Réponse quelque peu surréaliste, tant il semblait que
les Françaises et les Français attendaient l’annonce d’une mesure concrète
marquant le changement tant attendu dont François Hollande se prévalait après
cinq années de sarkozysme.
Après l’immense gâchis que représentent les aveux de
Jérôme Cahuzac, ex-ministre du budget, sur son compte en Suisse et dans les
paradis fiscaux, la tâche paraît désormais insurmontable.
Il apparaît, semble t-il, que Bercy connaissait l’existence
du compte en Suisse de Jérôme Cahuzac depuis 2008. Et que l’ancien président de
la République, avait donné ordre par l’intermédiaire du Garde des Sceaux et du
Procureur général de la République de suspendre toute enquête concernant l’UBS,
l’Union des banques suisses, sur les agissements illégaux de cette banque sur
le territoire français. C’est ce qu’affirme le journaliste Antoine Peillon, spécialiste
de la question de l’évasion fiscale.
La connaissance de ces informations éclaire d’un jour
nouveau la première mesure que prit le ministre Cahuzac quelques jours après sa
nomination comme ministre du budget. Celle de nommer deux « experts »
qui en quelques jours blanchirent Éric Woerth, l’ancien ministre du Budget de
Nicolas Sarkozy, de l’accusation qui lui était faite d’avoir volontairement largement
sous estimé l’évaluation de ses services dans l’affaire de la vente par l’État des
terrains bordant l’hippodrome de Compiègne. Mesure et conclusions incompréhensibles
dans le contexte de l’époque.
S’agissait-il d’un renvoi d’ascenseur de la part de Jérôme
Cahuzac à l’égard d’Éric Woerth ? C’est la question qui vient immédiatement
à l’esprit et qu’on se pose naturellement.
Le président de la République n’a apporté dans sa
courte allocution, aucune réponse qui soit à la hauteur du scandale que déclenche
cette affaire. Il n’avait pourtant qu’une annonce à faire : celle qu’il
donnait ordre au Garde des sceaux, et sous les ordres de celui-ci, au Procureur
général de la République, afin que la justice puisse en toute indépendance reprendre
son travail dans l’enquête qu’elle avait engagé contre l’UBS. Ce travail
permettait de mettre au jour l’ensemble des réseaux d’évasion fiscale entre la
France et la Suisse, la liste des Françaises et des Français possédant ces
fameux comptes ainsi que les montants déposés. Et d’engager les poursuites qui
s’imposent à leur encontre. Antoine Peillon parle de 600 milliards d’euros déposés
sur ces comptes et au minimum de 40 milliards d’euros de manque à gagner annuel
pour le fisc français. Au lieu de proposer de diminuer les retraites, les
prestations sociales, d’assécher les budgets de la Recherche, de l’Éducation, de
la Santé et de réduire drastiquement les dotations aux collectivités
territoriales. Au lieu d’infliger au pays la cure de rigueur réclamée par l’Union
européenne, ou de nous répéter comme François Fillon que l’État est en
faillite, que c’est normal de travailler plus longtemps puisque nous vivons
plus longtemps et que nous vivons toutes et tous au-dessus de nos moyens.
Au passage verrait-on également les mouvements de
fonds inverses venant sous la forme d’enveloppes alimenter en argent liquide
les campagnes de certains partis politiques et découvrirait-on les noms de ces
généreux donateurs, parmi ceux du premier cercle, par exemple, mais pas
seulement ? »
Reynald Harlaut
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