J’attendais avec impatience
l’ordonnance du Conseil d’Etat statuant en référé suite aux demandes d’annulation
d’un arrêté municipal à Villeneuve-Loubet présentées à la fois par la Ligue des
droits de l’homme et l’association de lutte contre l’islamophobie. Le moins que
l’on puisse dire est que le juge des référés met sérieusement à mal les
argumentations de MM. Sarkozy, Valls, Ciotti et tous leurs acolytes puisqu’il
annule le jugement du tribunal administratif de Nice qui avait donné son accord
à l’application de cet arrêté et de quelques autres. L’arrêté, je le rappelle,
visait à interdire aux femmes le désirant d’être vêtues d’un voile ou d’un
foulard ou d’une tenue trop habillée !
Que reprochait-on à ces
femmes ? De poser un problème d’ordre public et de « provoquer » les pauvres
estivants que nous sommes, bien blancs et bien Français ! Quelle gifle que
cette décision du Conseil d’Etat appelée à faire jurisprudence. La haute
autorité administrative considère que si le maire est bien chargé de la sécurité
dans sa commune, il ne doit agir que pour veiller au respect des lois et
notamment celle concernant la liberté d’aller et venir, la liberté de
conscience et la liberté de pratiquer la religion de son choix. S’agissant de
la baignade sur une plage publique, qui plus est, toute personne est autorisée à
aller à l’eau (ou non) dans la tenue qu’il affectionne si la décence et l’hygiène
sont respectées. Ce qui était évidemment le cas à Villeneuve-Loubet.
La polémique au sein du
gouvernement opposait Manuel Valls à Najat Valaud-Belkacem et Marisol Touraine.
Etant contre le port du voile à titre personnel — c’est mon cas aussi — ces
dernières contestaient à la puissance publique le droit de s’immiscer dans le
choix très personnel d’être vêtu comme on le souhaite et notamment sur les
plages de notre beau pays. Les
arguments relatifs au terrorisme et autres prétextes fallacieux ont été balayés
par le Conseil d’Etat. Il s’agit donc d’une défaite morale pour Manuel Valls et
le président qui, fidèle à lui-même, ne s’était pas, si je puis dire, mouillé.
Une fois encore, saluons la décision de notre juridiction administrative suprême,
elle prouve qu’un état démocratique n’est fort et respecté que si la loi n’est
dénaturée ni dans sa lettre ni dans son esprit.
La section de Nice de la
Ligue des droits de l’homme a publié, cet après-midi, le communiqué suivant :
« La
section de Nice de la LDH prend acte de la décision du Conseil d’État
concernant la commune de Villeneuve-Loubet ; elle demande aux communes concernées
du Département des Alpes-Maritimes d'abroger immédiatement les arrêtés
similaires, désormais entachés d’illégalité.
Le
droit fondamental de manifester sa religion ou ses convictions dans l'espace
public sera à nouveau respecté et nous nous félicitons d'y avoir contribué ;
mais, en même temps, la section de Nice de la LDH réaffirme qu'elle désapprouve
le port de vêtements qui symbolisent la soumission des femmes et portent ainsi
atteinte à l'égalité entre les hommes et les femmes.
Les
arrêtés démagogiques et populistes sont inutiles et même dangereux ; notre région
a surtout besoin de politiques de lutte contre la ségrégation urbaine et en
faveur de la cohésion sociale. Nous faisons confiance aux enseignants, aux éducateurs,
au monde associatif et syndical, aux hommes politiques de bonne volonté, afin
que, par un travail de proximité et au quotidien, les capacités d'intégration
de notre société laïque soient renforcées. »
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