Le site d’information
Mediapart dérange. Il a, au cours de ces dernières années, donné du fil à
retordre à bien des politiques. De l’affaire Cahuzac à l’affaire Bettencourt,
de l’affaire Sarkozy-Libye aux frasques de Claude Guéant, les journalistes de
Mediapart n’ont pas chômé. Le pouvoir — tous les pouvoirs — craignent ces
journalistes d’investigation, enquêteurs jamais à court d’idées et d’informations.
En publiant, il y a quelques
jours, des enregistrements de conversations privées entre Alexandre Benalla et
Vincent Crase, « au nom de l’intérêt public », le site Mediapart s’est attiré
de très élogieux commentaires et de vives critiques. Au nom de quoi, en effet,
des journalistes se permettent-ils de rendre publiques des paroles saisies on
ne sait ni comment ni par qui ni pourquoi. Et dans un cadre totalement privé.
Edwy Plenel, directeur de Mediapart répond : « Quand ces enregistrements permettent aux citoyens de connaître les
tenants et les aboutissants d’une affaire d’intérêt général, les journalistes
ont le devoir de les faire connaître. » Il s’appuie d’ailleurs sur le
jugement d’un tribunal qui dans l’affaire des écoutes du majordome de Liliane
Bettencourt avait déclaré Mediapart exempt de toute peine au nom de la légitimité
de l’information et de l’intérêt
général.
Alors, on comprend d’autant
moins les raisons qui ont amené deux procureurs et des policiers à vouloir
perquisitionner les bureaux de Mediapart, hier et on comprend mieux pourquoi
Fabrice Arfi, directeur adjoint, a refusé cette perquisition. Qui sait si le
juge de la détention et des libertés autorisera dans les jours qui viennent une
perquisition coercitive, cette fois ?
Ce qui est en jeu est fort
simple. Contraindre un journaliste à divulguer ses sources est impensable. Que
serait un journalisme d’investigation sans sources fiables et sûres ? Tenter
de les identifier par des manœuvres judiciaires même légales, est immoral. Un
seul cas justifierait une plainte : si les journalistes avaient eux-mêmes
procédé aux enregistrements des conversations par des moyens techniques illégaux ?
On n’en est pas encore là.
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