19 mars 2020

Après un premier tour « mascarade », François-Xavier Priollaud solidement installé dans son fauteuil de maire


Avant le dépouillement à huis clos.
Il était aberrant d’organiser un premier tour de scrutin municipal. Franchement, qui avait la tête à voter dimanche alors que le discours alarmiste du Premier ministre, samedi, impliquait un pré-confinement pour tous, totalement paradoxal avec la sortie pour voter malgré les précautions prises. C’est si vrai que Mme Buzyn, ancienne ministre de la santé, affirme dans le journal Le Monde, qu’elle avait alerté le gouvernement en janvier du tsunami épidémique en cours et que les municipales deviendraient « une mascarade ». Mascarade ce fut et c’est bien regrettable.

Avec un taux de participation ridicule, avec des strates sociologiques participantes très différentes selon les régions et les communes, on lit des résultats très distants des sondages les plus récents démontrant le désarroi de nombre d’électeurs de toutes les classes sociales. Cependant, j’ai toujours affirmé que l’analyse d’un scrutin ne pouvait se faire en invoquant, pour les perdants, le faible taux de participation même en cas de circonstances exceptionnelles. Je ne vais donc pas commencer aujourd’hui. Le taux de participation à Louviers (38 %) est extrêmement faible, comme partout ailleurs en France mais plus que partout ailleurs en France. Certains bureaux se sont montrés plus allants, plus volontaires malgré le coronavirus et c’est notamment le cas des bureaux qui ont majoritairement voté pour le maire sortant. C’est donc la preuve que les sortants ont bénéficié d’un énorme avantage (quelle que soit leur étiquette d’ailleurs). Mais on ne va pas reprocher au maire d’avoir volé sa victoire. Sa campagne tous azimuts débutée il y a longtemps, ses inaugurations au calendrier habile et sa lettre distribuée 24 heures avant le scrutin en tant que maire solidaire et prudent ont montré une aptitude à favoriser une victoire dont, personnellement, je n’avais jamais douté. Je n’aurais pas parié un euro sur une majorité absolue au premier tour mais les faits sont là et sa victoire indiscutable.

Car un maire sortant dispose de nombreux avantages : sa notoriété, ses réalisations, sa présence dans les médias, ses photos dans le bulletin municipal, ses diverses casquettes au conseil régional, à l’agglomération, son travail de terrain conduit avec application et l’aide de quelques personnalités convaincantes comme Mme Terlez ou M. Bidault, constituaient un paysage plus que favorable. Cette année, si j’en juge par l’ensemble des résultats, une immense majorité de maires en place vont le rester, qu’ils soient de gauche ou de droite, avec une nouveauté tout de même, la poussée réelle des écologistes qui ne peut que réjouir les citoyens responsables.

L’opposition lovérienne termine à plusieurs longueurs du vainqueur. Philippe Brun, tête de liste d’une équipe unie et diverse devient le leader naturel du travail de reconquête de la mairie de Louviers. Diego Ortega n’a pas bénéficié de l’influence réelle ou supposée des réseaux martinistes et a sans doute été victime du souvenir inégalement apprécié d’une gestion désavouée en 2014.

Les électeurs invités à sortir de la salle.
Le travail d’un opposant est difficile. Car l’opposition est souvent amenée à réagir plutôt qu’être dans l’action. Elle connaît souvent imparfaitement les dossiers. Elle doit compter sur les erreurs ou les fautes de la majorité. Comme François-Xavier Priollaud n’est pas né de la dernière pluie et malgré la brume politique qu’il a répandue autour de lui en gommant tactiquement les étiquettes des partis le soutenant, il sera forcément le référent obligé de ses opposants. Ces derniers vont devoir s’armer de patience et travailler sur le terrain, dans les associations, dans les médias car ce n’est pas au conseil municipal que se joue la confiance populaire. Philippe Brun, jeune, énarque, à la tête « bien faite et bien pleine » savait que la victoire n’était pas possible cette fois-ci. Avec une gauche divisée qui plus est, le pari était d’autant plus redoutable. Je ne commenterai pas la campagne de Hacen Mohamedi qui a eu le mérite d’annoncer la couleur dès sa candidature : pas d’union à gauche ni au premier, ni au second tour ! Compte tenu de son score, la question ne lui sera pas posée.

Quant au Rassemblement national, il paie la note au prix fort. Les quartiers abstentionnistes ont abandonné les enfants de Marine Le Pen et Timothée Houssin, parfait inconnu au bataillon, récolte des miettes…d’un nombre de suffrages exprimés maigrelets. Des miettes de presque rien, cela ne fait pas beaucoup.

Au final, cette élection intervenue dans un contexte anxiogène, avec une participation ridicule, peut être considérée comme un épiphénomène. Elle ne rend compte ni de l’investissement personnel et collectif de l’ensemble des équipes ni d’un sincère équilibre des forces politiques à Louviers et en France. L’installation des conseils municipaux se fera cette semaine à huis clos. Loin des fêtes d’antan.

Dans la communauté d’agglomération, citons la réélection triomphale de Marc-Antoine Jamet a Val-de-Reuil (mais qui en doutait) et de Richard Jacquet à Pont-de-l’Arche. Celui-ci n’ayant pas souffert d’une dissidence (comme toujours en pareil cas) affaiblie par le départ de sa principale animatrice.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est bizarre l’élection de F X Priollaud , qui n'est pas de gauche ,est un épiphénomène.Alors que les élections de Mrs Jamet et Jacquet , de gauche, n’amènent pas de commentaires . Quelle objectivité..... Quel adjectif donnez vous à la raclée qu'a pris la gauche à Louviers ?