Je t’écris aujourd’hui pour te dire à quel point je
comprends la stupeur et la colère qui doivent être les tiennes après les aveux
de Jérôme Cahuzac. Je les comprends d’autant mieux que je ressens la même
stupeur et la même colère. Par ses actes d’une extrême gravité, la détention
d’un compte dissimulé à l’étranger pour frauder le fisc, et ses mensonges
inacceptables, il a trahi la confiance du président de la République, du
Premier ministre, du Gouvernement auquel il appartenait, de la représentation
nationale, des citoyens, mais aussi des militants socialistes.
Ces actes sont incompatibles avec les
exigences de la vie politique et des mandats publics qui lui avaient été
confiés. Ils constituent une blessure pour tous les socialistes. Être
socialiste, c’est avant tout avoir des devoirs envers la République et envers
les Français. Par ses agissements, Jérôme Cahuzac s’est exclu de fait de notre
Parti.
Lors de son intervention télévisée de
ce mercredi 3 avril, le
président de la République a fait preuve d’une fermeté absolue. Le président de
la République et le Premier ministre ont respecté scrupuleusement
l’indépendance de la justice. Celle-ci n’a jamais été entravée dans son action.
Ils ont fait preuve à cet égard d’un respect exemplaire du principe fondamental
de séparation des pouvoirs. Enfin, ils ont pris, dès l’ouverture d’une
information judiciaire, les décisions fermes et rapides qui s’imposaient, en
mettant fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac. Respect absolu de l’indépendance
de la justice et des principes démocratiques, réaction prompte et appropriée:
l’UMP ne peut se prévaloir d’une telle attitude, pas davantage hier au pouvoir
qu’aujourd’hui dans l’opposition.
François Hollande a annoncé trois
décisions majeures pour une République exemplaire, digne de la confiance des
Français: renforcer l’indépendance de la justice avec la réforme du Conseil
Supérieur de la Magistrature, lutter contre les conflits d’intérêt avec la
publication obligatoire et le contrôle du patrimoine des parlementaires et des
ministres, et interdire tout mandat public aux élus condamnés pour délit de
corruption ou de fraude fiscale.
La droite et l’extrême-droite
essaient de tirer profit aujourd’hui de cette situation pour se livrer à une surenchère politicienne
dangereuse : elles instrumentalisent une affaire individuelle à des fins de
déstabilisation du Président et du Gouvernement. Nous ne devons pas l’accepter.
Il est particulièrement inacceptable de voir l’UMP et le Front national se
réunir derrière le même langage et la même exploitation indigne de cette
affaire, exploitation délétère qui alimente l’anti-républicanisme. La situation
exige au contraire des dirigeants politiques qu’ils fassent preuve d’un grand
esprit de responsabilité et d’éthique républicaine. Je te demande d’apporter
ton soutien le plus complet à l’action déterminée du président de la République
au service de notre pays. La meilleure réponse face à l’adversité et à la
crise, c’est l’unité la plus grande des socialistes dans le soutien aux
réformes économiques et sociales mises en œuvre pour la croissance, l’emploi,
la justice sociale, pour redresser et transformer notre pays dans la durée.
Face à l'adversité, j’appelle à faire
preuve de courage et d'engagement, avec pour seule boussole nos valeurs. Tu
peux compter sur ma détermination totale: plus que jamais, nous devons
mobiliser notre Parti pour la réussite de notre pays et pour la modernisation
de nos institutions. Ensemble nous continuerons de mettre notre énergie au
service de la gauche qui agit pour la France et les Français. »
Amitiés socialistes,
Harlem Désir, Premier secrétaire
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