été le ministre de gouvernements dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’étaient pas économiquement progressistes. Les élections législatives de 1978 avaient été un coup de semonce. La droite avait certes, gagné, mais la gauche, notamment socialiste, avait conquis maintes circonscriptions. La défaite de 1981 était inscrite dans cette première alerte.

VGE, fit voter des lois plutôt sociales-démocrates adoptées car soutenues par la gauche : majorité à 18 ans, interruption volontaire de grossesse, divorce par consentement mutuel, engagement européen. Il porta comme un fardeau la défaite du général de Gaulle de 1969 que les Chiraquiens avaient décidé de lui faire payer puisque VGE avait voté non au référendum de 1969. Nul n'ignore que Jacques Chirac le détestait et fit ce qu'il fallait pour assurer sa défaite en 1981. Ce président jeune (48 ans) d’une modernité à la fois hautaine et populaire, aurait pu connaître un autre destin s’il avait su prendre en compte les désirs d’une France au travail minée par les crises économiques (pétrolières notamment) et par son désir d’une répartition plus juste des richesses produites. Son « au revoir » télévisé, ridicule voire pathétique, avait montré les limites de sa compréhension de cette France laborieuse autant que son refus de mettre fin à la peine de mort que François Mitterrand allait courageusement imposer quelques semaines après sa victoire en mai 1981. VGE avait ensuite beaucoup travaillé sur le traité constitutionnel européen rejeté par les Français à 55 %. Sa déception était immense mais comment, en cette fin d’année 2020 en crise sur tous les fronts, sanitaire, économique, social, ne pas saluer la mémoire de cet homme d’état très intelligent aux allures parfois compassées, alors que la Covid 19 a eu raison de sa résistance physique.

Le maire de Louviers, François-Xavier Priollaud, dans le communiqué qu’il nous a transmis, fait part de son admiration et salue l’action d’un « président visionnaire »:

 

« Valéry Giscard d’Estaing aura marqué de son empreinte le destin de la France et de l’Europe. Je veux rendre hommage à son esprit résolument réformateur, à son intelligence hors du commun et à la modernité qu’il a su insuffler pendant un septennat pour transformer durablement notre pays.

Il fait partie du club fermé de ces présidents visionnaires qui ont eu un temps d’avance sur leur époque à travers de grandes réformes sociétales, démocratiques, technologiques, économiques et européennes. Elles ont toutes eu pour point commun d’avoir été des réformes de progrès pour tous, et pas seulement pour « Deux Français sur trois ».

VGE a su incarner comme nul autre la famille centriste qui est devenue grâce à lui une force politique centrale, au cœur des territoires, autour des valeurs libérales et humanistes.  

J’ai mesuré en travaillant à ses côtés lors de la Convention européenne, en 2002-2003, combien Valéry Giscard d’Estaing, attaché à la relation transatlantique et fervent européen, a toujours eu à cœur de promouvoir une Europe politique, souveraine et conquérante.»

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