10 octobre 2008

Profits et primes records pour les banques d’affaires new-yorkaises

C'était hier : Les bénéfices combinés des cinq plus grands établissements de Manhattan devraient dépasser 28 milliards de dollars. Les primes accordées à leurs collaborateurs, en hausse de 30% reflètent cette prospérité.
New York
CORRESPONDANT
L’année 2006 restera dans les annales à Wall Street. La prospérité insolente de la fin du siècle dernier, au moment de la bulle Internet, a été dépassée. Jamais les grandes banques d’investissement américaines n’auront gagné autant d’argent et leurs heureux employés touché autant de bonus : plus de 622.000 dollars (475.000 euros) en moyenne pour les 26 467 salariés de Goldman Sachs par exemple.

La finance nage dans l'euphorie
Plus discrète qu’à la fin des années 1990, la finance locale nage dans l’euphorie. Après six mois de hausse, l’indice Dow Jones de la bourse de New York ne cesse d’atteindre de nouveaux sommets historiques – au-delà des 12 000 points – et le volume des fusions-acquisitions a battu le record de l’année 2008, avec un total de transactions de plus de 3.460 milliards de dollars (2.777 milliards d’euros). Le marché obligataire étant lui aussi en grande forme, il n’est pas étonnant que les grandes maisons de Wall Street se soient transformées en machines à fabriquer des profits. Quand Lehman Brothers (LB) et Bear Stearns (BS) ont annoncé leurs résultats pour 2006, jeudi 14 décembre, les messages étaient presque identiques et le mot « record » cité pas moins de 37 fois dans leurs communiqués. LB a réalisé un bénéfice net de 4 milliards de dollars (+23%), et BS de 2,1 milliards (+40%). Une broutille à côté de Goldman Sachs qui, deux jours plus tôt, avait annoncé une envolée de 70% de ses profits, à 9,4 milliards de dollars, soit plus que les cinq grandes banques de Wall Street réunies en 2001 et 2002.

L’argent coule à flots
Morgan Stanley publiera se comptes cette semaine et Merril Lynch en janvier. Il faut s’attendre à d’autres records. Pour les neuf premiers mois de l’année, les bénéfices combinés des cinq maisons représentent 21,3 milliards de dollars, déjà plus que pour toute l’année 2005.
Au total, selon le consensus des analystes, calculé par Thomson Financial, ils devraient atteindre, pour l’ensemble de 2006, plus de 28 milliards de dollars.

Cela peut-il durer ?
Pour les économistes, cela dépendra, notamment, de la capacité de l’économie américaine, dont la croissance ralentit depuis neuf mois, à rebondir en 2007, des éventuelles baisses de taux de la Réserve fédérale et de la résistance du consommateur.
« Ceux qui auront un grand sourire en recevant leur chèque vont tout de même réaliser qu’il y a peu de chances qu’il soit du même montant dans un an. Les étoiles ne s’alignent pas toutes comme cela souvent », souligne Henry Higdon qui dirige la firme de recrutement Higdon Partners à New York.
En attendant, les fêtes de fin d’année s’annoncent grandioses à Manhattan tant l’argent coule à flot et les craintes de la première place financière mondiale de perdre son attrait sont, pour le moment, oubliées. Les 170 000 banquiers et autres courtiers qui travaillent dans les cinq grandes banques d’investissement new-yorkaises devraient recevoir environ 36 milliards de dollars de bonus, soit 30% de plus que l’an dernier.

Pas étonnant si le marché de l’immobilier résiste dans la métropole tandis que les prix baissent et les transactions s’effondrent dans tous les Etats-Unis. A Manhattan, le nombre de logements vendus a augmenté de 1% en novembre et les prix sont en hausse de plus de 17% en un an. Le mois dernier, 38 maisons ont été achetées à plus de 10 millions de dollars l’unité. Parmi les opérations records, le directeur général de la Bourse de New York, John Thain, a acquis un duplex au 740 Park Avenue pour 27,5 millions de dollars. Dans cet immeuble prestigieux ont vécu les familles Rockefeller, Vanderbilt et Chrysler.
Commerces et restaurants de luxe profitent aussi de la mane. Tout comme les finances de la ville : l’industrie financière devrait payer cette année près de 2 milliards et demi d’impôts à la municipalité. Et chaque emploi à Wall Street en génère au moins trois autres dans la cité.

Éric Leser
Le Monde de l’Économie du 19 décembre 2006

Au moins une information intéressante dans cet article : les Américains ont l’adresse de M. John Thain. Ils savent donc où le trouver. Il doit bien lui rester encore quelques dollars qu’il pourrait mettre à la disposition des plus nécessiteux d’entre eux !
Reynald Harlaut

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