Henri Weber, député européen, Marc Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil et Philippe Bove, secrétaire de la section rolivaloise. (photo JCH)
Henri Weber, député européen, membre du bureau national du Parti socialiste, était invité par la section PS de Val-de-Reuil, ce vendredi, devant laquelle il est venu défendre la motion présentée par Martine Aubry et un certain nombre d'alliés importants comme Arnaud Montebourg, Laurent Fabius, J.C. Cambadélis, Pierre Mauroy, et sur le plan local, Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, François Loncle, député et Yves Léonard, premier secrétaire fédéral de l'Eure.
Impossible d'évoquer le congrès de Reims, les problèmes internes du PS, l'analyse de l'échec des présidentielles sans commencer par la crise économique et sociale engendrée par l'effondrement du capitalisme financier. Sous nos yeux, en quelques jours, des banques ayant pignon sur Wall Street, se sont écroulées comme un château de cartes, gangrénées par des actifs « pourris » fruits d'un système pervers visant à augmenter sans cesse les profits sans que l'économie réelle puisse suivre une course effrénée.
A ce jeu là, vient le temps où tous les joueurs sont contraints d'abattre leurs cartes et de montrer qu'ils n'ont pas les atouts de l'annonce. Les socialistes peuvent-ils se réjouir de cette situation : « bien sûr que non, reconnait Henri Weber, mais nous ne sommes pas les passéistes, les ringards, les vilains socio-démocrates qui ne comprennent rien à rien. Le capitalisme financier répond à une méthode, à une théorie, le libéralisme économique, fondée au 18e siècle et qui voudrait que la somme des intérêts particuliers et égoïstes forme l'intérêt général. » Sans les Etats, sans une concertation mondiale, rien ne sera possible. Le socialisme gagnerait-il à être mieux connu ?
Le libéralisme économique ne marche pas. Reagan et Thatcher, depuis trente ans, ont voulu faire croire que cette méthode du renard dans le poulailler allait conquérir le monde : pays développés comme pays émergents. « Au début, ça n'a pas trop mal marché. Quand ça s'est gâté, de bonnes âmes ont assuré que le marché allait s'auto-réguler. Tu parles, aujourd'hui, sans les Etats et la recapitalisation des banques nationalisées, de fait, on serait dans le gouffre. »
Alors, la motion Aubry : « Elle doit arriver en tête car les statuts du parti précisent que la recherche de la synthèse se fait autour de la motion ayant recueilli le plus de voix. » Pour Henri Weber, la motion Hamon, si proche de la motion Aubry, se trompe d'objectif : « On ne peut pas chercher à se compter lorsqu'on fait courir un vrai risque au PS en privilégiant objectivement d'autres leaders de motions bien moins à gauche que la nôtre. » Le risque : que Bertrand Delanoë ou Ségolène Royal arrive en tête. Risque politique, risque d'avenir : « Le PS est aujourd'hui inaudible parce qu'il n'a pas de patron. Martine Aubry a le profil : ses convictions à gauche n'ont jamais varié. Elle a une haute conception de la politique, loin du spectacle, de la messe médiatique. Son opposition à Sarkozy n'est pas molle. Son action au gouvernement Jospin : conquêtes sociales, emplois jeunes, CMU, baisse du chômage, équilibre des comptes de la sécurité sociale…Sa volonté de travailler en équipe et celle de gagner la bataille idéologique face à Fillon-Sarkozy lui permettront de rassembler les socialistes et de mettre le PS au travail. »
J'ai interrogé Henri Weber sur la nécessité de (re)faire du PS un parti de militants : dans les cages d'escaliers, aux portes des usines, aux côtés des grévistes, contre la privatisation de la Poste, aux côtés des syndicats. Hubert Zoutu l'a interpellé sur le manque d'analyses publiques après l'échec des présidentielles de Ségolène Royal…
Le PS est un parti d'élus qui « gouvernent » 60 % des Français. La plupart apprécient l'action locale et régionale des socialistes. Ils sont donc visibles « mais ils jouent en ligue 2. Il nous faut monter en ligue 1. » Quant à l'échec de Ségolène Royal, il n'y a pas une cause mais un ensemble de causes. Et puis, en face, il y avait un poids lourd de la droite, jeune et conquérant. Même si en 18 mois, il a perdu de sa superbe, il demeure un adversaire dangereux tant le caméléon peut changer de couleur et de posture. Prendre des ministres de gauche, tenir un discours « de gauche » et gouverner…à droite.
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