L’ancien commissaire européen Frits Bolkestein n’est pas mort. Et ses idées se portent comme un charme. Les agriculteurs français viendraient d’en avoir la preuve, et pas par n’importe qui : par le conseiller à l’agriculture de l’Élysée en personne.
Car le problème des agriculteurs français (producteurs laitiers, éleveurs, producteurs de fruits et légumes), ce n’est pas d’être pieds et poings liés par un système de distribution qui les étrangle chaque jour un peu plus. Ce n’est pas non plus d’être assujettis à une politique européenne qui veut en finir avec la PAC et soumettre leur production à la loi du marché et à la libre concurrence mondiale pour complaire à l’OMC. Non, ce n’est pas du tout cela. Leur problème, leur avait déjà expliqué en substance Bruno Le Maire, leur ministre de tutelle, c’est qu’ils ne sont pas encore assez compétitifs.
En dépit des efforts considérables qu’ils ont consenti au cours des dernières décennies pour hisser la productivité de l’agriculture française en tête de l’agriculture européenne et au tout premier rang mondial, c’est désormais le coût de la main d’œuvre qui serait la cause de leur situation catastrophique ! Il fallait avoir le courage de le leur dire ; le conseiller à l’agriculture de Nicolas Sarkozy l’a eu ! Et dans la foulée, il a trouvé la solution à leur problème. Il leur a proposé d’ouvrir en Pologne et en Roumanie des agences de recrutement d’intérimaires, tout ce qu’il y a de plus officielles. Ils pourraient s’y approvisionner, selon leurs besoins, en travailleurs. Ces derniers payés, cela va de soi, au tarif de leurs pays respectifs, soit environ 2 euros de l’heure pour des ouvriers agricoles roumains.
Cela ne vous rappelle-t-il rien ? Souvenez-vous : lors du référendum sur la constitution européenne, ce fameux plombier polonais qui symbolisa à lui seul le dumping social, rêve de tous les ardents défenseurs de la concurrence libre et non faussée. Eh bien, le revoici habillé en ouvrier agricole !
Scandalisée, l’organisation agricole « Légumes de France » dont la présidente aurait été l’interlocutrice du conseiller élyséen a vivement et négativement réagi à cette proposition ultralibérale qui se situe, on l’aura compris, dans le droit fil de la pensée officielle. Faire cela, c’est condamner au chômage des milliers et des milliers de nos concitoyens qui parviennent encore à se maintenir dans les campagnes. C’est priver de cette ressource financière dont ils ont un besoin absolu, les saisonniers, qui pour vivre, et les étudiants, qui pour se faire un peu d’argent pour financer leurs études, vont cueillir les melons et les fruits, trier les pommes de terre et les oignons ou encore vendanger.
Décidément, avec ce président et son entourage, le cynisme n’a pas de limites. Ce qui ne passe pas aujourd’hui finira bien par être accepté un jour prochain pense t-on en haut lieu. Il suffit pour cela d’y préparer l’opinion. Ils y travaillent sans relâche, soyons en sûrs ! Et ils comptent bien y parvenir. À moins que…
Reynald Harlaut
Parti de Gauche
1 commentaire:
C'est scandaleux, si vous dites vrai. Pour l'instant je n'ai pas eu d'autres informations à ce sujet.
Article 23
1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.
3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
4. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.
Article 25
1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
2. La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale.
http://www.un.org/fr/documents/udhr/#a25
Sylvia Mackert
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